dimanche 13 février 2011

RDC : RFI toujours sous pression de Kinshasa

RFI se retrouve une nouvelle fois dans la ligne de mire des autorités congolaises. La cible reste la même : Ghislaine Dupont, en charge de l'actualité en République démocratique du Congo (RDC). La journaliste a été écartée du dossier congolais par Christine Ockrent en juillet dernier. On se souvient qu'en 2009 RFI avait été privé d'émettre en RDC après une longue série de reportages de Ghislaine Dupont qui avait déplu aux autorités congolaises. Le signal a été rétabli cet été en échange de la mise à l'écart de la journaliste… un vrai scandale pour les syndicats de la station qui se sont mis en grève.
Capture d’écran 2011-02-12 à 21.41.18.pngL'intersyndicale FO, SNJ, SNJ-CGT et SNRT-CGT de RFI a appelé l'ensemble du personnel de la station internationales à observer un mouvement de grève du mercredi 9 février jusqu'au 10 février 2011 à 7 heures du matin. Raisons de ce mécontentement : l'avenir très incertain de la station autour du projet de fusion avec France 24, le projet de déménagement et ensuite la levée de la sanction contre Ghislaine Dupont. La journaliste a été écartée du dossier "République démocratique du Congo". En juillet 2009, le gouvernement congolais avait coupé les émetteurs FM de la station, estimant que RFI participait à "une campagne de démoralisation des Forces armées de la République démocratique du Congo qui protège le pays". Après l'interdiction faite à Ghislaine Dupont de traiter de sujets relatifs au Congo, le signal de la station avait été rétablit en octobre 2010. Selon l'intersyndicale de RFI, Ghislaine Dupont fait l'objet d'une interdiction "pour des raisons inavouées". Elle estime que cette sanction "remet en cause notre indépendance éditoriale".
Dans un article du journal Le Monde, Ghislaine Dupont explique comment Christine Ockrent, la patronne de la radio mondiale lui a annoncé qu'elle "ne travaillait plus sur le Congo". La direction de RFI dément l'accusation de "censure", mais Lambert Mende, le ministre de la communication de la RD Congo confiait à un sénateur congolais que "RFI avait été autorisée à réémettre notamment en échange d'"un traitement plus équilibré des informations sur la RDC" et d'"une prise en compte des intérêts nationaux" du Congo démocratique" (!!)… sans commentaire. Souhaitons vivement que RFI revienne sur "le cas Ghislaine Dupont" et que cette journaliste, grande connaisseuse de la RDC, puisse de nouveau faire son travail… en toute liberté.

NDLR : Un parfait exemple du non respect de la liberté de la presse, orchestré par la France et la RDC.

Vain effort, alors que tout le monde sait que la RDC est une dictature camouflée totalement corrompue.

mercredi 9 février 2011

Rapport USA en provenance de Wikileaks

Rapport de Wikileaks

RDC : Kabila éclaboussé par WikiLeaks

Les câbles diplomatiques américain obtenus par WikiLeaks continuent de faire des vagues... jusqu'en République démocratique du Congo (RDC). Selon le quotidien belge De Standaard, Joseph Kabila aurait versé des pots-de-vin pour destituer le président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe en 2009. Le diplomate américain explique que la présidence congolaise aurait versé 200 000 dollars à chaque membre du bureau de l'Assemblée.
Le feuilleton Wikileaks débarque en RDC et les révélations sont édifiantes pour le président Kabila. Un câble diplomatique obtenu par le site, dévoile les notes de l'ambassadeur américain en RD Congo, William Garvelink. Selon lui, la présidence de la république congolaise aurait versé «200 000 dollars à chaque membre du bureau de l'Assemblée» pour qu'ils quittent leur fonction et entraînent ainsi le départ de Vital Kamerhe.
Ce proche de Joseph Kabila, avait démissionné le 25 mars 2009 après de multiples pressions de la majorité présidentielle pour avoir critiqué l'entrée de troupes rwandaises à l'Est de la RDC lors d'une opération conjointe avec l'armée congolaise. Toujours d'après ce câble : "cela n'ayant pas immédiatement réussi, notre plus grande crainte concerne des rapports, corroborés par plusieurs sources, indiquant que les hommes du président utilisent à présent l'intimidation et des menaces physiques pour pousser Vital Kamerhe à quitter la scène", notait l'ambassadeur dans le câble WikiLeaks révèlé par De Standaard (http://standaard.be/extra/wikileaks/cablekabila).
Portrait peu flatteur de Vital Kamerhe
Autre surprise, le portrait de Vital Kamerhe par l'ambassadeur Garvelink n'est pas des plus sympathiques : «sa réputation de leader modernisateur, démocrate et honnête ne correspond peut-être pas tout à fait à la réalité». Selon le diplomate, Kamerhe serait «menteur», «manipulateur» et évoque même des accusations de corruption à son encontre... voilà le candidat Kamerhe habillé par l'hiver.

Ndlr. : Rien n’a vraiment changé !

samedi 5 février 2011

RDC : L'aéroport de Lubumbashi attaqué

Un groupe armé d'une vingtaine de personnes a attaqué ce vendredi matin l'aéroport de Lubumbashi, la ville minière du Katanga, au sud-est de la République démocratique du Congo (RDC). L'aéroport a été fermé pendant plus de 5 heures avant que l'armée congolaise ne reprennent en main la situation. Un agent de sécurité de l'aéroport a été tué.
DSC02213filtre.jpgLe calme est revenu sur l'aéroport de Lubumbashi. L'armée régulière des FARCD a réussi a venir à bout d'une vingtaine d'éléments armés inconnus qui souhaitaient prendre le contrôle du dépôt de munition de l'aéroport. Selon le porte-parole du gouvernement congolais, "tout est rentré dans l'ordre et la police a arrêté plusieurs suspects".
L'attaque a eu lieu vers 4 heures du matin, plusieurs sources indiqueent cependant que toute la ville s’est réveillée dans l’émoi. Les bureaux et les écoles ont ouvert les portes très tard après le communiqué du gouvernement provincial faisant état du contrôle de la situation. Reste une interrogation : l'identité des assaillants.
Cette attaque ne s'est pas produit n'importe où. La province du Katanga est la principale région minière de la RDC et recèle plus de 30 % des réserves mondiales estimées de cobalt, 10 % de celles de cuivre, mais aussi de l'étain, de l'or et de l'uranium.

Photo : aéroport de Lubumbashi en 2005 (c) Christophe Rigaud www.afrikarabia.com

Le Malawi veut interdire les pets en public

Petite parenthèse dans la saga congolaise qui mérite d’être citée pour montrer l’abberation de certains gouvernements africains !!

Le Parlement malawite envisage de remettre au goût du jour une loi coloniale interdisant de lâcher des vents en public, a indiqué vendredi le ministre de la Justice et des Affaires constitutionnelles, George Chaponda.

"C'est le droit du gouvernement de maintenir la décence publique", a déclaré M. Chaponda à la radio indépendante Capital Radio. "C'est à nous d'imposer l'ordre", a-t-il insisté. "Voulez-vous que les gens pètent n'importe où? " "Ce n'était pas le cas pendant la dictature (de Kamuzu Banda, de l'indépendance en 1964 jusqu'en 1994, ndlr) parce que les gens avaient peur des conséquences", a ajouté le ministre. "Maintenant, à cause du multipartisme et de la liberté, les gens s'arrogent le droit de se soulager n'importe où." "Les besoins de la nature peuvent être contrôlés", a-t-il continué. Les Malawites "peuvent très bien aller aux toilettes au lieu de péter en public". Selon lui, le Parlement examinera la semaine prochaine un amendement prévoyant de qualifier les vents publics de "délit mineur", passible d'une légère amende. "Laissons les députés trancher", a ajouté M. Chaponda. La loi de 1929, sous le titre de "Souiller l'Air", stipule: "Toute personne viciant l'atmosphère en tout endroit où telle activité s'avère nocive pour le public ou pour la santé des occupants du domicile ou des personnes commerçant dans le voisinage ou bien empruntant une voie publique, se rend coupable d'un délit." Aucun Malawite n'a jamais été condamné au titre de cette loi, la police ne l'ayant jamais appliquée.

vendredi 4 février 2011

RDC : "Jeune Afrique" lâche Kabila

Est-ce "l'effet Ben Ali" ou "l'effet Moubarak " ? mais il ne fait plus bon être à la tête d'un régime autoritaire dans la presse occidentale actuelle. Dans le dernier numéro de Jeune Afrique (n°2612), le magazine dresse un bilan particulièrement sévère du président congolais, Joseph Kabila. Un temps loué pour avoir, à ses débuts, évité le pire à la RDC, Jeune Afrique estime que "10 ans après son arrivée au pouvoir, le président marche, hélas, sur les pas de ses prédécesseurs"... et compare Kabila à un "Mobutu Light". Jeune Afrique dénonce même un "système Kabila" basé sur la corruption et s'appuyant sur un gouvernement parallèle.
Photo portrait Kabila.jpgA Kinshasa, certains observateurs se demandent "pourquoi Jeune Afrique a-t-il attendu dix ans pour mettre à nu les méthodes et les pratiques" de Joseph Kabila ?... et pourquoi maintenant ? Le contexte international pousse certainement l'ensemble des journalistes (moi y compris) à revoir leur approche de certain régime en place. Quel journal ou magazine osait clairement qualifier Ben Ali de dictateur il y a encore quelques mois ? Aucun... avant son effondrement aussi rapide qu'imprévisible. En Afrique, les dictateurs ou apprentis dictateur son légion... et les régimes dits "autoritaires" représentent la quasi totalité des pays du continent. En République démocratique du Congo (RDC) comme ailleurs, 15 années de guerres ininterrompues ont vu se succéder des chefs d'Etat dont la priorité première n'a jamais été la démocratie... de Mobutu...à Kabila fils. Des dirigeants qui ont fonctionné à la répression, à l'intimidation, sans se soucier des droits de l'homme, de la liberté de la presse ou de la sécurité de leurs concitoyens.
Si les premières années de la gouvernance Kabila ont suscité une certaine bienveillance dans la presse internationale (sa jeunnesse, sa discrétion, le 1+4... ), 10 ans plus tard, le président Kabila "déçoit"... selon François Soudan de Jeune Afrique. A 10 mois d'un prochain scrutin présidentiel en RD Congo, le bilan de Joseph Kabila dressé par Jeune Afrique est très négatif. L'hebdomadaire panafricain dénonce également un système quasi-mafieux à la tête de l'état congolais, pourvu d'un gouvernement parallèle :
« Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, les gros dossiers se traitent au sein de cabinet noir, surtout ceux qui, financièrement, pèsent lourd. La très juteuse revisitation des contrats miniers a ainsi été directement pilotée par Katumba Mwanke et Didier Etumba. Le fameux contrat chinois a été géré de A à Z par la gouvernement parallèle, tout comme les marchés de gré à gré qui ont suivi. »
« Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, dans un environnement faisandé où le cach est roi et la corruption reine, des conseillers occultes (de Joseph Kabila) font le lien avec l’univers mondialisé des Bourses, des placements et des paradis fiscaux. »
« A Vital Kamerhe, lorsqu’il avait besoin de lui, Joseph a tout promis, ou presque. Qu’il serait son Premier ministre, cela va de soi, puis son dauphin désigné, puis son successeur quand, en 2016, après deux mandats accomplis, il se retirerait dans sa ferme. Tout en le couvrant de cadeaux pour l’anesthésier- montres serties de diamants, chaussures, cravates, bibelots de valeur- il (Joseph Kabila) se libère ainsi habilement de l’obligation de nommer le secrétaire général du PPRD au poste de Premier ministre. »
Et puis, il y a le business du multimillionnaire Israélien Dan Gertler, « devenu plus puissant que Forrest » avec la revisitation des contrats miniers. « De fait, après le jackpot de Katanga Mining, lancé en partenariat avec Forrest avant une cession au géant suisse Glencore, on n’arrête plus Gertler. Tout porte à croire qu’il est avec des associées Congolais- derrière l’énigmatique Higwind Properties, basé aux Iles Vierges britanniques. C’est cette société qui a assuré le portage sur le permis minier de Kolwezi retiré sans indemnités, en août 2009, aux Canadiens de First Quantum et revendu, en septembre 2010, aux Kazakhs d’Eurasian Natural Resources Corporation (ENRC), pour 175 millions de dollars (128 millions d’euros). Une sacrée belle affaire. Les Canadiens affirment avoir investi, en pure perte, 450 millions de dollars sur un gisement estimé à 1 million de tonnes de cuivre et 400 000 tonnes de cobalt. » note Jeune Afrique dans son dossier de 14 pages sur le système Kabila.
Un portrait sans complaisance...qui tombe seulement 10 mois avant l'échéance présidentielle, prévue en novembre 2011.

Christophe Rigaud

Photo : Joseph Kabila dans la salle du conseil de la MIBA - 2005 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com