lundi 24 septembre 2012

Maniema : le gouvernement provincial appelle la Monusco à rétablir la paix au Nord-Kivu

Des forces onusiennes. Radio Okapi/ John BompengoDes forces onusiennes. Radio Okapi/ John Bompengo

Le ministre provincial de l’Information, Jeef Tchomba Fariala, invite  la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la paix en République démocratique du Congo (Monuso) à rétablir la paix dans le Nord-Kivu où des Congolais «vivent dans des conditions difficiles ». Il a formulé cette demande vendredi 21 septembre à Kindu (Maniema) à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la paix.

« Filles et femmes sont violées par les forces négatives du M23, [le mouvement du 23 mars], des pilages à grande échelle et des violations graves des droits de l’homme sont enregistrés dans cette partie du pays » a ajouté Jeef Tchomba Fariala, qui a représenté le gouverneur de province.

Il a indiqué que la guerre au Nord-Kivu préoccupe le gouvernement provincial du Maniema qui formule le vœu de voir le conseil de sécurité des Nations unies de recourir au chapitre 7 des Nations unies pour mettre définitivement fin à l’agression de la RDC par le Rwanda.

La partie Est de la RDC est en proie à une rébellion du M23 depuis le mois de mai. Kinshasa a toujours accusé Kigali de soutenir les rebelles. Le Rwanda n’a jamais accepté ces accusations.

Le ministre provincial de l’information du Maniema a cependant loué les efforts consentis par l’ONU à travers la Monusco pour le retour de la paix.

« Cette grandiose cérémonie est le moment de féliciter nos partenaires de la Monusco qui ne cessent de redoubler leurs efforts au service de la paix. Non seulement ils font preuve d’amour mais surtout ils témoignent de l’intérêt qu’ils attachant à la paix », a affirmé Jeef Tchomba Mariala.

La célébration de la Journée internationale de la paix a été marquée par plusieurs activités comme le théâtre avec la troupe Lumiere de la vie, la danse folklorique Kusu ainsi que les poèmes.

La Journée internationale de la paix est observée chaque année, partout dans le monde, le 21 septembre. L’Assemblée générale a consacré cette Journée au renforcement des idéaux de paix, tant au sein des nations et des peuples qu’entre ceux-ci.

lundi 17 septembre 2012

RDC : Les foyers d'instabilité se multiplient

La reprise de la guerre au Nord-Kivu focalise les craintes de la communauté internationale et l'attention des médias. Mais d'autres régions sont également le théâtre de rébellions, de défections de soldats ou de mouvements sécessionnistes. Au Katanga, au Sud-Kivu, en Province orientale, au Kasaï ou au Bas-Congo, l'Etat peine à imposer son autorité. La République démocratique du Congo est-elle au bord de l'éclatement ?
DSC04006.jpgDepuis le mois d'avril 2012, les regards sont tournés vers le Nord-Kivu, une province de l'Est de la République démocratique du Congo, en proie aux rebelles du M23, soutenus par le Rwanda voisin. A juste titre, la communauté internationale et les médias se sont portés au chevet de la "poudrière des Kivus", qui menace le fragile équilibre de la région des Grands lacs. Kinshasa se mobilise comme elle peut pour tenter d'endiguer l'avancée des rebelles… en vain. L'armée congolaise, qui n'est plus que l'ombre d'elle même recule sans se battre. Mal payés, mal commandés, l'armée régulière ne réussit pas à s'imposer… même avec l'appui (timide) des casques bleus de la Monusco. Le M23 contrôle maintenant une partie du Nord-Kivu dont la ville-frontière de Bunagana et Rutshuru, nouvelle "capitale" de la rébellion. Mais si la situation au Nord-Kivu inquiète, d'autres foyers d'instabilités secouent le reste de la RDC. Au Katanga, au Sud-Kivu, en Ituri, au Kasaï, en Equateur ou au Bas-Congo, les rébellions et les nombreuses défections de soldats font craindre un embrasement général des provinces.
Katanga, province très "indépendante"
A Lubumbashi, le sécessionnisme semble être inscrit dans les gènes des Katangais. Depuis l'indépendance du Congo en 1960, la province a toujours revendiqué sa volonté d'indépendance. Et les mouvements sécessionnistes sont légions. Depuis l'ère Kabila (père, puis fils), le Katanga a toujours apporté un soutien inconditionnel au régime en place. Lubumbashi a constitué un "réservoir de voix" important pour Joseph Kabila aux élections de 2006, puis en 2011. Mais depuis plusieurs mois, la province gronde. "Marre de payer pour Kinshasa" entend-on dans les rues de la capitale du cuivre. Au coeur de la discorde : la non rétrocession des 40% de l'Etat à la province, prévue par la loi sur la décentralisation de 2006. Plusieurs fois, l'aéroport de Lubumbashi a été la cible d'attaques mystérieuses "d'hommes en armes". A chaque fois, on croit à un coup de force d'éléments sécessionnistes. A chaque fois, l'affaire ne va pas plus loin, mais l'inquiétude gagne à Lubumbashi. Les sécessionnistes gagnent du terrain.
A la manoeuvre, on trouve Gabriel Kyungu et son parti politique, l'Unafec. Cet été il a recueilli plus de 50.000 signatures pour demander un référendum en faveur du fédéralisme, d'ici 2016. Objectif : obtenir plus de 100.000 signatures. En parallèle, le poids du président Joseph Kabila s'est écorné par le choix du président d'imposer son frère, Zoé, à la tête de la province, à la place du charismatique Moïse Katumbi. L'arrivée du jeune frère passe mal dans la population.
Côté milice, le retour de Kyunga Mutanga, alias Gédéon, sème la peur au Katanga depuis le début 2012. Ce seigneur de guerre a été condamné à la peine capitale pour crimes contre l’humanité par la justice congolaise. Emprisonné depuis 2006, Gédéon s'est évadé en septembre 2011 de la prison de Lubumbashi… en plein jour. Depuis, l'enquête est au point mort et un vent de panique souffle au Nord-Katanga. "La région est en train de sombrer dans la violence, la psychose et la peur. Il y en a beaucoup qui se cachent en brousse", indique Mgr Fulgence Muteba Mugalu, évêque de Kilwa-Kasenga.
Le Kasaï se réveille
Autre province aux avant postes de la contestation : le Kasaï. D'habitude plutôt calme, ce fief de l'opposant Etienne Tshisekedi, connait lui aussi des soubresauts. Depuis le mois d'août 2012, le chef d’état-major de la région, le colonel John Tshibangu a fait défection et mis en place son propre groupe armé pour "chasser Kabila du pouvoir". La traque infructueuse de Kinshasa n'a toujours pas permis de mettre la main sur Tshibangu, qui vient d'annoncer son ralliement à l'Apareco d'Honoré Ngbanda, un ancien mobutiste en exil.
Province-orientale, Sud-Kivu, Maniéma, Bas-Congo… la colère monte
En août, c'est au tour du colonel Mandro Mazelo de faire défection pour rejoindre le maquis dans le Maniema, une province proche du Nord-Kivu. La Province orientale connait elle aussi un regain de violence. Les groupes d'auto-défense Maï-Maï sèment de nouveau la terreur. Près de la frontière ougandaise, le groupe de Paul Sadala, alias "Morgan" a tué 15 okapis en juin 2012 et continue, depuis, de terroriser la population. Au Sud-Kivu, le commandant Yakutumba a pris le maquis et collabore notamment avec Agathon Rwasa des FNL (Forces pour la Libération Nationale), une rébellion burundaise en lutte contre Bujumbura. Là encore Yakutumba prône clairement le départ de Joseph Kabila.
Au Bas-Congo, une province de l'Ouest du pays, les tensions entre la population et le pouvoir central se sont ravivées avec la "disparition", ou "l'enlèvement" (selon ses proches) d'Eugène Diomi Ndongala, le patron de la Démocratie chrétienne. Accusé par Kinshasa de "viol sur mineures", les autorités le disent en "fuite", alors que sa famille dénonce un "enlèvement" par les services de renseignements congolais (ANR). En 2007 et 2008 la province du Bas-Congo avait été le théâtre d'une violente répression contre les membres du Bundu Dia Kongo (BDK), un parti politico-religieux, interdit depuis. L'opposition avait dénoncé le "massacre" de 150 personnes par les forces de sécurité congolaises. En octobre 2012, les élections des gouverneurs du Bas-Congo et de la province orientale se dérouleront donc sous haute tension avec des risques de fraudes, comme en 2007. Hasard du calendrier, ces élections auront lieu en même temps que le Sommet de la Francophonie de Kinshasa, fixé du 12 au 14 octobre 2012.
Dernier foyer d'instabilité : la discrète province de l'Equateur, au Nord de la RDC. Cette zone a toujours tenu tête à Kinshasa, depuis la création du MLC de Jean-Pierre Bemba en 1998. En 2010, la rébellion de la tribu Enyele déstabilise le pouvoir central et fait douter Kinshasa, après la courte prise de Mbandaka, la capitale provinciale. Depuis, la situation s'est calmée, mais l'Equateur "la rebelle", pourrait refaire parler d'elle, si l'autorité de Kinshasa venait à vaciller.
Depuis avril 2012 et le naissance du M23, le pouvoir central est de nouveau mis à mal. L'instabilité fait tâche d'huile aux quatre coins de la RDC. La reprise du conflit à l'Est a remis en lumière l'absence de l'Etat congolais et son incapacité à imposer son autorité sur l'intégralité de son territoire. Cette situation constitue une opportunité dans laquelle tente de s'engouffrer rebelles, hommes politiques, militaires frustrés et aventuriers de tout poil. Pour l'instant, tous ces mouvements sont trop disparates et trop peu coordonnés pour déstabiliser à eux seuls Kinshasa. Chacun de ces groupes représentent quelques dizaines d'hommes, quelques centaines tout au plus. Pas assez, pour le moment, pour marcher sur la capitale et ébranler le pouvoir central.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia

L'expulsion de Thierry Michel de RDC "s'apparente à de la censure", selon Laanan

La ministre de la Culture et de l'Audiovisuel de la fédération Wallonie-Bruxelles, Fadila Laanan, réagit avec stupeur à l'expulsion du cinéaste belge Thierry Michel de la République démocratique du Congo, où il venait d'arriver dimanche pour présenter son film "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat ? ". Mme Laanan estime que "cette expulsion porte un coup à la démocratie et s'apparente à de la censure", indique-t-elle lundi dans un communiqué.

L'expulsion de Thierry Michel de RDC "s'apparente à de la censure", selon Laanan

"A quelques mois du sommet de la Francophonie qui se tiendra à Kinshasa, cette atteinte à la liberté d'expression en République démocratique du Congo suscite des questions", estime la ministre. Le cinéaste a été refoulé dimanche soir à son arrivée en RDC, où il comptait présenter son film "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat" consacré à l'assassinat d'un célèbre militant congolais des droits de l'Homme, a-t-il annoncé lundi à l'agence Belga. "J'ai été refoulé bien que disposant d'un visa de résident permanent" en RDC, a-t-il expliqué à son retour à Bruxelles. Les autorités congolaises lui ont reproché de ne pas disposer de visa de sortie - un document dont les résidents n'ont en principe pas besoin -, a ajouté Thierry Michel. Le réalisateur comptait projeter son film jeudi et vendredi à Kinshasa. D'autres projections privées prévues lundi au Centre Wallonie Bruxelles et les 10 et 11 juillet au centre culturel français avaient été "reportées à une date ultérieure après vision du film par les autorités" congolaises. En avril, l'ex-ministre congolais de la Justice, Emmanuel Luzolo Bambi, avait demandé à la commission nationale de la censure l'interdiction en RDC du film, qui retrace le procès des assassins - tous des policiers - du célèbre militant congolais des droits de l'Homme Floribert Chebeya Bahizire, le 1er juin 2010.

lundi 3 septembre 2012

Kinshasa-Kigali : déclassifier les accords secrets

Kigali pousse Kinshasa à la faute pour, sans doute, se disculper devant la communauté internationale. En décidant fin août 2012 de retirer une partie de ses forces spéciales déployées dans l’Est de la RDC, Kigali pense régler ses comptes avec Kinshasa. Son message est simple à décrypter : prouver l’existence des accords secrets qui le lie à Kinshasa. Ce que nie Kinshasa, par la bouche du porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga. L’heure a finalement sonné pour connaître la vérité dans les rapports maintes fois tendues ente les deux capitales. Les accords secrets entre Kinshasa et Kigali doivent être dévoilés, discutés, triturés, retournés dans tous les sens, … pour être enfin déclassifiés. Un débat public s’impose. Tout mutisme est préoccupant.

L’opinion publique se dit désabusée par le gouvernement de la République. Depuis le déclenchement des hostilités dans l’Est de la République démocratique du Congo, l’opinion publique congolaise est matraquée par des informations contradictoires, les unes les autres.

Kigali, particulièrement, s’évertue à faire des révélations fracassantes visant à embarrasser Kinshasa et semer le doute dans les esprits des Congolais. Ce piège est la meilleure stratégie pour gagner une guerre : entamer le moral. L’évolution des événements sur le terrain des opérations dans l’Est de la RDC ne semble pas jouer en faveur de la RDC.

Acculé par la communauté internationale, Kigali cherche une voie de sortie pour se dédouaner.
Se trouvant dans la position de l’agressé, c’est à Kinshasa que revient le rôle de prouver la culpabilité de Kigali. Le rapport des experts des Nations unies lui ouvre déjà une large brèche pour consolidation la thèse de l’agression.
Dès lors, pour conjurer la ligne adoptée par le Rwanda, il faut que la carte de la transparence devienne le seul langage de Kinshasa vis-à-vis de son peuple, victime de l’agression.

Kigali ne tient-il à garder l’initiative après des déboires diplomatiques enregistrés lors de tous les sommets organisés sur la question ?
A Addis-Abeba, Kampala, New York,… pour la première fois depuis plus d’une décennie, le discours de Kigali est accueilli avec froideur. «Personne ne prend foi aux arguments des autorités rwandaises», s’entendait-on dire par les diplomates sur place.
Louise Mishikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères, et toute sa délégation expérimentent ainsi des refus diplomatiques de la part des parrains. La dernière révélation en date - du reste confirmée par le ministre rwandais de la Défense, James Kabarebe, et corroborée par la suite par la décision médiatisée à outrance pour les besoins de la cause - porte sur le retrait des forces spéciales opérant conjointement avec les FARDC à Rutshuru. Kigali est donc passé à la vitesse supérieure.

Le communiqué rwandais annonçant le retrait de ses « forces spéciales » de la RDC est surprenant parce que le Rwanda n’était plus censé avoir des troupes en RDC. D’où, cette flopée d’interrogations sur la nature de la mission et sur une éventuelle connivence avec le M23, devenu curieusement maître de Rutshuru. Simple coïncidence ?

Versions croisées

C’est donc à force des communiqués de presse que cette nouvelle a été rendue publique. Selon le ministère rwandais de la Défense, ce retrait avait fait l’objet de négociations et de planification avec les autorités de Kinshasa, en complicité avec la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco).

Ce que n’a d’ailleurs pas contesté, à en croire l’AFP, le vice-Premier ministre, ministre congolais de la Défense, Alexandre Luba Ntambo, pour qui ce contingent était «public» et «officiel». Leur mission, a-t-il dit, se limitait à «l’observation» de la traque des FDLR conjointement avec les militaires des FARDC.

Ce retrait, qui intervient quelques heures seulement après que les autorités congolaises aient demandé à l'ONU de sanctionner des responsables militaires rwandais pour leur soutien au M23, a provoqué une levée de boucliers. Il dégage l’odeur de la recherche du discrédit.

«Exfiltration déguisée»

Kinshasa n’a pas tardé à réagir au communiqué du ministère rwandais de la Défense, faisant état d’un retrait d’une partie de ses forces spéciales dans l’Est de la RDC.

La voix officielle du gouvernement congolais a été rendue hier dimanche sur les antennes de la télévision nationale par son porte-parole, Lambert Mende.

«Le Rwanda a menti sur toute la ligne concernant ce retrait», a déclaré Mende, allant jusqu’à qualifier les informations en provenance de Kigali d’«affaire d’exfiltration déguisée». Le souci d’opacité, rappelle Mende, a même poussé les militaires rwandais à refuser que la traversée de la frontière se fasse en présence des observateurs de la Monusco.

Pour Kinshasa, en initiant les opérations de « retrait » de ses troupes, Kigali cherche juste à rapatrier ses soldats opérant au sein du M23 à partir des frontières qu’il contrôle. C’est donc une machination, s’est défendu Mende.
Ce qui légitime, a-t-il indiqué, des « sanctions indispensables et ciblées en l’encontre du Rwanda qui ne travaille pas pour la paix dans la région ».

La polémique est donc relancée entre les deux pays. Kinshasa est catégorique, seule une centaine d’officiers de renseignements étaient autorisés à se déployer conjointement avec les FARDC à Rutshuru. Lambert Mende s’est étonné que l’on parle dès lors des plusieurs centaines de militaires en lieu et place d’officiers de renseignements. «On ne parle pas de la même chose», fulmine le ministre des Médias.

Quant à l’existence des accords secrets, le porte-parole du gouvernement a été formel. « Les accords secrets entre la RDC et le Rwanda, cela n’existe pas », a-t-il dit. «Comment voulez-vous que nous qui sommes agressés signions des accords secrets?», s’est-il indigné.

En évoquant ce retrait, pense-t-il, Kigali « cherche à créer un climat de révolte au sein de la population » pour discréditer, relève-t-il, le gouvernement aux yeux de l’opinion.
Déclassifier les accords secrets

Kinshasa est poussé à la défensive face à sa propre opinion publique. Pour éviter de fissurer davantage un édifice en voie d’être lézardé, une seule alternative s’offre aux autorités congolaises, celle de la transparence et de la dé- classification de tous les accords secrets conclus avec Kigali.

L’histoire renseigne que le processus de négociations étaient d’avance biaisé. Dos au mur, Kinshasa se rendait souvent à la table des négociations en position de faiblesse. Toutes les concessions étaient faites, même celles entamant les intérêts de la République pour vue que le problème conjoncturel de cette période trouve solution.

En fait, face au drame humanitaire qui se déroule sur le terrain, les autorités de Kinshasa sont soumises à des choix stratégiques et opérationnels insoutenables en temps normal. Succomber à cette forme de pression ne peut produire que des solutions conjoncturelles de ce fait, éphémères. Face à des partenaires de mauvaise foi comme Kigali, maîtres en matière de manipulation, Kinshasa est invité à faire table rase du passé. En dénonçant tous les accords passés depuis des lustres avec Kigali. Ce faisant, un débat public pourrait être engagée, afin de recréer d’une part la confiance, mieux la consolider. D’autre part, permettre d’élaguer toutes les dispositions allant dans le sens de brader les intérêts de la Nation suite à ces négociations menées en période de faiblesse avérée.

Le gouvernement nie avec force l’existence d’éventuels accords secrets. Toutefois, si pareils accords existent, il est temps de les dénoncer dans l’intérêt de la République.

* * *

Un échantillon des accords officiels conclus entre Kinshasa et Kigali.

Les trois principaux accords de paix RDC-Rwanda

La République démocratique du Congo et le Rwanda ont, depuis juillet 1999, conclu trois principaux accords de paix. L'accord de cessez-le-feu de Lusaka (Zambie) a été signé le 10 juillet 1999 par la RDC, l'Angola, la Namibie, le Rwanda, l'Ouganda, le Zimbabwe, le Mouvement pour la libération du Congo (MLC) et le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). L'accord de Pretoria a été signé le 30 juillet 2002 par la RDC et le Rwanda.

1. Accord de cessez-le-feu de Lusaka

Le 10 juillet 1999 à Lusaka (Zambie), le Rwanda et la RDC concluent l’Accord de cessez-le-feu pour la cessation effective des hostilités, des mouvements et renforts militaires ainsi que des actes hostiles, y compris la propagande hostile. Le cessez-le-feu implique la cessation de toute attaque aérienne, terrestre et maritime ainsi que tout acte de sabotage. Les hostilités avaient commencé le 2 août 1998 avec la rébellion du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie) par le Rwanda, dans le Kivu. L’Accord a conduit à la création de la Mission d’observation des Nations Unies au Congo (MONUC).

2. Accord de Pretoria

Le 30 juillet 2002 à Pretoria, les présidents congolais Joseph Kabila et rwandais Paul Kagame ont signé un accord de paix entre la RDC et le Rwanda. Le texte, sous la médiation du vice-président sud-africain Jacob Zuma, prévoyait le rassemblement et le désarmement des extrémistes rwandais Interahamwe, responsables du génocide de 1994, et le retrait des forces rwandaises de l'Est de la RDC, dans un délai de 90 jours.
«Notre adhésion complète à l'accord de Pretoria ne signifie pas que nous avons renoncé à nous protéger des génocidaires Interahamwe et ex-FAR», avait déclaré l'ambassadeur rwandais aux Nations unies, Anastase Gasana.
L’Ambassadeur congolais Atoki Ileka à l'ONU avait écrit au Conseil de sécurité pour dénoncer «les opérations militaires de grande envergure que le Rwanda mène depuis quelques jours dans la province congolaise du Sud-Kivu».
La totalité des 23 400 soldats rwandais déployés en RDC devaient avoir quitté le territoire congolais début octobre 2002. «Pas un militaire de l'APR (Armée patriotique rwandaise) ne restera sur le sol de la RDC», avait affirmé le général rwandais James Kabarebe, l'armée rwandaise ayant entamé le 17 septembre le rapatriement de ses hommes et de leurs matériels déployés à Kindu (Maniema), au Nord-Katanga et à Sake (Nord-Kivu).

3. Accord de désarmement des rebelles Hutus en RDC

Le 12 novembre 2007, la RDC et le Rwanda concluent un accord visant à désarmer par la force les rebelles hutus, dont les membres des Forces armées rwandaises (Far, ex-armée au pouvoir à Kigali) et les miliciens Interahamwe, réfugiés dans l’Est du territoire congolais. «Le gouvernement de la République démocratique du Congo s'engage à lancer des opérations militaires d'urgence pour démanteler les ex-Far-Interahamwe considérés comme une organisation militaire génocidaire en RDC», lit-on dans le communiqué commun. De son côté, le Rwanda accepte de boucler la frontière avec la RDC et de s'assurer qu'aucun groupe armé interdit - et tout particulièrement les hommes du général renégat Laurent Nkunda - ne reçoive un soutien transfrontalier.

Kinshasa, 3/09/2012 (Le Potentiel / MCN, via mediacongo.net)

NDLR: Les idées et les points de vue de cet article n’engagent que leurs auteurs

dimanche 2 septembre 2012

Rwanda: meurtres en série de prostituées à Kigali

Au moins quinze femmes, pour la plupart des prostituées, ont été tuées, principalement par strangulation, dans plusieurs quartiers de Kigali en moins de trois mois, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la police rwandaise.

Trois femmes, dont deux étaient connues comme étant des prostituées, ont encore été étranglées mardi, en plein après-midi, dans une petite maison du quartier populaire de Gastata. "Au début nous avons pensé à des actes isolés (...) l'un des premiers meurtres semblant lié à un conflit financier", détaille le porte-parole de la police, Theo Badege. "Mais très vite, on s'est dit que cela pouvait être autre chose." Si le porte-parole de la police ne souhaite pas faire de lien entre ces meurtres et la profession des victimes, il a reconnu que c'était "effectivement une tendance" et que toutes les pistes étaient étudiées. A quelques maisons du lieu des derniers crimes, une jeune prostituée de 28 ans, qui se présente sous le nom d'Eugénie, ne cache pas son inquiétude. "Je connaissais les femmes qui ont été tuées. J'étais en compagnie de l'une d'entre elles une heure avant les faits", se souvient-elle. "Désormais, j'ai peur de travailler. Avant ces événements il n'y avait pas de problème, on se sentait en sécurité. Je ne rentrais chez moi qu'à partir de 22H00, désormais j'essaie de rentrer avant le coucher du soleil, c'est-à-dire vers 18H00", poursuit-elle. Dans le secteur, les autorités locales se sont organisées et ont renforcé la sécurité. De jour comme de nuit des gardes rémunérés par les habitants se relaient. "Nous organisons au moins une réunion par semaine pour sensibiliser (les prostituées)", explique Joseph Kabanda qui représente les autorités du quartier.