Une nouvelle réjouissante dans l'univers des médias africains… la naissance d'un magazine d'information gratuit en ligne : "Le Panafricain". Pour son numéro 1, ce magazine consacre un important dossier à la République démocratique du Congo (RDC). 55 pages d'enquête dressent le portrait passionnant de ce pays-continent, à la veille d'une année décisive et à 10 mois de nouvelles élections présidentielles, prévues en novembre 2011.
Dans ce dossier très complet, accessible gratuitement sur internet, "Le Panafricain" revient sur les "grandes manoeuvres dans les états-majors politiques" à la veille du scrutin présidentielle : PPRD, MLC, UDPS, l'avenir de Jean-Pierre Bemba, l'affaire Chebeya, la chute de Laurent Nkunda et la situation sécuritaire à l'Est de la RD Congo… tout est analysé et décrypté.
"Le Panafricain" part également à la rencontre du Pasteur Mulunda Nyanga, de Fernandez Murhola du Renadhoc et du ministre congolais de la Justice, Luzolo Bambi. Les articles sont très fouillés et la mise en page soignée… on rêverait presque d'une édition papier !
Le dossier du Panafricain sur la République démocratique du Congo a été coordonné par Baer Grégory et réalisé par Théodore Ngangu, Jean-Pierre Mwanza, Bona Tsona et Benoit Aktili Mali. On attend avec impatience le numéro 2…
NB : Un seul bémol : le titre de la couverture : "le grand bilan à trois mois des élections". Je ne pense pas que les prochaines élections soient prévues en avril ! Elles normalement programmée pour novembre 2011…et encore rien n'est moins sûr ! allez… sans rancune et encore bravo.
Christophe Rigaud
Retrouvez Le Panafricain en cliquant ici
vendredi 28 janvier 2011
"Le Panafricain" consacre son premier numéro à la RDC
jeudi 27 janvier 2011
RDC : L'UDPS sans existence légale ?
Le journal Le Phare de Kinshasa, révèle dans ses colonnes un imbroglio juridique qui priverait l'UDPS d'Etienne Tshisekedi de ses propres statuts. Selon le journal kinois, les services notariaux de l’Hôtel de ville de Kinshasa auraient rejeté les nouveaux statuts du parti d'Etienne Tshisekedi. Motifs : " le notaire avait déjà notarié les statuts du même parti présentés par François Beltchika".
C’est l’étonnement et l’indignation dans le camp de Tshisekedi, d’autant plus qu’en 2008, l’Hôtel de ville avait interdit à Beltchika d’organiser le congrès de l’UDPS au jardin botanique de Kinshasa parce que ce dernier n’avait pas l’aval de Etienne Tshisekedi.
Selon Le Phare, l’Hôtel de Ville de Kinshasa, à travers ses services de notariat, aurait rejeté les nouveaux statuts de l’Union pour la Démocratie et le progrès social (UDPS) adoptés lors de son dernier congrès. Présenté par le secrétariat général, ce document a rencontré une fin de non recevoir de la part de l’Administration urbaine de Kinshasa.
Pour le journal congolais, l’UDPS se retrouverait donc sans statuts... et donc sans existence légale, ce qui l’exclurait du processus électoral. Pour conclure, le journal écrit : "Tshisekedi et les siens pensent qu’il s’agit d’un coup fourré de l’Hôte de ville de Kinshasa". Attendons toutefois la version officielle de l'UDPS.
mercredi 26 janvier 2011
Lumumba: un sort scellé par les Belges
Interview de l’historien Jean-Marie Mutamba(1)(professeur à l’université de Kinshasa, auteur de recherches sur « Lumumba journaliste »)
L’assassinat de Lumumba était-il inévitable, compte tenu du personnage et de ses positions politiques ?
Lumumba disait parfois:«je mourrai comme Gandhi »… Il pressentait que ce qu’il faisait ne plaisait pas à tout le monde et pouvait le mener à la mort. Il aurait pu éviter tout cela mais ne l’a pas voulu… Ainsi, lorsqu’il s’est rendu aux Etats Unis en août 1960, on lui aurait fait certaines propositions, mais il ne les a pas acceptées, ce qui a scellé son sort…Quant aux Belges, il comptait des amis parmi eux et il a reçu un peu d’argent de tout le monde, car les donateurs misaient sur tous les Congolais qui étaient en vue. Mais il tenait à sa ligne politique, tout comme plus tard Laurent-Désiré Kabila ; il répétait qu’il n’allait « jamais trahir le Congo » et s’en tenir aux principes.
Était-il d’abord un nationaliste, un libéral, avait il comme on l’a dit à l’époque des sympathies communistes ?
Communiste, il ne l’était pas du tout. Lorsqu’on lui posait la question, il répondait que dans son enfance il avait été protestant, que ses parents étaient catholiques et que lorsqu’il est arrivé à l’école primaire, il n’était pas encore baptisé ! Il a du se rendre à Kindu, (Maniéma) pour chercher l’argent afin d’acheter son uniforme, arrivé là, il travaillera sur place pour la Symetain et ensuite se rendra à Kisangani.
Profondément autodidacte, il était en sympathie avec le parti libéral et c’est ce dernier qui l’aidera à sortir de prison où on l’avait jeté pour « indélicatesse » lors de son travail à la poste de Kisangani…On lui procurera alors un travail de directeur commercial à la Bracongo. J’ai aussi retrouvé certains documents qui montrent qu’il s’est aussi frotté avec les Rosicruciens, tout comme Albert Kalonji…Quand vous lisez ses articles de presse, de 1948 à 1956, vous découvrez que Lumumba, véritablement, épousait la cause des Belges. Il souhaitait l’assimilation, il voulait que la colonisation belge puisse réussir. D’ailleurs son premier livre s’appelait « Le Congo, terre d’avenir, est-il menacé ? » Il voulait que la colonisation soit un succès…Mais c’était aussi quelqu’un qui lisait beaucoup. Il était ouvert. Or il a subi certaines vexations et fait des découvertes qui l’ont troublé. Un exemple, entre autres : un jour il se rend à Brazzaville et dans un café, une serveuse blanche s’approche de lui pour prendre la commande. Il n’ose même pas demander du vin ou de la bière (car à Léopoldville il était interdit aux indigènes de consommer de l’alcool) et se contente d’eau minérale. Se disant que normalement les Noirs ne peuvent même pas entrer dans un tel établissement, il finit par sortir sans vider son verre. Mais le déclic avait eu lieu : à Brazzaville il avait pu entrer dans un café pour Blanc, à Léopoldville, ce n’était pas possible… D’autres mésaventures lui sont arrivées par la suite : un « crédit bicyclette » qu’il avait demandé pour pouvoir s’acheter un vélo ne lui a pas été accordé, pas plus qu’un crédit pour le mobilier. En effet, il voulait être un « évolué » et devait donc avoir une maison, des meubles comparables à ceux des Blancs. Président de l’association des évolués de Stanleyville, il entendait être à la hauteur de ce statut. C’est pourquoi il sollicite un crédit, qui ne lui sera pas donné. Toutes ces petites choses l’avaient blessé. Mais il se disait aussi « si je veux réussir, je dois jouer la carte du « bon évolué »… C’est ainsi qu’il sera l’un des premiers immatriculés, en 1953.
Il écrit aussi un article dans la « Voix du Congo » demandant pourquoi dans les églises il y a des prie Dieu réservés aux Blancs, des chaises et des bancs à l’arrière pour les Noirs. Il demande pourquoi Blancs et Noirs sont séparés dans les cimetières…Tout cela montre qu’en lui quelque chose couve : il pose des questions gênantes, se demande pourquoi un Congolais ne peut pas s’exprimer ouvertement.
Lorsqu’il se rend à Accra, où il rencontre Sekou Touré, il se rend compte que dans d’autres pays qu’au Congo, les mêmes problèmes se posent. La jonction alors est faite, d’autant plus que les participants à la conférence d’Accra proclament qu’aucun pays ne peut rester sous domination coloniale après 1960. Il va alors se lancer, soutenu par des amis belges comme Jean Van Lierde, ces derniers vont continuer à le former, à lui envoyer des livres…
Au fond, les Belges auraient du être fiers d’avoir dans leur colonie une personnalité comme Lumumba, un Congolais tellement désireux de progresser…
Exactement. Il faut savoir que Lumumba n’a pas terminé sa cinquième année primaire, mais à force de volonté, il s’est inscrit dans les cours du soir donnés par les Pères Maristes à Stanleyville, ce qui lui a permis de se présenter au concours de l’école postale. Il va réussir, mieux même que son ancien professeur de primaire. Les Belges, certes, auraient du le pousser. Mais dans le contexte colonial, on n’aime pas ceux qui font preuve de trop de personnalité, le colonisé doit faire profil bas. Or Lumumba voulait émerger. Bolikango, le doyen des négociateurs à la Table Ronde de Bruxelles, avait coutume de déclarer : « Lumumba, c’est quelqu’un qui n’a pas peur… Il veut s’affirmer… »
Quels étaient les rapports de Lumumba avec le roi Baudouin ? Les deux hommes se connaissaient depuis longtemps…
Lorsque le roi Baudouin est arrivé à Stanleyville en 1955, Lumumba était déjà une figure de proue, il a été présenté au Roi et des témoins se souviennent qu’il y a eu tout de suite un aparté entre les deux hommes. Lumumba parlait avec force gestes, il était très grand, (un mètre 82) avait de longs bras qu’il agitait en tous sens. Les témoins congolais se souviennent qu’ils étaient honteux et se disaient « mais comment Lumumba peut il parler ainsi avec de grands gestes, il nous a fait honte… »Le Roi et Lumumba ont du se revoir, à la fin de la Table ronde…
Lorsque, devant le roi, Lumumba prononce son fameux discours du 30 juin, son sort n’est il pas déjà scellé, n’est il pas condamné à disparaître?
Je ne le pense pas. Avant le 30 juin, Ganshof Van der Meersch, le gouverneur de l’époque, dit qu’il n’a pas confiance en Lumumba parce qu’il est imprévisible. Il aurait sans doute préféré quelqu’un comme Kasa-Vubu… Comme Lumumba sentait cela, il a fait le forcing début juin, exigeant de pouvoir former le gouvernement. Ce qui s’est passé le 30 juin, c’est un désaccord entre le chef de l’Etat et lui. Lumumba était Premier Ministre et selon la loi fondamentale, il était responsable du gouvernement. Le chef de l’Etat aurait donc du, comme en Grande Bretagne, se référer au gouvernement. Dans ce cas précis, le président Kasa-vubu aurait du présenter son discours au Premier Ministre Lumumba ou même demander au gouvernement de rédiger son texte. Mais Kasa-Vuvu, se disant qu’il était chef de l’Etat, a rédigé et présenté lui-même son discours. Lumumba était indigné et il voulait prononcer lui-même un discours qui allait immortaliser le 30 juin dans l’esprit des Congolais. C’est donc aux Congolais qu’il s’adresse et lorsqu’on revoit les images de l’époque on le voit encore griffonner en dernière minute. Ce qu’il ajoute, c’est « Sire » car il ne pensait pas s’adresser au roi, il était tourné vers les Congolais…
Son discours devait marquer le 30 juin pour ses compatriotes, souligner ce qu’il fallait retenir de cette date. Il voulait aussi signifier à Kasa-Vubu que le chef du gouvernement c’était lui, montrer son autorité. Mais il n’a certainement pas voulu choquer les Belges. La preuve, c’est qu’après, lorsqu’on est venu lui faire part des réactions, il s’est étonné et a prononcé l’après midi même le « toast réparateur ».
En créant la dualité d’un pouvoir partagé entre un président, un premier ministre, les Belges n’avaient ils pas préparé un piège, réuni les conditions d’un futur clash ?
J’ai déjà entendu cette hypothèse, car c’est la Belgique qui a finalisé la loi fondamentale. Mais était ce intentionnel ? J’ignore si les Belges ont pu être à ce point machiavéliques…Je n’ai trouvé aucun texte à ce sujet…
Si Lumumba avait vécu, quel personnage serait-il devenu ?
Nous les historiens, nous ne sommes pas des devins…Si on se met dans la peau des lumumbistes, on se dit que le pays serait allé de l’avant. Et ceux qui étaient opposés à lui disent le contraire… Voyez le cas du Mzee, de Laurent-Désiré Kabila : il est arrivé au pouvoir en 1997, il a prôné les idées de Lumumba, il a été éliminé. Certainement parce qu’il y a toujours certaines forces qui ne veulent pas de quelqu’un qui affirme son nationalisme de manière radicale…
Lumumba avait d’autres ennemis que les Belges : rappelez vous qu’un médecin américain (ndlr. le Dr Gottlieb) envoyé par la CIA, avait préparé un produit incolore, inodore qui aurait du être déposé sur sa brosse à dents, afin de lui inoculer une maladie qui se serait développée comme le Sida et l’aurait tué petit à petit! Déjà à l’époque, on menait des recherches sur la guerre bactériologique ! Je me dis que pour lui et pour les Congolais, il vaut peut-être mieux qu’il soit mort en héros, plutôt que de cette manière là, à petit feu…
A-t-on tout dit sur les responsabilités internationales dans l’assassinat de Lumumba ?
La commission parlementaire qui a travaillé à Bruxelles, c’est une affaire belgo-belge, nous les Congolais nous ne savons pas ce qui s’y est dit. Les documents n’ont pas été transmis officiellement à Kinshasa et pour nous, aller faire des recherches sur Internet, c’est cher et compliqué. Donc, nous sommes les moins bien informés…Nous avons toujours ignoré qu’après 1960 et jusque dans les années 70, la Belgique avait gardé des « fonds secrets » pour sa politique africaine. Ce que nous avons toujours su, c’est qu’aux Congolais qui acceptaient de collaborer avec eux, les Belges proposaient de l’argent pour acheter une villa, un bien immobilier…Au Congo, le lien entre la corruption et la politique s’est noué dès 1960. Il y avait cependant des Congolais honnêtes : lorsque le président Kasa-Vubu se rendait en mission à l’étranger, il remettait dans les caisses de l’Etat les sommes qui lui avaient été allouées et qu’il n’avait pas utilisé. Lorsqu’il s’est rendu en Ethiopie, il a dit à son entourage que l’empereur Haïlé Sélassié les ayant pris en charge, il fallait donc restituer l’argent non dépensé.
Lumumba était-il honnète ?
Il y a eu cette affaire de Stanleyville, où il a été condamné pou indélicatesse. . Par la suite, il a du recevoir de l’argent donné par ses amis comme Kwame N’Krumah, du Ghana, pour lui permettre de mener sa campagne électorale. Honnète, qu’est ce que cela veut dire ? Il avait certainement besoin d’argent pour pouvoir réaliser ses ambitions politiques…
Les historiens ont-ils fait leur travail, ou y a-t-il encore des parts d’ombre qui devraient être investiguées ?
A mesure que des gouvernements déclassifient des documents d’archives, il y a toujours du travail pour les historiens…Les Etats Unis ont ouvert l’accès à certains documents et un jour Wikileaks fera le reste…L’affaire Lumumba ne se jouait pas uniquement entre les Congolais et les Belges, c’était l’époque de la guerre froide, le monde était divisé en deux et cela jouait dans la propagande des Occidentaux contre Lumumba. Pour garder le Congo, les Occidentaux étaient prêts à utiliser tous les moyens. Pierre Mulele a eu des contacts avec les pays de l’Est, en particulier les Tchèques, qui lui ont donné des cours de marxisme. Mais Lumumba était foncièrement un nationaliste, et non l’homme d’une idéologie. Comme Nehru, il était acquis au neutralisme positif, ni à gauche ni à droite…
Mais nul n’était prêt à accepter que le Congo prône et affiche ce neutralisme positif, déjà cela c’était trop…Même aujourd’hui, le Congo continue à souffrir parce qu’il est trop riche, à être puni parce qu’il se tourne vers les Chinois…
Propos recueillis à Kinshasa
RDC : Vers un procès des FDLR ?
Depuis quelques jours, la Cour pénale internationale (CPI) détient dans sa prison de La Haye, le secrétaire exécutif des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Callixte Mbarushimana est l’un des principaux dirigeants du groupe armé rwandais, dernier mouvement regroupant les auteurs du génocide rwandais de 1994 et dont les activités en République démocratique du Congo (RDC) sont à l’origine des guerres du Congo. Une occasion unique pour la justice internationale de se pencher sur cette rébellion encore très active à l'Est de la RD Congo.
Callixte Mbarushimana, en exil à Paris, participait à distance à l'encadrement du groupe rebelle, tandis que les troupes FDLR continuaient à semer la terreur dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Selon le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, Mbarushimana doit aujourd'hui "rendre des comptes devant la justice pour son rôle présumé dans ces crimes".
Toujours selon la Cour pénale internationale : "les filles et les femmes ont payé le plus lourd tribut à la vague de violences sexuelles odieuses qui a meurtri les provinces du Kivu pendant près d’une génération. S’il est trop tard pour nombre d’entre elles, les poursuites engagées contre des dirigeants des FDLR offrent la possibilité de démobiliser ce groupe armé et de contribuer à rendre justice aux victimes, favoriser le retour de la paix dans la région et redonner espoir à la population."
Depuis son refuge parisien, Callixte Mbarushimana a toujours contesté les rapports de l’ONU qui dénonçaient l’implication des FDLR dans les nombreuses exactions commises contre la population congolaise. La CPI souhaite donc se pencher sur les pratiques de cette rébellion et enquêter à propos des viols commis notamment à Walikale, à l'Est de la RDC.
Une première comparution aura lieu le 28 janvier. Callixte Mbarushimana est soupçonné de 5 chefs de crimes de guerre et de 6 chefs de crimes contre l’humanité, notamment de meurtres, tortures, viols, persécutions et destructions de biens. La procès Mbarushimana sera vraisemblablement l'occasion pour la CPI de revenir sur le génocide rwandais de 1994 et sur le rôle des FDLR dans les guerres à répétition dont est victime la République démocratique du Congo.
mardi 25 janvier 2011
RDC : Apparition de nouveaux groupes armés
Depuis une quinzaine d'année, le Nord et l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC) sont le théâtre de conflits à répétitions entretenus par de nombreux groupes armés menaçant plusieurs pays de la région des Grands Lacs. FDLR, ADF-NALU, LRA ou Maï Maï... tous tuent, terrorisent, pillent, violent en toute impunité. Plusieurs opérations militaires conjointes ont été organisées entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda, appuyées par les Nations Unies... tout cela pour un résultat quasi nul sur le terrain. De nouveaux groupes rebelles sont même apparus depuis quelques mois.
Au cours d'une réunion tripartite, les ministres de la Défense des pays des Grands Lacs ont reconnu à Kigali que la menace des groupes armés dans l’Est de la RDC est encore très présente. Pire, de nouveaux mouvements rebelles ont fait leur apparition : "il s’agit d’une rébellion mixte constituée de mercenaires étrangers, des combattants hutus des FDLR et des fidèles de l’ancien chef d’état major de l’armée rwandaise". Autre inquiétude : une coalition entre des groupes armés opérant au Congo et un groupe intégriste islamique du nom d’EL Shabab.
Selon les experts de cette réunion tripartite de la Communauté économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), cette alliance serait composée de FDLR, des groupes Kayumba/Karegeya et Nsengiyumva, des Maï-Maï Yakutumba et Cheka, du Front patriotique pour la libération du Congo (FPLC), du groupe de Soki bien connu à Rutshuru, au Nord-Kivu ainsi du mouvement El Shabab, groupuscule d'origine somalienne. Le colonel Mamba, responsable des services de renseignements de la RDC et rapporteur de la sous-commission Défense et Sécurité des pays membres de la CEPGL, a souligné que l'objectif visé par la formation de cette alliance était de "créer l'instabilité dans la région".
Pour contrecarrer cette nouvelle alliance qui se profile, les armées des trois pays membres de cette communauté ont donc convenu à Kigali d'un projet d'actions en 9 points. Il s'agit, entre autres, de la création d'une commission d'élaboration d'un plan d'action opérationnel du protocole de Défense et de Sécurité mutuelle, de la création d'une cellule conjointe de fusion des renseignements devant se réunir régulièrement et de l'établissement des modalités d'échanges des criminels. Pour l'heure les opérations militaires conjointes sont un échec, de l'aveu même des pays participants...
vendredi 21 janvier 2011
RDC : La France soutient la présidentielle à un tour
Par la voix de l'ambassadeur de France à Kinshasa, Pierre Jacquemot, la diplomatie française déclare "apprécier " la démarche de la révision constitutionnelle en République démocratique du Congo (RDC). L'ambassadeur note qu'il s’agit d’une décision qui relève de la souveraineté nationale, "puisqu’elle a été adoptée par le congrès" et trouve donc rien à redire sur le sujet, notamment sur le passage à un seul tour de l'élection présidentielle, prévue dans seulement 10 mois. La Belgique, quant à elle, s'est engagée à soutenir les prochaines élections RDC pour un montant de 12 millions d'euros.
Voici un soutient de poids pour le président sortant Joseph Kabila : celui de la diplomatie française, alors que la polémique fait toujours rage à Kinshasa au sujet de la récente révision constitutionnelle validée par le parlement de RD Congo. Cette révision portait entre autre sur la fameuse présidentielle à un seul tour voulue par Joseph Kabila.
L'ambassadeur de France rappelle toutefois que la France souhaite le respect du calendrier, la liberté d’action et d’expression et la sécurisation des acteurs avant, pendant et après le scrutin, avec l'aide de la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo (MONUSCO). Un soutient qui tombe à pique pour Joseph Kabila, alors que la Belgique s’est engagée à honorer sa promesse en appuyant le processus électoral en RDC pour un montant de 12 millions d’euros et ce, en dépit de modifications et du format du scrutin. La communauté internationale souhaite donc la tenue du scrutin coûte que coûte, alors que l'opposition ne décolère pas sur ce changement de règle du jeu à seulement 10 mois de l'élection.
Christophe Rigaud
Commentaire : La Belgique s’engage à donner 12 millions d’Euro, alors qu’elle n’a toujours pas de gouvernement responsable.
Promesse en l’air? alors que le gouvernement d’affaires courantes essaie toujours de boucler un budget en grignotant dans la poche de ses citoyens.
RDC : Le cas Nkunda embarrasse toujours le Rwanda
Deux ans après son arrestation par le Rwanda, l'ex général rebelle congolais Laurent Nkunda attend toujours une quelconque décision de justice dans sa résidence surveillée de Gisenyi. Dans un article du site Daily Nation, le ministre rwandais de la Justice explique ces atermoiements par la complexité juridique, diplomatique et politique du dossier Nkunda. La République démocratique du Congo (RDC) réclame quant à elle son extradition vers Kinshasa afin de répondre de ses crimes pendant ses affrontements avec l'armée congolaise en 2008 et 2009. Pour l'heure, Laurent Nkunda embarrasse toujours Paul Kagame, son allié d'hier.
En plein été 2008, le général rebelle Laurent Nkunda lance une importante offensive contre l'armée régulière congolaise à l'Est de la RD Congo. Ses troupes sont à quelques kilomètres de Goma à la fin octobre et les autorités de Kinshasa commence à prendre peur. Nkunda renonce cependant à prendre la ville et déclare un cessez-le-feu unilatéral ainsi que l'ouverture de négociations avec le gouvernement de Joseph Kabila. En janvier 2009, coup de théâtre : le Rwanda voisin, l'allié de Laurent Nkunda, retourne sa veste et décide de sceller un accord avec la RDC de Kabila afin d'éviter le chaos à l'Est. Le 23 janvier 2009, l'inspecteur général de la police de la République démocratique du Congo annonce l'arrestation de Laurent Nkunda la veille au Rwanda ; le général déchu avait franchi la frontière alors qu'une opération conjointe des forces congolaises et rwandaises reprenaient le contrôle du territoire conquis par le CNDP de Nkunda.
Depuis lors, Nkunda attend toujours d'être jugé par son allié d'hier... en vain. Le général rebelle est en effet devenu très gênant pour Kinshasa comme pour Kigali et le status quo arrange tout le monde... sauf Nkunda qui réclame un procès.
En août 2010, après sa réélection, le président rwandais, Paul Kagame, a déclaré que si l'arrestation de l'ancien chef de guerre congolais a sonné la fin des combats en RDC, elle a depuis créé un autre problème pour le Rwanda. Et Paul Kagame de souhaiter régler rapidement le cas Nkunda. Au Rwanda, Laurent Nkunda doit être déféré devant un tribunal militaire... mais il attend encore, alors que la RDC a demandé son extradition vers Kinshasa pour être jugé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Selon le ministre rwandais de la justice, l'imbroglio judiciaire, vient du fait que Laurent Nkunda est un général congolais, arrêté sur le sol rwandais. Le ministre rappelle que "le Rwanda et la RDC sont deux états distincts, avec des lois distinctes. Mais nous sommes actuellement engagés avec la RDC dans un délai raisonnable pour régler cette question".
Le ministre rwandais Karugarama et son homologue de RDC ont également recommandé la mise en place d'une équipe d'experts des deux pays qui devrait se réunir pour travailler sur la légalité du dossier et ainsi lever les obstacles juridiques en vue du transfert de Nkunda.
mercredi 5 janvier 2011
Kinshasa tire les leçons de la Côte d’Ivoire
La lutte pour le pouvoir en cours en Côte d’Ivoire a des répercussions au Congo, où des élections présidentielles sont prévues pour novembre prochain : le ministre de l’Information et porte parole du gouvernement Lambert Mende Omalanga a déclaré qu’il était envisagé de proposer une modification de la Constitution, afin de remplacer le scrutin présidentiel à deux tours par une élection à un tour seulement. Cette réflexion était déjà en cours, pour des raisons budgétaires entre autres, mais les évènements de Côte d’Ivoire pourraient précipiter la décision : «nous avons frôlé le pire en 2006 » assure le ministre » et nous voulons aujourd’hui, à tout prix, éviter tout risque de dérive identitaire, comme en Côte d’Ivoire, en Guinée ou au Kénya… »
Cette décision confirme que la situation à Abidjan passionne les pays du Golfe de Guinée, mais aussi l’opinion congolaise où l’on trace quelquefois des parallèles entre l’histoire des deux pays, les argumentaires utilisés par les parties en présence et les modalités de la crise.
Au départ, dans les deux pays, au début des années 90, il y avait un dictateur vieillissant, ami de l’Occident et en particulier des anciennes puissances coloniales, la Belgique et la France. Mobutu comme Houphoüet Boigny apparaissaient également comme des relais régionaux, intervenant ici comme « sages », des médiateurs, ou là comme des boutefeux : l’Angola –qui ne soutient pas l’idée d’une intervention militaire contre Laurent Gbagbo- n’a pas oublié comment les armes destinées à Savimbi transitaient par le Zaïre de l’époque tandis que le leader de l’Unita était le bienvenu à Abidjan.
Tout bascula lorsque l’exigence de démocratisation toucha l’Afrique : dès 1990, Mobutu fut lâché par les Belges, suivis par les Européens et en 1993, les funérailles d’Houphoüet furent aussi celles d’une certaine Françafrique. Les modalités de la succession furent différentes : en Côte d’Ivoire, le dauphin désigné, Henri Konan Bédié, finalement élu en 1995, fit face à un challenger de poids, le Premier Ministre du « Vieux », Alassane Ouattara, qui dès le décès du patriarche avait annoncé son intention de lui succéder.
Si Ouattara, venu des milieux financiers internationaux et formé aux Etats Unis, avait été chargé de mettre en œuvre des politiques d’austérité impopulaires, c’est aussi parce que beaucoup ne le considéraient pas comme un Ivoirien de souche. De la même manière que quelques années plus tôt, Kengo wa Dondo, Tutsi d’origine, avait été chargé de remettre de l’ordre dans les finances de Kinshasa. En Côte d’Ivoire, Konan Bédié mena campagne contre son rival Ouattara en inventant le concept d’ « ivoirité ». Cette exclusive, au Congo, allait se traduire par celui de « nationalité douteuse » puis, lors des élections de 2006, par la «congolité ».
Même si les modalités de la succession furent différentes dans les deux pays, la guerre, elle, allait être au rendez vous.
A Kinshasa, alors que la France aurait souhaité associer Kengo wa Dondo à la succession d’un Mobutu déclinant, les Américains s’étaient choisi un autre « homme fort » dans la région, sinon deux : Paul Kagame au Rwanda et au Burundi Yoweri Museveni. Ces deux « nouveaux leaders » entendaient diriger à distance l’immense Congo sinon le morceler, avec l’assentiment de certains milieux américains.
Dès que fut dissipée l’euphorie suscitée par la chute de Mobutu, tous les Occidentaux, Belges compris, s’entendirent sur un point commun, qui ressemble étrangement aux sentiments qu’inspire aujourd’hui Gbagbo : la détestation de la « communauté internationale ». Laurent Désiré Kabila, initialement choisi comme simple porte parole des rebelles, n’avait pas triché aux élections, mais il s’était « autoproclamé » chef de l’Etat, entendait exercer ses prérogatives et encourager un développement autocentré. La conclusion ne tarda pas : il n’était pas l’homme qu’il fallait.
Le scénario de la deuxième guerre du Congo, lancée en août 1998 au départ du Rwanda, inspirera plus tard celui de la Côte d’Ivoire : des rebelles, entraînés dans les pays voisins (le Rwanda, l’Ouganda comme plus tard le Burkina Faso) dénoncent les discriminations, réelles ou exagérées, dont leur groupe ethnique est victime ; ils s’emparent d’une partie du territoire, l’occupent, et envoient ses ressources vers les pays frontaliers, le Rwanda et l’Ouganda en l’occurence. Les voisins de la Côte d’Ivoire feront de même : le Ghana, le Burkina Faso, bénéficient de l’exportation de matières premières venues de Côte d’Ivoire, le diamant, le cacao…
Au Congo, en 1998, la communauté internationale choisit de qualifier de « guerre civile » une agression venue de l’extérieur et qui n’est pas soutenue par les populations de l’est ; elle refuse de s’interposer et convoque une conférence de paix dont les dés seront pipés : à Lusaka, en 1999, les rebelles congolais sont mis sur le même pied que les représentants du pouvoir central, ce qui permet de mettre en minorité l’indésirable Laurent Désiré Kabila. En outre, l’argument des droits de l’homme est habilement utilisé pour discréditer le vieux maquisard : alors que l’on sait aujourd’hui, grâce au « mapping report » de l’ONU, que les massacres de réfugiés hutus ont essentiellement été commis par des rebelles sous les ordres de l’armée rwandaise, ou par les commandos de Kagame lui-même, c’est à Kabila que l’on fait porter la responsabilité des tueries. Alors qu’à Lusaka ses émissaires ont cédé aux pressions, Kabila se tourne alors vers la rue, où des manifestants dénoncent la capitulation.
Il faudra attendre 2002 pour que la roue tourne.
Auparavant, le 16 janvier 2001, le coriace président a été victime d’un assassinat dont les commanditaires sont toujours demeurés dans l’ombre.
En Côte d’Ivoire, après que le général Gueï se soit brièvement emparé du pouvoir, des élections ont lieu en 2000 mais Alassane Ouattara comme Henri Konan Bédié sont empêchés de se présenter. Laurent Gbagbo, issu de l’opposition, l’emporte contre le général Gueï et comme ce dernier conteste le résultat d’un scrutin de toutes manières hypothéqué par la mise à l’écart de deux personnalités de poids, il recourt à son arme préférée : la rue. Gbagbo avoue lui-même que les conditions de cette élection étaient « calamiteuses » et promet un gouvernement d’union nationale. La campagne de dénigrement est immédiate : les partisans de Gbagbo, qui tiennent la rue, sont accusés d’avoir commis un massacre de Duouilas (musulmans du Nord) à Yopougon (un quartier populaire d’Abidjan). Le président mal élu est accusé d’avoir repris à son compte le thème de l’ « ivoirité » cependant inventée par Bédié, des campagnes sont menées contre le cacao ivoirien, la première ressource du pays, car des enfants présentés comme esclaves sont employés dans les plantations du Sud…
En 2002, l’éclatement de la guerre ne surprend guère ceux qui étaient passés par Ouagadougou : les rebelles, des Ivoiriens du Nord mais aussi des combattants recrutés dans tous les pays sahéliens, s’étaient entraînés durant des mois au Burkina Faso, avec la bénédiction du président Blaise Compaoré. La France accepte cependant de s’interposer pour empêcher la chute de la capitale, elle ne fait pas jouer les accords de défense mais le contingent de la Force Licorne se déploie dans une « zone de confiance » qui bloque l’avance des rebelles et coupe le pays en deux.
Lorsqu’en 2003 la France, avec de Villepin aux Affaires étrangères, convoque toutes les parties ivoiriennes dans un lycée de Linas Marcoussis, la « formule de Lusaka » déjà utilisée au Congo est recyclée : les rebelles sont placés sur pied d’égalité avec les représentants du gouvernement et ces derniers se voient sommés d’accepter un « gouvernement d’union » dans lequel les représentants des Forces nouvelles occuperont des postes clés, la défense et la sécurité. En outre les deux armées seront fusionnées. Gbagbo, placé devant le fait accompli et galvanisé par son épouse Simone, plus intraitable que lui, et par Charles Blé Goudé, le leader des « jeunes patriotes »recourt une fois encore à la rue : les foules en colère envahissent Abidjan et s’en prennent aux ressortissants français.
Au Congo, dès 2001, la négociation a repris avec Joseph Kabila, plus malléable que son père. Il a compris que, provisoirement en tous cas, mieux valait plier : en échange du départ des troupes étrangères et de la réunification du pays, les principaux groupes rebelles (le MLC de Bemba et le RCD de Ruberwa, proche du Rwanda) sont intégrés au pouvoir de Kinshasa. Est ce un hasard si le RCD se voit confier la défense et la sécurité, si Jean-¨Pierre Bemba a la haute main sur l’économie ? De 2002 jusque 2006, Joseph Kabila rassure les Occidentaux par sa modération ; il fait promulguer un Code Minier extrêmement ouvert aux investissements étrangers, promet de privatiser les entreprises publiques et donne tous les gages que lui demande le CIAT (comité d’accompagnement de la transition, composé d’ambassadeurs étrangers). Il est récompensé de sa modération, non seulement par le vote des électeurs (54%) mais aussi par le fait que son rival Jean-Pierre Bemba se retrouve entre les mains de la Cour pénale internationale. En outre, les accords de paix prévoient l’intégration des forces rebelles au sein de l’armée gouvernementale, avec l’appui de la communauté internationale.
En Côte d’Ivoire, d’autres accords, signés à Ouagadougou cette fois, avec Compaoré comme médiateur, prévoient eux aussi des élections générales supervisées par les Nations unies. Auparavant, les provinces du Nord, tenues par les rebelles, devraient être désarmées, les différentes armées intégrées ou démobilisées. En outre, Guillaume Soro, l’un des leaders de la rébellion, deviendra le Premier Ministre de Gbagbo : ici aussi les rebelles entrent au cœur du pouvoir.
Au Congo, comme en Côte d’Ivoire, le volet militaire s’avère un échec : dans le premier cas, l’intégration des divers groupes armés, basée sur le principe de l’impunité, introduira dans une armée déjà faible et corrompue des hommes sans foi ni loi, des militaires étrangers, ce qui privera Kabila du plus important des instruments de sa souveraineté, une armée fonctionnelle. En outre, l’Est du pays n’ayant pas été désarmé, des rébellions comme celle de Nkunda ou d’autres en gestation font peser sur Kinshasa une sorte d’épée de Damoclès.
En Côte d’Ivoire, les groupes d’autodéfense et autres milices constitués dans le Sud n’ont jamais été réellement démobilisés ou intégrés et ils demeurent une masse de manœuvre entre les mains de Charles Blé Goudé, le ministre de la Jeunesse de Gbagbo, comparable aux milices mai Mai qui avaient appuyé Kabila dans l’Est du Congo et dont certains membres devinrent de redoutables bandits.
Dans le Nord, les rebelles des Forces Nouvelles, qui n’avaient pas été désarmé et avaient gardé leurs structure de commandement ont été accusées d’intimider les électeurs, ce qui permis au « camp Gbagbo » de mettre en cause la crédibilité du scrutin et d’annuler le vote dans neuf circonscriptions.
Si les Congolais craignent que le « scenario ivoirien » se produise chez eux en 2011, c’est aussi parce que Joseph Kabila, en plus de la reconstruction des infrastructures, a aussi « ouvert je jeu », passé d’importants accords avec les Chinois et diversifié les partenaires. Les termes des attaques, reposant sur des faits réels et sur un incontestable durcissement du régime, se dessinent déjà : la corruption de l’entourage présidentiel, les violations des droits de l’homme.. Quant à Laurent Gbagbo, s’il n’ a pas réellement touché aux intérêts français (Total vient de se voir accorder un important champ pétrolier, Bouygues et Bolloré n’ont rien perdu) il a lui aussi fait jouer les appels d’offres, invité de nouveaux acteurs économiques, laissé s’implanter les Libanais. La France a vu disparaître son hégémonie d’autrefois, de la même manière qu’au Congo, les Européens doivent désormais côtoyer de nouveaux partenaires.
Derrière le maintien ou non de Gbagbo au pouvoir se joue le contrôle du Golfe de Guinée, cet Eldorado pétrolier que Français ou Américains, en perte de vitesse dans le monde arabe, et unis pour cette fois, ne souhaitent pas voir passer en d’autres mains. A leurs yeux, Alassane Ouattara, ami personnel de Sarkozy, ancien directeur du FMI, gestionnaire libéral et avisé, représente un interlocuteur beaucoup plus crédible que Gbagbo le nationaliste.
A l’instar de bon nombre d’Africains, l’opinion congolaise observe l’exceptionnelle unanimité de la communauté internationale à propos de la Côte d’Ivoire et se demande quel est le véritable enjeu de l’épreuve de force en cours.
Quant au gouvernement de Kinshasa, issu de la majorité présidentielle, il n’entend pas se laisser piéger dans un scrutin à deux tours qui permettrait à tous les candidats de l’opposition de se rallier à une candidature commune, dirigée contre le président sortant et il envisage de passer à un simple scrutin majoritaire…