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RUTSHURU (AFP) — L'offensive conjointe et inédite des armées rwandaise et congolaise se poursuivait jeudi pour la troisième journée en République démocratique du Congo (RDC) contre les rebelles hutu rwandais, enlevant au passage des positions tenues par la rébellion congolaise.
Les soldats rwandais ont occupé la localité stratégique de Tongo, dans l'est de la RDC, a constaté jeudi un journaliste de l'AFP. Environ 400 soldats rwandais étaient déployés sur deux collines environnant cette localité de la province du Nord-Kivu, au point de passage entre les régions du Rutshuru et du Masisi, et située au bord du Parc national des Virunga.
Selon des habitants, ils se trouvaient à 10 km des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), réfugiés en RDC et estimés à environ 6.000, qu'ils étaient venus traquer conjointement avec les soldats de Kinshasa. La situation militaire restait calme dans l'après-midi.
Rutshuru, important centre administratif de la province congolaise du Nord-Kivu (est), était occupée jeudi par l'armée congolaise, a constaté un autre journaliste de l'AFP. Elle en avait perdu le contrôle fin octobre au profit d'autres rebelles, les Congolais du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda.
Cette localité est située à 75 km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu.
Jeudi soir, les soldats rwandais et congolais se sont arrêtés pour bivouaquer à 5 km de la localité de Bunangana, fief du chef tutsi congolais Nkunda, a constaté un journaliste de l'AFP.
La veille, l'armée de Kinshasa avait affirmé avoir repris Rumangabo et Kiwanja, situées respectivement à environ 50 et 80 km au nord de Goma. Ces localités stratégiques étaient aussi occupées depuis fin octobre par le CNDP de Nkunda.
Ce mouvement rebelle, qui avait infligé en fin d'année dernière de lourdes défaites à l'armée congolaise dans le Nord-Kivu, a implosé la semaine dernière. Ses principaux commandants, dont le chef d'état-major dissident Bosco Ntaganda, ont annoncé le 16 janvier "la fin de la guerre" et leur ralliement à l'armée congolaise.
Le CNDP - majoritairement tutsi et à qui le Rwanda apporte un soutien multiforme, selon un rapport d'experts de l'ONU rendu public en décembre - a toujours exigé la neutralisation des FDLR.
Les FDLR sont considérés comme une des causes de l'instabilité chronique dans la région. Dans leurs rangs figurent des personnes qui ont participé au génocide de 1994 au Rwanda contre la minorité tutsi.
Au total, au moins 3.500 soldats de Kigali, où le régime est dominé par les Tutsi, se trouvent actuellement dans le Nord-Kivu, frontalier du Rwanda, selon la Mission des Nations unies en RDC (Monuc).
Jeudi, la Monuc a indiqué que ses véhicules, bloqués mercredi par l'armée congolaise à 6 km au nord de Goma, étaient désormais autorisés à passer les barrières en direction du nord. "Il n'y a plus de blocage", a assuré à l'AFP son porte-parole à Kinshasa, le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich.
L'entrée de troupes rwandaises mardi a suscité inquiétude et interrogation parmi les populations locales, éprouvées par les précédentes interventions de Kigali (1996-97 et 1998-2002) en RDC en appui à des rébellions congolaises hostiles aux régimes en place à l'époque à Kinshasa. "Les FDLR sont dans la brousse. Comment les soldats rwandais vont-ils différencier les civils des FDLR", s'est interrogé Gaspard, 40 ans, agriculteur. "C'est encore nous qui serons victimes."
Par ailleurs, l'armée ougandaise a annoncé que Kinshasa l'avait autorisée à rester sur son territoire jusqu'au 3 février dans le cadre de l'opération conjointe contre d'autres rebelles, ceux ougandais de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) dans l'est de la RDC.