lundi 16 février 2009

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Opérations conjointes militaires - RD Congo-Rwanda-Ouganda : le compte à rebours a commencé

Source: Le Potentiel

Date: 09 Feb 2009

Par Le Potentiel

Des jours décisifs dans le cadre des opérations conjointes militaires, entre d'une part, la RDC, l'Ouganda et le Sud Soudan, et de l'autre, la RDC et le Rwanda. Quatre jours pour l'Ouganda, dix-huit pratiquement en ce qui concerne le Rwanda. L'heure est donc à l'évaluation pour tirer toutes les conclusions. Mieux, pour respecter les échéances du retrait des troupes invitées par le gouvernement de la RDC. Et à ce dernier de tenir ses engagements vis-à-vis du peuple congolais. Les trois, les gouvernements congolais, rwandais et ougandais vis-à-vis de la Communauté internationale. Effectivement, le compte à rebours a commencé.

C'est le 14 février que l'armée ougandaise doit en principe quitter le territoire congolais aux termes de l'accord conclu avec le gouvernement de Kinshasa pour neutraliser les éléments armés de l'armées de résistance du seigneur, la LRA. Une opération conjointe militaire qui a connu également la participation du Sud-Soudan.

L'on ne doute pas que dans les jours à venir, les représentants des trois pays fassent le point de la situation et tirer les leçons de cette opération militaire conjointe. Plus que cinq jours pour fixer tant les populations congolaise, ougandaise et soudanaise. Au-delà, la communauté internationale qui suit cette situation de très près.

La deuxième opération militaire conjointe est celle qui concerne la RDC et le Rwanda en vue de traquer et de neutraliser les éléments des FDLR, particulièrement « le noyau dur » qui refuse la démobilisation et le désarmement volontaire. Si l'on s'en tient au point de presse du Président de la République, fin février au plus tard, les troupes rwandaises devront quitter le territoire congolais.

A ce niveau également, les deux pays ont l'obligation morale et politique de faire l'état des lieux en vue de fixer les populations congolaise, rwandaise ainsi que la Communauté internationale du résultat de cette mission militaire. A la date de ce mardi 10 février, il ne reste plus que 18 jours.

Interrogations sur les objectifs

Au regard de ces échéances, les questions que l'on se pose sont celles de savoir si les objectifs de ces opérations militaires conjointes ont été atteints ( ?) Si oui, que fera-t-on après ? Sinon qu'adviendra-t-il ?

Le premier objectif est de voir le retour de la paix tant dans la province Orientale, précisément au Haut-Uélé, être effectif. Ensuite, dans les deux Kivu.

Sur ce point, il est difficile d'y réserver une réponse précise. Certes, à en croire les premiers éléments militaires, les bases d'opération de la LRA ont été touchées, détruites. Mais ce groupe armé n'a pas du tout perdu de sa capacité de nuisance. Pour preuve, la LRA a tué un millier de personnes depuis le déclenchement de cette opération et occasionné le déplacement de des centaines de milliers des populations civiles. Combien de rebelles ougandais ont-ils été tués ?

A dire vrai, la sécurité n'est pas encore chose acquise. Pour preuve, dans la nuit de samedi à dimanche, la LRA a encore tué à Faradje, enlevé plusieurs personnes avant de piller et d'incendier des maisons.

Au plan strictement militaire, l'armée ougandaise n'a pas réussi à décapiter la LRA. Joseph Kony est insaisissable et continue à courir. Il est toujours capable des hauts faits criminels et de destruction méchante. Sauf erreur d'appréciation, l'objectif militaire n'a pas été atteint. En plus, au plan politique, la pression militaire n'est pas parvenue à contraindre Joseph Kony à signer l'accord de paix. Enfin, au plan judiciaire, ni les tribunaux ougandais, moins encore la CPI ne peuvent prétendre juger Joseph Kony dans les tout prochains jours.

De leur côté, les FDLR continuent à « dribbler » la coalition congolo-rwandaise et enlever toute la substance à cette coalition. Certes, il y a eu des tués, des prisonniers ainsi que des rapatriés. Mais jusqu'à ce jour, aucun affrontement de grande envergure. Comme pour dire que les FDLR n'ont pas été délogés ni neutralisés et que l'on aurait peur d'elles. On laisse entendre que les rebelles rwandais continuent à s'enfoncer à l'intérieur du Congo en direction du Maniema et du Sud-Kivu.

A ce stade également, l'objectif militaire n'est pas atteint pour autant que le « noyau dur » demeure actif. Au plan politique, il n'y a pas eu un accord de rapatriement. Moins encore la promesse de la tenue d'un dialogue inter-rwandais. Si les choses demeuraient inchangées, l'opération militaire conjointe congolo-rwandaise aura été un échec, car les populations congolaises risquent d'en faire les frais.

D'où la question fondamentale est celle de savoir si ces objectifs étaient les vrais ou ils en cachaient d'autres. Comme lors de toute opération militaire et lorsqu'elle touche à sa fin, à l'image de ce qui se passe sous d'autres cieux, les gouvernements congolais, rwandais et ougandais doivent des explications à leurs populations respectives. Par voie de conséquence, dévoiler le contenu de ces accords par souci de transparence pour que les résultats, positifs ou négatifs soient appréciés à leur juste valeur afin de tirer toutes les conséquences qui s'imposent.

Communauté internationale : Ponce Pilate

Evidemment, l'appréciation tant attendue de ces opérations militaires conjointes sera faite par la Communauté internationale. Si elle n'est pas complice pour laisser faire et laisser agir avant de reprendre la situation en mains, reconnaissons tout de même qu'elle joue merveilleusement bien son rôle de Ponce Pilate.

Par la bouche du Représentant spécial du secrétaire général de l'Onu, responsable de la Monuc, l'Onu se lave les mains. Elle n'a pas été associée à la planification de ces opérations militaires. C'est dire qu'on ne peut en aucun cas lui tenir rigueur. La responsabilité morale, politique et militaire de l'échec ou du succès incombe aux « Etats souverains » que sont le Rwanda, le Congo-Kinshasa, l'Ouganda et le Soudan via le Sud-Soudan.

Mais déjà le Rwanda a tenu à rejeter cette attitude de Ponce Pilate affichée par la Monuc. Dernièrement à Rabuba, lors de la réunion entre les ministres des Affaire étrangères de deux pays, la ministre rwandaise, Rose -Marie Musemamali a glissé cette incisive : « La Monuc a l'obligation de s'impliquer et d'apporter son soutien logistique aux FARDC. Car après le retrait des troupes rwandaises à la date convenue, les FARDC devront continuer à traquer les FDLR ». Auparavant, elle avait fait cette remarque pertinente : « la relocalisation des FDLR ne sera ni en faveur du Rwanda ni de la RDC ».

Cela voudrait tout simplement dire que si la Monuc ou l'Onu, ne sont pas capables de continuer à soutenir les FARDC pour traquer et neutraliser les FDLR, le Rwanda en tirera toutes les conséquences. Qui ne dit pas que le RCD et le CNDP pourraient devenir des nébuleuses ? Une façon de faire observer que l'accord signé comporterait peut-être des clauses susceptibles d'ouvrir d'autres opportunités complexes.

Au demeurant, à partir de ce mardi 10 février, le compte à rebours a bel et bien commencé. Nous entrons dans la phase cruciale de ces opérations conjointes militaires, RDC-Ouganda-Soudan-Rwanda. Puisqu'elles se déroulent au Congo sur invitation du gouvernement de la République démocratique du Congo, aucune hypothèse découlant des résultats de ces opérations ne peut être sous-estimée tant sur le plan national, régional qu'international dans ses aspects politique, juridique et militaire.

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