Cinq civils et trois soldats congolais ont été tués vendredi lors d'une attaque attribuée à des rebelles ougandais contre un camp militaire des environs de Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo.A May-Moya, localité du nord de la province du Nord-Kivu à environ 45 km au nord de Beni, un photographe de l'AFP a vu les corps des victimes de l'attaque ainsi que ceux de huit assaillants en treillis, tués dans la riposte des Forces armées de la RDC (FARDC).
Selon un officier supérieur sur place, les assaillants, soupçonnés d'appartenir aux rebelles ougandais musulmans des Forces démocratiques alliées (ADF), ont attaqué la localité vers 16h00 vendredi. Ils s'en sont pris au camp militaire, qu'ils ont attaqué à l'arme automatique, avant de se replier après plusieurs heures de combats et avoir incendié plusieurs habitations, a ajouté l'officier. Une vingtaine de maisons ont été détruites par le feu.
Les ADF sont accusés d'être responsables d'une série de massacres ayant fait plus de 400 morts depuis octobre dans Beni (350 km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu) et ses environs.
La succession de ces attaques et l'incapacité des autorités à y mettre fin a provoqué en mai un mouvement de contestation populaire dans la région où les habitants ont accusé l'État, jusqu'au président de la République Joseph Kabila, de faillir à son devoir de protéger la population.
Les évêques catholiques de l'est du Congo avaient déploré pour leur part que "la sécurité, la paix et l'intégrité territoriale ne semblent pas avoir été prioritaires dans la stratégie des autorités publiques" dans la région de Beni.
Opposés au président ougandais Yoweri Museveni, les miliciens de l'ADF sont accusés de violations graves et répétées des droits de l'Homme en RDC, et de se livrer à un juteux trafic de bois.
Calme précaire en RDC après l’adoption de la loi électorale
Après plusieurs jours d’émeutes et de manifestations dont le bilan s’établit, selon les sources, entre 13 et 42 morts, le Parlement congolais a finalement voté la révision de la loi électorale, dimanche 25 janvier. Sans l’alinéa 3 de l’article 8 à l’origine du mouvement de protestation de l’opposition. Celui-ci liait l’organisation de la présidentielle, prévue en 2016, à un recensement de la population.
Le recensement est une tâche colossale en République démocratique du Congo (RDC), vaste de plus de 2 millions de km², aux voies de communications délabrées et où la moitié du pays est déchirée par l’activisme de nombreux groupes armés. Plusieurs années pourraient être nécessaires pour le mener à bien. L’opposition y a vu d’emblée une manœuvre pour rallonger le mandat du président. Joseph Kabila au pouvoir depuis 2001 ne peut selon la constitution postuler à un troisième mandat.Alors qu’il règne à Kinshasa un calme précaire, ce revirement du Parlement est commenté et accueilli diversement :
- Lambert Mende, porte-parole du gouvernement
Interrogé sur les violences mortelles, le porte-parole du gouvernement a souligné que leurs instigateurs seront « tenus pour responsables devant la justice ».
- Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation congolaise (opposition)
Lire aussi : RDC : face à Kabila, l’opposition en petits morceaux
- Josaphat Musamba, chercheur pour le Centre de recherches et d’études stratégiques en Afrique centrale, basé à Bukavu (est du pays)
- Fidel Bafilemba, chercheur pour Enough Project, une ONG américaine de lutte contre les crimes contre l’humanité et le génocide
- Fred Bauma, militant au sein du groupe de jeunes Lutte pour le changement (Lucha), basé à Goma
- Chadrak, étudiant à l’université de Kinshasa
- Claude, étudiant à l’université de Kinshasa