jeudi 31 décembre 2009

Bonne année 2010 !

A tous, je vous souhaite une bonne année 2010 !

mercredi 16 décembre 2009

RDC : Laurent Nkunda sera entendu le 13 janvier : AFRIKARABIA

 

RDC : Laurent Nkunda sera entendu le 13 janvier

Selon un communiqué provenant de la famille de Laurent Nkunda, la Cour suprême de Kigali aurait confirmé la tenue d'une audience, le 13 janvier 2010. Jusqu'à présent, toutes les demandes de remise en liberté du général rebelle étaient restées lettres mortes. Son cas sera donc examiné au cour de cette audience.
Logo CNDP.pngPour Maître Bourgon, l’avocat canadien de Laurent Nkunda : « il est vraiment étonnant qu’une requête demandant la mise en liberté d’une personne qui serait détenue illégalement ne puisse être entendue d’urgence - vacances judiciaires ou pas – car toute violation du droit fondamental à la liberté mérite d’être entendue sans délai. Néanmoins, nous sommes très satisfaits puisque le 13 janvier, nous aurons l’occasion de plaider la cause de Laurent Nkunda devant le plus haut tribunal du Rwanda. Nous allons d’ailleurs tout faire pour que le plus grand nombre possible d’observateurs internationaux soient présents pour cette audience, qu’il s’agisse d’organisations non gouvernementales intéressées par les droits de l’homme ou d’États ».
Les avocats du général congolais rappellent " qu'à ce jour, aucun mandat d’arrestation, international ou autre, n’a été émis et aucune accusation n’a été portée contre Laurent Nkunda ".

RDC : Laurent Nkunda sera entendu le 13 janvier : AFRIKARABIA

mardi 1 décembre 2009

Kivu: un témoignage de première main et de première ligne | le carnet de Colette Braeckman

 

Shabunda, au Sud Kivu, une ville où j’exerce mes fonctions sacerdotales, a été le bastion des Mai Mai, ces combattants congolais dirigés par le général Padiri et l’un des bastions des FDLR (Forces démocratiques pour la libération, du Rwanda), des combattants hutus arrivés au Congo au lendemain du génocide de 1994. Shabunda est le seul chef lieu de territoire du Sud-Kivu qui n’est plus relié par route à la capitale de la province, Bukavu. Depuis plus de 10 ans, tout s’y transporte par avion ou à dos d’homme.
Actuellement, Kimya II, une opération militaire menée conjointement par les forces armées congolaises, (FARDC) appuyées par la Monuc se déroule au Nord et au Sud Kivu, dans le but de déloger ces combattants hutus qui ont été à l’origine de deux guerres avec le Rwanda. Je suis très surpris de la manière dont plusieurs personnes, physiques et morales, notamment des dizaines d’organisations non gouvernementales, ont réagi brutalement et ont condamné cette opération, allant jusqu’à demander sa suspension. Pour ma part, voici ce que j’en pense :
Cette opération était devenue indispensable, parce que le retour volontaire des FDLR au Rwanda est, me semble-t-il, une bonne intention mais impossible à réaliser. A la fois à cause du refus du gouvernement rwandais d’engager des négociations politiques, à cause des intérêts économiques que les FDLR tirent de leur présence en RDC (ils contrôlent les carrés miniers d’où est extrait le coltan) et de l’absence d’une politique claire et concertée de la communauté internationale.
Pendant que les politiciens discutaient et que les ONG planifiaient des actions humanitaires dans les parties accessibles du Sud-Kivu, les populations du territoire de Shabunda subissaient le dictat des FDLR, avec des barrières payantes sur les routes et des tribunaux dirigés par des juges FDLR qui infligeaient des amendes colossales. Cette situation a duré plus de dix ans.
Tout en reconnaissant les conséquences de l’opération Kimya II sur la population, (les civils sont victimes de représailles infligées par les Hutus et d’exactions parfois commises par les militaires) je trouve qu’elle constitue le moindre mal pour le territoire de Shabunda. En effet, une bonne partie de ce territoire (Kigulube-Nzovu-Nyambembe…) était restée aux mains des FDLR alors qu’ailleurs on parle des cinq chantiers de la reconstruction du pays et qu’ils ont déjà commencé…
Même les ONG aujourd’hui opposées à cette opération ont toujours refusé d’intervenir dans cette partie du pays, pour des raisons sérieuses de sécurité.
Aujourd’hui la situation a beaucoup changé : grâce à cette opération, le territoire de Shabunda est de plus en plus réunifié. Certes, il y a eu des déplacements des populations, mais la faute n’en incombe pas à l’opération elle-même. Elle revient d’abord aux FDLR qui n’ont pourtant aucune raison de s’en prendre à une population qui les a accueillis et hébergés des années durant. C’est grâce à la population locale que ces gens ont survécu, et cela dans une forêt où ni le HCR ni les autres qui parlent si fort aujourd’hui n’ont jamais rien fait ou presque pour des milliers de réfugiés Rwandais… Et cela alors que tout le monde savait qu’après la fermeture des camps de Bukavu et Goma en 1996, des milliers de réfugiés s’étaient déversés dans cette zone.
Les violations commises par l’armée congolaise sont à condamner mais il me semble injuste de considérer que ces exactions feraient partie des objectifs de l’opération Kimya II elle-même. J’ai eu moi même à parler avec certains militaires impliqués dans cette opération et les problèmes qu’ils rencontrent sont connus de nous tous : non assistance à leurs familles, salaires minables et souvent irréguliers, nourriture non régulière…
Tout en condamnant les violations que ces militaires commettent, je crois qu’il n’est pas juste de ne voir que ce qui ne va pas, alors que nous sommes surpris de découvrir certaines actions positives réalisées par l’armée congolaise. Je le répète : les populations longtemps exploitées par les FDLR et abandonnées par les ONG à cause de l’insécurité, délaissées aussi par l’Etat qui n’existait plus dans cette partie du pays, toutes ces personnes sont très soulagées par les réalisations de Kimya II. Le problème, ce n’est pas l’opération elle-même, je la trouve indispensable et vitale parce qu’il n’est pas normal que les FDLR continuent à gérer et à exploiter la population congolaise.
A l’instar des paysans vivant dans la brousse du Sud-Kivu, je pense que la question qu’il faut poser est celle de l’accompagnement de cette opération: renforcer les moyens logistiques, humains et financiers de l’armée, pour sécuriser les secteurs libérés des mains des FDLR.
De plus, tout le monde devrait avoir conscience du fait que ni l’action des ONG, ni celle des Eglises, n’ont la capacité de modifier sensiblement les conditions de vie des populations congolaises. Il faut privilégier le développement plus que l’humanitaire, ce qui passe par la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire. Or, précisément, l’opération Kimya II est une stratégie de restauration de cette autorité.

Pour que Kimya II soit annulée ou suspendue, il faudrait soit convaincre les FDLR de quitter volontairement le territoire congolais, -ce que les ONG et la Monuc n’ont pas pu faire en quinze ans- soit convaincre le gouvernement rwandais d’ouvrir des négociations politiques avec eux, -ce que la communauté internationale ne trouve pas nécessaire-.

Je termine en disant que l’opération Kimya II a permis de mettre à nu le drame vécu pendant des années par des populations qui ont été victimes de l’oubli des autorités de Kinshasa, des ONG et de la communauté internationale. Ce n’est pas parce que nous vivons loin des centres urbains que nous sommes moins congolais ou moins humains. Et au lieu de continuer à demander que l’opération Kimya II s’arrête, il faudrait à mon avis travailler à l’améliorer. Sinon, ce serait une manière de dire que pour certains, la paix des cimetière que nous connaissons sous l’esclavage des FDLR vaut mieux que la recherche d’une solution durable comme le fait l’opération Kimya II.
Abbé Simon Pierre IYANANIO

Kivu: un témoignage de première main et de première ligne | le carnet de Colette Braeckman