C'est par un message lu à la RTNC hier soir que l'on a appris la révocation du vice-Premier ministre et ministre du Travail Nzanga Mobutu, fils du dictateur zaïrois. Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a décidé son éviction du gouvernement pour "abandon de service" depuis quatre mois.
Nzanga Mobutu était parti depuis novembre dernier à Rome pour représenter la RDC au moment de la nomination du cardinal Laurent Monsengwo. Depuis, note le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, "il est resté en Europe sans aucune explication, sans rien signaler à qui que ce soit".
Candidat malheureux à l'élection présidentielle en 2006, où il avait obtenu 4,8% des voix au premier tour.
Leader de son propre parti, l'Union des démocrates mobutistes (Udemo),Nzanga Mobutu avait appelé à voter Kabila au second tour de la présidentielle. Mais depuis fin 2010, il laissait planer un doute sur son éventuelle candidature à la prochaine élection présidentielle de 2011 en RD Congo… Nzanga Mobutu est désormais libéré de toute obligation envers le gouvernement de Joseph Kabila. Plus rien ne l'empêche de se présenter face au président sortant.
vendredi 11 mars 2011
RDC : Nzanga Mobutu "démissionné"
RDC-Belgique: M. Flahaut réaffirme l'engagement de la Belgique à accompagner la RDC
Le président de la Chambre de Belgique, André Flahaut, a réaffirmé jeudi l'engagement de son pays à appuyer la République démocratique du Congo (RDC) dans sa phase de reconstruction à travers différents secteurs, notamment l'appui au processus électoral, à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre Adolphe Muzito, a rapporté l'agence congolaise de presse (ACP, officielle) reçue à Bruxelles.
Cette rencontre a eu lieu à Lubumbashi, le chef-lieu du Katanga (sud-est de la RDC), où M. Flahaut est arrivé après une visite au Burundi, puis au Rwanda. Pour M. Flahaut, la RDC est un grand partenaire de la Belgique et il est nécessaire que les deux pays se retrouvent régulièrement pour l'échange d'informations. Il a indiqué à ce propos qu'il a saisi l'opportunité de ses entretiens pour donner à M. Muzito des explications sur la situation politique de son pays qui n'a toujours pas de gouvernement depuis les élections de 2010, a précisé l'ACP. M. Flahaut doit ensuite se rendre à Kinshasa pour avoir des contacts politiques avec d'autres autorités congolaises, dont des dirigeants de la majorité et de l'opposition. Cette tournée vise à relancer la coopération parlementaire entre la Belgique et ses trois anciennes colonies.
jeudi 10 mars 2011
Kinshasa et Kigali dans la peur du coup d'Etat
L’attaque de la résidence de Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo (RDC), le 27 février dernier, ravive le spectre des coups d'Etat dans la région des Grands Lacs. Une attaque qui ne rassure pas le voisin et allié rwandais, Paul Kagame, qui a annulé tous ses déplacements à l'étranger (et notamment à Paris) de peur lui aussi d'un coup de force. A Kigali, l'attaque par une centaine d'hommes armés de la résidence de Joseph Kabila a été suivi de prêt par l'entourage de Paul Kagame. Le ministre de la défense rwandais, James Kabarebe s'est même rendu à Kinshasa après l'attaque, pour reconnaître les corps des gardes du corps rwandais qui veillaient sur Joseph Kabila. Le président congolais n'était pas présent à son domicile au moment de l'assaut de sa résidence par les insurgés. Bilan de l'attaque : 19 morts et 126 prisonniers.
La tentative avortée de coup d'Etat était pourtant minutieusement préparée. Le 27 février, les insurgés ont visé plusieurs cibles : la résidence du chef de l’Etat, la base logistique centrale du camp militaire Kokolo, l’aéroport international de N’djili et l’aérodrome de Ndolo, la Radio télévision nationale congolaise (RTNC) et les 2 prisons de Kinshasa de Ndolo et de Makala.
Selon les premiers éléments de la Police, les insurgés venaient "de l'étranger"... comprendre Brazzaville, de l'autre côté du fleuve. Le site internet Afrique Intelligence croit savoir que ces éléments étaient envoyés par deux rebelles en disgrâce à Kinshasa et réfugiés à Brazzaville : Faustin Munene (ARP) et Udjani Mangbama, chef de la milice des enyele de l'Equateur.
Dès le lendemain de l'attaque, l'allié rwandais du président Kabila, Paul Kagame, dépêche à Kinshasa son ministre de la Défense et fin connaisseur du dossier congolais, James Kabarebe. La sécurité du président congolais, Joseph Kabila, est en effet assurée, en partie, par des soldats de l'armée rwandaise. Depuis 2009, la RDC et le Rwanda ont mis en place une opération militaire conjointe pour venir à bout de la rébellion hutu des FDLR à l'Est du Congo. L'armée rwandaise et les autorités de Kinshasa coopèrent donc dans de nombreux domaines dont la sécurité du chef de l'Etat congolais. Pour cette raison, Kigali est très préoccupée par la situation sécuritaire en RDC…
Mais les autorités rwandaises s'inquiète pour d'autres raisons. De l'autre côté de la frontière, au Rwanda, l'atmosphère se tend depuis plusieurs mois. En 1 an, une dizaine d'attentats à la grenade a secoué régulièrement la capitale, Kigali. Le pouvoir accuse l'opposition de vouloir déstabiliser le pays. Un ancien lieutenant du mouvement rebelle hutte des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) opérant à l'Est de la RDC est récemment passé aux aveux devant le tribunal. Mais pour Paul Kagame, l'ennemi se trouve à l'intérieur… chez des anciens responsables de l'APR, l'Armée Patriotique Rwandaise, le bras armé du FPR (du même Kagame !). Dans un article très fouillé sur un risque de coup d'Etat au Rwanda, sur le site Owni, cet ennemi intérieur s'appelle Kayumba Nyamwasa. Ce général rwandais de l'APR entre rapidement en opposition frontal avec Paul Kagame et se réfugie en Afrique du Sud, craignant pour sa sécurité. Le 19 juin 2010, il est victime d'une tentative d'attentat à son domicile de Johannesburg. Un journaliste rwandais affirme que Kagame se cache derrière cette d'attentat… est abattu quelques jours après à Kigali.
Toujours dans l'article d'Owni, l'auteur affirme que le nouveau parti de Kayumba Nyamwasa, le Rwanda National Congress (RNC), a noué des contacts avec les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), composées d'anciens «génocidaire» basés à l’Est de la RDC. La sécurité du régime de Paul Kagame passe donc par la stabilité du Congo voisin. L'attaque de la résidence de Joseph Kabila est donc une bien mauvaise nouvelle pour Paul Kagame qui doit redoubler de vigilance et veiller à la sécurité de son allié congolais.
Christophe Rigaud
Photo : Brazzaville vue de Kinshasa, de l'autre côté du fleuve (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
lundi 7 mars 2011
RDC : Nouvelle manifestation anti-Kabila à Paris le 12 mars
Après une première mobilisation le 19 février dernier, les organisateurs de la manifestation "Kabila dégage !" renouvelle leur grande marche le samedi 12 mars 2011 à Paris. La précédente manifestation avait mobilisé entre 200 et 300 personnes entre le métro Château-Rouge et la Place de la République. Pour cette "marche contre les violations des droits fondamentaux en République démocratique du Congo (RDC)", les opposants au président congolais Joseph Kabila batteront une nouvelle fois le pavé parisien dénonçant les massacres d'étudiants, les arrestations arbitraires, les "tripatouillages" constitutionnelles et les violences faites aux femmes congolaises. La manifestion est prévue le samedi 12 mars 2011 entre Château-Rouge et la Place de la République de 13h30 à 19h00.
De nombreuses associations groupes et partis politiques comptent faire entendre la voix de l'opposition congolaise à Joseph Kabila : Union du Congo, Femmes congolaises en action, Avenir du Congo, Devoir de mémoire, FNK, UDPS, RDPC, MLC, Debout Congolais, USC, Bundu Dia Kongo, CRID...
Cette seconde manifestation anti-Kabila se déroulera dans un contexte très tendu à Kinshasa, après l'attaque manquée contre une résidence de Joseph Kabila, mais aussi en Europe où un groupe radical d'opposants "patriotes", les Bana Congo, a réussit par deux fois à faire annuler un concert de la star congolaise, Werrason. Le chanteur à succès est en effet accusé par ces militants de "rouler" pour le président Kabila en le soutenant ouvertement. Le 19 février dernier, Werrason et Papa Wemba, une autre star congolaise, ont déjà dû annuler un concert à l'Elysée Montmartre à Paris après la première manifestion "Kabila dégage !". Le 5 mars, lors du passage de Werrason à Bruxelles, ces mêmes opposants ont également fait annuler le concert.
Cette seconde manifestion anti-Kabila est prévue le samedi 12 mars 2011 entre Château-Rouge et la Place de la République de 13h30 à 19h00.
NDLR.: Kabila et consors n’ont fait que reprendre le système de Mobutu qui lui avait réussi durant tant d’années. Est ce que ces manifestations amméneront un réel changement comme on a pu le voir dans les pays d’ Afrique du Nord?
mercredi 2 mars 2011
RDC : Paris aux cris de "Kabila dégage !" (vidéo)
Sous une pluie battante, entre 200 et 300 manifestants anti-kabila ont participé à Paris, à la "Grande marche contre les violations des droits fondamentaux en République démocratique du Congo (RDC)". Comme en Tunisie ou en Egypte, aux cris de "Kabila dégage !", les manifestants entendaient sensibiliser la communauté internationale aux massacres d'étudiants, aux arrestations arbitraires, au "tripatouillage" constitutionnelle et aux violences faites aux femmes congolaises en RD Congo. Pour l'opposition, il n'y a qu'un seul responsable : le président congolais Joseph Kabila. Entre la station de métro "Château rouge" et la place de la République, quelques centaines d'opposants au régime de Joseph Kabila ont bruyamment manifesté, devant le regard médusé des parisiens. L'opposition congolaise était représentée dans toute sa diversité : Union du Congo, Femmes congolaises en action, Avenir du Congo, Devoir de mémoire, FNK, UDPS, RDPC, MLC, Debout Congolais, USC, Bundu Dia Kongo, CRID ou pasteurs Kimbanguistes…
Alors qu'au même moment, à Bruxelles, 200 congolais manifestaient également contre Joseph Kabila, les organisateurs parisiens espèrent que cette Grande marche" faire tâche d'huile à Kinshasa, le 20 mars prochain, où manifestation de l'opposition doit être organisée. AFRIKARABIA est allé à la rencontre des manifestants congolais à Paris. Regardez notre reportage vidéo.
Manifestation "Kabila dégage", Paris 19 février 2011
envoyé par ChristopheRigaud. - L'info internationale vidéo.
RDC : Photo-reportage avec les anti-Kabila de Paris
Samedi 19 février 2011. Sous une pluie battante, entre 200 et 300 manifestants anti-kabila ont participé à Paris, à la "Grande marche contre les violations des droits fondamentaux en République démocratique du Congo (RDC)". Comme en Tunisie ou en Egypte, aux cris de "Kabila dégage !", les manifestants entendaient sensibiliser la communauté internationale aux massacres d'étudiants, aux arrestations arbitraires, au "tripatouillage" constitutionnelle et aux violences faites aux femmes congolaises en RD Congo. Pour l'opposition, il n'y a qu'un seul responsable : le président congolais Joseph Kabila. AFRIKARABIA était au coeur de la manifestions. Regardez notre photo-reportage.
Photos : Christophe Rigaud (c) www.afrikarabia.com
Kabila l’a échappé belle
Plus de peur que de mal, mais beaucoup de questions : le président Kabila ne se trouvait pas à sa résidence dimanche midi lorsqu’un groupe d’hommes armés tenta de mener l’assaut. Le chef de l’Etat, à l’improviste, s’était rendu du côté de l’aéroport de N’Djili, afin de surveiller l’état d’avancement de certains chantiers. Alors que Kabila inspectait des routes, une quinzaine d’hommes en civil se présentèrent à la première barrière contrôlant l’accès à sa résidence, assurant qu’ils avaient rendez vous à l’ambassade de Suisse, qui se trouve dans l’enceinte présidentielle. Lorsque les soldats de la garde républicaine entreprirent de fouiller les visiteurs, des machettes apparurent ! Un autre groupe, arrivé en renfort, probablement depuis la rive du fleuve et équipé d’armes lourdes engagea immédiatement la bataille avec les militaires de faction. Durant quelques minutes, tout le quartier situé autour du Grand Hôtel de Kinshasa retentit du fracas des coups de feu et le périmètre fut rapidement bouclé.
Lorsque les assaillants, une centaine d’hommes au total, furent repoussés, certains d’entre eux attaquèrent aussi le camp Kokolo, un camp militaire logistique situé à proximité, mais ils furent rapidement neutralisés. Lorsque le président, revenu de N’Djili, arriva sur les lieux, le calme avait été rétabli et une quinzaine d’ assaillants plus deux militaires avaient perdu la vie. Une trentaine de membres du commando furent faits prisonniers et ont immédiatement été interrogés.
Selon quelques proches de la présidence, le chef de l’ Etat, indemne, a présidé lundi matin une réunion de ses conseillers en matière de sécurité. D’après des témoins, les assaillants, lourdement armés et possédant aussi des machettes et des flèches, auraient pu être drogués et ils ne s’attendaient visiblement pas à la résistance opposée par la garde républicaine.
Dès les premiers coups de feu, les rumeurs ont commencé à circuler à Kinshasa où l’opinion s’est interrogée sur les auteurs et les commanditaires de cette opération, aussitôt décrite comme une « tentative de coup d’Etat » par le Ministre de l’ Information Lambert Mende, tandis que l’opposition à l’extérieur dénonçait sur Internet une « mascarade ». L’hypothèse d’une tentative de déstabilisation généralisée ne résiste pas au fait que partout dans la ville le calme a été maintenu, tandis que la thèse d’un “coup monté” par le pouvoir est démentie par le nombre de victimes et le témoignage des prisonniers…Ce qui semble certain, c’est que la personne du chef de l’Etat congolais a bien été visée par une centaine d’assaillants lourdement armés, dont les commanditaires sont encore inconnus…
A cet égard, les observateurs relèvent que, depuis plusieurs semaines, un certain malaise était perceptible à Kinshasa : dans plusieurs ministères, des dépenses cependant budgétisées n’avaient pas été engagées. En outre, à quelques mois des élections de novembre, le climat politique s’était alourdi : l’opposition avait vécu comme un coup de force la décision de recourir au vote majoritaire à un tour pour l’élection présidentielle, la composition de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) avait suscité des polémiques. Cette commission sera probablement dirigée par le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, un Katangais réputé proche du président. En réalité, le pasteur Ngoy, qui a été l’adjoint de l’évêque sud africain Desmond Tutu, a mené plusieurs missions de paix en Afrique tandis qu’au Congo, il a réussi de spectaculaires opérations de désarmement, échangeant des armes contre des vélos ou des dollars…
D’aucuns craignent aussi un durcissement des conditions de détention d’un prisonnier politique connu, défendu par le Barreau de Bruxelles, l’avocat Firmin Yangambi. Ce dernier, accusé de complot, est traduit devant la Haute Cour militaire et risque la peine de mort. En réalité, le « crime » le plus évident de cet avocat de Kisangani a été de se proposer comme candidat potentiel à la succession du président Kabila, arguant de ses relations dans la société civile et sur la scène internationale. Aujourd’hui, Me Yangambi redoute d’être considéré comme le « commanditaire intellectuel » de l’attentat manqué de dimanche!
En réalité, ces commanditaires peuvent aussi être recherchés hors des frontières : les relations sont mauvaises entre Kinshasa et Luanda qui reproche à son voisin de revendiquer les réserves de pétrole off shore de son plateau continental et un axe circonstanciel Kigali-Luanda, béni par certains milieux n’ayant pas “digéré” les contrats chinois ou se plaignant du “climat des affaires” ne doit jamais être exclu…