Sans atermoiements funestes et sans précipitation inconsidérée : cette formule célèbre, utilisée par le Roi Baudouin à propos de l’indépendance du Congo pourrait être reprise par le Conseil de Sécurité dont une délégation se trouve ce week end à Kinshasa. Initialement prévue pour avril, et retardée à cause du nuage finlandais, la délégation doit examiner les modalités du retrait de la Mission des Nations unies au Congo. « Il n’y aura pas de négociation, nous avons pris acte de la demande des autorités congolaises » a déjà déclaré un porte parole de l’ONU.
Il ya plusieurs mois déjà que le gouvernement congolais a déclaré qu’il souhaitait que la mission de la Monuc prenne fin d’ici novembre 2011 et un premier retrait de 2000 hommes devrait avoir lieu durant l’été 2010. Kinshasa espère aussi un redéploiement des effectifs, où les 18000 Casques bleus restants, jusqu’à présent déployés à travers tout le pays se concentrent sur les provinces de l’Est, où des opérations militaires sont toujours en cours, afin de démanteler les bases des rebelles hutus. Dans la foulée du 50eme anniversaire de l’indépendance du pays : à titre symbolique, le président Kabila souhaite que cette mission, qui représente une certaine tutelle de la communauté internationale, donne des gages de retrait afin de « responsabiliser » les autorités nationales.
La réalité est cependant moins simple : la Mission des Nations unies au Congo, la plus vaste des opérations de paix, totalise déjà dix ans dans le pays. Avec les milliers de fonctionnaires de son administration, de sa flotte aérienne, la plus importante d’Afrique, avec sa logistique et ses 20.000 Casques bleus, elle représente pratiquement un Etat dans l’Etat. Les Congolais éprouvent à l’égard de cette mission qu’ils appellent souvent « Monique » des sentiments partagés. Au Kivu, les populations civiles reprochent bien souvent aux Casques bleus de ne pas intervenir lors des massacres, de se contenter de compter les victimes et de publier des rapports. « Nous préférerions une coopération militaire avec un pays ami, ce serait plus simple et plus clair, car la Monuc, nous ne savons jamais ce qu’elle fait exactement, ni quels sont ses objectifs réels » assure Sylvain, un militant de la société civile. De Kiwandja à Bukavu, les exemples de l’impuissance ou de l’indifférence des Casques bleus sont légion. Cependant, les autorités reconnaissent que lors des opérations Kymia II ou Amani Leo, menées contre les rebelles hutus, le soutien logistique et même militaire de la Monuc a été décisif, tandis qu’en 2008, ce sont les mêmes Casques bleus qui ont empêché la ville de Goma de tomber aux mains du chef rebelle Laurent Nkunda.
Lors du dernier week end pascal, ce sont les casques bleus présents à M’Bandaka, la capitale de l’Equateur, qui ont aidé les troupes gouvernementales à défaire les rebelles Enyele qui s’étaient emparés de la ville et dont le chef vient d’être arrêté.
Si les Casques bleus, malgré le mandat de « peace making » (imposer la paix) dont ils disposent, sont souvent critiqués, les institutions civiles de la Monuc jouent un rôle important, qu’il s’agisse de l’observation des droits de l’homme ou de l’information, Radio Okapi, émettant sur l’ensemble du territoire, représentant la plus fiable des sources d’information.
Ces relais « civils » de la Monuc, s’ajoutant à sa logistique, sont également très utiles aux innombrables organisations internationales déployées au Congo qui multiplient enquêtes, rapports et mises en garde. Cet aspect de la « tutelle » internationale agace souvent les autorités et d’aucuns assurent que si le pouvoir souhaite que la Monuc plie bagages c’est aussi afin de réduire le nombre d’observateurs extérieurs. Par ailleurs, même si les infrastructures sont en train d’être reconstruites, il paraît difficile, en l’état actuel du pays, d’organiser les élections prévues pour 2011 en se passant de la logistique et de l’appui onusien. C’est pourquoi bon nombre d’organisations, comme Eurac (réseau européen pour l’Afrique centrale) plaident en faveur du maintien de la Monuc tandis que le gouvernement invoque sa souveraineté…
Le Ministre belge des Affaires étrangères Steven Vanackere a pour sa part préconisé une autre solution qu’un simple calendrier de retrait : il souhaite que le retrait graduel soit lié moins à des dates qu’à la réalisation d’objectifs. Parmi ceux ci figure évidemment le maintien de la paix, le renforcement des capacités de l’Etat, la protection des civils, la mise en place d’un état de droit. Ce point de vue, partagé par les Etats unis, rejoint celui du secrétaire général de l’ONU, qui craint un retrait précipité. Alors que les autorités congolaises estiment que, d’ici un an, l’armée gouvernementale devrait être à même d’assumer ses responsabilités et de maintenir la paix, la communauté internationale, après dix années de présence, estime, comme M. Vanackere, que le Congo aura encore besoin des efforts de l’ONU pendant quelques années. A quel moment le blessé peut-il être considéré comme guéri de ses fractures et à l’abri de nouvelles rechutes? Pour le savoir, il faut retirer le plâtre, mais une telle décision est difficile à prendre…
lundi 17 mai 2010
MONUC: quand retirer le plâtre?
dimanche 16 mai 2010
RDC : Pas de départ précipé pour la MONUC
28 délégués du Conseil de sécurité de l'ONU sont en République démocratique du Congo (RDC) pour essayer de convaincre le gouvernement congolais d'un retrait progressif de ses casques bleus. Kinshasa souhaiterait un départ rapide des 20 000 soldats de la paix et ce, avant les festivités du cinquantième anniversaire de l'indépendance du Congo le 30 juin. Alors que le Kivu, l'Ituri et l'Equateur sont toujours le théâtre de violents affrontements, le départ précipité des troupes de la MONUC risquerait de relancer les combats moins d'un an avant les élections présidentielles.
Les diplomates de l'ONU doivent rencontrer le Premier ministre Adolphe Muzito et les dirigeants parlementaires avant de gagner Inga, à 350 km de Kinshasa pour des entretiens avec le président Kabila. Le mandat de la MONUC prendra fin au mois de mai 2010. Séraphin Ngwej, conseiller diplomatique de Kabila, a toutefois déclaré à Reuters que 2011 était "une date limite raisonnable" pour le retrait de la mission. Pour l'instant l'ONU propose de retirer 2 000 soldats de RDC d'ici le 30 juin. Si ce retrait partiel est approuvé par le Conseil de sécurité et les autorités congolaises, il sera alors suivi d'un "désengagement progressif basé sur l'évolution du risque de sécurité que connaît le pays" selon un diplomate français. Les casques bleus assurent un appui logistique et participent quelquefois aux combats aux côtés d'une armée nationale fragile, qui peine à contenir une série de groupes rebelles locaux et étrangers. Un prêtre du Sud-Kivu, cité par l'AFP "suggère que la MONUC restent encore deux ans, car il faut qu'ils soient là pour les élections", précise le père Albert, prêtre catholique en mission à Mwenga.
mardi 11 mai 2010
Les pirates somaliens seraient tous morts
Les pirates somaliens arrêtés par la Marine russe dans le Golfe d'Aden et relâchés en fin de semaine dernière sur un petit bateau en pleine mer auraient tous péri après avoir échoué à rejoindre les côtes, a indiqué mardi une source au ministère russe de la Défense.
La Russie avait annoncé vendredi avoir relâché les 10 pirates somaliens capturés la veille dans l'assaut lancé par un de ses navires pour reprendre le contrôle du pétrolier russe Université de Moscou, déplorant les "imperfections de la législation internationale" n'ayant pas permis de retenir les suspects. "Selon les dernières informations, les pirates qui ont capturé le pétrolier russe Université de Moscou dans le Golfe d'Aden n'ont pas pu rejoindre les côtes. Ils sont semble-t-il tous morts", a précisé la source citée par les agences russes. La Marine russe les a abandonnés à quelque 300 miles nautiques (environ 550 km) des côtes sur un petit bateau à bord duquel ils étaient arrivés, après avoir préalablement confisqué les armes, les équipements d'abordage et de navigation, a ajouté cette source citée par Interfax. Au bout d'une heure, le bateau a disparu des écrans radars. Aux yeux d'un défenseur des droits de l'Homme non identifié cité par le quotidien russe Kommersant, "il aurait été plus humain de les pendre à un bout de vergue". D'un autre avis, l'ambassadeur de Somalie à Moscou, Mohammed Handule, ne voit rien à reprocher à la Russie.
Comme quoi le crime ne paie pas et ne reste pas impuni !!
vendredi 7 mai 2010
RDC : Nkunda peut-il être libéré le 11 mai ?
L'ex-rebelle congolais Laurent Nkunda, détenu depuis plus d'un an au Rwanda, doit être fixé sur son sort le 11 mai prochain. Le Tribunal militaire de Kigali doit en effet examiner une demande de remise en liberté de l'ex-chef tutsi. Au coeur d'une bataille juridique complexe, l'avenir de Laurent Nkunda est suspendu aux difficiles relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC). Seul fait nouveau : l'ancien chef d'Etat-major rwandais, James Kabarebe est maintenant ministre de la défense de son pays. Il a lui-même arrêté l'ex-général Nkunda après un brusque renversement d'alliance en janvier 2009.
Pour la défense de Laurent Nkunda l'ancien chef d'état-major des armées rwandaises, le général James Kabarebe, est responsable de l'arrestation et de la mise en détention illégales de l'ancien leader du CNDP congolais. Le 26 mars, la Cour suprême du Rwanda, s'était pourtant déclarée incompétente et avait renvoyé l'affaire devant la justice militaire. La RDC voisine, nouveau partenaire de Kigali, demande son extradition, mais le Rwanda n'a pas réellement intérêt à laisser partir son ancien allié, détenteur de nombreuses informations sur le soutien du Rwanda aux rebelles tutsis du CNDP. Le Rwanda avait également obtenu, en échange de l'arrestation de Laurent Nkunda, la chasse des rebelles hutus des FDLR pour la République démocratrique du Congo. Laurent Nkunda peut-il être libéré le 11 mai ? Certainement pas, les deux protagonistes n'ont pas intérêt à voir sortir l'ex-rebelle congolais... Nkunda en prison arrange tout le monde, Kigali comme Kinshasa. Reste à trouver un tour de passe-passe juridique pour maintenir Nkunda au frais et résoudre l'imbroglio judiciaire qui entoure la légalité de sa détention.
jeudi 6 mai 2010
RDC : Fiasco de l'opération PAREC au Nord-Kivu
Les bonnes intentions ne sont pas toujours récompensées. Si l'opération PAREC a permis de recueillir quelques bombes, mortiers et une centaine d'armes à Goma, la collecte d'armes du pasteur Ngoy Mulunda, "Arme contre 50 $", a été un échec à Kitchanga selon lesafriques.com.
Dans la région de Kitchanga, zone d'insécurité et fief du CNDP, la récolte a été plutôt maigre : seules 48 armes ont été récupérées, malgré la présence sur place de Charles Mwando Simba, le ministre de la Défense nationale congolais. Toujours selon le site lesafriques.com : "la zone de Kitchanga est pourtant réputée pour abriter de nombreuses caches d'armes et être le berceau de l'insécurité pour les populations congolaises du Nord-Kivu. Dans cette zone, les Hunde n'ont pas d'armes, mais les Hutus en ont reçu d'Habyarimana, et les Tutsi de Kagame. L'arme y a la valeur d'une vache (300 $)". Plusieurs raisons expliquent le peu de succès de l'opération PAREC : la faible somme donnée en compensation, l'insécurité permanente dans l'Est de la RDC et la présence active de nombreuses milices au Nord-Kivu.
mercredi 5 mai 2010
LRA : Menace sur la RDC ?
En février dernier, une centaine de personnes ont été tués par les rebelles ougandais de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) dans les districts du Haut Uélé et du Bas Uélé. Cette province orientale de République démocratique du Congo (RDC) est la proie des milices du rebelle Joseph Kony, en lutte contre le pouvoir de Kampala. Depuis maintenant plusieurs mois, la LRA est devenue un problème régional : Ouganda, RDC, RCA et Soudan sont désormais menacés par ce groupe que rien ne paraît arrêter. Même l'aide américaine semble impuissante.
Dernièrement, le secrétaire général adjoint de l’ONU, John Holmes, a fortement condamné la violence perpétrée par les rebelles ougandais de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) en République démocratique du Congo(RDC). Pour John Holmes, "la LRA ne cesse de commettre des atrocités abominables à l’encontre des habitants de ces deux districts qui sont maintenant déplacés sans espoir de rentrer chez eux dans un futur proche".
Populations menacées
Outre la RDC, la LRA a mené des attaques contre les civils au Sud-Soudan et en République Centrafricaine (RCA) après avoir été chassé du nord de l’Ouganda il y a quelques années. Selon l'ONU, sept entités des Nations Unies et 23 ONG mènent des activités humanitaires dans ces districts qui accueillent au moins 320.000 personnes déplacées par la violence exercée par la LRA. Les acteurs sont en mesure de fournir une aide à 65% de la population déplacée, mais ils rencontrent des obstacles au quotidien en raison de l’insécurité persistante et de l’inaccessibilité de nombreuses personnes déplacées, dans une ré gion où le réseau routier est quasiment inexistant.
Human Rights Watch a rapporté le mois dernier que la LRA avait tué 321 personnes en décembre, lors d'un massacre dans la région qui n'avait pas été signalé jusque-là. Le gouvernement congolais a initialement démenti l'existence de ce massacre, mais un fonctionnaire a depuis confirmé la tuerie tout en avançant un bilan moins élevé, de 188 morts. A Nyangara, John Holmes a rendu visite a une femme de 23 ans soignée après avoir eu les lèvres et les oreilles arrachées par les rebelles qui tentent de s'assurer le silence de populations en les terrorisant.
Les pays touchées par les violence de la LRA possèdent des forces de sécurité nationales trop faibles pour protéger leur populations, l’armée ougandaise, bénéficiant du soutien américain, est exclusivement orientée vers la traque de Joseph Kony, le chef de la LRA. En RDC, où l'armée congolaise doit faire face à plusieurs fronts, Kivu, Ituri, Equateur, est particulièrement inopérante face aux rebelles ougandais. Pour l'heure la rébellion ougandaise n'a pas encore trouvé "d'alliés congolais" sur le territoire... mais la menace plane.
Un Belge au piège des magouilles africaines ou victime… de son imagination
Manipulateur doué ou victime naîve d’un piège savamment tendu? C’est le 31 mars que Filip Saks s’est présenté dans les locaux du « Soir ». Il se disait traqué, menacé, depuis, disait-il qu’il avait refusé d’aller plus loin avec des Africains avec lesquels il était en « relations d’affaires ». Les noms cités par cet homme qui se disait introduit dans les milieux diamantaires d’Anvers étaient de nature à faire réfléchir : outre Bula Mandungu, un citoyen de Waterloo d’origine congolaise qui s’était présenté à lui comme le fils d’un ancien gouverneur de province du temps de Mobutu, Saks donnait force précisions sur les relations qu’il avait entretenues avec Fabien Singaye et avec Jean-Luc Habyarimana, fils de l’ancien président du Rwanda, ainsi que d’autres Africains originaires du Tchad ou du Gabon et portant curieusement des noms…à consonnance rwandaise…ccuse
Fabien Singaye est une figure connue de la « Françafrique » : au début des années 90, deuxième secrétaire à l’ambassade du Rwanda en Suisse, ce beau fils de Félicizen Kabuga, l’un des financiers du génocide, fut déclaré persona non grata car il espionnait des opposants rwandais pour le compte du régime. Installé en France, selon une enquête menée par la revue XXI, il travailla avec le capitaine Paul Barril, servit d’interprète au juge Bruguière et de « facilitateur » en République démocratique du Congo pour la société française Areva, maîtresse de l’uranium africain. Pour confirmer ses dires et ses relations, Saks nous montra une carte de visite de Singaye, le présentant comme le conseiller spécial du président de Centrafrique François Bozizé.
Durant de nombreux mois, Filip Saks fut en contact avec ce groupe d’Africains. Leurs intérêts, assure-t-il, convergeaient : ils avaient besoin de lui pour des tractations financières et lui-même, doté d’un passeport diplomatique de la République démocratique du Congo qui lui avait été délivré par l’intermédiaire de Mandungu, souhaitait, disait-il, créer en Afrique une fondation humanitaire portant le nom de Josephine Baker ! Quant aux Africains, il apparut bien vite que leurs collectes de fonds, leurs opérations financières, avaient aussi une finalité politique : se vantant de pouvoir compter sur de très nombreux partisans, ils assuraient récolter des sommes importantes, ventilées auprès des différents membres de la famille Habyarimana et ils n’auraient pas caché au Belge leur intention de renverser le régime du président Kagame à Kigali sinon celui de Joseph Kabila! A la lumière des derniers évènements au Rwanda (attaques à la grenade, arrestations) et au Congo (attaques dans la région de l’Equateur, auxquelles participaient des anciens de la Division spéciale présidentielle de Mobutu) les confidences que Saks assurait avoir recueillies étaient pour le moins prémonitoires.
Litige à propos d’une pierre particulièrement rare (un topaze blanc de 600 carats) ou désaccord d’ordre politique ? Filip Saks assure qu’ayant eu vent d’un « contrat » sur la tête de Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères et artisan de la réconciliation entre Paris et Kigali, il aurait précipité la rupture avec ses partenaires africains, ne pouvant acceter d’être impliqué dans des projets criminels !
Lorsque nous l’avons rencontré, Filip Saks, proclamant qu’il en savait trop, craignait pour sa vie. Le lendemain, à la suite d’une plainte déposée par Bula Mandungu, six policiers du Brabant wallon vinrent se saisir de lui à Anvers et l’emmenèrent à la prison de Nivelles. Détenu depuis un mois, il crie à la manipulation, assurant que ses adversaires, pour le réduire au silence, lui ont tendu un piège. Ses deux co-inculpés ayant déjà été libérés, il lui reste à convaincre les enquêteurs et à apporter la preuve de la véracité de ses propos…
Du côté de ses adversaires, la version est radicalement opposée: Bula Mangungu accuse le Belge d’avoir envoyé à son domicile d’étranges “recouvreurs de dettes”, deux ressortissants marocains bien connus de la justice qui l’auraient menacé. Ces deux individus ont été considérés par les enquêteurs comme de simples exécutants.
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