mercredi 28 novembre 2012

RD Congo : poursuite des combats autour de Goma

Les soldats tutsis du M23 ont combattu mardi des miliciens hutus rwandais.

Il n'aura fallu que quelques heures après la fin de l'ultimatum imposé par les chefs d'États voisins pour que, déjà, de premiers combats reprennent. Vers 5 heures du matin, des tirs ainsi que des bombardements ont été entendus près du village de Kibumba, à 20 km au nord de Goma. Selon les autorités rwandaises et celles du mouvement rebelle M23, il ne fait aucun doute que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), une milice basée au Congo mais composée de Hutus rwandais, a encore frappé. Quelque 150 FDLR auraient pénétré le territoire rwandais pendant la nuit.

D'après le porte-parole des FDLR, ces hommes seraient partis défendre les populations hutues contre le «harcèlement» mené par le gouvernement rwandais. Les violences se sont poursuivies une partie de la journée. Vers midi, ils ont entamé un repli sur leurs bases du Nord-Kivu. Le FDLR est opposé au régime de Kigali et multiplie les exactions depuis 1994. Les autorités rwandaises reprochent à Kinshasa de soutenir les FDLR afin de lui nuire. Ce groupe armé a été formé en 2000 au Congo pour défendre les intérêts des Hutus rwandais réfugiés en RDC. Il compte dans ses rangs de nombreux responsables du génocide rwandais contre les Tutsis en 1994.

Sortie de nulle part, ce mardi, une longue colonne de soldats du M23 se dessine au loin. Leurs tenues militaires sont débraillées, certains sont en civils et portent de grosses caisses de munitions sur l'épaule. Les hommes marchent les uns derrière les autres, en ordre. Trois pick-up roulant à vive allure les rattrapent. À bord, une quarantaine de soldats, armés de mortiers et de lance-roquettes. Quelques mètres plus loin, ils arrêtent violemment un homme qu'ils suspectent d'être un indicateur des FDLR. Ils l'emmènent jusqu'à une prison pour l'interroger sur les positions et l'armement dont le ­groupe dispose. Alliés de longue date du régime de Kinshasa, les FDLR sont les ennemis jurés des hommes du M23. «Si nous les voyons passer par ici, nous les attaquerons. Ce sont des éléments nuisibles au Congo», décrit le lieutenant Paluka, à la tête de la garnison de Kibumba.

Caisses d'armes empilées

Derrière lui, ses hommes ne semblent pas vraiment prêts au combat. Ils s'échangent des treillis militaires pendant que d'autres préparent le déjeuner des troupes. Les soldats venus tout spécialement de Goma ont l'air davantage motivés, les recherches reprennent. À chaque village traversé, la population les regarde passer avec inquiétude. Au même moment, à Goma, la capitale du Nord-Kivu, les autorités du M23 annoncent un retrait possible de la ville sous 48 heures, à condition que Kinshasa réponde à leurs revendications. Le M23 demande notamment la liberté de mouvement pour l'opposant Étienne Tshisekedi ainsi que la dissolution de la Commission électorale congolaise. Mais les négociations s'annoncent encore difficiles et tendues. Quelques minutes après leur annonce, les demandes ont été aussitôt balayées par le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende.

À l'entrée de Goma, de nouvelles files de déplacés. Les habitants du village de Kibumba fuient cette nouvelle ligne de front. En quelques instants, ils enroulent leurs matelas et emportent des vivres, des casseroles. «La situation n'est plus sûre ici, les soldats du M23 nous ont ordonné de partir. On va essayer de rejoindre Goma et de trouver la paix», explique un enfant, un énorme baluchon sur le dos.

L'attaque des FDLR tombe à point nommé pour donner un prétexte, s'il était besoin, au Rwanda pour soutenir officiellement les rebelles congolais. Depuis plusieurs jours, les autorités du M23 multiplient les appels du pied, plus ou moins discrets, à Kigali et soulignent leur fragilité afin de recevoir cet appui.

Les rebelles commencent à se retirer de Goma et Sake(video)

RDC: les rebelles du M23 ont commencé à se retirer de Goma

RDC: les rebelles du M23 ont commencé à se retirer de Goma

Le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a fait état mardi soir "d'indications selon lesquelles des éléments du M23 commencent à se retirer de Goma", dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

"Cela devra être confirmé demain", a-t-il cependant ajouté.

Les rebelles congolais du M23 ont accepté mardi de quitter Goma, à l'expiration du délai fixé pour leur retrait de cette ville stratégique qu'ils occupaient depuis une semaine.

"L'idée est (pour le M23) de se retirer à 20 kilomètres au nord de Goma", a précisé M. Ladsous à la presse, après des consultations au Conseil de sécurité sur la situation en RDC.

M. Ladsous a annoncé que le principal conseiller militaire de l'ONU, le général Babacar Gaye, allait se rendre mercredi dans la région, y compris au Rwanda, pour régler les modalités militaires après le retrait des rebelles de Goma.

Il s'agit, a précisé M. Ladsous, de la situation de l'aéroport de Goma, contrôlé pour l'instant par la Mission de l'ONU en RDC (Monusco), de l'établissement d'une "zone neutre" une fois les rebelles retirés, et "du concept d'une force neutre internationale" pour stabiliser la région.

Le général Sultani Makenga, chef d'état-major du M23, avait indiqué mardi à l'AFP que les rebelles quitteraient Goma "demain ou après-demain (...), au plus tard dans trois jours" afin de se positionner à 20 km de la ville.

Samedi, quatre chefs d'Etat de la région des Grands Lacs réunis en Ouganda --les présidents Joseph Kabila (RDC), Yoweri Museveni (Ouganda), Mwai Kibaki (Kenya) et Jakaya Kikwete (Tanzanie)-- avaient sommé le M23 d'arrêter la guerre et de quitter Goma avant mardi. En échange, Kinshasa s'était engagé à "prendre en compte les revendications légitimes" des mutins.

L'Union africaine (UA), l'ONU et l'Union européenne (UE) avaient pressé les rebelles de se conformer aux décisions du sommet de Kampala.

Le M23 est composé d'ex-rebelles qui avaient intégré l'armée en 2009 avant de se mutiner au printemps dernier, en plaidant que les accords du 23 mars 2009 n'avaient pas été respectés par Kinshasa.

RDC: les rebelles du M23 ont commencé à se retirer de Goma

mardi 27 novembre 2012

RDC : les rebelles du M23 ont accepté de quitter Goma

Les rebelles congolais du M23, qui combattent l'armée de République démocratique du Congo (RDC) dans la riche province minière du Nord-Kivu (est), ont accepté de se retirer de la capitale de la province Goma, a affirmé mardi l'un de leurs responsables, sans préciser à quelle date.
Interrogé par l'AFP sur un accord conclu dans la capitale ougandaise Kampala entre la rébellion et la médiation des pays des Grands Lacs menée par l'Ouganda, sur un retrait de Goma, le colonel Antoine Manzi a répondu : "C'est vrai". (MUA)

samedi 24 novembre 2012

RDC: le chef du M23 dit avoir rencontré Kabila à Kampala pour des "négociations directes"

Le président du mouvement rebelle congolais M23 a déclaré avoir rencontré samedi à Kampala le président de la République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila "pour des négociations directes" dont les modalités sont à définir.

"Des négociations directes sont prévues entre nous (le M23) et Kabila, et demain (dimanche) nous allons discuter de tout ça. Demain on va parler sur les modalités de ces négociations et sur les points" qui seront à l'ordre du jour, a déclaré Jean-Marie Runiga. Des chefs d'Etat africains réunis samedi en sommet à Kampala sur le conflit dans l'est de la RDC ont demandé au Mouvement du 23 mars (M23) de se retirer de Goma "d'ici 48 heures", assurant qu'en échange Kinshasa serait prêt à "écouter, évaluer et prendre en compte les revendications légitimes" de la rébellion. Interrogé sur cet ultimatum de 48H00 laissé au M23 pour quitter Goma, le chef rebelle a déclaré ne pas en avoir été officiellement informé. Cependant, il a souligné que "se retirer de Goma ne peut être que le fruit de ces négociations" entre son mouvement et le président Kabila. Considérer le retrait de Goma comme "préalable" aux négociations, "ce serait ne pas chercher à vouloir régler le problème du Congo", a-t-il estimé, avant d'avertir que le M23 se défendra en cas d'attaque de l'armée congolaise sur ses positions. D'après lui, les pourparlers devraient concerner les accords de paix du 23 mars 2009: le M23 demande leur pleine application, mais Kinshasa affirme avoir rempli sa part du contrat. La rébellion veut également "parler d'autres questions de fond qui concernent la vie nationale".

NDLR : En résumé, c’est une fin de non recevoir.

vendredi 23 novembre 2012

RD Congo: des combats à Sake

Des échanges de tirs prolongés ont provoqué la fuite de plusieurs milliers d'habitants de Sake, ville de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) aux mains de rebelles du M23, où le mouvement a acheminé des renforts.
"Ce sont les Forces armes de RDC (FARDC) qui se battent. Elles ne sont qu'à trois kilomètres d'ici", a déclaré un habitant interrogé sur la route menant vers Goma, au nord de la ville. Le M23 a pris mardi le contrôle de Goma, chef lieu du Nord-Kivu, une ville d'un million d'habitants située à 1.600 km à l'est de Kinshasa, à la frontière du Rwanda.

RDC: Cameron appelle Kagame à "faire pression" pour un retrait du M23 de Goma

Le Premier ministre britannique David Cameron a appelé jeudi soir le président rwandais Paul Kagame et l'a exhorté à "faire pression" sur la rébellion congolaise du M23 pour qu'elle se retire de Goma, la capitale du Nord-Kivu (est de la RDCongo) qu'elle a prise mardi.

"Le Premier ministre a exhorté le président Kagame à faire tout ce qu'il pouvait pour faire pression sur le M23 pour qu'il se retire de Goma", a indiqué Downing Street dans un communiqué. David Cameron "a clairement indiqué que la communauté internationale ne pouvait ignorer les preuves des liens du Rwanda avec le M23, et que le président Kagame devait démontrer que le gouvernement du Rwanda n'avait pas de lien avec le M23". David Cameron, qui se trouvait jeudi à Bruxelles pour le sommet consacré au budget de l'Union européenne, a également appelé le président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila, qu'il a "encouragé à travailler étroitement avec le Rwanda et l'Ouganda pour mettre en oeuvre le communiqué" commun signé mercredi. Les présidents Joseph Kabila, Paul Kagame et Yoweri Museveni (Ouganda) avaient exigé, mercredi à Kampala, que le Mouvement du 23 mars (M23) cesse "immédiatement" son offensive et se retire de Goma. Un sommet extraordinaire de la Conférence internationale sur les Grands Lacs, consacré à la situation en RDC, se tiendra samedi à Kampala. L'ONU et la RDC accusent le M23 d'être une force supplétive du Rwanda. Des experts de l'ONU ont récemment accusé également l'Ouganda de soutenir militairement cette rébellion. Les rebelles du M23 combattent l'armée congolaise depuis le printemps. Après avoir pris Goma mardi sans rencontrer de résistance de l'armée, ils ont fait tomber mercredi la localité de Sake, à 30 km à l'ouest de la ville.

jeudi 22 novembre 2012

RDC: la rébellion annonce qu'elle contrôle la localité de Sake

mercredi 21 novembre 2012 à 20h03

(Belga) La rébellion congolaise du M23 a annoncé mercredi avoir pris le contrôle de Sake, une localité située à une vingtaine de kilomètres de la ville de Goma qu'elle avait conquise mardi, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

"Nous contrôlons Sake", a déclaré en fin d'après-midi le porte-parole militaire du Mouvement du 23 mars (M23). "Nous n'allons pas nous arrêter, nous continuons vers Bukavu", capitale régionale du Sud-Kivu, située à environ 200 km au sud de Goma, a-t-il ajouté. Interrogé sur l'heure de la chute de cette bourgade, le porte-parole a affirmé que le M23 était arrivé à Sake à 16H00 locales (14H00 GMT). Déjà, en milieu de journée, une source militaire occidentale avait annoncé la chute de Sake sans qu'il soit possible d'en obtenir confirmation. Une partie des troupes de l'armée congolaise, après avoir fui Goma mardi, s'était rassemblée à Sake puis à Minova, plus au sud. Les rebelles du M23 combattent l'armée de RDC depuis le printemps. Après avoir pris Goma mardi, ils ont annoncé mercredi matin leur intention de continuer jusqu'à Bukavu, puis de s'emparer de Kisangani, la capitale de la province orientale au Nord Ouest et d'aller jusqu'à la capitale Kinshasa. Réunis à Kampala, les présidents congolais Joseph Kabila, rwandais Paul Kagame et ougandais Yoweri Museveni ont exigé du M23 qu'il stoppe son offensive et se retire de Goma, dans une déclaration commune publiée mercredi en fin d'après-midi. L'annonce "d'avancées offensives" vers Sake avait déjà été faite par l'émissaire de l'ONU en RDC, Roger Meece, à New York. (VIM)

Congo-RDC: les tensions se diffusent au sud-Kivu

Soldats du M23 © Al jazeera english

Après les affrontements de ces derniers jours, la crainte d'une expansion du conflit dans le sud du Kivu augmente, ce qui pourrait amener à un contrôle de toute la région par le Rwanda.

Depuis la prise de Goma le 20 novembre par les hommes du M23, en majorité Tutsi et soutenus par le Rwanda, la situation sécuritaire dans le Kivu se dégrade. Le passage frontalier de Gisenyi est sous contrôle des rebelles. Ils se sont également emparés de l’aéroport, mais les forces de l'ONU y sont encore présentes. L’armée régulière (les FARDC), a en revanche déserté les lieux. Elle s’est repliée sur Sake, à 27 kilomètres à l’ouest de Goma.

Concernant les populations civiles, les sources onusiennes ont fait état d’exactions commises par le M23 à l’encontre des femmes et des enfants notamment.

Kinshasa ne semble pas se situer sur la voie des négociations avec les rebelles pour le moment. Ces derniers n’ont pas tenu leur promesse de ne pas entrer dans Goma. Ils avaient également annoncé ne pas s'engager au-delà de cette zone géographique, mais des sources affirment qu’ils planifient actuellement une autre attaque en direction de Sake.

Ces opérations témoignent de l’intention du Rwanda de contrôler la région du Kivu, en commençant par le Nord, les territoires de Masisi, puis Walikale et le Maï-Maï Tcheka, qui possèdent de grandes richesses minières (coltan, or, diamant, cassitérite). Les craintes de voir le conflit se propager dans le sud provoquent un certain nombre de tensions. Sans contre-offensive de l’armée congolaise, les habitants craignent une expansion du conflit jusqu’à Kalehe puis Bukavu. Les rebelles possèdent des soutiens stratégiques dans cette zone, parmi lesquels des ex-CNDP (ancien Congrès national pour la défense du peuple, l'administration rebelle établie par Laurent Nkunda contre les forces de la RDC, composée d’une majorité de rwandais), les Nyatura (hutus rwandais), et les Raia Mutomboki, groupe armé également allié de Kigali. Si les rebelles atteignent Bukavu, la ville sera prise en étau entre les groupes armés et la frontière, par laquelle le Rwanda enverra ses troupes.

De plus, de nombreux commandants issus du CNDP font aujourd’hui partie des effectifs de l’armée régulière postés à Bukavu. Les habitants ne croient donc pas en la volonté des dirigeants militaires de se battre contre les assaillants.

A Bukavu, des heurts ont éclaté dès ce matin, entre des groupes de jeunes, qui ont barré plusieurs routes. Les manifestants ont affronté les hommes de la police nationale et les ont fait reculer jusqu’à la place de l’Indépendance, où des militaires ont été appelés en renfort. Ils s’en sont pris aux bureaux du PPRD, le parti présidentiel, ainsi qu’aux véhicules de l’ONU. De nombreux commerces, ainsi que des bureaux et des marchés et les administrations, ont été fermés.

Actuellement, la population fuit peu à peu Bukavu, se repliant sur Bujumbura, la capitale du Burundi, située à environ 50 kilomètres au Sud. On compte 100 000 personnes sur les routes depuis ces derniers jours. La population civile se sent abandonnée par le gouvernement et aucunement protégée par les forces de la Monusco, malgré ses 17 000 hommes présents dans le pays. Les habitants attendent une réaction de la communauté internationale et estiment que les rencontres entre les présidents des deux pays, Joseph Kabila et Paul Kagame, ne mènent à rien. Pendant ce temps, à Kigali, la chute de Goma a donné lieu à des scènes de liesse.

Témoignage d’un policier de Goma : "Les M23 prennent nos armes et nous disent qu'ils vont nous apprendre leur idéologie"

Les policiers et soldats des FARDC encore présents à Goma ont rendu leurs armes mercredi matin à l'appel des rebelles du M23. Photo : Alain Wandimoyi.

Le M23, qui contrôle la ville de Goma depuis hier, a appelé les policiers et les soldats des FARDC présents dans la ville à rendre leurs armes et à se faire enregistrer. Un policier du quartier du Volcan explique pourquoi il a décidé de se plier aux instructions des rebelles.

L’appel des rebelles du M23 pour identifier les policiers et militaires restés à Goma s'est transformé en meeting populaire, mercredi matin, au stade du Volcan, où de nombreux Gomatriciens s’étaient rendus pour écouter les déclarations du porte-parole, le colonel Vianney Kazarama.

Selon le M23, plus de 2 000 soldats loyalistes et 700 policiers se seraient déjà fait "enregistrer" depuis mardi.  Nos Observateurs se sont rendus ce matin au stade et ont pu constater que les soldats du M23 récoltaient effectivement les armes dans les tribunes. Selon eux, beaucoup de soldats des FARDC ont fui la ville, abandonnant jusqu'à leurs chaussures, casques et uniformes et se sont changés en civil pour éviter de se faire tuer par les M23.

"Je ne comprends pas comment nous, policiers, on peut continuer notre travail et protéger la ville s’ils nous prennent nos armes'"

Bwamungo (pseudonyme) est policier du bataillon PPG (Police de la police de Goma). Il exerce dans le quartier du Volcan. Il s’est fait enregistrer ce matin auprès des rebelles du M23 et va rendre son arme demain.

J’ai pris la décision de me présenter à l'enregistrement du M23 parce que la déclaration du colonel Vianney Kazarama m'a rassuré. Les rebelles ont invité tout le monde à leur réunion sans distinction et il ont dit qu'ils ne voulaient que du bien à la population civile.

Surtout c’est pour ma famille que je me suis rendu : j’ai une femme qui est enceinte, j’ai trois enfants dont le plus âgé à 6 ans. J’avais peur qu’en fuyant, je saute sur une bombe ou que les soldats du M23 me prennent pour un militaire des FARDC et me tuent. Je ne pouvais pas me permettre d’abandonner ma famille.

Les armes aux pieds des militaires du M23, entassées dans les tribunes du stade du Volcan.

"M23 ou gouvernement, peu importe qui contrôle la ville, ma mission est de continuer à protéger la population"

Durant le meeting d’aujourd’hui, les rebelles nous ont dit qu’ils allaient former les policiers et les ex-soldats des FARDC et nous enseigner ce qu’ils appellent 'l’idéologie' du M23 dans le camp de Mubambiro [un centre de regroupement de la police situé à environ 1 km de Sake], à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Goma sur la route de Bukavu. Cela signifie d'ailleurs qu’après Sake et Bukavu, les rebelles comptent également prendre cette ville. Pour l’instant, ils nous ont dit qu’on devait continuer à travailler dans les quartiers auxquels nous étions postés avant leur arrivée.

Je me suis fait enregistrer, mais je n’ai pas encore déposé mon arme. Je suis policier, ma mission est de protéger la population, je dois continuer à travailler ; ça ne change rien que ce soit sous une ville contrôlée par le M23 ou par le gouvernement. Je leur ai dit que j’avais une arme et que j’allais leur ramener demain. Ils m’ont demandé pourquoi je l’avais gardé, et m’ont sommé de la ramener demain matin au plus tard. Mais je ne comprends pas comment nous, policiers, on peut continuer notre travail et protéger la ville s’ils nous prennent nos armes.

Les soldats du M23 contrôlent les armes et enregistrent policiers et soldats de Goma.

"Le M23 a dit que le salaire des policiers allait augmenter. J’espère qu’ils tiendront leurs promesses à l’inverse du gouvernement actuel"

Je ne sais pas du tout de quoi vont être fait les prochains jours. Le M23 a promis qu’il n’y aurait plus de fraudes, plus de pots-de-vin à payer lors des passages aux frontières et qu’ils puniraient de mort toute personne, civil comme soldat, qui serait surpris en train de piller. Ils ont aussi promis que le salaire des policiers allait augmenter.

Aujourd’hui, je ne gagne que 45 000 francs congolais (soit 38 euros) par mois. Même si les rebelles du M23 sont restés très flous dans leurs annonces et que je suis conscient que c’était avant tout pour nous rassurer, j’espère qu’ils tiendront leurs promesses et qu’ils ne vont pas mentir comme le gouvernement actuel qui n’a rien fait pour nous.

mardi 20 novembre 2012

Affrontements à Goma


Première vidéo de la prise de Goma


Les rebelles du M23 aux portes de Goma

Selon plusieurs sources, de nombreux militaires et représentants des autorités congolaises fuient Goma alors que les rebelles du M23 sont aux portes de la ville. Les Casques bleus n'ont pas bougé pour protéger la capitale régionale du Nord-Kivu.

 

Militaires, autorités et civils congolais ont commencé dimanche à fuir Goma, la capitale régionale du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) étant aux portes de la ville, a-t-on appris de sources concordantes.
"Beaucoup de militaires et d'autorités (de la province) sont partis" de Goma, a déclaré à l'AFP par téléphone une source onusienne, qui attendait à un point de ralliement mis en place dans la ville par l'ONU pour ses personnels.
Une source humanitaire occidentale a évoqué une "débâcle des forces armées de RDC qui évacuent la ville de Goma".
"Nous sommes en panique générale", a déclaré à l'AFP un chauffeur de taxi de Goma. "C'est comme si les rebelles étaient en train de repousser nos militaires. En ville, les boutiques sont fermées. Moi, comme d'autres, je vais rejoindre ma famille", a-t-il dit.
En fin de matinée, les rebelles avaient eux-même annoncé qu'ils se trouvaient tout près de Goma.
"En ce moment, nous sommes à Kibati, à 5 kilomètres de Goma", a déclaré à l'AFP le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire de la rébellion. Affirmant n'avoir pas l'ambition de prendre la ville, il a ajouté: "Si toutefois l'armée de Kabila (le président) nous attaque, nous allons poursuivre l'ennemi jusqu'à ce qu'il soit rejeté très loin de Goma".
Selon une source militaire occidentale, des officiers des forces armées ont commencé à partir par bateaux vers Bukavu, la capitale du Sud-Kivu distante d'environ 80 kilomètres au sud. Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, est parti sur l'un de ces bateaux, a déclaré une source administrative à Bukavu.
L'aéroport, situé à quelques centaines de mètres du centre-ville, a été fermé et seuls quelques éléments de la Garde républicaine congolaise y sont encore stationnés, a ajouté cette source militaire occidentale. Un vol civil qui devait y atterrir a été détourné, a indiqué un proche d'un passager.
Dans la matinée, un colonel congolais avait affirmé à l'AFP que des affrontements se déroulaient "au camp de Kanyarucinya", à une dizaine de kilomètres de Goma. Ce camp regroupait vendredi selon le Haut commissariat aux réfugiés 30.000 personnes déplacées. Mais des milliers d'autres personnes y sont arrivées depuis, dont un grand nombre de femmes et d'enfants.
Fuyant les combats, des colonnes de centaines de déplacés - et des militaires ayant quitté le front - étaient arrivés aux portes de Goma avec leurs effets personnels et leurs chèvres, en espérant rejoindre d'autres camps de déplacés, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Débandade"            
Le porte-parole de la province du Nord-Kivu, Célestin Sibomana, très inquiet, a évoqué "une débandade" et pointé l'inaction des Casques bleus dimanche, selon lui.  La mission de l'ONU en RDC, "la Monusco actuellement ne fait absolument rien!", a-t-il dit.  
Dimanche, les Casques bleus n'ont pas bougé pour protéger Goma, ont constaté différentes sources dont un photographe de l'AFP réfugié dans la base de Munigi, principale base des Nations Unies au nord de la ville. Dans leur avancée vers Goma, les rebelles ont dépassé ce camp situé à environ 5 kilomètres de la ville, a constaté le photographe.
Les Casques bleus de la Monusco étaient intervenus samedi pour appuyer l'armée régulière congolaise avec des hélicoptères de combat, ce qui n'avait pas empêché les rebelles de prendre la petite ville de Kibumba, à 25 kilomètres au nord de Goma.
Mais le M23 a exigé, dimanche matin, que la Monusco cesse de soutenir l'armée.  "Nous mettons en garde la Monusco qui est en train de bombarder nos zones au lieu de montrer sa neutralité sur le terrain (...) S'ils continuent à nous bombarder, nous allons réagir", a déclaré le porte-parole du mouvement.
Le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni samedi soir à New York, a demandé l'arrêt de l'avance de la rébellion vers Goma, et que "tout soutien extérieur et toute fourniture d'équipement au M23 cessent immédiatement".
La RDC et l'ONU accusent le Rwanda, frontalier de la région du Kivu, de soutenir les rebelles, ce que Kigali dément. Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, avait affirmé samedi soir que "4.000 hommes en colonnes motorisées et à pied" étaient arrivés "en provenance du territoire rwandais", mais le Rwanda a réfuté.
Le M23 a été créé début mai dans le Nord-Kivu (est) par des militaires congolais qui avaient pour la plupart combattu au sein de la rébellion pro-rwandaise du Congrès national pour la défense du peuple. Ils ont officiellement intégré l'armée en 2009 après un accord avec le gouvernement, mais se sont mutinés en avril dernier, arguant que Kinshasa n'avait pas respecté ses engagements.

AFP

RDC : les rebelles du M23 sont entrés dans la ville de Goma

RDC : les rebelles du M23 sont entrés dans la ville de Goma

Une colonne de rebelles du M23 est entrée mardi dans la ville de Goma (est de la RDC) et progressaient à la mi-journée vers le centre de la ville et vers la frontière rwandaise, toute proche, a constaté un journaliste de l'AFP.
Cette colonne a brièvement affronté des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo sur un boulevard longeant l'aéroport avant de poursuivre leur chemin vers le poste-frontière rwandais de Gisenyi. (JAV)

samedi 17 novembre 2012

Goma: Nouveau flux de réfugiés à Kanyarucinya

RDC: Les casques bleus de l'ONU en état "d'alerte élevée"

L'ONU a placé vendredi ses casques bleus chargés du maintien de la paix dans l'est de la République démocratique du Congo en état "d'alerte élevée", au moment où le secrétaire général Ban Ki-moon a de nouveau condamné l'aide extérieure aux rebelles.

RDC: Les casques bleus de l'ONU en état "d'alerte élevée"

Le porte-parole de l'ONU, Martin Nesirky, a indiqué que des "équipes de réaction rapide" au sein des casques bleus avaient été déployées dans des endroits clés autour de la ville de Goma (est), la capitale de la province du Nord-Kivu, en particulier près de l'aéroport. M. Nesirky a ajouté que la mission de l'ONU en RDC (Monusco) a été placée en état "d'alerte élevée", avec des hélicoptères également prêts à être utilisés. Les combats entre la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) et les troupes gouvernementales ont repris jeudi près de Goma après une trêve de trois mois, faisant 113 morts dans les rangs rebelles selon le gouverneur de la province du Nord-Kivu.

"Des informations non confirmées indiquent que le M23 a subi le plus grand nombre de pertes", a affirmé M. Nesirky. Un porte-parole des rebelles a toutefois démenti le chiffre de 113 morts dans leurs rangs avancé par le gouvernement. Les belligérants ont, l'un comme l'autre, annoncé vendredi matin rester "sur leurs positions" sans combattre au nord de Goma. Mais malgré le retour au calme, les réfugiés affluaient vers la capitale du Nord-Kivu. Deux pays voisins, le Rwanda et l'Ouganda, sont accusés par l'ONU de soutenir les rebelles du M23, ce qu'ils démentent.

Belga

Reportage exclusif au Nord-Kivu dans la zone de combats entre le M23 et l’armée congolaise

 


By Alain Wandimoyi / CHARLY KASEREKA on 16/11/2012 - 17:29

Un membre du M23 abattu par l'armée de la RDC. Toutes les photos ont été prises par nos Observateurs à Goma, Charly Kasereka et Alain Wandimoyi.

Après trois mois de trêve, les combats entre la rébellion du Mouvement du 23-Mars (M23) et l'armée de la République démocratique du Congo (RDC) ont repris jeudi 15 novembre près de Goma, dans l'est du pays. Nos Observateurs se sont rendus sur la ligne de front de Kibumba et dans le camp de déplacés de Kanyarucinya.

Le gouverneur du Nord-Kivu a annoncé dans la soirée de jeudi que 113 membres du M23 avaient été tués durant les combats. De son côté, le porte-parole du M23 a affirmé vendredi que c’était l’armée de la RDC qui avait attaqué en premier, les obligeant à répliquer. Selon lui, les rebelles auraient tué neuf militaires de l'armée congolaise.

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Les militaires congolais posent devant le cadavre d'un membre du M23.

Les combats ont obligé de nombreuses familles à fuir la zone. D’après nos Observateurs, des milliers de personnes ont afflué vers le camp de Kanyarucinya, à une dizaine de kilomètres de Goma, où 57 000 déplacés avaient déjà trouvé refuge depuis juillet.

Les Congolais fuient les zones de combats emportant tout ce qu'ils peuvent avec eux.

Le M23 est principalement formé d'ex-rebelles qui, après avoir été intégrés en 2009 dans l'armée congolaise, se sont révoltés en avril. Le Rwanda et l'Ouganda, frontaliers avec le Nord-Kivu, sont accusés par l'ONU de soutenir les rebelles, ce que les deux États ont démenti.

"Nous avons vu une dizaine de cadavres, identifiés comme des membres du M23 par l'armée"

Alain Wandimoyi est photographe et blogueur à Goma. Il s’est rendu, vendredi 16 novembre, au poste-frontière de Kibumba, où les affrontements entre l’armée et les rebelles avaient eu lieu la veille, puis dans le camp de réfugiés de Kanyarucinya, plus au sud.

En début d’après-midi, sur la ligne de front de Kibumba, tout semblait calme. Il y avait des militaires. Les civils essayaient de s’enfuir. Nous avons vu une dizaine de cadavres, identifiés [par l’armée] comme étant des membres du M23, mais un soldat nous a expliqué qu’une trentaine de rebelles avaient été tués à cet endroit.

Selon les militaires, ce sont les membres du M23 qui ont tiré en premier pour protester contre le rapport publié par l’ONU qui a condamné l’aide extérieure qu’auraient apporté l’Ouganda et le Rwanda. Mais cela fait presque un mois qu’ils préparaient cette attaque.

Toujours selon les soldats de la RDC, c’est la décision de l’Ouganda de fermer leur poste-frontière avec la RDC qui a déclenché cette attaque. Le M23 récoltait entre 10 000 et 20 000 dollars [entre 7800 et 15 700 euros] par jour grâce à ce poste-frontière, car ce sont eux qui le contrôlaient. Ils cherchaient donc de nouveaux territoires à rançonner.

L'armée de la RDC contrôle la zone et renseigne les civils.

"La situation est catastrophique dans le camp de Kanyarucinya, les humanitaires sont débordés"

Vers 16 heures, les militaires ont commencé à s’agiter et on a entendu des coups de feu retentir, sans savoir exactement pourquoi. On a vu des renforts arriver, des hommes monter dans des tanks et passer à côté de nous avec des armes lourdes. Les soldats nous ont demandé de quitter la zone sur le champ.

Nous nous sommes alors dirigés vers le camp de Kanyarucinya. On a vu des centaines de personnes y affluer en à peine une heure. La plupart étaient très fatigués car ils avaient fait plusieurs kilomètres à pied avec leurs valises sur le dos ou qu’ils portaient à bout de bras. Aucun n’était cependant blessé. Dans le camp, les humanitaires étaient débordés.

La situation est catastrophique, car ceux qui étaient là avant ce nouvel afflux de réfugiés n’avaient déjà pas assez à manger. Sur le chemin, on a rencontré un orphelin de 14 ans qui avait fui Goma avec son frère aîné entre sa ville, pour rejoindre ce camp. Son frère avait disparu et il ne savait même pas s’il était mort ou vivant."

Des centaines de personnes ont fui vers le camp de Kanyarucinya.


RD Congo: reprise des combats entre l'armée et les rebelles du M23 à la frontière rwandaise

GOMA (RDCongo) - Les combats ont repris samedi matin entre l'armée et la rébellion Mouvement du 23 mars (M23) à Kibumba, une localité de l'est de la République démocratique du Congo frontalière du Rwanda, a-t-on appris samedi auprès des belligérants et de la société civile.
Les combats ont commencé à l'aube dans la même zone où des affrontements avaient opposé jeudi les deux camps, poussant plus de 7.000 personnes à regagner le camp de déplacés de Kanyarucinya, à une dizaine de kilomètres de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.
Une fois encore, l'armée et le M23 s'accusent mutuellement d'avoir déclenché les hostilités.
Hier (vendredi) soir, le M23 nous a attaqué vers 17h00, on les a repoussés, et on avait l'ordre de ne pas les poursuivre. Ce matin tôt, à 04h00 (02h00 GMT) ils nous ont attaqués de nouveau, a déclaré samedi matin le lieutenant-colonel Olivier Hamuli, porte-parole de l'armée pour le Nord-Kivu.
Nous sommes en train de nous battre maintenant, a-t-il ajouté, alors qu'il se rendait sur la ligne de front à Kibumba.
Il y a eu des combats très tôt matin dans nos positions. Les FARDC (Forces armées de RDC - armée régulière) sont venues nous attaquer avec des hélicoptères, des chars de combat, a déclaré de son côté le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire du M23, samedi à l'AFP.
Le M23, du coup, a fait aussi offensive et il a repoussé l'ennemi. Nous avons pris le siège administratif (du territoire) de Nyaragongo, a-t-il affirmé, expliquant que l'armée attaque sur plusieurs axes mais que les rebelles repoussent l'ennemi vers la route qui mène à Goma.
Les combats sont violents. Nous sommes appuyés par des hélicoptères des FARDC et même les blindés sont engagés dans les combats, a déclaré à l'AFP un officier supérieur ??? qui participe aux combats.
L'armée a demandé aux populations des localités proches de Kibumba de descendre vers Goma, où la Mission de l'ONU (Monusco) a été placée vendredi en état d'alerte élevée et dont des équipes de réaction rapide ont été déployées dans des lieux périphériques clés, en particulier près de l'aéroport.
Mais des habitants de Nyaragongo sont bloqués dans leur maison, tandis que tout le personnel administratif de l'Etat qui n'était pas juste au niveau de Nyaragongo est parti déjà, a déclaré à l'AFP un responsable de la société civile du Nord-Kivu, affirmant que des troupes rwandaises soutiennent le M23.
Jeudi, Kinshasa avait affirmé que 51 corps portant des uniformes de l'armée rwandaise ont été ramassés, mais Kigali a dénoncé vendredi une vieille technique de propagande facile pour tenter d'entrainer le Rwanda dans leur désordre.
Le M23 est surtout formé d'anciens rebelles qui, après avoir été intégrés en 2009 dans l'armée, se sont mutinés en avril dernier et combattent depuis l'armée régulière dans la région du Kivu. Deux pays voisins, le Rwanda et l'Ouganda, sont accusés par l'ONU de soutenir les rebelles, ce qu'ils démentent.
(©AFP / 17 novembre 2012 09h26)

RDC: 151 morts dans des combats entre le M23 et l'armée du Congo-Kinshasa.

Créé le 16-11-2012 à 17h20 - Mis à jour à 18h02

KINSHASA (Sipa-AP) - Au moins 151 rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) ont été jeudi tués dans des combats avec l'armée dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré le gouverneur de province du Nord-Kivu, Julien Paluku, vendredi, à l'agence Associated Press.

Il a affirmé que les miliciens avaient attaqué des positions de l'armée dans la zone de Kibumba, à 30km de Goma et subi de lourdes pertes. Il a ajouté que la Croix-Rouge avait été envoyée dans des villages pour emporter les corps et prévenir l'éruption d'épidémies.

Le colonel Olivier Hamuli, porte-parole de l'armée au Nord-Kivu, a déclaré que deux officiers avaient été tués et sept autres blessés dans les combats. Il a estimé jeudi que les rebelles étaient environ 700. Les affrontements ont repris après deux mois de cessez-le-feu de fait observé pendant une médiation entamée en août par la Conférence internationale de la région des Grands lacs à Kampala (Ouganda).

De son côté le porte-parole du M23, le colonel Vianney Kazarama, a nié ce bilan, affirmant que seulement deux rebelles avaient été blessés. Il a en revanche déclaré que le M23 avait tué deux officiers.

La situation s'est tendue dans la région avec l'apparition en mars-avril du Mouvement du 23-Mars (M23), qui regroupe d'anciens supplétifs de l'armée congolaise dans l'est du pays et que Kinshasa soupçonne d'être soutenu par le Rwanda.

Ces Tutsis, mobilisés autrefois par Kinshasa pour lutter contre les rebelles hutus rwandais dans la région sous la bannière du Conseil national pour la défense du peuple (CNDP), se sont révoltés cette année en reprochant au gouvernement congolais de ne pas les avoir intégrés dans l'armée régulière comme le stipulait un accord conclu le 23 mars 2009.

Le Rwanda a pour sa part rejeté un rapport onusien l'accusant avec l'Ouganda de soutenir le M23, dont l'un des chefs serait l'ancien général Bosco Ntaganda, recherché pour crimes de guerre. L'Ouganda a menacé de retirer ses troupes de maintien de la paix de Somalie, où elles jouent un rôle important dans la lutte contre les rebelles islamistes.

Les rebelles du M23, qui contrôlent les collines situées à 30km de Goma, ont depuis établi une administration parallèle dans les territoires qu'ils contrôlent par la terreur. Les combats de jeudi se sont déroulés à Rugari, à 30km de Goma et 15km du camp de Kanyaruchinya où plus de 60.000 familles se sont réfugiées depuis juni. Plus de 250 nouvelles familles y sont arrivées jeudi, selon un témoin contacté par l'AP.

dimanche 4 novembre 2012

RDC: 25 morts dans une attaque attribuée à la milice de Paul Sadala, dit "Morgan"

Vingt-cinq personnes ont été tuées vendredi lors d'une attaque menée par des combattants locaux Maï-Maï du chef de milice Paul Sadala, dit "Morgan", dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), a rapporté samedi la radio onusienne Okapi, citant des sources locales.

Vingt-cinq personnes ont été tuées vendredi lors d'une attaque menée par des combattants locaux Maï-Maï du chef de milice Paul Sadala, dit "Morgan", dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), a rapporté samedi la radio onusienne Okapi, citant des sources locales.Plusieurs autres personnes ont également été blessées, des femmes ont été violées et plusieurs enfants de moins de cinq ans sont portés disparus après cette attaque, menée contre les villages Masikini, Mandimu et Makodisala dans la cité de Mambasa, en province Orientale. Trois femmes ont été tuées pour avoir refusé d'être violées, affirme la société civile de la cité qui signale également l'incendie par ces miliciens du village de Motumu, a ajouté Radio Okapi, parrainée par l'ONU. Des sources locales attribuent cet acte aux miliciens commandés par Paul Sadala et déjà responsables de nombreuses exactions dans cette région proche du district troublé de l'Ituri et de la province du Nord-Kivu. Selon l'administrateur du territoire de Mambasa, Drakana Osoga Kananga, les Forces armées de la RDC (FARDC) se sont lancées à la poursuite de ces miliciens. Les miliciens de "Morgan" avaient tué le 30 octobre vingt braconniers au village Sukisa I à Mambasa pour avoir refusé d'intégrer leurs rangs. Ces combattants Maï-Maï avaient aussi attaqué le 24 juin dernier la réserve naturelle d'Epulu, en Ituri, tuant sept personnes, dont six gardes-chasse, et quinze okapis - une espèce protégée très rare.

vendredi 19 octobre 2012

Le Rwanda mérite de siéger au Conseil de sécurité, affirme Kagame

Le Rwanda "mérite" le siège au Conseil de sécurité de l'ONU, dont il est devenu jeudi membre non-permanent, a affirmé vendredi le président rwandais Paul Kagame, balayant les critiques liées au récent rapport de l'ONU dénonçant le rôle de Kigali dans l'instabilité de l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

"Certains médias ont rapporté que le Rwanda entrait au Conseil de sécurité des Nations unies de façon controversée. Non, ce qui est controversé, c'est le rapport du groupe d'experts de l'ONU", qui accuse à nouveau le Rwanda de soutenir la rébellion du M23 dans l'est congolais, a déclaré M. Kagame. "Ce qui est douteux c'est le rapport de l'ONU, pas le Rwanda qui prend sa juste place aux Nations unies. Ce siège que le Rwanda va occuper nous le méritons en tant que membre de la communauté internationale", a poursuivi le président rwandais, lors d'un discours devant des étudiants à Kigali. Le Rwanda a été élu jeudi membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'Onu, en même que l'Argentine, l'Australie, la Corée du Sud et le Luxembourg, malgré la fuite quelques jours auparavant dans la presse d'un rapport confidentiel d'un groupe d'experts de l'ONU sur la RDC, accablant pour Kigali. Juste avant le vote, la délégation de RDC à l'ONU avait objecté, sans succès que le Rwanda n'était pas digne de siéger au Conseil de sécurité en raison de son "rôle déstabilisateur" sur son territoire.

RDC: 5.000 viols depuis début 2012 en raison du regain d'instabilité dans l'est

RDC: 5.000 viols depuis début 2012 en raison du regain d'instabilité dans l'est

lundi 24 septembre 2012

Maniema : le gouvernement provincial appelle la Monusco à rétablir la paix au Nord-Kivu

Des forces onusiennes. Radio Okapi/ John BompengoDes forces onusiennes. Radio Okapi/ John Bompengo

Le ministre provincial de l’Information, Jeef Tchomba Fariala, invite  la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la paix en République démocratique du Congo (Monuso) à rétablir la paix dans le Nord-Kivu où des Congolais «vivent dans des conditions difficiles ». Il a formulé cette demande vendredi 21 septembre à Kindu (Maniema) à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la paix.

« Filles et femmes sont violées par les forces négatives du M23, [le mouvement du 23 mars], des pilages à grande échelle et des violations graves des droits de l’homme sont enregistrés dans cette partie du pays » a ajouté Jeef Tchomba Fariala, qui a représenté le gouverneur de province.

Il a indiqué que la guerre au Nord-Kivu préoccupe le gouvernement provincial du Maniema qui formule le vœu de voir le conseil de sécurité des Nations unies de recourir au chapitre 7 des Nations unies pour mettre définitivement fin à l’agression de la RDC par le Rwanda.

La partie Est de la RDC est en proie à une rébellion du M23 depuis le mois de mai. Kinshasa a toujours accusé Kigali de soutenir les rebelles. Le Rwanda n’a jamais accepté ces accusations.

Le ministre provincial de l’information du Maniema a cependant loué les efforts consentis par l’ONU à travers la Monusco pour le retour de la paix.

« Cette grandiose cérémonie est le moment de féliciter nos partenaires de la Monusco qui ne cessent de redoubler leurs efforts au service de la paix. Non seulement ils font preuve d’amour mais surtout ils témoignent de l’intérêt qu’ils attachant à la paix », a affirmé Jeef Tchomba Mariala.

La célébration de la Journée internationale de la paix a été marquée par plusieurs activités comme le théâtre avec la troupe Lumiere de la vie, la danse folklorique Kusu ainsi que les poèmes.

La Journée internationale de la paix est observée chaque année, partout dans le monde, le 21 septembre. L’Assemblée générale a consacré cette Journée au renforcement des idéaux de paix, tant au sein des nations et des peuples qu’entre ceux-ci.

lundi 17 septembre 2012

RDC : Les foyers d'instabilité se multiplient

La reprise de la guerre au Nord-Kivu focalise les craintes de la communauté internationale et l'attention des médias. Mais d'autres régions sont également le théâtre de rébellions, de défections de soldats ou de mouvements sécessionnistes. Au Katanga, au Sud-Kivu, en Province orientale, au Kasaï ou au Bas-Congo, l'Etat peine à imposer son autorité. La République démocratique du Congo est-elle au bord de l'éclatement ?
DSC04006.jpgDepuis le mois d'avril 2012, les regards sont tournés vers le Nord-Kivu, une province de l'Est de la République démocratique du Congo, en proie aux rebelles du M23, soutenus par le Rwanda voisin. A juste titre, la communauté internationale et les médias se sont portés au chevet de la "poudrière des Kivus", qui menace le fragile équilibre de la région des Grands lacs. Kinshasa se mobilise comme elle peut pour tenter d'endiguer l'avancée des rebelles… en vain. L'armée congolaise, qui n'est plus que l'ombre d'elle même recule sans se battre. Mal payés, mal commandés, l'armée régulière ne réussit pas à s'imposer… même avec l'appui (timide) des casques bleus de la Monusco. Le M23 contrôle maintenant une partie du Nord-Kivu dont la ville-frontière de Bunagana et Rutshuru, nouvelle "capitale" de la rébellion. Mais si la situation au Nord-Kivu inquiète, d'autres foyers d'instabilités secouent le reste de la RDC. Au Katanga, au Sud-Kivu, en Ituri, au Kasaï, en Equateur ou au Bas-Congo, les rébellions et les nombreuses défections de soldats font craindre un embrasement général des provinces.
Katanga, province très "indépendante"
A Lubumbashi, le sécessionnisme semble être inscrit dans les gènes des Katangais. Depuis l'indépendance du Congo en 1960, la province a toujours revendiqué sa volonté d'indépendance. Et les mouvements sécessionnistes sont légions. Depuis l'ère Kabila (père, puis fils), le Katanga a toujours apporté un soutien inconditionnel au régime en place. Lubumbashi a constitué un "réservoir de voix" important pour Joseph Kabila aux élections de 2006, puis en 2011. Mais depuis plusieurs mois, la province gronde. "Marre de payer pour Kinshasa" entend-on dans les rues de la capitale du cuivre. Au coeur de la discorde : la non rétrocession des 40% de l'Etat à la province, prévue par la loi sur la décentralisation de 2006. Plusieurs fois, l'aéroport de Lubumbashi a été la cible d'attaques mystérieuses "d'hommes en armes". A chaque fois, on croit à un coup de force d'éléments sécessionnistes. A chaque fois, l'affaire ne va pas plus loin, mais l'inquiétude gagne à Lubumbashi. Les sécessionnistes gagnent du terrain.
A la manoeuvre, on trouve Gabriel Kyungu et son parti politique, l'Unafec. Cet été il a recueilli plus de 50.000 signatures pour demander un référendum en faveur du fédéralisme, d'ici 2016. Objectif : obtenir plus de 100.000 signatures. En parallèle, le poids du président Joseph Kabila s'est écorné par le choix du président d'imposer son frère, Zoé, à la tête de la province, à la place du charismatique Moïse Katumbi. L'arrivée du jeune frère passe mal dans la population.
Côté milice, le retour de Kyunga Mutanga, alias Gédéon, sème la peur au Katanga depuis le début 2012. Ce seigneur de guerre a été condamné à la peine capitale pour crimes contre l’humanité par la justice congolaise. Emprisonné depuis 2006, Gédéon s'est évadé en septembre 2011 de la prison de Lubumbashi… en plein jour. Depuis, l'enquête est au point mort et un vent de panique souffle au Nord-Katanga. "La région est en train de sombrer dans la violence, la psychose et la peur. Il y en a beaucoup qui se cachent en brousse", indique Mgr Fulgence Muteba Mugalu, évêque de Kilwa-Kasenga.
Le Kasaï se réveille
Autre province aux avant postes de la contestation : le Kasaï. D'habitude plutôt calme, ce fief de l'opposant Etienne Tshisekedi, connait lui aussi des soubresauts. Depuis le mois d'août 2012, le chef d’état-major de la région, le colonel John Tshibangu a fait défection et mis en place son propre groupe armé pour "chasser Kabila du pouvoir". La traque infructueuse de Kinshasa n'a toujours pas permis de mettre la main sur Tshibangu, qui vient d'annoncer son ralliement à l'Apareco d'Honoré Ngbanda, un ancien mobutiste en exil.
Province-orientale, Sud-Kivu, Maniéma, Bas-Congo… la colère monte
En août, c'est au tour du colonel Mandro Mazelo de faire défection pour rejoindre le maquis dans le Maniema, une province proche du Nord-Kivu. La Province orientale connait elle aussi un regain de violence. Les groupes d'auto-défense Maï-Maï sèment de nouveau la terreur. Près de la frontière ougandaise, le groupe de Paul Sadala, alias "Morgan" a tué 15 okapis en juin 2012 et continue, depuis, de terroriser la population. Au Sud-Kivu, le commandant Yakutumba a pris le maquis et collabore notamment avec Agathon Rwasa des FNL (Forces pour la Libération Nationale), une rébellion burundaise en lutte contre Bujumbura. Là encore Yakutumba prône clairement le départ de Joseph Kabila.
Au Bas-Congo, une province de l'Ouest du pays, les tensions entre la population et le pouvoir central se sont ravivées avec la "disparition", ou "l'enlèvement" (selon ses proches) d'Eugène Diomi Ndongala, le patron de la Démocratie chrétienne. Accusé par Kinshasa de "viol sur mineures", les autorités le disent en "fuite", alors que sa famille dénonce un "enlèvement" par les services de renseignements congolais (ANR). En 2007 et 2008 la province du Bas-Congo avait été le théâtre d'une violente répression contre les membres du Bundu Dia Kongo (BDK), un parti politico-religieux, interdit depuis. L'opposition avait dénoncé le "massacre" de 150 personnes par les forces de sécurité congolaises. En octobre 2012, les élections des gouverneurs du Bas-Congo et de la province orientale se dérouleront donc sous haute tension avec des risques de fraudes, comme en 2007. Hasard du calendrier, ces élections auront lieu en même temps que le Sommet de la Francophonie de Kinshasa, fixé du 12 au 14 octobre 2012.
Dernier foyer d'instabilité : la discrète province de l'Equateur, au Nord de la RDC. Cette zone a toujours tenu tête à Kinshasa, depuis la création du MLC de Jean-Pierre Bemba en 1998. En 2010, la rébellion de la tribu Enyele déstabilise le pouvoir central et fait douter Kinshasa, après la courte prise de Mbandaka, la capitale provinciale. Depuis, la situation s'est calmée, mais l'Equateur "la rebelle", pourrait refaire parler d'elle, si l'autorité de Kinshasa venait à vaciller.
Depuis avril 2012 et le naissance du M23, le pouvoir central est de nouveau mis à mal. L'instabilité fait tâche d'huile aux quatre coins de la RDC. La reprise du conflit à l'Est a remis en lumière l'absence de l'Etat congolais et son incapacité à imposer son autorité sur l'intégralité de son territoire. Cette situation constitue une opportunité dans laquelle tente de s'engouffrer rebelles, hommes politiques, militaires frustrés et aventuriers de tout poil. Pour l'instant, tous ces mouvements sont trop disparates et trop peu coordonnés pour déstabiliser à eux seuls Kinshasa. Chacun de ces groupes représentent quelques dizaines d'hommes, quelques centaines tout au plus. Pas assez, pour le moment, pour marcher sur la capitale et ébranler le pouvoir central.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia

L'expulsion de Thierry Michel de RDC "s'apparente à de la censure", selon Laanan

La ministre de la Culture et de l'Audiovisuel de la fédération Wallonie-Bruxelles, Fadila Laanan, réagit avec stupeur à l'expulsion du cinéaste belge Thierry Michel de la République démocratique du Congo, où il venait d'arriver dimanche pour présenter son film "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat ? ". Mme Laanan estime que "cette expulsion porte un coup à la démocratie et s'apparente à de la censure", indique-t-elle lundi dans un communiqué.

L'expulsion de Thierry Michel de RDC "s'apparente à de la censure", selon Laanan

"A quelques mois du sommet de la Francophonie qui se tiendra à Kinshasa, cette atteinte à la liberté d'expression en République démocratique du Congo suscite des questions", estime la ministre. Le cinéaste a été refoulé dimanche soir à son arrivée en RDC, où il comptait présenter son film "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat" consacré à l'assassinat d'un célèbre militant congolais des droits de l'Homme, a-t-il annoncé lundi à l'agence Belga. "J'ai été refoulé bien que disposant d'un visa de résident permanent" en RDC, a-t-il expliqué à son retour à Bruxelles. Les autorités congolaises lui ont reproché de ne pas disposer de visa de sortie - un document dont les résidents n'ont en principe pas besoin -, a ajouté Thierry Michel. Le réalisateur comptait projeter son film jeudi et vendredi à Kinshasa. D'autres projections privées prévues lundi au Centre Wallonie Bruxelles et les 10 et 11 juillet au centre culturel français avaient été "reportées à une date ultérieure après vision du film par les autorités" congolaises. En avril, l'ex-ministre congolais de la Justice, Emmanuel Luzolo Bambi, avait demandé à la commission nationale de la censure l'interdiction en RDC du film, qui retrace le procès des assassins - tous des policiers - du célèbre militant congolais des droits de l'Homme Floribert Chebeya Bahizire, le 1er juin 2010.

lundi 3 septembre 2012

Kinshasa-Kigali : déclassifier les accords secrets

Kigali pousse Kinshasa à la faute pour, sans doute, se disculper devant la communauté internationale. En décidant fin août 2012 de retirer une partie de ses forces spéciales déployées dans l’Est de la RDC, Kigali pense régler ses comptes avec Kinshasa. Son message est simple à décrypter : prouver l’existence des accords secrets qui le lie à Kinshasa. Ce que nie Kinshasa, par la bouche du porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga. L’heure a finalement sonné pour connaître la vérité dans les rapports maintes fois tendues ente les deux capitales. Les accords secrets entre Kinshasa et Kigali doivent être dévoilés, discutés, triturés, retournés dans tous les sens, … pour être enfin déclassifiés. Un débat public s’impose. Tout mutisme est préoccupant.

L’opinion publique se dit désabusée par le gouvernement de la République. Depuis le déclenchement des hostilités dans l’Est de la République démocratique du Congo, l’opinion publique congolaise est matraquée par des informations contradictoires, les unes les autres.

Kigali, particulièrement, s’évertue à faire des révélations fracassantes visant à embarrasser Kinshasa et semer le doute dans les esprits des Congolais. Ce piège est la meilleure stratégie pour gagner une guerre : entamer le moral. L’évolution des événements sur le terrain des opérations dans l’Est de la RDC ne semble pas jouer en faveur de la RDC.

Acculé par la communauté internationale, Kigali cherche une voie de sortie pour se dédouaner.
Se trouvant dans la position de l’agressé, c’est à Kinshasa que revient le rôle de prouver la culpabilité de Kigali. Le rapport des experts des Nations unies lui ouvre déjà une large brèche pour consolidation la thèse de l’agression.
Dès lors, pour conjurer la ligne adoptée par le Rwanda, il faut que la carte de la transparence devienne le seul langage de Kinshasa vis-à-vis de son peuple, victime de l’agression.

Kigali ne tient-il à garder l’initiative après des déboires diplomatiques enregistrés lors de tous les sommets organisés sur la question ?
A Addis-Abeba, Kampala, New York,… pour la première fois depuis plus d’une décennie, le discours de Kigali est accueilli avec froideur. «Personne ne prend foi aux arguments des autorités rwandaises», s’entendait-on dire par les diplomates sur place.
Louise Mishikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères, et toute sa délégation expérimentent ainsi des refus diplomatiques de la part des parrains. La dernière révélation en date - du reste confirmée par le ministre rwandais de la Défense, James Kabarebe, et corroborée par la suite par la décision médiatisée à outrance pour les besoins de la cause - porte sur le retrait des forces spéciales opérant conjointement avec les FARDC à Rutshuru. Kigali est donc passé à la vitesse supérieure.

Le communiqué rwandais annonçant le retrait de ses « forces spéciales » de la RDC est surprenant parce que le Rwanda n’était plus censé avoir des troupes en RDC. D’où, cette flopée d’interrogations sur la nature de la mission et sur une éventuelle connivence avec le M23, devenu curieusement maître de Rutshuru. Simple coïncidence ?

Versions croisées

C’est donc à force des communiqués de presse que cette nouvelle a été rendue publique. Selon le ministère rwandais de la Défense, ce retrait avait fait l’objet de négociations et de planification avec les autorités de Kinshasa, en complicité avec la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco).

Ce que n’a d’ailleurs pas contesté, à en croire l’AFP, le vice-Premier ministre, ministre congolais de la Défense, Alexandre Luba Ntambo, pour qui ce contingent était «public» et «officiel». Leur mission, a-t-il dit, se limitait à «l’observation» de la traque des FDLR conjointement avec les militaires des FARDC.

Ce retrait, qui intervient quelques heures seulement après que les autorités congolaises aient demandé à l'ONU de sanctionner des responsables militaires rwandais pour leur soutien au M23, a provoqué une levée de boucliers. Il dégage l’odeur de la recherche du discrédit.

«Exfiltration déguisée»

Kinshasa n’a pas tardé à réagir au communiqué du ministère rwandais de la Défense, faisant état d’un retrait d’une partie de ses forces spéciales dans l’Est de la RDC.

La voix officielle du gouvernement congolais a été rendue hier dimanche sur les antennes de la télévision nationale par son porte-parole, Lambert Mende.

«Le Rwanda a menti sur toute la ligne concernant ce retrait», a déclaré Mende, allant jusqu’à qualifier les informations en provenance de Kigali d’«affaire d’exfiltration déguisée». Le souci d’opacité, rappelle Mende, a même poussé les militaires rwandais à refuser que la traversée de la frontière se fasse en présence des observateurs de la Monusco.

Pour Kinshasa, en initiant les opérations de « retrait » de ses troupes, Kigali cherche juste à rapatrier ses soldats opérant au sein du M23 à partir des frontières qu’il contrôle. C’est donc une machination, s’est défendu Mende.
Ce qui légitime, a-t-il indiqué, des « sanctions indispensables et ciblées en l’encontre du Rwanda qui ne travaille pas pour la paix dans la région ».

La polémique est donc relancée entre les deux pays. Kinshasa est catégorique, seule une centaine d’officiers de renseignements étaient autorisés à se déployer conjointement avec les FARDC à Rutshuru. Lambert Mende s’est étonné que l’on parle dès lors des plusieurs centaines de militaires en lieu et place d’officiers de renseignements. «On ne parle pas de la même chose», fulmine le ministre des Médias.

Quant à l’existence des accords secrets, le porte-parole du gouvernement a été formel. « Les accords secrets entre la RDC et le Rwanda, cela n’existe pas », a-t-il dit. «Comment voulez-vous que nous qui sommes agressés signions des accords secrets?», s’est-il indigné.

En évoquant ce retrait, pense-t-il, Kigali « cherche à créer un climat de révolte au sein de la population » pour discréditer, relève-t-il, le gouvernement aux yeux de l’opinion.
Déclassifier les accords secrets

Kinshasa est poussé à la défensive face à sa propre opinion publique. Pour éviter de fissurer davantage un édifice en voie d’être lézardé, une seule alternative s’offre aux autorités congolaises, celle de la transparence et de la dé- classification de tous les accords secrets conclus avec Kigali.

L’histoire renseigne que le processus de négociations étaient d’avance biaisé. Dos au mur, Kinshasa se rendait souvent à la table des négociations en position de faiblesse. Toutes les concessions étaient faites, même celles entamant les intérêts de la République pour vue que le problème conjoncturel de cette période trouve solution.

En fait, face au drame humanitaire qui se déroule sur le terrain, les autorités de Kinshasa sont soumises à des choix stratégiques et opérationnels insoutenables en temps normal. Succomber à cette forme de pression ne peut produire que des solutions conjoncturelles de ce fait, éphémères. Face à des partenaires de mauvaise foi comme Kigali, maîtres en matière de manipulation, Kinshasa est invité à faire table rase du passé. En dénonçant tous les accords passés depuis des lustres avec Kigali. Ce faisant, un débat public pourrait être engagée, afin de recréer d’une part la confiance, mieux la consolider. D’autre part, permettre d’élaguer toutes les dispositions allant dans le sens de brader les intérêts de la Nation suite à ces négociations menées en période de faiblesse avérée.

Le gouvernement nie avec force l’existence d’éventuels accords secrets. Toutefois, si pareils accords existent, il est temps de les dénoncer dans l’intérêt de la République.

* * *

Un échantillon des accords officiels conclus entre Kinshasa et Kigali.

Les trois principaux accords de paix RDC-Rwanda

La République démocratique du Congo et le Rwanda ont, depuis juillet 1999, conclu trois principaux accords de paix. L'accord de cessez-le-feu de Lusaka (Zambie) a été signé le 10 juillet 1999 par la RDC, l'Angola, la Namibie, le Rwanda, l'Ouganda, le Zimbabwe, le Mouvement pour la libération du Congo (MLC) et le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). L'accord de Pretoria a été signé le 30 juillet 2002 par la RDC et le Rwanda.

1. Accord de cessez-le-feu de Lusaka

Le 10 juillet 1999 à Lusaka (Zambie), le Rwanda et la RDC concluent l’Accord de cessez-le-feu pour la cessation effective des hostilités, des mouvements et renforts militaires ainsi que des actes hostiles, y compris la propagande hostile. Le cessez-le-feu implique la cessation de toute attaque aérienne, terrestre et maritime ainsi que tout acte de sabotage. Les hostilités avaient commencé le 2 août 1998 avec la rébellion du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie) par le Rwanda, dans le Kivu. L’Accord a conduit à la création de la Mission d’observation des Nations Unies au Congo (MONUC).

2. Accord de Pretoria

Le 30 juillet 2002 à Pretoria, les présidents congolais Joseph Kabila et rwandais Paul Kagame ont signé un accord de paix entre la RDC et le Rwanda. Le texte, sous la médiation du vice-président sud-africain Jacob Zuma, prévoyait le rassemblement et le désarmement des extrémistes rwandais Interahamwe, responsables du génocide de 1994, et le retrait des forces rwandaises de l'Est de la RDC, dans un délai de 90 jours.
«Notre adhésion complète à l'accord de Pretoria ne signifie pas que nous avons renoncé à nous protéger des génocidaires Interahamwe et ex-FAR», avait déclaré l'ambassadeur rwandais aux Nations unies, Anastase Gasana.
L’Ambassadeur congolais Atoki Ileka à l'ONU avait écrit au Conseil de sécurité pour dénoncer «les opérations militaires de grande envergure que le Rwanda mène depuis quelques jours dans la province congolaise du Sud-Kivu».
La totalité des 23 400 soldats rwandais déployés en RDC devaient avoir quitté le territoire congolais début octobre 2002. «Pas un militaire de l'APR (Armée patriotique rwandaise) ne restera sur le sol de la RDC», avait affirmé le général rwandais James Kabarebe, l'armée rwandaise ayant entamé le 17 septembre le rapatriement de ses hommes et de leurs matériels déployés à Kindu (Maniema), au Nord-Katanga et à Sake (Nord-Kivu).

3. Accord de désarmement des rebelles Hutus en RDC

Le 12 novembre 2007, la RDC et le Rwanda concluent un accord visant à désarmer par la force les rebelles hutus, dont les membres des Forces armées rwandaises (Far, ex-armée au pouvoir à Kigali) et les miliciens Interahamwe, réfugiés dans l’Est du territoire congolais. «Le gouvernement de la République démocratique du Congo s'engage à lancer des opérations militaires d'urgence pour démanteler les ex-Far-Interahamwe considérés comme une organisation militaire génocidaire en RDC», lit-on dans le communiqué commun. De son côté, le Rwanda accepte de boucler la frontière avec la RDC et de s'assurer qu'aucun groupe armé interdit - et tout particulièrement les hommes du général renégat Laurent Nkunda - ne reçoive un soutien transfrontalier.

Kinshasa, 3/09/2012 (Le Potentiel / MCN, via mediacongo.net)

NDLR: Les idées et les points de vue de cet article n’engagent que leurs auteurs

dimanche 2 septembre 2012

Rwanda: meurtres en série de prostituées à Kigali

Au moins quinze femmes, pour la plupart des prostituées, ont été tuées, principalement par strangulation, dans plusieurs quartiers de Kigali en moins de trois mois, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la police rwandaise.

Trois femmes, dont deux étaient connues comme étant des prostituées, ont encore été étranglées mardi, en plein après-midi, dans une petite maison du quartier populaire de Gastata. "Au début nous avons pensé à des actes isolés (...) l'un des premiers meurtres semblant lié à un conflit financier", détaille le porte-parole de la police, Theo Badege. "Mais très vite, on s'est dit que cela pouvait être autre chose." Si le porte-parole de la police ne souhaite pas faire de lien entre ces meurtres et la profession des victimes, il a reconnu que c'était "effectivement une tendance" et que toutes les pistes étaient étudiées. A quelques maisons du lieu des derniers crimes, une jeune prostituée de 28 ans, qui se présente sous le nom d'Eugénie, ne cache pas son inquiétude. "Je connaissais les femmes qui ont été tuées. J'étais en compagnie de l'une d'entre elles une heure avant les faits", se souvient-elle. "Désormais, j'ai peur de travailler. Avant ces événements il n'y avait pas de problème, on se sentait en sécurité. Je ne rentrais chez moi qu'à partir de 22H00, désormais j'essaie de rentrer avant le coucher du soleil, c'est-à-dire vers 18H00", poursuit-elle. Dans le secteur, les autorités locales se sont organisées et ont renforcé la sécurité. De jour comme de nuit des gardes rémunérés par les habitants se relaient. "Nous organisons au moins une réunion par semaine pour sensibiliser (les prostituées)", explique Joseph Kabanda qui représente les autorités du quartier.

mardi 28 août 2012

Hollande annonce sa participation au sommet de la Francophonie à Kinshasa

Le président français François Hollande a annoncé lundi qu'il participerait au sommet en octobre de l'Organisation internationale de la Francophonie à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), soulignant sa volonté de "tout dire partout" en Afrique.

Hollande annonce sa participation au sommet de la Francophonie à Kinshasa

Plusieurs associations congolaises et françaises lui avaient demandé de "ne pas se rendre" à ce sommet à Kinshasa, pour ne pas conforter le régime de Joseph Kabila qui dirige le pays depuis 2001. "En 2050, 80% des Francophones seront africains, 700 millions de femmes et d'hommes, chacun comprend ici l'enjeu", a déclaré le président français, devant la Conférence des ambassadeurs, réunie à l'Elysée. "Je me rendrai dans quelques semaines au sommet de la Francophonie à Kinshasa. J'y réaffirmerai que la Francophonie, ce n'est pas simplement une langue en partage mais aussi une communauté de principes et d'idéaux dont le rappel à chaque occasion est nécessaire, et notamment en RDC mais pas seulement là", a-t-il dit. Il s'agira du premier voyage officiel en Afrique du président élu en mai. Pays francophone le plus peuplé au monde, la RDC n'a jusqu'à présent jamais accueilli de sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Le principal parti d'opposition en RDC, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), avait réclamé la délocalisation du sommet de la Fancophonie, tandis qu'une association de Français d'origine congolaise a saisi la justice française pour tenter d'empêcher la tenue de la réunion. Joseph Kabila a été élu à la présidentielle de 2006, réélu en 2011, mais cette élection a été entachée d'irrégularités relevées par des missions d'observation nationales et étrangères. La RDC reste en guerre dans l'Est, où des combats opposent depuis mai l'armée à des mutins

dimanche 26 août 2012

Rwanda: Reynders reçu par le président Paul Kagame

Le président rwandais Paul Kagame a reçu dimanche matin le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, en visite à Kigali, a constaté un photographe de l'agence BELGA.

Rwanda: Reynders reçu par le président Paul Kagame

Reynders, qui termine par le Rwanda une tournée d'une semaine en Afrique centrale qui l'a également conduit en République démocratique du Congo (RDC) voisine, a également rencontré son homologue rwandaise, Louise Mushikiwabo, pour un entretien axé sur les relations bilatérales et la situation dans l'ex-Zaïre. Une conférence de presse des deux ministres des Affaires étrangères est prévue à 12h30 locales (même HB). Le Rwanda est accusé par l'ONU, mais aussi la RDC, de soutenir une mutinerie dans la province du Nord-Kivu (est), menée par un groupe d'ex-rebelles, le Mouvement du 23 mars (M23), qui avaient été intégrés en 2009 dans l'armée congolaise. Kigali dément toute implication.

samedi 25 août 2012

Le ministre Reynders "horrifié" par les témoignages des réfugiés congolais

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, s'est dit samedi "horrifié" par les témoignages des réfugiés congolais qui ont fui au Rwanda pour échapper aux violences interethniques qui touchent l'est de la République démocratique du Congo (RDC) et plus particulièrement la province du Nord-Kivu, promettant de continuer à aider ces personnes.

Le ministre Reynders "horrifié" par les témoignages des réfugiés congolais

"Nous sommes particulièrement horrifiés par les violences que l'on voit depuis quelques mois en RDC", a-t-il affirmé à l'issue d'une visite au camp de transit de Nkamira (ouest du Rwanda), qui héberge encore un millier de ces déplacés rwandophones en attente d'un transfert vers le camp plus permanent de Kigeme. "Nous allons tout faire pour essayer de pacifier la région et vous permettre de regagner vos villages et vos villes", a ajouté M. Reynders à l'adresse de quelques réfugiés, quelques heures après son arrivée au Rwanda en provenance du Nord-Kivu après une visite d'une semaine en RDC voisine. "Je forme le voeu qu'il sera possible de recommencer une nouvelle vie et de vivre en paix avec les autres communautés sur un même territoire, a encore dit le chef de la diplomatie belge en remerciant les autorités rwandaises pour l'effort réalisé pour accueillir ces près de 20.000 réfugiés. Il a assuré que la Belgique continuerait à aider les agences des Nations Unies prenant en charge ces personnes déplacées. M. Reynders a réitéré son appel au Rwanda à jouer un "rôle actif" pour "mâter la rébellion" du Mouvement du 23 mars (M23) à l'origine d'une recrudescence des violences.

dimanche 29 juillet 2012

RDC: le M23 ne veut pas conquérir Goma, affirme un de ses responsables militaires

Le mouvement rebelle M23 qui affronte l'armée régulière dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) n'a pas l'intention d'avancer jusqu'a Goma mais de l'encercler, a affirmé dimanche le colonel Innocent Kayima, chef des opérations dans le secteur.

RDC: le M23 ne veut pas conquérir Goma, affirme un de ses responsables militaires

Interrogé sur l'avancée de ses troupes vers la capitale provinciale du nord Kivu, le colonel Kayima a expliqué que l'intention du M23 était d'aller jusqu'à Kibumba, la dernière ville où se trouve positionnée l'armée régulière. Puis de là, a-t-il dit, "nous encerclerons la ville (Goma) et nous démoraliserons les forces jusqu'a ce qu'elles s'en aillent". "Nous prendrons la ville sans tirer", a-t-il assuré. Cette déclaration intervient alors que les rebelles ont depuis deux jours repris l'initiative face aux forces régulières de RDC et que le chef militaire du M23, le colonel Makenga Sultani est attendu dans ce secteur dans la soirée, a-t-on appris de source rebelle. Au nord du secteur tenu par le M23, des combats qualifiés de "très durs" par les rebelles se déroulent. La population a fui la zone. Vers Mabenga, au nord de Rutshuru, un journaliste de l'AFP a vu deux corps de personnes tuées avec les mains liées dans le dos. Selon un responsable opérationnel du M23, les FARDC ont subi la perte de 25 soldats alors que le M23 n'a eu que cinq blessés.

RDC: la présence de soldats rwandais dans l'est est un "secret de polichinelle"

La présence de forces rwandaises dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) est un "secret de polichinelle", a affirmé samedi soir le président Joseph Kabila dans un entretien à la télévision nationale.

RDC: la présence de soldats rwandais dans l'est est un "secret de polichinelle"

Le président congolais, qui ne s'était encore jamais véritablement exprimé sur ce sujet, a affirmé qu'il avait aussi interrogé les autorités de l'Ouganda sur l'appui de ce pays au Mouvement rebelle M-23. Leur réponse est que "l'Ouganda n'a rien à voir" avec le M-23, a-t-il dit à la RTNC. "Quant à la présence du Rwanda, c'est un secret de polichinelle", a-t-il affirmé dans une rare déclaration médiatique. "Est-ce que la diplomatie peut être une solution? " s'est interrogé M. Kabila. "De toutes les façons, il y a ces trois pistes de solution: militaire, politique et diplomatique. Ca peut être les trois à la fois" a-t-il dit. Selon le président congolais, la mise en place d'une "force neutre" qui s'interposerait entre les combattants, envisagée lors du sommet de l'Union africaine (AU) du 15 juillet à Addis Abeba, est nécessaire. Depuis fin avril, la RDC est en butte dans l'est du pays à une nouvelle rébellion d'un mouvement appelé M-23 dont les positions sont situées aux frontières du Rwanda et de l'Ouganda.

vendredi 20 juillet 2012

Paul Kagame sans détours

Vidéo :

http://www.france24.com/fr/20120720-reporters-rwanda-Genocide-rwandais-1994-hutus-tutsi-Paul-Kagame-rdc-france24

Ses détracteurs disent de lui qu’il est autoritaire, distant et calculateur. Mais, derrière cette réputation sans nuances, qui est vraiment Paul Kagamé ? Pour la première fois, le tout-puissant et mystérieux président du Rwanda a accepté de se dévoiler. Durant quelques jours, notre reporter l’a accompagné dans son quotidien.

REPORTERS

Par Marc PERELMAN

Paul Kagame est un personnage mystérieux, secret et controversé. Le président rwandais, l’homme fort du pays depuis le génocide de 1994, n’aime guère se laisser approcher. Il a accepté de faire une exception pour France 24 et nous a laissé le suivre pendant une semaine. Visites de terrain au volant de sa voiture blindée, séances de travail à la présidence, entretiens avec des diplomates, cérémonies officielles, discussions chez lui, et même quelques moments d’intimité avec sa famille et ses amis. Pour parler encore et encore de ce nouveau Rwanda qu’il tente de faire émerger au forceps sur les cendres du génocide, en mettant l’accent sur la santé, le logement et l’éducation. Le développement comme recette pour oublier les tensions ethniques entre Hutus et Tutsis. Avec pour modèle les tigres asiatiques qui ont donné priorité à l’économie avant la démocratie à la sauce occidentale.

Kagame ne veut plus parler des tensions avec la France et se veut résolument pragmatique. Il courtise les donateurs occidentaux qui contribuent à hauteur de 40% du budget rwandais et saluent la bonne gouvernance du pays, notamment la lutte contre la corruption. Ce nationaliste rêve toutefois de

pouvoir se débarrasser de cette dépendance envers l’Occident. Lors de notre séjour se déroulent les cérémonies du cinquantenaire de l’indépendance. Mais pour Kagame, la véritable indépendance ne date pas du départ du colonisateur belge en 1962, mais de la fin du génocide en 1994. Une vision qui n’est partagée par tous, notamment par les soutiens de l’ancien régime dominé par les Hutus qui l’accusent de représenter un pouvoir avant tout tutsi. Une notion qu’il rejette, affirmant que les Rwandais sont désormais unis, au-delà des leur appartenance ethnique.

Au fur et à mesure du reportage se dessine un homme différent, plus ouvert, surtout plus passionné que l’homme public au débit monocorde. Quelqu’un qui, certes, n’aime guère aborder des sujets qui fâchent comme le rôle trouble de son pays en République Démocratique du Congo ou les carences de la démocratie au Rwanda. Mais qui n’esquive pas la discussion et retrouve volontiers des accents anticolonialistes pour dénoncer les critiques de l’Occident ou des Nations Unies.

Lui qui est habité par l’action politique laisse même entrevoir une vie après la politique. Son second et - en théorie dernier - mandat se termine en 2017 et il aura alors 60 ans. Et si on lui prête parfois l’intention de changer la Constitution pour se représenter, comme nombre de ses pairs, il le nie farouchement. Et semble presque impatient d’être à la retraite. Reste à voir s’il tiendra parole…

samedi 14 juillet 2012

Rwanda denies supporting rebels in the DRC.

LE RWANDA ACCUSÉ


Des rebelles du mouvement M23, dans la province du Nord-Kivu, en RDC, le 12 juillet.Des rebelles du mouvement M23, dans la province du Nord-Kivu, en RDC, le 12 juillet. | REUTERS/JAMES AKENA

La rébellion en cours dans l'est de la République démocratique du Congo met en position d'accusé le Rwanda qui, même s'il s'en défend, jouit par milices interposées d'une influence de longue date dans cette région frontalière regorgeant de matières premières, selon plusieurs experts. Un rapport des Nations unies a fait état le mois dernier de "preuves accablantes" selon lesquelles des officiers supérieurs rwandais "soutenaient les rebelles en leur fournissant armes, ravitaillement militaire et nouvelles recrues". Kigali, la capitale du Rwanda, a rejeté ce rapport, qualifié de "document préliminaire partial fondé sur des conclusions partielles".

Au sein du Mouvement du 23-Mars (M23), plusieurs centaines de soldats ont retourné leurs armes contre les forces armées congolaises (FARDC) ces derniers mois et les ont chassés en plusieurs points de la province du Nord-Kivu. L'est de la RDC a été placée sous haute surveillance, les autorités congolaises et les Nations unies craignant cette semaine que les mutins du M23

ne lancent une offensive contre Goma, la capitale du Nord-Kivu.

Ces mutins sont issus d'une précédente rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), un mouvement congolais tutsi réputé être soutenu par le Rwanda afin de combattre, sur le sol congolais, les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). "Nous sommes dans une sorte de bégaiement, de répétition de crises", estime André Gichaoua, universitaire français spécialiste du Rwanda, qui évoque "une relation institutionnalisée" entre les rébellions tutsies en RDC et Kigali.

LE GÉNOCIDE DES TUTSIS EN TOILE DE FOND

Les Forces démocratiques de libération du Rwanda sont en effet accusées par Kigali d'avoir participé au génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 – huit cent mille morts selon l'ONU – et de représenter encore aujourd'hui une menace militaire contre le régime du président Paul Kagame, qui a mis fin aux massacres. C'est la raison pour laquelle le Rwanda a envoyé ses soldats dans l'actuelle RDC en 1996-1997 puis entre 1998 et 2002, avant, selon les experts, d'agir par milices interposées.

"Depuis la fin de la guerre, au début des années 2000, l'est de la RDC reste sous tutelle étrangère de facto, principalement du Rwanda. Le président Kabila passe son temps à négocier en position de faiblesse", selon M. Gichaoua. "On est à nouveau dans une phase de partage des dividendes (des richesses de la région), entre un partenaire qui ne peut les obtenir qu'au titre de rétrocession bienveillante de la part des tuteurs de la région, et un autre obligé d'accepter, pour ne pas avoir à assumer la reconnaissance qu'il occupe de facto un territoire étranger", poursuit cet expert à propos des autorités congolaises et rwandaises.

Le président rwandais, Paul Kagame, a réfuté cette interprétation, dans une interview à BBC World Service. "Nous n'avons absolument rien à voir avec cette insurrection du M23. Nous ne savons pas ce qu'ils sont ni ce qu'ils veulent", a-t-il affirmé. Mais même les Etats-Unis, parmi les plus proches alliés de Kigali, "ont appelé le Rwanda à stopper et à empêcher l'acheminement d'une telle aide (aux rebelles congolais) depuis son territoire".

La crise paraissait en tout cas en voie d'apaisement avec un accord jeudi du Rwanda, de la RDC et de leurs voisins pour "la mise en place immédiate d'une force internationale neutre pour éradiquer le M23".

La CPI délivre deux mandats d'arrêt contre des chefs des rebelles en RDC

Le Monde.fr avec AFP | 13.07.2012 à 20h19 • Mis à jour le 13.07.2012 à 20h19

Le général Ntaganda Bosco, près de la capitale du Nord-Kivu, Goma, en janvier 2009.Le général Ntaganda Bosco, près de la capitale du Nord-Kivu, Goma, en janvier 2009. | AFP/LIONEL HEALING

La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé, vendredi 13 juillet, avoir délivré un mandat d'arrêt contre le chef des rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) Sylvestre Mudacumura, pour des crimes de guerre commis dans les Kivus, régions de l'est de la République démocratique du Congo (RDC). M. Mudacumura, né au Rwanda, est soupçonné de neuf chefs de crimes de guerre, commis entre janvier 2009 et septembre 2010 : attaques contre la population civile, meurtres, mutilations, traitements cruels, viols,

tortures, destructions de biens, pillages et atteintes à la dignité humaine.

"La chambre a considéré que l'arrestation de M. Mudacumura apparaît nécessaire pour garantir qu'il comparaisse devant les juges de la CPI", précise la Cour. Une décision saluée par le gouvernement congolais, dont le porte-parole a parlé d'une "très bonne nouvelle", attendue "depuis très longtemps".

La CPI a aussi annoncé, le même jour, avoir délivré un deuxième mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre contre le général Bosco Ntaganda, un autre protagoniste des combats dans les Kivus. Il est soupçonné de crimes contre l'humanité, notamment de meurtres, de viols et de crimes de guerre, entre 2002 et 2003 dans les Kivus, et est accusé par le gouvernement congolais d'être à la tête d'une mutinerie en cours dans l'est de la RDC.

Mardi, la Cour avait délivré sa première condamnation contre un ex-chef de milice congolais, Thomas Lubanga, qui a été condamné à quatorze ans de prison. Il a été reconnu coupable de crimes de guerre pour avoir enrôlé des enfants dans ses troupes et les avoir utilisés dans les hostilités en Ituri, dans l'est de la RDC, en 2002 et en 2003.

RDC: les mutins menacent de reprendre les villes où l'armée est revenue

Les mutins du M23, dont des bases ont été visées la veille par des tirs d'hélicoptères de l'armée congolaise et de l'ONU dans l'est de la République démocratique du Congo, ont menacé vendredi de reprendre des villes qu'ils avaient quittées.

Les mutins du Mouvement du 23 mars (M23) ont qualifié d'"inacceptable" le retour des Forces armées congolaises (FARDC) notamment à Rutshuru, la plus importante de la demi-douzaine de localités prises dimanche par les rebelles tutsi dans la province du Nord-Kivu.

Cette "offensive" des soldats loyalistes est "un défi lancé contre nos forces (...) et une humiliation pour les habitants (...) qui ont subi les exactions de cette armée lors de sa fuite", a ajouté le M23 dans un communiqué.

Ils demandent aux FARDC de quitter "sans délai" ces villes, "faute de quoi elles seront rendues responsables de toutes les conséquences relatives à leur présence dans ces entités".

"Si leurs forces sont là-bas, nous allons reprendre ces villes", a affirmé à l'AFP le porte-parole du M23, le lieutenant-colonel Vianney Kazarama.

"Nos bases sont à Mbuzi, Tshanzu et Runyoni (ndlr, sur des collines). Ce sont les populations qui ont été prises pour cible. Deux civils ont été tués", a affirmé Vianney Kazarama.

Jeudi des hélicoptères de l'ONU et des FARDC ont tiré sur Nkokwe et Bukima, deux positions rebelles à la frontière du parc des Virunga, à l'est de Rumangabo.

Le M23 est formé d'ex-combattants de la rébellion tutsi congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés dans les FARDC dans le cadre d'un accord de paix avec Kinshasa le 23 mars 2009, dont ils réclament la pleine application. Les rebelles sont soutenus par le Rwanda, d'après un rapport des Nations unies.

Le 6 juillet, les mutins ont pris Bunagana, important poste-frontière avec l'Ouganda, après des combats avec les FARDC, dont 600 soldats on fui en Ouganda. L'armée congolaise est appuyée par la Mission de l'ONU en RDC (Monusco), dont un Casque bleu avait été tué.

Deux jours après, les mutins ont pris Rutshuru (70 km au nord de la capitale provinciale Goma), la cité voisine de Kiwanja et d'autres localités plus au sud, jusqu'à 50 km de Goma. Dans leur fuite, les FARDC ont commis des pillages à Kiwanja.

Le M23 s'est officiellement retiré lundi de ces villes mais contrôle toujours Bunagana, à 25 km au sud-est de Rutshuru, tout près de ses bases dans les collines du parc national des Virunga, adossé au Rwanda et à l'Ouganda.

L'armée congolaise a ensuite affirmé en milieu de semaine avoir repris position à Rutshuru, Kiwanja -où elle a deux camps- et repris les autres localités prises dimanche.

Les mutins ont dit s'être retirés, mais un journaliste de l'AFP en a vu une demi-douzaine vendredi matin à Rumangabo (50 km au nord de Goma), armés et vêtus en treillis FARDC. Aucun soldat loyaliste n'était présent.

Depuis mercredi, des blindés de l'ONU et des FARDC sont positionnés à 25 km au nord de Goma, pour prévenir toute attaque de cette ville de 500.000 habitants. Les mutins ont répété jusque-là que leur objectif n'était pas de prendre Goma.

Si Kigali a toujours démenti appuyer les mutins, de hauts responsables rwandais, dont le ministre de la Défense, le général James Kabarebe, sont accusés dans un rapport d'experts de l'ONU d'avoir aidé directement le M23 en lui fournissant armes, munitions, recrues...

Le Rwanda, la RDC et leurs neuf voisins régionaux ont condamné jeudi à Addis Abeba les actions du M23, lors d'une réunion de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL), la structure qui les réunit.

"Toutes les forces négatives, en particulier le M23, devraient immédiatement cesser leurs activités armées et aucun appui ne devrait leur être accordé pour déstabiliser la région, et plus particulièrement l'est de la RDC", selon un communiqué des 11 pays membres.

"C'est une grande avancée. Jusque-là le Rwanda refusait de considérer le M23 comme une force négative", a commenté une source sécuritaire congolaise.

Congo: les rebelles du M23 menacent de revenir et d'attaquer l'armée à Rutshuru

Publié par Associated Press le vendredi 13 juillet 2012 à 21h50.

Congo: les rebelles du M23 menacent de revenir et d'attaquer l'armée à Rutshuru

KINSHASA, République Démocratique Du Congo - Un nouveau mouvement rebelle qui terrorise l'est de la République démocratique du Congo (RDC) a menacé, vendredi, d'attaquer l'armée congolaise dans une importante ville de la région récemment évacuée par les insurgés.

La Cour pénale internationale a par ailleurs délivré vendredi des mandats d'arrestation contre deux chefs rebelles accusés d'avoir commis des atrocités dans l'est du Congo.
Le groupe rebelle M23 a diffusé un communiqué dans lequel il appelle les soldats à quitter Rutshuru et la ville voisine de Kiwanja, faute de quoi «ils seront tenus responsables de toutes les conséquences».
Les rebelles du M23 ont pris Rutshuru dimanche sans rencontrer de résistance: les soldats gouvernementaux s'étaient retirés avant leur arrivée et les forces de l'ONU ont choisi de ne pas s'interposer. Ils sont repartis volontairement le lendemain, tout en avertissant l'armée congolaise de ne pas revenir. Les rebelles ont annoncé qu'ils se retiraient aussi du passage frontalier de Bunagana, entre la RDC et l'Ouganda, en attendant de voir si le gouvernement est prêt à négocier.
Mais le gouvernement congolais a déclaré qu'il ne négocierait qu'avec le Rwanda, accusé de soutenir les rebelles. Le Rwanda nie ces allégations, mais a accepté cette semaine la création d'une force internationale pour «éradiquer» tous les rebelles et les milices dans l'est du Congo et patrouiller la frontière entre les deux pays.
La mission de l'ONU au Congo est déjà la plus importante au monde, avec ses quelque 20 000 policiers et soldats. On ne sait pas très bien pour l'instant comment une nouvelle force internationale pourrait réussir là où l'ONU a échoué à soutenir l'armée congolaise dans sa tentative de ramener la paix dans l'est du Congo, où plus d'une dizaine de milices et de groupes rebelles étrangers terrorisent la population.
Jeudi, l'ONU a confirmé avoir déployé des hélicoptères de combat pour bombarder plusieurs positions du M23.
Le M23 est composé d'ex-rebelles tutsis intégrés à l'armée congolaise en vertu d'un accord conclu le 23 mars 2009. Ils ont fait défection en avril en affirmant que l'accord n'avait pas été respecté.
Depuis le début de ce nouveau mouvement rebelle, plus de 200 000 personnes ont été forcées de fuir leur domicile pour échapper aux violences. Au moins 20 000 d'entre elles ont trouvé refuge au Rwanda et en Ouganda.
Le M23 serait dirigé par Bosco Ntaganda, l'un plus notoires chefs rebelles au Congo. Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont délivré un second mandat d'arrestation contre lui vendredi en lien avec des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
Ntaganda a été accusé une première fois par la CPI en 2006 pour crimes de guerre et recrutement forcé d'enfants soldats, mais il n'a jamais été arrêté. Il a été intégré dans l'armée congolaise dans le cadre d'un accord de paix, avant de faire défection en avril pour former le M23. Le second mandat d'arrêt délivré vendredi concerne des crimes qu'il aurait commis dans les deux provinces du Kivu à partir de septembre 2002.
Ntaganda nie tout lien avec le M23 et le groupe assure qu'il n'est pas son leader. Mais un rapport d'experts de l'ONU accuse le Rwanda d'avoir contribué à armer la rébellion et affirme que Ntaganda est le chef du M23.
La CPI a aussi délivré un mandat d'arrêt contre un autre chef rebelle, Sylvestre Mudacumura, accusé de neuf crimes de guerre dans les deux Kivus en 2009 et 2010. Il est considéré comme l'un des chefs des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe actif dans l'est du Congo.