samedi 16 octobre 2010

Congo: l'armée maltraite des civils, dénonce l'ONU

NEW YORK, États-Unis - Les troupes gouvernementales de la République démocratique du Congo violent, tuent et pillent les biens des civils dans l'est du pays, dans la même région où des milices ont perpétré des viols collectifs il y a deux mois, a déclaré jeudi l'envoyée spéciale des Nations unies dans le pays.
Margot Wallstrom, responsable des initiatives de l'ONU visant à combattre les violences sexuelles dans le conflit, a déclaré au Conseil de sécurité que les casques bleus avaient reçu des informations au sujet de viols, de meurtres et de pillages par des membres de l'armée congolaise.
La possibilité que les mêmes communautés qui ont été brutalisées en juillet et en août par les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et les milices Maï-Maï soient désormais maltraitées par les troupes gouvernementales est «inimaginable et inacceptable», a affirmé Mme Wallstrom.
Après les viols collectifs de l'été, le président congolais Joseph Kabila a décrété un moratoire sur les activités minières dans la région et a envoyé sur place des milliers de soldats pour réaffirmer le contrôle du gouvernement.
Mme Wallstrom s'est dite extrêmement préoccupée par les opérations militaires en cours dans la région de Walikale et par leurs conséquences possibles sur la protection des civils.
Elle a exhorté le gouvernement congolais à enquêter sur ces allégations et à déployer la police nationale dans la région pour protéger les civils et les enquêteurs. Elle a ajouté avoir demandé à la force de maintien de la paix de l'ONU de surveiller la situation et de faire un rapport quotidien sur les viols et les autres violences sexuelles dans la région.
Mme Wallstrom a aussi appelé les Nations unies à imposer des sanctions contre un commandant rebelle rwandais qui serait impliqué dans les viols collectifs commis sur plus de 300 personnes dans l'est du Congo.
Elle a proposé de fournir au Conseil des preuves montrant que le «lieutenant-colonel» Serafim, des FDLR, était l'un des commandants présents lors des viols collectifs qui ont eu lieu entre le 30 juillet et le 2 août dans la région de Walikale.
Selon les Nations unies, 303 civils - 235 femmes, 13 hommes, 52 filles et 3 garçons - ont été violés dans 13 villages.
Mme Wallstrom a estimé que les viols collectifs dans la région montraient qu'il existe un lien entre l'exploitation illégale des ressources naturelles par des groupes armés et les violences sexuelles.
En conséquence, a-t-elle dit, ces viols devraient faire l'objet d'une enquête «sous l'angle de la compétition des intérêts miniers en tant que cause profonde du conflit et des violences sexuelles».
Elle a encouragé les pays d'Europe et d'ailleurs à promulguer des lois exigeant des entreprises qu'elles révèlent si leurs produits contiennent des minéraux du Congo.