vendredi 18 juin 2010

RDC : Les fauteurs de guerre

DSC03855 copie.jpgDepuis plus de 10 ans, l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) est le théâtre de guerres à répétition. Au premier rang des responsables de ce conflit sans fin, de multiples mouvements rebelles soutenus par le Rwanda ou l'Ouganda ainsi que le pouvoir congolais incapable d'assurer la sécurité sur son territoire et coupable d'exactions sur les populations civiles. Voici le portrait des différents groupes armés impliqués dans cette guerre qui ne veut pas finir.
FDLR : Les Forces démocratiques de libération du Rwanda
Premier sur la liste des mouvements rebelles, les FDLR se composent d’anciens membres de l’armée du président Juvénal Habyarimana et de miliciens Interahamwe. Après avoir été mis en déroute par les soldats du président Paul Kagamé à la suite du génocide, ils s’étaient regroupés en RDC pour fomenter une reprise du pouvoir à Kigali, en formant un groupe armé qui a finalement donné naissance aux FDLR. L’ancien président congolais Laurent-Désiré Kabila a conclu une alliance avec les FDLR pour lutter contre l’influence de Kigali dans l’est du Congo après 1998 et certains membres ont intégré son armée. Mais Joseph Kabila, son fils, aujourd’hui à la tête de l’Etat congolais, a autorisé les troupes rwandaises à pénétrer en RDC en 2009 pour traquer les FDLR. Selon les estimations des sources du secteur onusien de la sécurité, les FDLR comptent aujourd’hui 3 000 hommes, contre 6 000 en 2009.

Le groupe a un bras armé, les FOCA (Forces combattantes Abacunguzi), actives dans le Sud-Kivu. Les FDLR se sont alliées à d’autres groupes, notamment aux Forces républicaines fédéralistes (FRF) de Michel Rukunda, une milice du Sud-Kivu qui déclare défendre les intérêts des Banyamulenges (Tutsis congolais), et à certains groupes Maï-Maï.

Les Maï-Maï
Leurs combattants, qui s’aspergent « d’eau magique pour se protéger des balles », sont pour la plupart membres de milices d’autodéfense ad hoc, formées par les leaders locaux, qui arment de jeunes hommes dans les villages, souvent en fonction des différences ethniques. Certaines grandes milices Maï-Maï sont plus connues, notamment les Patriotes résistants congolais (PARECO) ou l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), qui se sont jointes au processus de paix en mars 2009, en promettant de se convertir en partis politiques pacifiques.
Le 2 juin, 500 membres du groupe Maï-Maï Kifuafua ont de nouveau rejoint leurs positions, à Walikale, dans le Nord-Kivu, soutenant que leur intégration convenue au sein de l’armée avait trop tardé. La plupart des groupes Maï-Maï sont des forces locales portant le nom de leur chef. Le groupe Yakutumba, du nom du « major-général » qui le dirige, a enlevé huit travailleurs humanitaires au Sud-Kivu, en avril.
CNDP : Le Congrès national pour la défense du peuple
Le CNDP a menacé d’envahir Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, en novembre 2008. Par la suite, le Rwanda a assigné à résidence Laurent Nkunda, son chef. Bosco Ntaganda, inculpé par la Cour pénale internationale (CPI), a remplacé Laurent Nkunda et accepté d’orienter le mouvement vers la paix. En mars 2009, le CNDP s’est converti en parti politique et 3 000 à 4 000 de ses combattants ont intégré l’armée congolaise. Environ 1 000 à 2 000 autres résistent à l’intégration.
Selon la plupart des experts, le CNDP a conservé ses chaînes de commandement au sein de l’armée. Le groupe, qui administre en grande partie le district de Masisi, se livre à diverses activités dans le Nord-Kivu, de l’exploitation minière artisanale au trafic de charbon, en passant par l’extorsion. Il est accusé d’avoir organisé le transfert de ses partisans rwandais à Masisi, ce qui a provoqué des frictions entre les Rwandais de RDC et les autres groupes ethniques.
FPLC : Les Forces patriotiques pour la libération du Congo
Ce groupe, actif dans le Nord-Kivu, est dirigé par le général Gad Ngabo, qui a récemment franchi la frontière ougandaise pour pénétrer dans le territoire congolais de Rutshuru. Selon différentes sources, le général recruterait au sein de différentes ethnies, regroupant des forces pour disputer au CNDP le contrôle de certaines zones du Nord-Kivu. Ce groupe compterait quelques centaines de combattants.

ADF/NALU : Les Forces démocratiques alliées/Armée nationale de libération de l'Ouganda
Quoique converti plusieurs fois à l’islam et au catholicisme, Jamil Mukulu, chef rebelle ougandais, a fondé un groupe militant musulman au début des années 1990. Sous la pression de l’armée ougandaise, il y a enrôlé des officiers du régime de l’ancien dictateur Amin Dada et l’a fusionné avec la NALU, autre mouvement rebelle ougandais qui abriterait les partisans de l’ancien président Milton Obote.
Depuis qu’elle a franchi la frontière pour pénétrer en RDC, au milieu des années 1990, cette milice est restée dans la zone de Beni, dans le Nord-Kivu. Selon les analystes, il s’agit d’un groupe « à l’état latent », comptant environ 1 300 hommes. Des pourparlers de paix entre l’ADF/NALU, l’Ouganda et la RDC ont été engagés en 2009, sous la médiation des Nations Unies, mais en avril, l’armée congolaise a attribué à une coalition entre les ADF/NALU et des combattants Maï-Maï locaux la responsabilité d’une attaque meurtrière perpétrée contre un centre d’entraînement militaire situé à Beni.
LRA : L’Armée de résistance du Seigneur
Joseph Kony a fondé la « Holy Spirit Mobile Force 2 » (Deuxième Force mobile du Saint-Esprit) dans le nord de l’Ouganda en 1987, après la mise en déroute d’un groupe rebelle du même nom par le gouvernement du président Yoweri Museveni, auquel celui-ci tentait de s’opposer. En 1989, Joseph Kony a rebaptisé la milice l’Armée de résistance du Seigneur, déclarant avoir pour objectif d’instaurer en Ouganda une théocratie d’inspiration chrétienne.
La LRA s’est d’abord introduite au Sud-Soudan au milieu des années 1990, mais l’accord de paix soudanais de 2005 et l’inculpation de Joseph Kony par la CPI a forcé le groupe à se réfugier en RDC, dans le parc national de la Garamba. En décembre 2008, les armées ougandaise, sud-soudanaise et congolaise ont lancé une offensive collective à la Garamba, sans pourtant réussir à éliminer l’état-major de la LRA. Le groupe, divisé en petites unités, se déplace à pied dans les Uélés (districts situés dans le nord-est du Congo), dans l’est de la République centrafricaine (RCA) et dans certaines régions du Sud-Soudan.
Entre décembre 2007 et avril 2010, le groupe aurait tué 1 796 civils et en aurait enlevé 2 377 au Congo. Il est particulièrement connu pour recruter de force des enfants soldats, transformer de jeunes garçons en tueurs et utiliser des fillettes comme porteuses ou comme esclaves sexuelles. Les membres du groupe mutilent également les lèvres et les oreilles de leurs victimes pour terroriser la population.
FRPI/FPJC : La Force de résistance patriotique en Ituri/Front populaire pour la justice au Congo
La FRPI et sa faction dissidente, le FPJC, sont actifs dans le sud de l’Ituri, où ils combattent les forces du gouvernement et les forces onusiennes de maintien de la paix. Germain Katanga, ancien commandant de la FRPI, comparaît actuellement devant la CPI aux côtés de deux autres chefs miliciens de l’Ituri pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité ; il est notamment accusé d’avoir recruté des enfants soldats, et de s’être rendu coupable de massacres de masse et de viols. Selon les analystes, ce groupe est « résiduel », mais ses répercussions humanitaires restent importantes.
En 2009, environ 5 000 personnes ont fui pour se réfugier dans la forêt de Mokato-Ngazi à la suite d’affrontements entre l’armée congolaise et les militants des FRPI/FPJC. Lorsque les forces gouvernementales et les organisations humanitaires sont parvenues à se rendre dans la zone, trois mois plus tard, un nombre indéterminé de ces déplacés étaient morts de faim. Jean-Claude Baraka, chef du FPJC, a récemment été arrêté. En revanche, le « Colonel Cobra » Matata, chef de la FRPI, qui avait accepté d’intégrer l’armée nationale, aurait déserté au début du mois pour rejoindre sa milice, en Ituri.
Enyele/Le Mouvement de libération indépendant et alliés (MILIA)
Des tensions ethniques datant de l’époque coloniale ont éclaté en novembre dernier dans la province d’Equateur, dans le nord-ouest du pays. Les membres du groupe Lobala, connu sous le nom « d’Enyele », du nom du village où les flambées de violence ont éclaté pour des questions de droits de pêche, ont d’abord attaqué la ville frontalière de Dongo, mettant en déroute les forces de police qui avaient été déployées pour les réprimer. Les civils ont fui de l’autre côté du fleuve, en République du Congo, et seuls 20 000 habitants sont revenus.
Adoptant l’acronyme MILIA, le groupe s’est déplacé vers le sud, à travers la jungle, prenant d’assaut Mbandaka, le chef-lieu de la province, le 4 avril. Il a également perturbé le ravitaillement des populations jusque dans la ville de Kisangani, à l’est.
Le 5 mai, la RDC a arrêté Ondjani Mangbama, le chef des insurgés Enyele, mais la situation de ce dernier reste incertaine. L’insurrection Enyele a commencé dans la province d’Equateur, province natale de l’ancien dirigeant congolais Mobutu Sese Seko, aujourd’hui devenue le bastion du MLC, parti d’opposition de Jean-Pierre Bemba.
Les Forces armées de République démocratique du Congo (FARDC)
Il ne s'agit pas là d'un mouvement rebelles, mais de l'armée nationale. Mais les FARDC ont été accusées par les organisations de défense des droits humains de se livrer à des activités criminelles, ce que le gouvernement réfute. En 2009, leur 213e brigade a été citée comme responsable des pertes civiles subies à Lukweti, au Nord-Kivu, au cours de l’offensive Kimia 2, menée contre les FDLR avec le soutien des Nations Unies.

dimanche 6 juin 2010

Assassinat Chebaya : John Numbi mis en cause

L'étau se resserre autour des commanditaires du meutre du militant des droits de l'homme, Floribert Chebaya. La pression internationale pousse les autorités de Kinshasa à faire vite... et une fois n'est pas coutume, l'enquête progresse rapidement. Le chef de la police de la République démocratique du Congo (RDC) a été suspendu et plusieurs officiers de police ont été arrêtés. John Numbi, réputé très proche du président Kabila, a été suspendu à titre conservatoire afin que l'enquête se déroule sereinement... une première en RDC.

L'officier arrêté, le colonel Daniel Mukalay, chef des services spéciaux de la police, serait passé aux aveux. Selon les diverses agences de presse, il aurait déclaré n'être qu'un simple un exécutant et aurait mis en cause le chef de la police, le général John Numbi. Selon le ministère de l'Intérieur congolais, John Numbi a été placé en résidence surveillée.

L'indignation avait été grande à l'annonce de l'assassinat du président de l'ONG la Voix des sans-voix (VSV), Floribert Chebeya. Le monde entier s'était ému de la fin tragique de ce militant des droits de l'homme de 47 ans, retrouvé mort à l'arrière de sa voiture sur une route de Kinshasa.

L'ONU, les Etats-Unis, l'Union Européenne et 55 ONG internationales ont immédiatement fait pression sur Kinshasa pour que l'enquête se déroule dans les meilleurs délais et soit irréprochable. L'appel a visiblement été entendu par les autorités congolaises... à quelques jours du cinquantième anniversaire de l'indépendance de la RDC. L'assassinat du plus célèbre militant des droits de l'homme congolais pourrait même compromettre la visite d'Albert II de Belgique aux festivités du 30 juin à Kinshasa... un meutre qui tombe bien mal pour Joseph Kabila.

vendredi 4 juin 2010

RDC : La Voix des Sans Voix assassinée !

Mauvais jour pour la démocratie. La nouvelle tragique de l’assassinat de Floribert Chebeya a soulevé une vague d’indignation unanime à Kinshasa. Ce défenseur des droits de l’homme, reconnu et respecté, a été retrouvé mort dans sa voiture sur une route à la sortie de Kinshasa en allant vers la province du Bas-Congo. Qui a donc voulu faire taire la Voix des sans voix ?

Image 1.pngD’après les premiers éléments, son corps a été retrouvé sur le siège arrière de sa voiture et ne portait pas de traces apparentes de violence. Son ONG (la Voix des Sans Voix) avait auparavant publié un communiqué, s’inquiétant de la disparition de son président et de son chauffeur qui n’avaient plus donné de nouvelles après s’être rendus à l’Inspection générale de la police nationale congolaise pour y rencontrer John Numbi.

Les condamnations sont unanimes : la directrice adjointe du programme Afrique d'Amnistie, Véronique Aubert, a indiqué que le groupe était «stupéfait et consterné par la mort suspecte d'un défenseur des droits humains aussi reconnu et respecté». Elle a ajouté que M. Chebeya avait déjà été harcelé par les autorités dans le passé et qu'«il semble avoir payé le prix ultime pour son important travail».

Amnistie internationale affirme avoir noté de plus en plus de cas de harcèlement de militants pour les droits humains en République démocratique du Congo dans la dernière année… une bien mauvaise nouvelle pour la démocratie en RDC.

mardi 1 juin 2010

Joseph Kabila boude le sommet Afrique-France

La République démocratique du Congo brillera par son absence au XXVe sommet Afrique-France de Nice. Le président Kabila sera une nouvelle fois absent d'un grand rendez-vous international. On sait que le président congolais n'apprécie guère ce genre d'événement... mais cette absence fera d'autant plus remarquée la présence du président rwandais Paul Kagame avec qui, Nicolas Sarkozy souhaite poursuivre son rapprochement diplomatique.

afrique.jpg38 dirigeants africains participeront à partir de lundi au XXVe sommet Afrique-France, qui se veut celui de la normalisation des relations entre le continent et l'ancienne puissance coloniale. Cette édition sera fortemment oritentée vers l'économie. Si les chefs d'Etat gardent la main sur les grandes questions abordées à huis clos (place de l'Afrique dans la gouvernance mondiale, renforcement de la paix et sécurité, climat et développement), pour la première fois, la rencontre est ouverte à des acteurs non étatiques. Cinq ateliers rassembleront les représentants de 150 entreprises africaines et 80 françaises.

Joseph Kabila sera toutefois représenté durant ce sommet par son ministre des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba. L'absence du président Kabila met la France en difficulté pour ce sommet. Paris aurait souhaité pouvoir réunir autour d’une même table les dirigeants des pays des Grands Lacs (Burundi, Ouganda, RDC et Rwanda) et renforcer ainsi son influence dans la région... une occasion ratée pour Nicolas Sarkozy