lundi 16 février 2009

RWANDA

 

Bientôt le CNDP dans le gouvernement : Vive Kagame!
(Congolite 13/02/2009)
Bientôt le CNDP dans le gouvernement.
Une tradition est en train de s'établir comme mode de conquête du pouvoir ou d'y accéder, qui n'a rien à voir avec les principes de la démocratie. C'est la rébellion armée dont les partisans et les instigateurs se parent des titres divers de " libérateurs ", de " réformistes ", de " restaurateurs de la démocratie " . Ils font table rase des institutions en place dont ils vouent les animateurs aux gémonies. Le coup d'Etat militaire de 1965, bien que sans effusion de sang, inaugure ce mode d'accession au pouvoir qui prit une autre tournure en 1997, pour faire école et prendre plus d'ampleur en 1998. Le RCD et ses ramifications de scissiparité occupant le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Maniema et la Province Orientale, ainsi que le MLC dans l'Equateur. C'était l'époque d'éclosion des seigneurs de la guerre qui, en 2003, consacrèrent ce mode de conquête du pouvoir par la rébellion. Cette perversion de la démocratie a engendré l'expression des " primes d'encouragement à la guerre ". Les élections organisées à l'issue de la transition et l'installation de nouvelles institutions démocratiquement élues avec leurs animateurs n'ont
pas rendu tout à fait caduc ce mode de partage du pouvoir en RDC.
L'allégeance du CNDP aux institutions du pays et l'intégration de ses éléments dans les FARDC n'auraient été pour ces rebelles que les travaux d'approche pour mieux se faufiler dans les arcanes du pouvoir. A peine ont-il converti leurs structures rebelles en parti politique, ils ont diffusé une déclaration de principe dans laquelle ils proclament leur allégeance et suggèrent la création d'un " Ministère de la sécurité intérieur, des Affaires communautaires et de la Réconciliation. Il est sous-entendu que ce Département ministériel doit être occupé par quelqu'un du CNDP. L'homme qui s'érige en porte-étendard du CNDP en remplacement de Laurent Nkunda et qui s'estime pressenti pour être nommé à ce poste est un certain Désiré Kinzama , que des recherches fouillées identifient comme un personnage double, qui se fait passer pour Congolais au Congo et Rwandais au Rwanda.
Au Conseil de cabinet, le Gouvernement s'est réjoui de la conversion des rebelles du CNDP et a déclaré que leur suggestion de création d'un Ministère de la sécurité intérieure, des Affaires communautaires et de la Réconciliation serait examinée par les instances compétentes. Tout laisse croire qu'au niveau des instances compétentes, la suggestion passerait comme une lettre à la poste, ce qui donnerait lieu au replâtrage ministériel pour y admettre des représentants du CNDP? Ce serait le couronnement du noyautage de l'armée et du gouvernement, structures stratégiques du pays. Tout se fait avec une facilité étonnante comme s'il s'agissait d'un programme conformé à un accord conclu discrètement à l'amiable.
Le CNDP ne pouvait pas proposer la création de ce poste ministériel pour être occupé par quelqu'un qui ne serait pas un de ses hommes. Pourquoi ce ministère doit être un nouveau Département dont les attributions sont " la Sécurité intérieure, les Affaires communautaires et la Réconciliation?" Il s'agit de quelle sécurité intérieure, de quelles communautés et de quelle catégorie de gens à réconcilier? Ne sous-entend-on pas la sécurité de Banyamulenge et leur communauté vis-à-vis des autres Congolais? L'idée venant du CNDP, ces hypothèses ne sont pas tout à fait fausses. Y a-t-il des actes autres du CNDP qui justifieraient cette ambition que sa rébellion? Des visées ambitieuses. Cette rébellion particulièrement sanglante et destructrice, qui semait des hécatombes et des dévastations sur son passage jusqu'à la veille de son allégeance aux institutions légalement établies. Que de milliers de morts et de personnes déplacées! Que des maisons incendiées et de biens pillés! Après tout, on efface d'un trait de plume la ruine et la mort. On devient partisan de la sécurité intérieure, de l'harmonisation des rapports communautaires et de la réconciliation. Il y a de quoi être bouleversé que le CNDP ait trouvé son chemin de Damas comme Saint Paul, pour recevoir le bon Dieu sans confession!
L'arrivée des fantassins rwandais au Kivu avec le consentement de certaines hautes sphères officielles, la conversion apparente du CNDP et l'intégration de ses éléments dans l'armée, des visées ambitieuses d'entrer dans le gouvernement. Tout un programme dont l'exécution se fait comme sur des roulettes. L'opinion observe tout cela, mais stupéfaite. La rébellion devient un mode consacré d'accéder au pouvoir ou de le partager en RDC. Les combattants non-violents de la démocratie sont-ils les disciples en retard de Mahtma Gandhi? Le pouvoir ne s'est-il pas fait piéger en cautionnant tous ces épisodes dont le soubassement est l'accord conclu avec le Rwanda? Et à supposer que les choses se compliquent et tournent au vinaigre, comment la RDC pourrait-elle s'en sortir à bon compte, sans revivre les tribulations qu'elle avait vécues en 1998?
Les " Libérateurs " paraissaient vivre tellement en symbiose que nul ne pouvait songer à un renversement déchirant des alliances, ayant laissé un règlement de comptes douloureux qui n'est jamais soldé entre Kinshasa et Kigali. Le rapprochement apprenant risque d'ajouter davantage à ce contentieux. Surtout que le CNDP se montre empressé à raffermir la tradition en prenant sa rébellion pour tremplin de partage du pouvoir dans l'armée et dans le gouvernement. Mais le CNDP ne travaille pas pour son propre compte. Il constitue le poste avancé du Rwanda en RDC. Sa mission est la même que celle qui était assignée à certains bonzes de l'Afdl entrés plus tard en dissidence, et qu'ils seraient continuée dans le RCD.
Jean N'Saka wa N'Saka, Journaliste indépendant
Le Phare, 11 février 2009

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