Depuis son arrestation et sa détention au Rwanda en janvier dernier... c'est le silence radio autour de l'encombrant général rebelle Laurent Nkunda. Sa possible extradition vers la République démocratique du Congo (RDC) avait un temps retenue l'attention des observateurs, mais depuis... plus rien. Et cela risque de durer un certain temps.
Après avoir mis en déroute le Président Kabila et son armée dans l'Est de la RDC pendant 4 ans, Laurent Nkunda avait été arrêté en janvier 2009 à Gisenyi en territoire rwandais. L'allié rwandais d'hier s'était brutalement retourné contre lui et c'est le général Kabarebe, patron de la puissante armée de Kigali, qui l'avait arrêté. Nkunda avait d'abord été détenu en secret à la frontière entre la RDC et le Rwanda, puis il a été transféré au Rwanda fin mai 2009 de peur d'un coup de force de ses derniers fidèles, très puissants au Kivu.
Depuis, le CNDP (son parti), a explosé en plein vol pour donné naissance à un "CNDP II", plus présentable pour Kinshasa, qui s'est alors empressée d'intégrer les rebelles dans l'armée régulière. Ce deuxième CNDP "pro-gouvernemental" aura probablement des ministres lors du prochain remaniement ministériel de la rentrée.
Quand à l'extradition, un temps évoqué, de Laurent Nkunda vers la RDC pour répondre de ses crimes... on n'en parle même plus. Kinshasa et Kigali ont trop d'intérêts communs en ce moment : notamment pour chasser les rebelles hutus des FDLR du Kivu. Laurent Nkunda est devenu bien encombrant pour ces deux pays : au Rwanda, où il possède de nombreux amis dans l'armée et en RDC, où bon nombre de ses compagnons d'armes occupent des places importantes dans les services de sécurité et dans l'armée. Mais attention... Laurent Nkunda n'a pas dit son dernier mot. Il y a déjà eu un premier retournement d'alliance... il peut y en avoir un deuxième ! Tout est une question de circonstances.
Christophe Rigaud