lundi 27 septembre 2010

Turbo DC-3 Take off

Nord-Kivu : des avions et des mines, mais pas de routes, ni d'argent (voir les vidéos)

 

Aujourd'hui, pour arriver dans le territoire de Walikale au Nord-Kivu : embarquez dans un petit avion qui se pose sur une route près d'un village et croisez les doigts pour ne pas vous faire prendre en otage par un groupe armé… Mais maintenant qu'exploiter les abondantes mines de la région est interdit et qu'un aérodrome est en construction, la situation peut changer.
Mi-septembre, il est 16 h à Kilambo, une localité située à 23 km de Walikale, au Nord-Kivu, à l'est de la RD Congo. Des militaires forment un barrage pour bloquer la circulation des véhicules. Soudain, on entend le ronflement des réacteurs d'un avion qui, après une dernière manœuvre, se pose sur la route qui traverse le village. Des passagers s'extirpent de l'avion, en même temps que d'autres tentent d'embarquer, le tout dans une bousculade indescriptible.
Dans cette localité, pas de trace d'aérodrome. "Pas de tour de contrôle, aucune signalisation, ni pour l'atterrissage ni pour le décollage des avions. Les pilotes utilisent une fréquence radio pour se guider, car il n'y a aucun moyen de communication au sol", témoigne Jean-Paul Mukuba, lui-même pilote. Et pas de sécurité non plus, avec la recrudescence des prises d'otages avec demande de rançon. La dernière en date a eu lieu le 1er septembre dernier, avec l'enlèvement de deux membres d'équipage d'un petit aéronef, ainsi que trois employés d'une Ong américaine et des civils présents au moment du débarquement. Cette opération qui a fait un mort, suite à la riposte des Forces armées de la RD Congo (FARDC) pour libérer les otages, serait, selon divers témoignages, l'œuvre de miliciens du groupe Cheka. Ce groupe revendique principalement une répartition plus équitable des ressources minières. "Nous exigeons également l'arrêt des atterrissages sur la route de Kilambo, la construction de centres de santé, des écoles, comme dans les autres territoires du Nord-Kivu. De même, nous pensons qu'il faut démilitariser la zone minière et mettre en place un service de police", déclarait il y a peu un membre du groupe sur les ondes d'une radio locale.
Enclavement et insécurité
Situé en pleine forêt équatoriale, à la limite entre la Province Orientale et celle du sud-Kivu, Walikale est un territoire très enclavé. La route qui mène à Goma, longue de plus de 200 km, est impraticable, vu son état de délabrement et l'avion reste l'unique moyen pour accéder à ce territoire riche en minerais. L'exploitation minière reste d'ailleurs l'unique activité qui relie ce territoire au reste du monde. Paradoxe révoltant, malgré la richesse de son sous-sol (or, coltan, diamant, cassitérite, bauxite, etc.), celui-ci vit dans une pauvreté extrême, source de frustration pour la population locale. Ceci explique en partie l'insécurité grandissante dans la région.
Pour mettre fin à l'exploitation illégale des minerais par des groupes mafieux, le gouvernement, par la voix du Chef de l'État, a décidé le 10 septembre dernier, de suspendre l'exploitation minière dans cette partie du pays. Une mesure de nature à apaiser les tensions et les inquiétudes au sein de la population. "C'est l'occasion pour le gouvernement de reprendre le contrôle de la situation et de rétablir la sécurité. Les militaires vont s'occuper davantage de la sécurité des populations plutôt que de chercher à s'enrichir avec les minerais", affirme un habitant de Walikale qui a requis l'anonymat. Pour de nombreuses personnes interrogées, la responsabilité des officiers militaires dans l'exploitation mafieuse des ressources est évidente, car ils couvrent les atterrissages forcés sur les routes, les terrains de football ou les cours d'écoles. "Les autorités elles-mêmes utilisent les routes comme pistes d'atterrissage et ne peuvent donc pas interdire aux avions privés d'en faire autant. Il y a une connivence entre les officiels et les exploitants qui exportent les ressources minières de la province", fulmine un pilote de Walikale.
Pour assurer le désenclavement du territoire et protéger la route, la population, avec le soutien de l'administrateur du territoire, se mobilise pour la construction d'un aérodrome à Walikale centre. "Les travaux ont démarré malgré le manque de financement. Ce qui a été fait dans le quartier de Kigoma. Grâce à une taxe de 23 $ par rotation, prélevée par le service de l'aéronautique civile, nous avons réalisé un tronçon de 318 m sur les 1500 m prévus pour la piste d'atterrissage. Nous avons dégagé et bien damé le sol et si nous obtenons les financements nécessaires, nous allons attaquer la fondation", témoigne Pierre Bulambo, ingénieur responsable des travaux. L'argent collecté pour mener l'ouvrage à terme est déposé sur un compte bloqué, sous le contrôle du député Kalinda, afin de prévenir tout risque de détournement des fonds.

Goma Walikale

Voici comment atterir sur une route au milieu de la forêt équatoriale

Goma–Walikale (bush landing)

Landing at Walikale(Congo)

Walikale landing

dimanche 26 septembre 2010

Gersony report

Ce rapport est très accablant et a été tenu secret à l’ONU.

Pour le lire, il vous faut Adobe arobat reader :

 Gersony report

Le texte est en Anglais

lundi 20 septembre 2010

Mines de RDC : le grand nettoyage

L’armée congolaise veut reprendre le contrôle des richesses minières de l’Est

Les opérations militaires pour déloger les rebelles armés des mines de l’Est de la RDC ont commencé hier. Ce déploiement de l’armée fait suite à la décision du président Joseph Kabila d’en finir avec l’exploitation illégale des principales ressources de son pays.

L’armée congolaise se déploie depuis hier dans l’est de la RDC pour mettre un terme aux exploitations minières illégales. Cette manœuvre fait suite à la décision, la semaine dernière, de Joseph Kabila de suspendre l’exploitation minière pour une durée indéterminée dans trois provinces de l’Est de la RDC, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema. En effet, les mines de RDC sont majoritairement contrôlées par des groupes rebelles armés qui s’appuient sur le soutien de certaines autorités locales, provinciales, et nationales, tant civiles que militaires, pour exploiter illégalement les substances minérales du riche sous-sol de la RDC : cassitérite -étain, utilisé dans la soudure-, coltan -utilisé dans les téléphones et ordinateurs portables-, et or.

Le chef d’état-major des Forces armées de la RDC (FARDC), le général Didier Etumba, s’est rendu mardi à Walikale, chef-lieu du territoire éponyme situé dans l’ouest de la province du Nord-Kivu (est), pour lancer les premières opérations militaires. En effet, près de Walikale se trouve la mine de Bisié, d’où provient environ 70% de la cassitérite de la province.

Des cibles multiples

« On doit en finir avec les rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qui ont fui d’autres territoires pour le Walikale, recouvert par la forêt équatoriale », a déclaré un porte-parole militaire.

En effet, selon un rapport de l’ONU publié en novembre 2009, l’exploitation par les FDLR de la cassitérite et de l’or dans les deux Kivu fournirait à ce mouvement « des millions de dollars de financement direct ». Effectivement, bon nombre des gisements miniers sont sous le contrôle de groupes armés reliés aux rebelles hutus rwandais. Mais pas seulement. Certains officiers de l’armée congolaise, notamment d’ex-membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), un groupe rebelle tutsi rallié à Kinshasa début 2009, et dont la majorité des combattants ont été intégrés dans l’armée, tirent aussi profit de l’exploitation de certaines mines, notamment celle de Bisié.

Cette nouvelle campagne menée par le chef de l’Etat congolais intervient après que la situation se soit aggravée au cours des dernières semaines dans les Kivu, où, selon l’ONU, plus de 500 viols systématiques ont été commis de fin juillet à fin août, principalement par des groupes armés.

La situation est donc complexe et le ministre des mines, Martin Kabwelulu, a d’ailleurs déclaré à l’AFP que les opérations militaires dureraient au moins un mois. Au grand dam de John Kanyoni, président de la corporation des comptoirs miniers du Nord Kivu, qui espérait mardi sur RFI que la fermeture des mines ne durerait pas longtemps, la survie de milliers de Congolais dépendant de ce secteur d’activité.

Est RDC: début d'opérations militaires anti-rebelles dans une zone minière

KINSHASA — L'armée congolaise s'apprête à mener des opérations dans le territoire minier de Walikale, dans l'est de la RDC, en proie à des violences récurrentes commises par des groupes armés qui exploitent illégalement des mines, a-t-on appris mardi de sources militaires.

Le chef d'état-major des Forces armées de la RDC (FARDC), le général Didier Etumba, devait se rendre mardi à Walikale, chef-lieu du territoire éponyme situé dans l'ouest de la province du Nord-Kivu (est), pour lancer les opérations, a indiqué à l'AFP sans autre précision le colonel Bobo Kakudji, chef des opérations au Nord-Kivu.

"On doit en finir" avec les rebelles hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qui ont fui d'autres territoires pour le Walikale, recouvert par la forêt équatoriale, a ajouté un porte-parole militaire.

Vendredi, le président Joseph Kabila a décidé de "suspendre l'exploitation minière" au Nord et Sud-Kivu et au Maniema, en raison "des activités de groupes mafieux" dans les mines de ces provinces, au sous-sol riche notamment en cassitérite -étain, utilisé dans la soudure-, coltan -abréviation de colombo-tantalite, utilisé dans les téléphones et ordinateurs portables-, et en or.

"On va déployer une force pour traquer ces rebelles (...) qui occupent des carrés miniers", avait alors déclaré à l'AFP la ministre provinciales des mines, ajoutant que les opérations militaires pourraient durer un à deux mois.

Selon un communiqué du ministre national des mines, M. Kabila avait dénoncé "l'implication manifeste" d'autorités locales, provinciales et nationales, civiles et militaires, dans le commerce illicite des minerais.

Outre les FDLR et des milices locales, certains officiers FARDC, notamment d'ex-membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), une rébellion ralliée à Kinshasa début 2009 et dont la majorité des combattants ont été intégrés dans l'armée, sont aussi accusés de tirer profit de l'exploitation des mines.

La situation s'est aggravée ces dernières semaines dans les Kivu, où, selon l'ONU, plus de 500 viols systématiques ont été commis de fin juillet à fin août, principalement par des groupes armés.

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