Les réactions à l'adoption de la loi électorale amendée en RDC ont été nombreuses dans le monde. Les Etats-Unis, tout comme l’Union européenne ou encore la Belgique saluent cette adoption, mais en termes mesurés. Les ambassadeurs et diplomates présents à Kinshasa n’ont pas ménagé leurs efforts ces derniers jours pour permettre un retour au calme. Mais ils savent que le risque de glissement du calendrier électoral n’est toujours pas écarté.
C’est une bataille de gagnée. Mais dans les chancelleries, on le sait, il est trop tôt pour crier victoire. Dans un communiqué, le département d'Etat américain « félicite » « le Sénat et l’Assemblée nationale pour leurs efforts » qui ont permis d'aboutir à un consensus, mais « exhorte » aussitôt « le président Kabila (…) à réaffirmer que la première transition pacifique à la tête de l'Etat aura bien lieu à travers une présidentielle en 2016. »
Même prudence du côté de l’Union européenne pour qui, certes « la voie est désormais ouverte » afin que des élections se tiennent dans les délais prévus, mais qui promet de « poursuivre » un dialogue « approfondi » avec les autorités à ce sujet. Autrement dit, pas question de relâcher la pression. Car même si le recensement n’est plus un préalable à tenue de la présidentielle, de nombreuses incertitudes demeurent.
« Avec cette loi, confie un diplomate, personne ne perd la face, mais le problème reste entier ». Comment financer ces élections ? Comment organiser cinq scrutins en moins de deux années et donc respecter les délais ? L'UE comme Washington demandent à la Commission électorale de publier au plus vite un calendrier global assorti d’un budget. Une demande qui est loin d'être nouvelle. Et qui s'est jusqu'à présent heurtée à un silence assourdissant de la part de la Céni.
Le calme est revenu
Après une semaine de troubles et de violences, le calme semble être revenu en RDC. Au lendemain d’un vote de compromis au Parlement sur la loi électorale à l’origine de la crise, il n’y a pas eu de nouvelles manifestations lundi, mais l’internet mobile et les SMS sont encore coupés par les autorités congolaises. Les étudiants, à la pointe de la contestation la semaine dernière, reprennent doucement le chemin des cours. Sur le campus de Kinshasa, la vie reprend son cours.
Par ailleurs, les émissions de RFI en FM à Kinshasa étaient toujours interrompues lundi soir.
Calme précaire en RDC après l’adoption de la loi électorale
Après plusieurs jours d’émeutes et de manifestations dont le bilan s’établit, selon les sources, entre 13 et 42 morts, le Parlement congolais a finalement voté la révision de la loi électorale, dimanche 25 janvier. Sans l’alinéa 3 de l’article 8 à l’origine du mouvement de protestation de l’opposition. Celui-ci liait l’organisation de la présidentielle, prévue en 2016, à un recensement de la population.
Le recensement est une tâche colossale en République démocratique du Congo (RDC), vaste de plus de 2 millions de km², aux voies de communications délabrées et où la moitié du pays est déchirée par l’activisme de nombreux groupes armés. Plusieurs années pourraient être nécessaires pour le mener à bien. L’opposition y a vu d’emblée une manœuvre pour rallonger le mandat du président. Joseph Kabila au pouvoir depuis 2001 ne peut selon la constitution postuler à un troisième mandat.Alors qu’il règne à Kinshasa un calme précaire, ce revirement du Parlement est commenté et accueilli diversement :
- Lambert Mende, porte-parole du gouvernement
Interrogé sur les violences mortelles, le porte-parole du gouvernement a souligné que leurs instigateurs seront « tenus pour responsables devant la justice ».
- Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation congolaise (opposition)
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- Josaphat Musamba, chercheur pour le Centre de recherches et d’études stratégiques en Afrique centrale, basé à Bukavu (est du pays)
- Fidel Bafilemba, chercheur pour Enough Project, une ONG américaine de lutte contre les crimes contre l’humanité et le génocide
- Fred Bauma, militant au sein du groupe de jeunes Lutte pour le changement (Lucha), basé à Goma
- Chadrak, étudiant à l’université de Kinshasa
- Claude, étudiant à l’université de Kinshasa