vendredi 31 octobre 2008

RDC: la rébellion respecte la trêve, l'UE étudie une mission militaire - Monde - MSN - Actualités

 

RDC: la rébellion respecte la trêve, l'UE étudie une mission militaire

Un soldat congolais marche devant un groupe de personnes déplacées, à Goma le 30 octobre 2008

La rébellion congolaise qui a pris le dessus sur les troupes de Kinshasa dans l'est de la République démocratique du Congo a proposé jeudi de sécuriser les déplacements des civils chassés par les combats, et l'Europe étudie l'envoi d'une mission militaire humanitaire.

Goma, capitale de la province du Nord-Kivu et objectif du chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda, est restée paralysée jeudi, avec ses rues vides et ses commerces clos. Des habitants ont continué à fuir la ville.

Au lendemain du cessez-le-feu décrété par la rébellion, la situation dans cette région où les affrontements ont repris fin août était considérée comme "stable" par la Mission de l'ONU en RDC (Monuc).

En revanche, la situation humanitaire est "catastrophique", selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), et l'Unicef redoute des épidémies.

Des dizaines de milliers de déplacés sont pris entre les lignes de feu, aux portes de Goma, et Laurent Nkunda - chef du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) - a proposé à la Monuc "l'ouverture de couloirs humanitaires d'urgence" pour permettre aux déplacés de rentrer chez eux.

Les habitants de Goma redoutaient de nouvelles violences à la faveur de la nuit. Dans une maison du quartier de Katindo, un journaliste de l'AFP a vu sept cadavres de civils tués la nuit précédente, selon les habitants, par des militaires gouvernementaux en débandade.

"Pour l'instant, le cessez-le-feu décidé par le CNDP est respecté par toutes les parties", a indiqué le chef des opérations militaires de la Monuc, le colonel Samba Tall.

Nkunda, général déchu de l'armée congolaise, a néanmoins prévenu que les Casques bleus ne pourraient pas "l'empêcher" de prendre Goma.

L'Union européenne (UE) a annoncé qu'elle étudiait l'envoi d'une mission militaire et que des pays membres étaient prêts à mettre à disposition des avions pour acheminer de l'aide humanitaire, "priorité numéro un" des Vingt-Sept.

La France a évoqué "une assistance aux populations civiles", sous la forme d'un contingent de 400 à 1.500 militaires en soutien "technique et humanitaire" à la Monuc. Une réunion du Comité politique et de sécurité de l'UE est prévue vendredi.

Le chef rebelle a jugé l'envoi d'une force européenne inutile, mais ne s'y est pas opposé à condition qu'elle vienne "appuyer la paix".

Paris a toutefois souligné que la solution à la crise au Kivu, déjà berceau des rébellions qui ont entraîné l'ex-Zaïre dans les guerres dévastatrices de 1996-1997 et 1998-2003, était "politique".

A Kinshasa, les députés congolais ont d'ailleurs réclamé à l'unanimité jeudi l'ouverture par le gouvernement d'un dialogue direct avec la rébellion et l'abandon de l'option militaire.

Nkunda affirme vouloir défendre les Tutsis congolais victimes, selon lui, d'exactions. Il accuse l'armée régulière d'utiliser comme supplétifs les rebelles hutus rwandais hostiles au régime de Kigali et installés dans l'est de la RDC, dont certains sont accusés d'avoir participé au génocide de 1994 au Rwanda essentiellement dirigé contre la minorité tutsie.

De son côté, Kinshasa accuse le pouvoir rwandais, dominé par les Tutsis, de soutenir les rebelles de Laurent Nkunda, ce que Kigali dément.

Le commissaire européen au Développement Louis Michel a affirmé qu'il ne croyait "pas à l'option militaire". Après avoir rencontré le président congolais Joseph Kabila à Kinshasa, il a appelé la communauté internationale "à bouger (...) pour trouver des solutions".

Alors que la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a téléphoné au président rwandais Paul Kagame, son adjointe aux Affaires africaines, Jendayi Frazer, a insisté dans la capitale congolaise sur l'instauration d'un dialogue permanent entre Kigali et Kinshasa "pour que la paix revienne".

Elle a annoncé l'envoi d'une équipe "de réaction rapide" pour évaluer les besoins des déplacés, avant de se rendre, comme Louis Michel, à Kigali.

La ministre rwandaise des Affaires étrangères, Rosemary Museminali, a également été reçue par M. Kabila, alors que les deux pays s'accusent mutuellement d'avoir bombardé leurs territoires.

Comme lors des deux précédentes guerres du Congo, ce conflit encore local n'est pas à l'abri d'une régionalisation. Selon une source diplomatique, Kinshasa pourrait demander "l'intervention" de l'Angola.

RDC: la rébellion respecte la trêve, l'UE étudie une mission militaire - Monde - MSN - Actualités

jeudi 30 octobre 2008

LES FORCES EN PRESENCES A GOMA

 

mercredi 29 octobre 2008, 21:32:02 | crigaudAccéder à l’article complet

Depuis fin août 2008, l'Est de la République démocratique du Congo semble voir renaître ses anciens démons. 10 années de guerre après le génocide du Rwanda voisin, le renversement de Mobutu, les guerres de Laurent Kabiia et maintenant la rebellion de Laurent Nkunda. 10 ans d'une guerre oubliée et plus de 3,5 millions de morts... le conflit le plus meutrier depuis la deuxième guerre mondiale, dans l'indifférence générale. Voici les différents acteurs du conflit du Kivu.

baa7ff61cdef69a4764d5e5fd60d021b.jpgL'armée régulière congolaise (FARDC)

L'armée congolaise est en cours de restructuration depuis 2004. Dans le cadre de cette réforme, dite de "brassage" des troupes, les anciens combattants, issus de différentes régions, ethnies et factions belligérantes, doivent être démobilisés. Ceux qui choisissent de rester dans l'armée sont formés avant d'intégrer de nouvelles unités, les autres devant recevoir une aide à la réinsertion à la vie civile. Depuis 2004, quelque 75.000 soldats ont été démobilisés, portant l'effectif théorique des forces à environ 135.000 hommes. Le gouvernement veut arriver à mettre en place une armée de 80.000 à 120.000 hommes. Les FARDC sont mal équipés, mal payés ou pas payés du tout... la motivation manque à l'armée congolaise pour se battre dans les meilleurs conditions.

Les rebelles tutsis de Laurent Nkunda (CNDP)

Les forces du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda sont estimés à 5.000 hommes par l'ONU. Le général déchu défie depuis des années le pouvoir de Kinshasa, qu'il accuse de discrimination contre la minorité tutsie en RDC. Nkunda a toujours démenti tout appui militaire de Kigali, bien que nombre de ses hommes portent un uniforme rwandais et soient équipés d'appareils de communication sophistiqués. Début octobre, il a annoncé que le CNDP se transformait en un mouvement de libération nationale. Nkunda, le tutsi, affirme se battre contre les hutus des FDLR, des ex-génocidaires rwandais. Pour l'ex-général rebelle, les milices hutus sont un danger permanent pour la minorité tutsi du Kivu.

Les rebelles hutus des FDLR

Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), mouvement politico-militaire, constituent le principal groupe de rebelles rwandais en RDC estimé à 6.000 combattants. Plus d'un millier de combattants FDLR ont été rapatriés volontairement au Rwanda depuis fin 2007. Ces rebelles sont accusés par Kigali d'avoir participé au génocide rwandais de 1994, qui a fait 800.000 morts selon l'ONU, essentiellement parmi la minorité tutsie. Ex-Armée pour la libération du Rwanda (ALIR), devenue FDLR, le mouvement a connu une série de scissions. Plusieurs chefs des FDLR figurent sur des listes de sanctions de l'ONU et le mouvement est considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis. Nkunda accuse les FARDC de continuer à soutenir les FDLR, qui ont combattu aux côtés des forces gouvernementales contre des rébellions appuyées par le Rwanda pendant la dernière guerre en RDC (1998-2003).

La Monuc, Mission de l'ONU au Congo

La Mission de l'ONU au Congo (Monuc), intervenue avec ses hélicoptères de combat pour stopper la progression du CNDP vers Goma (Nord-Kivu), est la plus importante opération de maintien de la paix de l'ONU dans le monde, avec 17.000 Casques bleus. La Monuc, qui a commencé à se déployer en 2001, se trouve en RDC avec un mandat sous chapitre 7 qui l'autorise à user de la force, notamment pour protéger les civils. Selon le chef de la Monuc, moins de 6.000 Casques bleus sont engagés contre la rébellion dans le Nord-Kivu.

Les patriotes résistants congolais

Enfin, des accrochages opposent les Maï-Maï des Patriotes résistants congolais (Pareco) du colonel Janvier, combattants de milices d'auto-défense issus de différentes ethnies locales, aux troupes du CNDP dans le Nord-Kivu.

Cessez-le-feu au Kivu : Goma ville fantôme

mercredi 29 octobre 2008, 21:02:13 | crigaudAccéder à l’article complet

Les rebelles de Laurent Nkunda restent aux portes de Goma, mais proclament un cessez-le-feu unilatéral. Le CNDP affirme vouloir ne pas "paniquer la population de la ville". La secrétaire d'Etat adjointe américaine aux Affaires africaines, Jendayi Frazer, a prévenu mercredi les rebelles congolais de Laurent Nkunda qu'ils "ne devraient pas entrer dans la ville de Goma".

84b7828aa2b3c9cbd794af44f70512e6.jpgLe commandant de la 8ème région militaire des forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) a lancé un appel pressant à ses soldats à "ne pas piller la capitale provinciale du Nord-Kivu", dans une déclaration à radio Okapi. "Des tirs sont entendus dans l'ouest de la ville, ce sont vraisemblablement des soldats qui pillent", a de son côté indiqué un habitant de Goma, sous couvert de l'anonymat. Beaucoup d'habitants de Goma, voyant s'enfuir les militaires face à la pression de la rébellion et arriver plus de 20 0000 déplacés par les combats aux portes de la ville, ont été saisis de panique mercredi après-midi, se retranchant dans leurs maisons ou quittant Goma.

Christophe RIGAUD (Reuters-RTBF)

Panique à Goma : L’armée quitte la ville

mercredi 29 octobre 2008, 17:13:41 | crigaudAccéder à l’article complet

Devant l’avancée des troupes du rebelle Laurent Nkunda, l’armée congolaise (FARDC) est en train de quitter la ville de Goma.

La capitale provinciale du Nord-Kivu est désormais abandonnée par ses habitants, poussés par les milliers de réfugiés en provenance des zones de combats. Selon des témoins, il n’y a plus aucun militaire congolais à Goma. Les forces congolaises semblent vouloir faire route sur Bukavu, au Sud du Kivu. Selon le gouverneur de la province, Julien Paluku, « les gens sont en débandades, c’est la panique complète ! ». L’arrivée de milliers de réfugiés créée une grande confusion dans la ville. Au moins 45 000 personnes ont quitté les zones de guerre du Nord-Kivu pour le camp de Kibati (à 10 km de Goma). La chute d’un obus sur le camp aujourd’hui a jeté sur les routes la majorité des réfugiés. La Monuc (ONU) se retrouve désormais seule face à l’avancée des rebelles. Le commandant des casques bleus demande urgemment des renforts.

Christophe RIGAUD

AFRIKARABIA

Congo-Kinshasa: cinq morts dans les combats de la nuit , Afrique - NouvelObs.com

 

Congo-Kinshasa: cinq morts dans les combats de la nuit

AP | 30.10.2008 | 09:23

Au moins cinq personnes ont été tuées au cours de la nuit de mercredi à jeudi alors que les forces rebelles ont poursuivi leur progression et se trouvaient dans les faubourgs de Goma, la capitale du Nord-Kivu située dans l'est du Congo-Kinshasa, a annoncé un commandant de l'armée congolaise.

Le colonel Jonas Padiri a précisé jeudi matin que ses hommes contrôlaient toujours Goma.

Selon des témoins, des soldats congolais se sont livrés au pillage de maisons et de boutiques dans la nuit. En pleine déroute, ces soldats à bord e voitures, de taxi ou encore à moto battaient en retraite rejoignant les dizaines de milliers de civils terrifiés qui fuyaient les zones de combat et l'avancée des troupes rebelles.

Le colonel Padiri n'a pas reconnu que ses soldats étaient responsables des morts de la nuit, se contentant de déclarer que cinq personnes avaient été tuées au cours de ce "siège".

Dans la journée, les rebelles avançant sur Goma avaient pourtant annoncé un cessez-le-feu unilatéral autour de la capitale du Nord-Kivu, où l'armée régulière était en déroute et la population en proie à la panique, après les violents combats de ces derniers jours.

A Paris, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a souhaité l'envoi d'une force européenne comprenant jusqu'à 1.500 hommes pour protéger la population, mais il a affirmé que plusieurs pays s'y opposaient.

A Kinshasa, les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) ont proclamé mercredi dans un communiqué "un cessez-le-feu unilatéral (...) dans la périphérie" de Goma. Le CNDP dit vouloir protéger la population du chef-lieu provincial, des autres communes et des camps de déplacés: "Le CNDP combat le pouvoir, mais défend le peuple", a assuré son porte-parole Bertrand Bisimwa.

Dans la nuit de mercredi à jeudi à New York, le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné à l'unanimité l'offensive du chef rebelle tutsi Laurent Nkunda et a "exigé l'arrêt de ses opérations". Toute attaque de civils est "totalement inacceptable", ont déclaré les 15 membres du Conseil, qui ont également demandé au Congo et au Rwanda de rétablir la stabilité dans la région.

L'intervention de la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUC) a mis en colère certains Congolais, qui ont jeté des pierres sur les forces de maintien de la paix à Goma cette semaine. AP

Congo-Kinshasa: cinq morts dans les combats de la nuit , Afrique - NouvelObs.com

mardi 28 octobre 2008

L'Onu prépare des évacuations dans l'est du Congo démocratique, actualité Monde : Le Point

 

L'Onu prépare des évacuations dans l'est du Congo démocratique

L'Onu prépare des évacuations dans l'est du Congo démocratique

Patrouille de casques bleus à Kibati, dans la province du Nord-Kivu. L'Onu s'apprête à évacuer une cinquantaine d'employés d'ONG menacés par la progression des forces rebelles de Laurent Nkunda dans l'est du Congo démocratique. /Photo prise le 28 octobre 2008/REUTERS

Des casques bleus se préparent à évacuer une cinquantaine d'employés d'ONG menacés dans l'est du Congo démocratique par la progression des forces rebelles de Laurent Nkunda.

Le personnel humanitaire concerné travaille dans les environs de Rutshuru, à une centaine de kilomètres au nord de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu. Mardi à l'aube, les rebelles tutsis se trouvaient à moins de dix kilomètres de cette localité.

Un porte-parole de l'agence onusienne de coordination de l'aide humanitaire (OCHA) a déclaré que le convoi était prêt pour l'évacuation. "Le convoi partira dans la journée", a-t-il ajouté.

Radio Okapi, qui bénéficie d'un programme de soutien de l'Onu, a signalé par ailleurs de nouveaux affrontements autour de Kibumba, à 20 km au nord de Goma, où de violents combats se sont produits lundi entre les forces rebelles et l'armée congolaise.

Rutshuru et Kibumba abritent des dizaines de milliers de réfugiés déplacés par des années de combats dans l'est de la République démocratique du Congo.

"A Rutshuru, les populations fuient vers le nord. Nous avons entendu parler d'une évacuation mais pour le moment, nous n'envisageons pas de partir", a dit Axelle de la Motte Saint-Pierre, numéro deux de la mission de Médecins sans frontières au Nord-Kivu.

"La panique est totale en ville. Les combats se déroulent désormais à cinq kilomètres environ de Rutshuru", a déclaré un responsable local, Dominique Bofondo, joint par téléphone.

Le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Nkunda accuse l'armée congolaise de collaborer avec les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), qui intègre des miliciens hutus et d'anciens soldats rwandais impliqués dans le génocide des Tutsis rwandais de 1994.

L'Onu prépare des évacuations dans l'est du Congo démocratique, actualité Monde : Le Point

Nord-Kivu: les combats se rapprochent de Goma - MSN Actualités - Actualité étrangère - actualités

 

Nord-Kivu: les combats se rapprochent de Goma

Des combats étaient signalés mardi matin à une vingtaine de kilomètres de Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu (est de la République démocratique du Congo). Cette situation a poussé des milliers de personnes à l'exode.

Les affrontements ont repris mardi matin entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et le Conseil national pour la Défense du Peuple (CNDP, le mouvement politico-militaire du Nkunda) à Rubare à près de 7 km de Rutshuru-centre, à Kalengera près de Tongo, à Rugari, à près de 30 Km de Rutshuru-centre et à Kibumba, à une vingtaine de kilomètres au nord de Goma, a indiqué la radio onusienne Okapi. Ces affrontements ont entraîné la fuite des habitants des localités de Rutshuru-Centre, Kiwanja et Rubaya, à près de 75 Km au nord de Goma, a ajouté Radio Okapi. La Mission de l'ONU en RDC (MONUC) a pour sa part indiqué que ses hélicoptères de combat ont, en appui aux opérations de l'armée nationale, tiré lundi "sur les positions du CNDP dans les environs de Kibumba", à une vingtaine de km au nord de Goma. (NLE)

Nord-Kivu: les combats se rapprochent de Goma - MSN Actualités - Actualité étrangère - actualités

lundi 27 octobre 2008

La Presse Canadienne: RDC: la MONUC attaque des rebelles pour protéger des civils

 

RDC: la MONUC attaque des rebelles pour protéger des civils

Il y a 1 heure

GOMA, Congo — Des soldats de la Mission des Nations unies au Congo (MONUC) ont utilisé lundi des hélicoptères de combat contre les rebelles dans l'est du Congo, essayant d'arrêter la progression des insurgés, alors que les troupes gouvernementales reculaient précipitamment et que des civils attaquaient des bâtiments de l'ONU pour demander une protection.

Selon Sylvie van den Wildenberg, porte-parole de la Mission de l'ONU, les soldats de la force de maintien de la paix ont tiré sur des forces rebelles à Kibumba, une ville située à une quarantaine de kilomètres au nord de Goma, la capitale provinciale.

Le général rebelle Laurent Nkunda a menacé de prendre le contrôle de Goma, la capitale de la province Nord-Kivu, au mépris des appels que lui avaient lancés le Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il respecte un cessez-le-feu signé en janvier sous l'égide des Nations unies.

C'est la deuxième fois cette année que des soldats de la MONUC tirent sur les rebelles dirigés par Laurent Nkunda.

Bertrand Bisimwa, porte-parole des rebelles, a confié à l'Associated Press que des combattants insurgés se trouvaient à une dizaine de kilomètres de Goma.

Des centaines de soldats à bord de chars, de jeeps ou à pied se sont retirés lundi de la ligne de front, dans ce qui semble être un recul des forces gouvernementales.

Plusieurs dizaines de milliers de civils ont également quitté leurs maisons en raison de l'avancée des rebelles. Des soldats empêchaient l'accès à Goma par le nord de la ville, craignant apparemment que des rebelles essayent de s'infiltrer parmi les civils déplacés.

Un peu plus tôt, des milliers de manifestants ont attaqué quatre bâtiments de la Mission des Nations unies au Congo, ont annoncé des responsables de la MONUC.

Les manifestants ont lancé des pierres par dessus le mur d'enceinte du siège de l'ONU à Goma, brisant des vitres et endommageant des voitures stationnées.

Selon un témoin, Emmanuel Kihombo, un soldat de la MONUC a tiré directement sur la foule et a atteint un homme au niveau de l'estomac.

Sylvie van den Wildenberg a affirmé que deux personnes auraient été tuées quand des soldats de la MONUC ont ouvert le feu. Elle a ajouté qu'un étudiant aurait aussi été tué.

Les manifestants protestaient contre l'incapacité des 18.000 soldats de la Mission des Nations unies au Congo présents de protéger la population d'une attaque rebelle qui s'est produite à seulement 40km au nord de la ville.

Le gouvernement congolais a une nouvelle fois attaqué lundi le gouvernement rwandais, dirigé par des tutsis, d'envoyer des troupes de l'autre côté de la frontière pour combattre aux côtés de Laurent Nkunda. Une accusation que le Rwanda dément et que l'ONU considère comme non fondée.

A New York, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé à la cessation immédiate des hostilités.

Dimanche, les forces du général rebelle congolais Laurent Nkunda se sont emparées d'un important camp de l'armée régulière dans le Nord-Kivu après d'intenses combats qui ont provoqué la fuite de milliers de civils. Ces nouveaux affrontements ont coûté la vie à un nombre indéterminé de militaires, rebelles et civils.

Des troupes gouvernementales avaient convergé dimanche au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu, en vue d'une contre-attaque. Des combats se poursuivaient en parallèle à une vingtaine de kilomètres du camp de Rumangabo, tombé pour la deuxième fois aux mains des rebelles depuis la reprise le 28 août des affrontements entre l'armée et le mouvement du général Nkunda, qui affirme vouloir protéger le territoire de la minorité tutsie.

Selon l'ONU, plus de 200.000 personnes ont fui la région au cours des deux derniers mois, rejoignant les quelque 1,2 million de Congolais déplacés dans l'est du pays depuis le début de ces combats en 2007.

Les soldats de la paix de la MONUC n'ont pas réussi à faire cesser ces affrontements dans cette province rurale et forestière.

La Presse Canadienne: RDC: la MONUC attaque des rebelles pour protéger des civils

L'offensive des rebelles menace la ville de Goma en RD Congo, actualité Monde : Le Point

 

L'offensive des rebelles menace la ville de Goma en RD Congo

L'offensive des rebelles menace la ville de Goma en RD Congo

L'OFFENSIVE DES REBELLES MENACE LA VILLE DE GOMA

Les rebelles congolais du chef tutsi Laurent Nkunda, qui ont lancé une nouvelle offensive durant le week-end, progressent vers Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu dans l'est du pays, forçant des milliers de personnes à l'exode.

Dimanche, les partisans du général rebelle avaient pris le contrôle de la base militaire de Rumangabo, au nord de Goma, ignorant les appels des Nations unies à faire taire les armes.

Lors des affrontements de dimanche, les rebelles ont détruit deux véhicules blindés de la Monuc, la mission de paix de l'Onu en République démocratique du Congo, blessant plusieurs casques bleus, a déclaré un porte-parole de l'Onu. Une personne a été tuée.

Le commandant des forces de la Monuc, le général espagnol Vicente Diaz de Villegas, a démissionné de son poste "pour des raisons de convenance personnelle" sept semaines seulement après avoir pris ses fonctions, a annoncé lundi l'Onu.

Le général ghanéen Ishmeel Ben Quartey assumera l'intérim de la plus importante force de paix des Nations unies dans le monde, avec près de 17.000 casques bleus.

Les combats ont repris lundi matin et les hommes du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le mouvement de Nkunda, ont chassé l'armée gouvernementale du village de Kibumba, à une vingtaine de kilomètres au nord de Goma.

"A 11h00 ce matin, nous avons chassé de Kibumba les forces gouvernementales qui combattent aux côtés des rebelles hutus et ces forces se sont retirées vers Goma qui est notre prochain objectif", a dit le porte-parole du CNDP, Bertrand Bisimwa, par téléphone à Reuters.

"Plus de dix mille personnes ont été chassées par les combats depuis samedi", a-t-il ajouté.

Le chef du village de Kibumba, Jean-Claude Bamenya, a précisé que la population et les réfugiés installés à proximité s'étaient enfuis devant l'avance rebelle.

"Tous les réfugiés et tous les habitants de Kibumba ont déjà fui. Il y a des combats maintenant dans le village et je me dirige à pied vers Goma avec ma famille", a-t-il dit à Reuters.

OBJECTIF GOMA

L'ONG humanitaire chrétienne World Vision, qui a pu gagner Kibumba lundi, a fait état de fusillades près de la localité.

Peu après le crépuscule, des coups de feu ont été entendus dans les parages de l'aéroport de Goma, a annoncé un témoin.

Selon le porte-parole du CNDP, les hommes de Nkunda poursuivent des combattants des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), qui regroupent des rebelles rwandais de l'ethnie hutue, accusés par Nkunda de collaborer avec l'armée gouvernementale congolaise.

"L'armée congolaise est démoralisée et n'est plus en état de combattre. Nous nous battons maintenant contre les FDLR", a dit Bisimwa. "Si les FDLR prennent le contrôle de Goma, nous serons forcés de les en déloger."

Il a ajouté qu'il serait alors difficile pour les hommes de Nkunda de faire la distinction entre les soldats congolais et les casques bleus de la Monuc, qui risquent d'être pris entre deux feux.

A Goma même, des troubles ont éclaté devant le siège de la mission de l'Onu et un manifestant a été tué par les forces de l'ordre, a dit le colonel Samba Tall, porte-parole militaire de la Monuc.

Les manifestants, qui lançaient des pierres, accusaient la Monuc de n'avoir rien fait pour enrayer l'offensive de Nkunda, a rapporté un témoin.

Le Nord-Kivu est en proie depuis des mois à la rébellion du général Nkunda, un Tutsi congolais insurgé contre le pouvoir central de Kinshasa, lequel l'accuse de bénéficier d'appuis chez les Tutsis au pouvoir à Kigali, la capitale rwandaise.

L'est de l'ex-Zaïre est une poudrière depuis plus de dix ans. Les tensions ethniques qui avaient dégénéré en génocide en 1994 au Rwanda y ont été transplantées et alimentent le conflit dans le nord du Kivu.

Les combats entre l'armée régulière et les hommes de Nkunda, depuis qu'un accord de paix conclu en janvier a tourné court en août dernier, ont contraint 100.000 habitants à fuir, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Cinquante mille autres paysans congolais avaient dû fuir en septembre face aux attaques menées par des éléments de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA, rebelles ougandais) dans la région de l'Ituri, le long de la frontière avec le Soudan.

L'offensive des rebelles menace la ville de Goma en RD Congo, actualité Monde : Le Point

samedi 25 octobre 2008

La Presse Canadienne: Congo-Kinshasa: 200.000 nouvelles personnes déplacées, selon le PAM

 

Congo-Kinshasa: 200.000 nouvelles personnes déplacées, selon le PAM

Il y a 1 jour

GENEVE — Les combats dans l'est du Congo-Kinshasa ont contraint quelque 200.000 personnes à quitter leurs maisons au cours des huit dernières semaines, aggravant un peu plus la crise humanitaire dans cette région, a annoncé vendredi le Programme alimentaire mondial (PAM).

Au total, entre 1,4 million et deux millions de personnes ont été déplacées depuis 2007 dans la province du Nord-Kivu, où les combattants fidèles à un seigneur de la guerre, Laurent Nkunda, affrontent régulièrement des milices et l'armée de la République démocratique du Congo (RDC), a précisé le PAM.

Beaucoup sont sous-alimentés, et certains meurent de faim, a souligné le directeur du PAM à Genève, Charles Vincent.

"La situation se détériore vraiment depuis plusieurs mois, particulièrement dans le Nord-Kivu", a-t-il affirmé.

La Presse Canadienne: Congo-Kinshasa: 200.000 nouvelles personnes déplacées, selon le PAM

RDC: plus de 200.000 déplacés dans le Nord-Kivu - MSN Actualités - Actualité étrangère - actualités

 

RDC: plus de 200.000 déplacés dans le Nord-Kivu

La recrudescence des combats dans la province du Nord-Kivu (est de la République démocratique du Congo) a fait fuir plus de 200.000 personnes depuis fin août, a annoncé vendredi le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM).

"La capacité du PAM et d'autres organisations humanitaires atteint ses limites", s'est alarmé le représentant du PAM en RDC, Charles Vincent. "La situation s'est détériorée ces dernières semaines", a-t-il expliqué, décrivant des "dizaines de milliers de personnes nouvellement déplacées, des difficultés majeures pour les atteindre, d'importantes coupes dans les réseaux de distribution du PAM et l'augmentation des combats". Le total des personnes déplacées dans la seule province du Nord-Kivu par les successives vagues de violences est de 1,4 à 2 millions de personnes, selon le PAM. (NLE)

RDC: plus de 200.000 déplacés dans le Nord-Kivu - MSN Actualités - Actualité étrangère - actualités

mercredi 22 octobre 2008

RD Congo: le chef rebelle congolais dénonce l'alliance avec les rebelles rwandais

image

Il y a 1 jour

KABALE (AFP) — Le chef rebelle congolais Laurent Nkunda a justifié lundi la poursuite de la lutte armée dans le Nord-Kivu (est de la RDCongo) en accusant de collusion l'armée congolaise et les rebelles hutus rwandais.

Laurent Nkunda, qui affirme se battre pour défendre la minorité tutsie en République démocratique du Congo (RDC) - dont il est issu - a de nouveau accusé l'armée congolaise de faire front commun contre ses troupes avec les rebelles hutus rwandais.

"Ils sont ensemble, encore maintenant", a-t-il dénoncé, joint au téléphone depuis le district ougandais de Kabale (ouest), non loin de la frontière avec la RDC. Il n'a pas dévoilé à l'AFP l'endroit exact où il se trouvait.

"Nous avons écrit à la communauté internationale à ce propos. (Mais) il n'y a aucun changement, ils sont ensemble", a poursuivi le général tutsi déchu, chef du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP).

Des combats opposent depuis le 28 août le CNDP aux Forces armées de RDC (FARDC) dans les collines du Nord-Kivu, en violation d'un cessez-le-feu issu de l'accord de paix de Goma, la capitale provinciale, signé en janvier 2008.

Basées dans l'est de la RDC, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) regroupent quelque 6.000 combattants hutus, dont certains ont participé au génocide rwandais qui a fait, selon l'ONU, environ 800.000 morts, essentiellement issus de la minorité tutsie.

"Nous nous battons contre les FDLR. Et la communauté internationale devrait également les combattre", a martelé Laurent Nkunda.

Lundi, l'armée congolaise, qui a à plusieurs reprises démenti toute collusion avec les FDLR, a enjoint ces rebelles de retourner volontairement dans leur pays, faute de quoi elle "durcirait" ses actions, dans un communiqué diffusé à Kinshasa.

Le texte signé par le porte-parole de l'armée, le colonel Léon-Richard Kasonga, précise que "les FARDC, avec le précieux appui logistique de la Monuc (Mission de l'ONU en RDC), ont déjà déployé dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu 11 bataillons, en vue de restaurer l'autorité de l'Etat".

Si les accrochages militaires quasi-quotidiens et la présence massive de soldats, rebelles et autres milices d'auto-défense ne laissent rien augurer de bon pour la population déjà exsangue du Nord-Kivu, Laurent Nkunda n'a toutefois pas complètement fermé la porte à une solution négociée.

L'ex-général a ainsi assuré qu'il pourrait envisager un nouveau cessez-le-feu à condition qu'un médiateur "neutre" soit désigné par la communauté internationale pour superviser les discussions "dans un endroit sûr".

Mais il s'est toutefois dit prêt à poursuivre les combats car "le Congo entier est sous la menace".

"Nous n'allons pas attendre. Si le gouvernement du Congo ne fait rien pour s'occuper de ces forces étrangères, nous devons le faire. Il n'y a pas le choix", a-t-il ajouté.

La situation est d'autant plus explosive dans l'est de la RDC que, reprenant un schéma désormais récurrent, Kinshasa et Kigali ont relancé le cercle vicieux des accusations mutuelles.

Le 9 octobre, le gouvernement de Kinshasa a ainsi une nouvelle fois accusé le Rwanda d'avoir engagé des troupes aux côtés de Laurent Nkunda, une assertion immédiatement rejetée par Kigali qui reproche régulièrement à la RDC de ne pas agir contre les FDLR.

Interrogé sur ce point, Laurent Nkunda a opposé un démenti catégorique: "Je ne suis pas aidé par le Rwanda. Si je me battais avec le Rwanda à mes côtés, nous aurions été bien plus loin à l'heure qu'il est", a-t-il assuré.

lundi 20 octobre 2008

Soeur Emmanuelle, religieuse hors norme au service des plus démunis - Article - actualités

Bien  que cela sorte un peu de l’ ambiance Congo & Co, il est intéressant de citer Soeur Emmanuelle qui fut une figure marquante de notre siècle et qui décéda dimanche soir.

Soeur Emmanuelle, religieuse hors norme au service des plus démunis

Soeur Emmanuelle, décédée dans la nuit de dimanche à lundi dans le Var, a partagé pendant plus de 20 ans la vie des chiffonniers du Caire et mené une lutte acharnée contre la pauvreté et l'exclusion avec un franc-parler et une vitalité qui lui ont valu une popularité durable.

Née Madeleine Cinquin le 16 novembre 1908 à Bruxelles dans une famille franco-belge aisée, Soeur Emmanuelle n'a jamais hésité à médiatiser ses "révoltes" en faveur des plus pauvres en France ou à l'étranger devenant un alter ego de l'Abbé Pierre, décédé début 2007. En 1971, à l'âge de 63 ans, elle s'installe dans le bidonville d'Ezbet el-Nakhl, parmi les chiffonniers du Caire. Elle consacre alors toute son énergie à faire construire des écoles, des jardins d'enfants, des dispensaires et oeuvre pour le dialogue avec les juifs et les musulmans. La religieuse a fondé en 1980 l'association Asmae-association Soeur Emmanuelle qui aide des milliers d'enfants dans le monde de l'Egypte au Soudan, du Liban aux Philippines, de l'Inde au Burkina Faso. (GFR)

Soeur Emmanuelle, religieuse hors norme au service des plus démunis - Article - actualités

vendredi 17 octobre 2008

C’est à Kinshasa que Philippe de Dieuleveult a été liquidé | le carnet de Colette Braeckman

 

C’est à Kinshasa que Philippe de Dieuleveult a été liquidé

posté le 15 octobre 2008 | catégorie actualité, médias

Lorsqu’en août 1985 Philippe de Dieuleveult s’est approché des rapides d’Inga, le célèbre animateur de « la Chasse au trésor », n’avait aucune chance de s’en sortir : non parce que le fleuve furieux allait faire chavirer son embarcation, mais parce que des commandos de la Division spéciale présidentielle allaient le soumettre à un rude interrogatoire, avant de finalement l’expédier vers Kinshasa, où il allait trouver la mort après un passage par le camp Tshatshi.
La journaliste française Anna Miquel publie dans la dernière livraison du magazine XXI, le résultat d’une longue enquête sur les circonstances exactes de la mort de Philippe de Dieuleveult et de ses compagnons de voyage. Il apparaît que le 8 août 1985, soit deux jours après l’annonce de leur disparition, Philippe de Dieuleveult et certains de ses compagnons encore vivants étaient interrogés à Kinshasa par la DSP qui voulait leur faire avouer qu’en réalité ils étaient des mercenaires, venus au Zaïre avec l’intention de saboter le barrage d’Inga ! Un ancien membre de la FIS (Force d’intervention spéciale) a confié à la journaliste un PV d’audition manuscrit, retrouvé dans les archives des services, où Dieuleveult assure qu’il se trouve dans le pays pour une « expédition » et précise qu’il possède des documents autorisant sa visite. Il exige aussi « d’être entendu devant mon avocat dans mon ambassade ».
La signature figurant sur le document estampillé « République du Zaïre » a été authentifiée à Paris par les deux frères de l’animateur de télévision. Jean de Dieuleveult, avec colère, se souvient de ses démêlés d’alors avec les services de l’ambassade de France et avec les militaires français qui participaient aux recherches. « Je suis un officier et on m’a pris pour un con ! » De fait, le vice-consul français de l’époque lui avait même présenté un corps mutilé, repêché dans le fleuve et, après expertise à Paris, il s’était avéré… qu’il s’agissait du corps d’un Africain !
La contribution d’Anna Miquel est neuve en ce qu’elle révèle que Philippe de Dieuleveult a été transféré et « liquidé » à Kinshasa, victime de l’accusation selon laquelle il aurait été un mercenaire chargé de faire sauter le barrage d’Inga et qu’il il fut torturé jusqu’à la mort dans l’espoir de le contraindre aux aveux. Pour le reste, un ancien commando de la DSP, Okito Bene Bene, qui avait dirigé les services de sécurité à Boma et que nous avions rencontré à l’époque, avait déjà révélé l’imposture : dans un livre paru en 1994, « J’ai vu mourir Philippe de Dieuleveult » (éditions Michel Lafon) il expliquait que la traque de Dieuleveult et de son équipe avait été lancée sur la base d’un message transmis par Kinshasa : «vous signale la présence sur l’île des Hippopotames d’un commando cubain d’une dizaine de personnes, pouvant être puissamment armé. »
Cette information avait été communiquée aux Zaïrois par un « service ami », les Français en l’occurrence, et elle confirmait un avertissement précédent : en juillet déjà, les services français avaient annoncé une opération de représailles sur Inga, menée par des Angolais et des Cubains, à la suite d’une attaque menée par les rebelles angolais de l’Unita contre les raffineries de Cabinda (à l’époque exploitées par la société américaine Gulf, sous protection des soldats cubains, au grand dam des pétroliers français…)
Croyant avoir affaire à de dangereux mercenaires, les services de Mobutu s’emparèrent donc de toute l’équipe d’Africa Raft qui se trouvait à bord de deux embarcations ,« Godelieve » et « Françoise ». Selon Okito Bene Bene, deux hommes, Richard Jeannelle, le photographe de Paris Match et André Hérault, furent tués sur le coup, Lucien Blockmans fut sérieusement blessé à l’épaule et devait mourir faute de soins dans les jours suivants. Quant aux autres, Philippe de Dieuleveult, Angelo Angelini, le Belge Guy Collette et le Brésilien Nelson Bastos, ils furent immédiatement soumis à interrogatoire, en dépit du fait qu’ils affirmaient, documents à l’appui, que leur expédition avait été dûment autorisée. Ils furent aussi questionnés à propos de leurs équipements (des émetteurs radio, deux fusils 22 long rifle, une carte d’état major du Bas Zaïre et du Cabinda, avec des points indiqués en rouge…)
Là réside probablement le secret de l’histoire : Philippe de Dieuleveult, prétextant une descente du fleuve, aurait en réalité projeté une autre expédition, se rendre au Cabinda, où opérait un mouvement rebelle soutenu par la France, le FLEC (Front de libération de l’enclave de Cabinda). Cette mission là, politiquement gênante, aurait été dûment torpillée par les services français, qui transmirent de fausses informations à leurs collègues congolais !
A la veille de s’engager dans son expédition en effet, Philippe de Dieuleveult avait fait un bref aller retour à Paris, et lorsqu’à Kinshasa il avait rencontré le président Mobutu et lui avait expliqué son projet d’expédition, ce dernier, qui ne parlait jamais pour ne rien dire, s’était contenté de laisser tomber : je ne peux vous donner aucune garantie en matière de sécurité…Ce qui avait valeur d’avertissement…
Par la suite, Français et militaires zaïrois semèrent des indices indiquant naufrage puis noyade tandis que l’épouse de Philippe de Dieuleveult, sur le conseil de Roland Dumas, ministre français des affaires étrangères à l’époque, renonçait à porter plainte, après avoir été fastueusement reçue par le président Mobutu…
Par la suite, le frère de Philippe de Dieuleveult devait reconnaître que Philippe avait été membre du service « Action » de la DGSE mais qu’il n’était pas en service lors de son voyage au Zaïre. De là à penser que lors de cette funeste expédition, il « jouait » pour son propre compte et s’était montré trop curieux, il n’y a qu’un pas à franchir…
En fait, un homme pourrait, aujourd’hui encore, révéler la véritable histoire de la disparition de Philippe de Dieuleveult : Honoré Ngbanda, qui était à l’époque le conseiller spécial du président Mobutu en matière de sécurité et qui est cité par Okito Bene Bene pour avoir suivi de très près toute l’affaire. Mais Nganda, qui vit aujourd’hui à Paris a refusé de répondre aux questions d’Anna Miquel : l’homme, qui a manifestement gardé entrées sinon protections en France est beaucoup plus loquace dans ses critiques voire ses manipulations du régime actuel que dans l’éclairage des mystères du régime Mobutu

C’est à Kinshasa que Philippe de Dieuleveult a été liquidé | le carnet de Colette Braeckman

mardi 14 octobre 2008

La guerre aux portes de Goma | le carnet de Colette Braeckman

 

La guerre aux portes de Goma

posté le 9 octobre 2008 | catégorie actualité

]Le coup est dur pour les forces armées congolaises:lla grande base militaire de Rumangabo, qui est aussi un centre de formation et de brassage à 50 km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu, est tombée aux mains des forces du général Nkunda, le CNDP – Congrès national pour la défense du peuple. Comme ils l’avaient déjà fait à Muskake en décembre 2007, les rebelles se sont emparés d’une quantité considérable d’armements et de munitions et l’attaque a fait de nombreux morts et blessés dans les deux camps.
De violents affrontements se sont poursuivis dans d’autres localités du Nord-Kivu et, autour de la ville de Rutshuru, la situation des déplacés, dont le nombre total dépasse 1.200.000 personnes, est désespérée: les civils terrorisés dorment par terre, dans le froid et la pluie, et la plupart ont déjà été contraints de fuir à plusieurs reprises. Les humanitaires, dont les interventions sont gênées par les mouvements de troupes, craignent que n’éclatent des épidémies qui se solderaient par des hécatombes.
Le conflit qui, initialement, mettait aux prises les forces gouvernementales à un groupe armé qui avait refusé de rejoindre un processus de paix accepté par tous, risque de s’internationaliser: Kinshasa a saisi le Conseil de Sécurité de l’ONU, accusant Kigali d’avoir prêté main-forte aux hommes de Nkunda et de se préparer à attaquer la ville de Goma. L’ambassadeur congolais aux Nations unies a déclaré que c’étaient des forces rwandaises qui avaient attaqué Rumangabo (un camp qui se trouve sur la frontière entre les deux pays) et il a dénoncé une concentration de troupes à Gisenyi, la ville rwandaise jumelle de Goma.
Par téléphone, des ressortissants de la région nous ont assuré que l’état-major de l’armée rwandaise se trouverait à Gisenyi et que, par précaution, des banques locales auraient été momentanément transférées à Kigali. Les deux pays ont de bonnes raisons d’être en état d’alerte: si les dénonciations de l’implication rwandaise se multiplient du côté congolais, il est plus que probable aussi que des éléments hutus des FDLR (forces démocratiques pour la libération du Rwanda), combattants aguerris et désireux d’en découdre avec les troupes de Kagame, se trouvent aux côtés de certaines unités gouvernementales et occupent les positions reprises à Nkunda.
La chute de Rumangabo, les menaces qui pèsent sur Goma représentent un sérieux revers pour les forces gouvernementales qui par ailleurs avaient enregistré certains succès, réussissant à «coincer» les rebelles dans le Masisi, ce qui a peut-être décidé Kigali à intervenir pour alléger la pression sur son poulain.
Le revers est tout aussi cuisant pour les Casques bleus de la Monuc (Mission des Nations unies au Congo) qui, malgré le renforcement de leur mandat, n’ont pas réussi à empêcher la chute de Rumangabo ni à faire respecter les accords de désengagement. La colère monte parmi les troupes gouvernementales et leurs proches qui vivent dans des conditions déplorables, en contraste frappant avec les camps bien approvisionnés des soldats indiens et pakistanais. Des familles de militaires ont bloqué les convois de la Monuc, lançant des pierres sur les voitures, retardant d’autant l’accès aux zones de combat. L’armée reproche à la Monuc de l’obliger à reculer quand elle gagne du terrain et de laisser passer le CNDP lorsqu’il s’empare d’une position. Et la région répète le slogan «no Nkunda, no job>» – plus de travail si le problème Nkunda était réglé…
A Kinshasa, où la cote de Vital Kamerhe comme Premier Ministre potentiel ne cesse de monter, on redoute un scénario comparable à celui d’août 1998 où la rébellion lancée au Kivu s’était transformée en une guerre régionale, qui faillit démanteler le pays. Les dernières déclarations de Laurent NKunda à la RTBf, où il déclare combattre désormais pour la «libération totale> de tout le Congo annoncent d’ailleurs ce scénario catastrophe, confirmé par la reprise des troubles sur d’autres fronts
: le Sud-Kivu et surtout l’Ituri, où des lieutenants de Nkunda auraient relancé les hostilités.
Malgré l’absence provisoire d’un Premier Ministre à Kinshasa, la situation n’est cependant pas comparable à celle qui régnait en 1998
et les appels à la révolte n’ont pas été suivis: non seulement la population avide de paix exècre Nkunda, un chef de guerre qui a de nombreux crimes à son actif (massacres à Kisangani, viols à Bukavu, recrutement d’enfants soldats) mais la communauté internationale, qui a soutenu le processus de paix et les élections, est aujourd’hui, en principe, obligée de faire respecter l’autorité légitime.

La guerre aux portes de Goma | le carnet de Colette Braeckman

samedi 11 octobre 2008

RDC-RWANDA : "Aucun soldat rwandais n'a traversé la frontière" selon Kigali : AFRIKARABIA

 

RDC-RWANDA : "Aucun soldat rwandais n'a traversé la frontière" selon Kigali

La guerre des mots a belle et bien commencé entre Kinshasa et Kigali. Le ministre des Affaires étrangères congolais affirmait avoir capturé un lieutenant de l'armée rawandaise sur le territoire de Rutshuru, frontalier du Rwanda. Cette "capture" semblait tomber à pic pour Kinshasa qui cherche à démontrer que le Rwanda tire les ficelles de la guerre qui ravage l'Est de la République démocratique du Congo. Mais patatra... Kigali vient de démentir la présence de ces troupes en RDC.

5f86bb42c2fc486047f9b281cc4ea851.jpgLe porte-parole de l'armée rwandaise, le major Rutaremara, a démenti l'annonce du ministre congolais : "aucun soldat rwandais n'a traversé la frontière avec la RD du Congo", a déclaré le major Rutaremara à l'AFP. Le major affirme également que "le Rwanda n'a aucune intention d'aller (combattre) en RD du Congo", toutefois que les troupes rwandaises peuvent être déployées partout dans n'importe quelle région du pays,voire même dans les régions frontalières avec la RDC". Le major rwandais demande des preuves de cette capture. Le ministre congolais affirmait qu'il s'agissait "d'un lieutenant qui sera présenté au public".

L'annonce de la "capture" d'un soldat rwandais sur le sol congolais ne tombe pas à n'importe quel moment pour Kinshasa. Le CNDP de Laurent Nkunda s'est emparé d'un important camp militaire, à environ 50 km au nord de Goma. Cette base constituait en effet le dernier verrou militaire pour accéder à la capitale provinciale. Le Rwanda décidera-t-il de franchir la frontière pour prêter main forte aux rebelles de Laurent Nkunda ? Si l'on s'en tient à la dernière interview du président rwandais Paul Kagamé, l'envie d'en découdre avec Joseph Kabila semble bien réelle. Mais Laurent Nkunda est-il en mesure de prendre Kinshasa ? Militairement, non... et politiquement non plus. Nkunda n'a pas assez d'alliés congolais et son combat à l'Est de la RDC apparaît aux yeux des congolais comme uniquement communautaire, tourné vers la défense des tutsis.

Christophe RIGAUD

RDC-RWANDA : "Aucun soldat rwandais n'a traversé la frontière" selon Kigali : AFRIKARABIA

Nkunda fait tomber un camp de l'armée congolaise : AFRIKARABIA

 

Nkunda fait tomber un camp de l'armée congolaise

Les troupes de Laurent Nkunda se trouvent désormais à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Goma. L'armée congolaise a quitté dans la précipitation sa base de Rumangabo après de violents combats. Ce camp militaire constituait le dernier verrou avant de prendre la capitale provinciale du Kivu. Cette victoire de Nkunda représente un vrai coup dur pour l'armée de Joseph Kabila.

96aff4962d1829bec285eb8b597cbb4d.jpgPendant ce temps, des affrontements secouaient d'autres localités du Nord-Kivu, dont Mulimbi, Kibarizo, Kabizo et Butare, situées au nord-ouest de Goma. Pour le CNDP de Laurent Nkunda, le but est de désenclaver la communauté tutsie de la province de Masisi, mais aussi d'assurer le contact avec la frontière rwandaise. Certaines informations laissent filtrer la présence de militaires rwandais à Gisenyi. Tous les protagonistes semblent attendrent la confrontation finale : les FARDC voulant prouver que le Rwanda cherche à destabiliser la RDC et Nkunda pour démontrer que l'armée congolaise protège les ex-génocidaires FDL. La prise de Goma par les troupes de Laurent Nkunda constituerait un tournant capital dans le conflit... la porte ouverte à une IIIème guerre du Kivu après 1996 et 1998.

Christophe RIGAUD

Nkunda fait tomber un camp de l'armée congolaise : AFRIKARABIA

Conflit en RDC : Que cherche Laurent Nkunda ? : AFRIKARABIA

 

Conflit en RDC : Que cherche Laurent Nkunda ?

Les rumeurs le donnaient pour mort ou extrêmement malade, Laurent Nkunda est réapparu dans les medias pour lancer un appel « à tous les congolais à se mettre debout contre le gouvernement ». Son mouvement (CNDP) veut déclencher la « libération totale du Congo »... en clair la guerre contre Kinshasa. Coup de bluff ou baroud d'honneur ? Que cherche Laurent Nkunda dans cet appel à la guerre totale contre le pouvoir central ?
3a51f7f0737f97d07ad1aa3c7ad9b460.jpgLaurent Nkunda sait très bien qu'il n'est pas en mesure de venir à bout, militairement, de l'armée congolaise. Son combat pour protéger la communauté tutsie dans les collines de l'Est de la République démocratique du Congo ne risque pas de soulever les foules dans le reste du pays... et l'appel à la mobilisation contre le pouvoir de Kinshasa a de forte chance de rester lettre morte. Alors pourquoi cet appel au soulèvement... au risque de refaire plongée la région dans le chaos ?
Laurent Nkunda semble pourtant bénéficier d'une fenêtre de tir intéressante : un pouvoir central affaibli, un Premier ministre démissionaire, une mission des Nations-Unies qui s'enlise, des groupes armés qui reprennent les armes dans la province de l'Iutui voisine... Nkunda cherche à devenir incontournale dans la crise.
« Un gouvernement qui a trahi »
"Aujourd'hui, la menace est devenue nationale, (elle) commence à devenir générale", a déclaré Laurent Nkunda dans une interview de la RTBF. Pour appuyer sa thèse de "trahison", il a cité la répression contre les adeptes de la secte politico-religieuse Bundu dia Kongo (BDK), en février-mars derniers dans la province du Bas-Congo (ouest) - 27 morts selon les autorités, une centaine, selon une enquête de l'ONU et la société civile -, les "représailles" contre l'ancien vice-président Jean-Pierre Bemba - des combats qui ont fait jusqu'à 500 morts dans la capitale, Kinshasa, en mars 2007 - et la situation tendue dans les provinces Orientale (nord-est) et du Katanga (sud-est).
« Les FDLR menacent le Katanga »
Le général Nkunda a toujours refusé de désarmer et d'intégrer les Forces régulières. Il accuse l'armée congolaise d'être appuyée par des rebelles hutus rwandais "génocidaires", impliqués dans la mort de 800.000 personnes, principalement tutsie, lors du génocide de 1994 au Rwanda. Ces rebelles, issus des ex-Forces armées rwandaises (FAR) et des milices Interahamwe, se sont pour la plupart regroupés au sein des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), réfugiées depuis 1994 dans l'ex-Zaïre. "Maintenant, les FDLR sont en train de menacer le Katanga, maintenant les rebelles congolais de l'ancien temps (du district) de l'Ituri reprennent les armes. Maintenant nous apprenons qu'au Katanga, les Maï-Maï reprennent les armes. Il ne faut plus parler du Kivu, c'est maintenant un problème national" conclut Laurent Nkunda.
L'appel à la guerre totale de Nkunda doit à tout prix faire réagir les autorités congolaises et la communauté internationale... ce n'était pas l'objectif du chef rebelle, mais si rien ne se passe, un nouvel embrasement de l'Est de la RDC est à craindre.

Christophe RIGAUD

Conflit en RDC : Que cherche Laurent Nkunda ? : AFRIKARABIA

mardi 7 octobre 2008

Laurent Nkunda rescussite pour mieux menacer | le carnet de Colette Braeckman

 

posté le 5 octobre 2008 | catégorie actualité

Absent depuis trois mois de la scène médiatique, Laurent Nkunda, le chef rebelle du Nord Kivu, était donné pour blessé, malade ou disparu. Il vient de démentir toutes les rumeurs en accordant plusieurs interviews téléphoniques successives, à la BBC et à la RTBf, -d’une voix cependant bien différente que celle que nous lui connaissions-ce qui ne manque pas de laisser perplexe même si dans ses propos il est pareil à lui-même…
Si ses déclarations se veulent rassurantes à propos de son état de santé, en revanche, elles sont de très mauvais augure pour la paix dans la région. Car ce qu’annonce Nkunda, c’est la guerre. Le général tutsi dénonce l’échec du processus de paix « Amani » prévoyant le désarmement des groupes armés et il annonce la création d’un nouveau mouvement, un Front pour la libération totale du Congo, une formation politico militaire qu’il aurait mis sur pied au cours des dernières semaines, ce qui pourrait expliquer sa discrétion durant cette période.
Dans ses déclarations, Nkunda a revu ses ambitions à la hausse : il ne se contente plus, comme par le passé, de se présenter comme le défenseur des Tutsis congolais, de plaider pour le retour des réfugiés rwandophones se trouvant dans les pays voisins, de dénoncer la présence de combattants hutus rwandais au Kivu, le principal grief de Kigali. Comme ces revendications avaient déjà été soigneusement étudiées lors de la conférence de paix qui s’était tenue à Goma en janvier dernier et que des pistes de solution se dessinaient, le général va plus loin : il accuse le gouvernement de Kinshasa d’avoir « trahi le peuple congolais », dénonce l’échec général du programme Amani avec lequel il refuse de collaborer. Mais surtout, avec des accents qui rappellent les discours tenus en 1998 par le RCD Goma (Rassemblement congolais pour la démocratie, un mouvement apparu en août 1998 lors du déclenchement de la deuxième guerre du Congo à l’initiative du Rwanda) il exige désormais une négociation directe, sinon d’égal à égal, avec le président Kabila et dénonce, bien au-delà des problèmes du Kivu, d’autres points faibles de la République : la situation dans le Bas Congo, où la secte Bundu dia Kongo avait été sévèrement réprimée par les forces gouvernementales, des tensions au Katanga, la reprise des hostilités en Ituri, où un nouveau groupe armé est apparu, dans lequel des lieutenants de de Nkunda pourraient se retrouver, le sort réservé à Jean-Pierre Bemba, dont le parti, le MLC (Mouvement pour la libération du Congo) vient de fêter son dixième anniversaire en l’absence de son chef, toujours incarcéré à La Haye.
Se faisant l’avocat de tous ces conflits, Nkunda, étonnamment sûr de lui et présentant désormais une équipe pluri-ethnique, s’est exprimé comme si les futures lignes de fracture d’un pays à nouveau menacé de balkanisation étaient soudain dessinées…Et cela alors que Kinshasa attend toujours la nomination d’un nouveau Premier Ministre!
Les propos bellicistes du général rebelle, s’accompagnant au Nord Kivu de nouveaux combats et de nouveaux déplacements de population, ont suscité de nombreuses réactions : le commandant des opérations des forces gouvernementales le général Kayembe, a invité Nkunda à réintégrer le programme Amani, tout en renforçant la pression militaire sur le terrain, le ministre congolais de la Défense Chilkez a qualifié ces propos d’ « irresponsables ». Quant au représentant à Kinshasa de la Mission des Nations unies au Congo, le Britannique Alan Doss, il a demandé au Conseil de Sécurité que soient renforcés les effectifs de la MONUC (qui compte actuellement 17.000 hommes) ainsi que ses moyens, entre autres aériens.
A Goma, les «facilitateurs » internationaux (ONU, Union européennes, Etats-Unis) ont réitéré leur soutien au programme Amani et à son coordinateur l’abbé Malu Malu, mais ces déclarations suscitent un scepticisme croissant dans une région qui compte plus d’un million de déplacés, totalement dépendants de l’aide humanitaire et qui assurent que les terres qu’ils ont du abandonner sous la menace sont déjà occupées par des nouveaux venus. Sur le terrain, l’action de la MONUC est de plus en plus contestée, les populations locales reprochant aux Casques bleus de ne pas agir avec assez de détermination contre Nkunda. La situation est cependant moins simple qu’il n’y paraît : dans certains cas, la MONUC épaule efficacement les forces gouvernementales, empêchant par exemple les insurgés de s’emparer de certaines localités comme Sake ou de routes stratégiques. Mais dans d’autres cas, lorsqu’il apparaît que les FARDC combattent avec l’appui des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) les miliciens hutus solidaires du génocide au Rwanda, (ce qui confirme certaines accusations de Nkunda), les forces des Nations Unies veillent soigneusement à se démarquer de ce compromettant voisinage, ce qui amène la population à les accuser de passivité…
La situation au Kivu est d’autant plus inquiétante que Kinshasa attend toujours un successeur au Premier Ministre Gizenga. Aux dernières nouvelles, le président Kabila entendrait se tenir à l’accord préélectoral que l’AMP (Alliance pour une majorité présidentielle) avait conclue avec le PALU (Parti lumumbiste unifié) de M. Gizenga, auquel reviendrait donc le poste de Premier Ministre. La balle serait donc dans le camp des lumumbistes : à eux de présenter un candidat valable, capable de tenir la barre par gros temps…
Si les candidats présentés n’étaient pas jugés suffisamment costauds, les partenaires du PALU pourraient alors présenter d’autres candidats choisis au sein de la majorité présidentielle (Evariste Boshab du PPRD, ou Vital Kamerhe, qui a déjà fait ses preuves dans plusieurs dossiers difficiles mais qui s’avère peut-être indispensable à la tête de l’Assemblée nationale). Parmi les indépendants, le nom de l’ancien mobutiste Mabi Mulumba est également cité. Il s’agît là d’un homme affable et brillant, économiste réputé, ancien président de la Cour des Comptes, bien vu parmi les financiers occidentaux ( le Congo est toujours en froid avec le FMI et la Banque Mondiale à cause des contrats chinois) et qui présente aussi l’avantage d’être Kasaïen, une province qui, à cause des déboires de l’UDFPS s’est quelquefois sentie marginalisée….
De toutes façons, au-delà des considérations d’appartenance ethnique ou politique, il faudra avant tout un Premier Ministre attaché au rétablissement de l’autorité de l’Etat, rassurant la population et capable de faire face, avec détermination, aux rêves ou manœuvres dissidentes qui recommencent à se manifester, spontanément ou non.

Laurent Nkunda rescussite pour mieux menacer | le carnet de Colette Braeckman

lundi 6 octobre 2008

ReliefWeb » Document » RD Congo/Nord-Kivu : Calme tendu, des manifestations pacifiques dans plusieurs villes

 

RD Congo/Nord-Kivu : Calme tendu, des manifestations pacifiques dans plusieurs villes

Boutiques et écoles fermées, transports interrompus et stores baissés : les habitants de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu (Est du pays) ont observé une journée de "ville morte" pour protester contre la reprise des affrontements entre troupes régulières et milices sous commandement du général dissident pro-rwandais Laurent Nkunda. La manifestation, à laquelle s'ajoutent les marches organisées dans les villes de Bukavu (Sud-Kivu), et Kindu (Maniema), exprime le soutien de la société civile aux populations affectées par le conflit et au Programme Amani (élaboré après l'accord de trêve signé cet été) sur la démobilisation des troupes. Les écoles de Goma, y compris les établissements privés, sont restées fermées et la plupart des activités paralysées – indiquent des sources locales –, tandis que la marche pacifique qui s'est tenue à Bukavu s'est achevée devant le bureau du gouverneur, où les manifestants ont déposé un document exigeant la cessation des combats dans l'Est. "Pour le moment aucun combat n'est signalé au Kivu – dit à la MISNA le porte-parole militaire de la mission de l'Onu dans le pays (Monuc), Jean-Paul Dietrich – mais la situation est préoccupante surtout pour les milliers de sans-abri qui se sont réfugiés dans les forêts et qui, selon les organisations humanitaires, seraient dépourvus de nourriture et de denrées de première nécessité". Selon les estimations des principales organisations humanitaires actives dans la zone, depuis la reprise des combats entre l'armée et le Cndp, le 28 août dernier, plus de 100.000 civils auraient quitté leurs foyers et ne recevraient aucune assistance. Pendant ce temps, le groupe de Laurent Nkunda a demandé une nouvelle fois, à quelques jours d'intervalle seulement, des négociations directes avec Kinshasa. (ADL/CN)

ReliefWeb » Document » RD Congo/Nord-Kivu : Calme tendu, des manifestations pacifiques dans plusieurs villes

dimanche 5 octobre 2008

Le futur du Rwanda ou sa volonté d' en sortir

Subject: Le Rwanda en campagne électorale
Le Rwanda en campagne électorale
posté le 23 septembre 2008
(Reportage réalisé à la veille des élections par Colette Braeckman)
Depuis les collines, les habitants de Kabuga, près de la capitale,
convergent vers le jardin du restaurant Bambino. Dans la foule, beaucoup
de rescapés, qui se souviennent qu¹en 1994 c¹est ici que les Inkontanyi,
les soldats du Front patriotique rwandais, amenaient les civils qu¹ils
avaient réussi à arracher à l¹enfer de Kigali. D¹autres sont d¹anciens
réfugiés revenus d¹Ouganda. Le meeting électoral, tout à la gloire du
FPR, ressemble plus à une fête joyeuse qu¹à une réunion politique. Des
gens se retrouvent, s¹étreignent, reprennent en c¦ur les vieux chants de
combat et scandent « Itzinzi » la victoireSIl y a des drapeaux, des
casquettes, des T-shirts, à tout moment hommes et femmes commencent à
danser, avec les bras qui ondulent comme pour imiter les longues cornes
des vaches Ankole. Sans aucun doute, le FPR est sûr de sa victoire, et
la seule question admise, c¹est la marge qui le séparera de ses rivaux,
le PSD (parti social démocrate) et le PL (parti libéral) deux formations
qui seront de toutes manières associées au gouvernement.
L¹issue des élections législatives, qui se dérouleront du 15 au 18
septembre est évidente car le FPR, qui domine largement la scène
politique, s¹est associé avec six petites formations. Le scrutin ne
comporte que deux inconnues : l¹ampleur d¹une victoire que le FPR
voudrait voir interpréter comme un plébiscite de sa gestion, et
l¹importance de la représentation des femmes : alors qu¹elles devraient
former plus de 30% des effectifs du Parlement, elles risquent d¹emporter
la majorité absolue.
Ce qui représenterait une grande première en Afrique, mais
correspondrait à la réalité rwandaise où, après le génocide, les femmes
ont été obligées de prendre la place et de jouer le rôle des hommes
morts ou exilésSSur le petit podium de Kabuga, comme ils le feront
ensuite au stade de Kigali, bourré à craquer, les orateurs énumèrent la
liste des réalisations dont s¹enorgueillit le régime : les routes ont
été réparées et asphaltées, les TIG (travaux d¹intérêt général) réalisés
par ceux qui avaient été mis en cause pour leur participation au
génocide ont permis de multiplier terrasses anti-érosives et routes de
pavés taillés à la main, l¹accès à l¹éducation primaire est gratuit pour
tous, les citoyens ont accès aux moyens de communication modernes et le
lancement de l¹opération «un ordinateur par élève » est imminent.
Les promesses se succèdent : le gaz méthane, extrait du lac Kivu et
exploité par plusieurs compagnies privées, assurera bientôt
l¹autosuffisance énergétique, le câble optique sera tiré jusque dans les
communes les plus reculées. Charles Murigande, l¹ancien ministre des
Affaires étrangères, cite aussi parmi les succès du régime la visite du
président Bush, les fréquents séjours au Rwanda de l¹ancien président
Clinton et de Bill Gates. Mais c¹est lorsqu¹il évoque les mutuelles de
santé que la foule, spontanément, applaudit. Dans tout le Rwanda en
effet, les citoyens, moyennant une modeste cotisation annuelle de 1000
francs rwandais, ont désormais accès aux soins de santé de base. Et
250.000 d¹entre eux, fonctionnaires, travailleurs d¹entreprises, sont
membres de la mutuelle « Rama », fondée par le Dr Gakwaya, un ancien
médecin de la Vierge Noire à Namur, heureux détenteurs d¹une carte qui
leur donne accès à tous les soins médicaux nécessaires.
Bilans et promesses à usage électoral ? Pas vraiment. Au retour de
Kabuga, notre chauffeur Hassan confirme : « le gouvernement va donner
une vache à chaque famille et il a déjà commencé dans plusieurs
provinces. Des vaches soigneusement sélectionnées ont déjà été
distribuées. Mais désormais, plus question de les laisser brouter dans
les prés : les vaches doivent rester à l¹étable et être nourries avec du
fourrage. » Peu à peu, les vaches aux longues cornes, somptueuses dans
leurs robes fauves ou tachetées mais peu productives, cèdent la place à
des « cousines » venues de Suisse ou d¹Afrique du Sud, plus râblées mais
dont le rendement en lait est bien supérieur.
Même si la plupart de nos interlocuteurs sont prudents, ne se hasardent
pas à critiquer les autorités en public et craignent d¹être accusés de «
divisionnisme », les acquis du régime sont largement reconnus : la
sécurité est réelle et Kigali est l¹une des seules villes d¹Afrique où
des femmes peuvent se promener la nuit sans être inquiétées. S¹il
vérifie les documents des voitures, contrôle ceintures de sécurité,
vitesse requise et casques des motards, aucun policier n¹est jamais
surpris à quémander de l¹argent et les militaires sont d¹une discipline
exemplaire.
Les visiteurs qui reviennent à Kigali après 14 ans d¹absence n¹en
croient pas leurs yeux : ils avaient quitté une petite ville de
province, avec ses maisons basses accrochées aux collines et ses rues de
terre, ils retrouvent aujourd¹hui de vastes avenues asphaltées, des
immeubles de verre et d¹acier, des banques, des bureaux, des maisons à
étages, des restaurants méticuleusement contrôlés par les services
d¹hygiène. Avec orgueil, les Rwandais, surtout ceux qui sont revenus de
la diaspora et se comportent quelquefois comme des nouveaux riches,
aiment montrer les nouveaux quartiers comme Nyarutarama, -parfois
appelée « coltan city »- (le minerai extrait au Congo mais qui se trouve
au Rwanda égalementS) où se succèdent des maisons de style californien,
avec terrasses et colonnades, où un lac artificiel a été creusé dans la
vallée, où les courts de tennis voisinent avec des greens soigneusement
entretenus. Sur toutes les collines qui ceinturent la ville s¹étendent
des cités nouvelles, maisons aux toits rouges ou bureaux aux larges
fenêtres.
Tous ceux qui le pouvaient ont investi dans l¹immobilier, attendant
d¹importants investissements venus des pays du Golfe ou de Dubaï, qui a
déjà acheté le parc de l¹ Akagera. Dans tout le pays, la propreté
surprend : pas un papier n¹est jeté sur la voie publique et à
l¹aéroport, les voyageurs se voient confisquer tous leurs sacs en
plastique, obligatoirement remplacés par des sacs de jute ou de papier.
Au cours des dix dernières années, le Rwanda s¹est plus transformé qu¹en
un siècle de colonisation, qu¹en 40 ans d¹indépendance : le petit pays
modeste d¹hier, à l¹ambiance paroissiale et parfois hypocrite, déborde
d¹ambition.
Romain Murenzi, ancien professeur de physique aux Etats-Unis et
aujourd¹hui attaché à la présidence, incarne les ambitions du nouveau
Rwanda : « nous avons déjà un million d¹abonnés au téléphone portable,
ils seront 5 millions en 2012. Avec l¹aide d¹une compagnie chinoise,
nous venons de produire nous-mêmes un portable bon marché, avec des
indications en kinyarwanda. Sa diffusion, avec des connections
adéquates, aura des usages multiples : phone banking, gestion des stocks
de médicaments dans les dispensaires, sensibilisation à la lutte contre
le SidaS » Lorsque nous l¹avions rencontré voici trois ans, nous nous
demandions si ce petit homme débordant de projets et d¹enthousiasme
n¹était pas un utopiste, voire un doux dingue. C¹était mal mesurer la
volonté de changement, de modernisation qui anime les dirigeants
rwandais. Des projets annoncés hier se matérialisent aujourd¹hui : tout
Kigali est creusé de tranchées où est déposé un câble optique tiré
depuis Mombasa sur l¹Océan Indien et qui rampe déjà vers Butare. Il faut
croire Murenzi lorsqu¹il déclare que « le Rwanda a pour vocation de
devenir la colonne vertébrale des communications de toute la région, un
« digital hub » où se croiseront les communications du Burundi, de l¹est
du Congo » et qu¹il promet la prochaine arrivée de la télévision
digitale, mise en ¦uvre par une compagnie chinoise. A la fois
visionnaire et réaliste, Murenzi assure « lorsque tous les Rwandais
auront accès à Internet, qu¹ils pourront communiquer, s¹informer,
consulter des banques de données, passer des examens et conquérir des
diplômes, l¹enclavement mental qui a permis le génocide aura disparu. La
propagande mortifère n¹aura plus prise sur ces gens làS »
Enthousiaste, l¹ancien professeur d¹université, qui veut mettre en ¦uvre
300 microbarrages et distribuer 50.000 « labtops », entrevoit déjà cet
horizon 20/20 qu¹il prépare : « depuis 1994, le PNB a déjà doublé, nous
sommes à 370 dollars par habitant, visons les 400 dollars en 2010.
Croyez moi, avant 2020 nous aurons atteint notre objectif, 900 dollars
par habitant, nous allons gagner la lutte contre la pauvretéS »
En attendant, on a parfois le sentiment qu¹à Kigali, ce sont surtout les
pauvres que l¹on fait disparaître, que l¹on dissimule aux regards. Comme
dans toutes les villes en voie de modernisation sinon de «
gentryfication », les quartiers populaires sont progressivement rasés.
Les habitants du « Kyovu des pauvres », une vaste colline bien exposée,
passage obligé vers le centre ville, n¹en finissent pas de se lamenter :
voici un mois, ils ont eu 24 heures pour déguerpir, reculer devant les
bulldozers qui dévorèrent leurs maisons en une seule journée, un
sinistre dimanche qu¹ils ne sont pas près d¹oublierS
Nous retrouvons Damien, Amélie à la sortie de la messe à laquelle ils
ont assisté à l¹église de la Sainte Famille. «Nous savions que
l¹expropriation était prévue, que la mairie envisage de construire à
Kyovu des bureaux, des immeubles à étages. Mais nous pensions qu¹ on
nous donnerait le temps de chercher autre chose, de trouver un accord
sur le prix de l¹indemnisation. Au lieu de cela, ce fameux dimanche, on
nous a donné notre chèque en même temps qu¹on nous ordonnait de vider
les lieux. » Certes, la Caisse sociale, qui récupère les terrains, a
indemnisé les habitants de Kyovu, qui ont même réussi à obtenir des
montants supérieurs à la suite d¹une contre expertise et d¹un recours en
urgence auprès de l¹ombudsman national, Tito Rutaremera. Mais les
expulsés refusent d¹aller vivre dans les petites maisons qui leur sont
proposées à Batsinda, dans la périphérie, car les transports sont longs
et coûteux. Et ceux qui veulent rester en ville constatent que les
loyers ont tripléSMais surtout, ainsi que l¹explique un chef de
quartier, « ce que nous déplorons, c¹est que toutes les relations
sociales sont briséesS Il avait été si difficile de revivre ensemble,
rescapés du génocide, Tutsis revenus du Burundi ou de Tanzanie, Hutus
rentrés des camps du Congo, veuves, orphelins, autochtones qui vivaient
déjà ici avant la colonisation. A Kyovu, tout le monde se mélangeait,
peu à peu le traumatisme du génocide s¹atténuait. Aujourd¹hui, nous
revoilà à nouveau transplantés, dispersés. Seuls, une fois de plusS »
Dans ce vaste chantier qu¹est le Rwanda, on se lève tôt, on travaille
jusqu¹à la nuit, on oublie la paresseuse indolence d¹autrefois. «
Imihigo » contrat de performance, est devenu le mot magique :
bourgmestres comme députés ou ministres, tous les responsables ont
conclu avec le président une sorte de pacte personnel, s¹engageant à
atteindre, dans un délai déterminé, tel ou tel objectif. Et tous
assurent que ce diable d¹homme, remarquablement renseigné, les suit à la
trace, transcrit sur ordinateur le nombre d¹étudiants par commune ou les
chiffres de production et qu¹il n¹hésite pas à congédier les traînards,
les moins chanceux, pour ne pas parler de ceux qui seraient soupçonnés
de corruptionS
Kagamé se défend d¹être pressé, autoritaire, de piquer quelquefois des
colères qui effraient : « oui, je pousse les gens, je les bouscule, je
veux aller vite. Mais il s¹agît de sortir de la pauvreté, au plus tôt.
Au Rwanda, nous n¹avons pas de pétrole, pas de ressources
extraordinaires. Ce que nous pouvons offrir, c¹est le souci de
l¹environnement, la sécurité, le travailSL¹aide étrangère ne sera pas
toujours là, nous devons nous préparer à compter sur nos propres forcesS
» Même si l¹eau bout dans la casserole à pression, le président pousse
les feuxS
------ End of Forwarded Message

mercredi 1 octobre 2008

Nkunda: ses plans en exclusivité pour «le Soft International»

 

Nkunda: ses plans en exclusivité pour «le Soft International»

le général Nkunda se défend sur Bukavu et sur Kisangani et se dit prêt de repartir «si on me le demandait».

Tuesday, 12 June 2007
Sept jours dans le maquis du Nord-Kivu avec le Général casse-tête. L'homme se démarque du RCD-G, s’explique sur ses guerres, mouille ses ex et réclame le pouvoir. Il estime avoir l’expertise nécessaire que le Gouvernement ne dispose pas. Se défend sur le terrible massacre de Kisangani et implique la hiérarchie du RCD-G. Il réclame l’application de la loi d’amnistie et le retrait du mandat d’arrêt international. Sur la menace du ministre Tchikez, il dit avoir réagi auprès du Chef de l’État Joseph Kabila Kabange. Il se présente comme le justicier du peuple et se dit prêt à aller combattre là où le devoir l’appelle. Il, qui? Laurent Nkunda. Batware? Non, Mihigo, nous dit-il. En exclusivité pour «le Soft International».
Si le Kivu regronde poussant la hiérarchie catholique à s’adresser directement et publiquement à l’Occident, «le Soft International» a accepté de dépêcher l’un de ses meilleurs journalistes dans les maquis du Nord-Kivu où il a passé une semaine en compagnie du général Nkunda. Du canon.
Du canon. Une semaine - pas moins - dans les maquis du Nord-Kivu alors que tout autour gronde. Dans Bukavu et dans le Sud-Kivu, ça sent à nouveau la poudre. La hiérarchie catholique vers qui se tourne la province descend dans la Capitale Kinshasa et prend publiquement à témoin les chancelleries - et pas n’importe lesquelles! - occidentales. Via la France. Le cri de détresse. L’appel au principe du droit d’ingérence humanitaire. Un peuple en danger.
Au Kivu, à nouveau, rien ne va plus. Un GSM qui sonne: un appel - depuis les maquis - à journaliste et pas n’importe lequel, un du «Soft International» et une condition posée par notre journal: «oui, à condition d’une rencontre en exclusivité». Réponse: «bien sûr». Michel Mukebayi Nkoso peut débouler dans les Kivu. Du canon...
Certains l’appellent «le boucher de Kisangani» - rappelant le terrifiant massacre d’officiers insurgés d’entre-les-deux Sun City à Kisangani. Il s’en défend avec force.
QUELQUE PART DANS LES MAQUIS DU NORD-KIVU.
ENVOYE SPECIAL.
«Les Congolais doivent comprendre. À Kisangani, la guerre a commencé alors que j’étais en formation dans une académie au Rwanda. On me dit que Kisangani est occupé et que je dois accompagner le chef d’état-major général adjoint chargé de l’administration Gabriel Amisi Tango Fort. J’arrive à Goma à 9 heures alors que le chef-lieu de la province Orientale est occupé depuis cinq heures du matin. Les combats font encore rage dans la ville. Nous prenons l’avion avec le général Tango Fort qui était alors mon chef. Prennent place à bord du même vol: le colonel Luboya, G2 du RCD».
«À l’époque, je suis commandant brigade en formation. Je n’étais pas en fonction. C’est mon adjoint, le colonel Yvon Gizani, qui assumait mon intérim à Kisangani. Il est aujourd’hui à Kinshasa. Où est la responsabilité de Laurent Nkunda dans cette affaire? On dit que je suis resté à Goma parce que je craint d’être arrêté à Kinshasa à cause de Kisangani. Que dire alors d’Adolphe Onosumba à l’époque président du RCD? Il avait la charge des opérations comme chef suprême. Que dire d’Azarias Ruberwa? Il était secrétaire général du RCD. Que dire du général Gabriel Amisi Tango Fort aujourd’hui chef d’état-major général adjoint? Que dire de feu général Sylvain Buki alors chef d’état-major général de l’armée du RCD? Et du général Malik à l’époque du RCD chargé des opérations?»
«Chercher dans cette affaire à faire porter la responsabilité à Laurent Nkunda, c’est simplement prendre le raccourci du bouc émissaire».
«LE RWANDA ME DOIT».
De ses relations avec Azarias Ruberwa Manywa, l’ancien Vipi en charge de la Défense et de la Sécurité, et ce qu’il pense de lui comme homme?
Quand il en parle, le général est amer.
«Ruberwa m’a dit un jour qu’il était fâché contre nous parce que nous avions refusé d’accompagner le RCD à Kinshasa. Depuis que j’ai refusé d’aller prendre mes fonctions à Kinshasa, on n’a plus la même relation (...). Mais je pense que je n’ai rien à en attendre. Il n’a pas un soutien à me donner. Il n’a pas su capitaliser le poste que nous lui avions donné, ce poste pour lequel nos enfants sont morts. S’il n’a rien fait pendant qu’il était Vice-président de la République, je ne le vois pas faire quoi que ce soit aujourd’hui».
Quand on veut en savoir plus - par exemple s’il sent de l’ingratitude -, le patron du CNDP répond sans hésiter: «Effectivement. Il nous a accusés d’avoir refusé de l’accompagner à Kinshasa. Mais il n’a jamais été clair dans sa vision. J’ai parlé avec lui avant qu’il ne se rende à Kinshasa. Je lui ai demandé ce que nous allions y faire. Il n’a pas su me répondre, ni me dire ce que nous allions y gagner. Si j’ai refusé d’aller à Kinshasa, c’est mon droit. Ce n’est pas le RCD qui m’a formé, ni m’a recruté comme militaire. Je n’avais donc aucune dette envers le RCD».
«Et puis il y a Bukavu. J’ai parlé avec beaucoup de ministres à Kinshasa alors que je m’y trouvais pour sauver des vie Banyamulenge. J’ai parlé avec Azarias Ruberwa. Il m’a promis qu’une enquête allait être mise en route sur ce qui s’était passé à Bukavu. Il m’a recommandé de quitter la ville pour laisser faire l’enquête. En réalité, je pense que Ruberwa doit garder des remords de cet épisode parce que ce sont ses propres frères qui sont morts. Il n’a pas pu leur rendre justice durant son mandat».
Du Rwanda, ce pays a une dette envers lui. «Vous dites que le Rwanda m’a adopté? Nous sommes allés au Rwanda aider le FPR à chasser le pouvoir dictatorial et génocidaire de Juvénal Habyarimana. Je suis allé donner mon appui avec d’autres Congolais. Tel feu le général Anselme Masasu Nindaga. Tels le général Malik, le général Obed Rwibasira, le colonel Eric Rihombere, le colonel Elie Bishondo, le colonel Bonane aujourd’hui en Ituri. Nous sommes parmi ceux qui ont sympathisé d’une manière ou d’une autre avec le Rwanda. Mes relations avec le Rwanda sont des relations fraternelles. Je suis Munyarwanda congolais. J’ai des liens de culture, de langue et d’histoire avec le Rwanda. Le Rwanda héberge encore aujourd’hui beaucoup de réfugiés rwandophones congolais. Nos familles sont là. Nous partageons un passé commun».
«Je pense en effet que le Rwanda m’est redevable. Nous disons que nous n’avons pas de comptes à demander au Rwanda puisque nous nous sommes battus pour une cause. Nous ne sommes pas allés au Rwanda comme mercenaires. Il s’est agi d’un engagement personnel pour des valeurs. Nous n’avons rien à réclamer, mais les Rwandais eux-mêmes reconnaissent que nous avons fait beaucoup pour eux. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils nous ont accompagnés dans la marche de l’AFDL vers Kinshasa». Quand on veut savoir s’il recherche des postes dans les Institutions à Kinshasa, il répond oui mettant cependant malignement en avant son plan de paix qui en est la condition.
Dans un «Condensé du cahier de charges du Congrès National pour la Défense du Peuple» signé à Bwiza, Nord-Kivu, le 30 décembre 2006, le Général de Brigade Laurent Nkunda Mihigo, réclamait au point 8 ce qui suit: «Mettre en oeuvre la loi d’amnistie déjà votée et promulguée et annuler les mandats d’arrêt émis sans fondement et nuisibles à la réputation des victimes».
Et, en voie de quoi, le CNDP «en guise de bonne foi se déclare disposé à observer un cessez-le-feu permanent pour tester la bonne volonté du régime en place d’engager un processus démocratique véritable dans l’esprit et la lettre de ce qui vient d’être dit».
Ainsi, poursuit le texte, le CNDP «adhère sans réserve à la position de tous ceux qui, comme l’Afrique du Sud, la MONUC et des forces politiques et sociales congolaises, appellent à une solution politique négociée de la crise actuelle, car à l’évidence, la solution militaire a montré toutes ses limites».
Dans son plan de paix, Nkunda offre des propositions.
«Au niveau du CNDP, nous disons qu’il faut mettre chacun à sa place. Nous ne venons pas seulement discuter des postes, nous apportons un savoir-faire qui a manqué au Gouvernement. Nous avons fait montre de notre savoir-faire en réussissant la réconciliation partout où nous sommes présents. Nous avons fait montre de notre savoir-faire dans l’organisation de l’armée et même dans la sécurisation du territoire. Voilà pourquoi, nous disons que ce n’est pas seulement une question de partage des postes, mais c’est aussi une question de négocier les capacités. Nous disposons d’une expertise capable d’aider ce Gouvernement à aller de l’avant. Nous sommes prêts à la mettre à la disposition de qui de droit».
Mais le général explique que dans ces négociations, son ancien mouvement politico-militaire du RCD-G n’est nullement concerné.
«Le RCD est déjà au Gouvernement. Il a fait alliance avec l’AMP même s’il n’a pas obtenu un poste ministériel. Puis, le RCD a participé au Gouvernement pendant les trois années de la transition. Nous, nous n’avons rien eu».
«Le CNDP n’a aucun lien avec le RCD. Nous avons un lien du passé du fait d’avoir été général au RCD. Certains aspects de notre cahier reprennent des revendications partagées à l’époque avec la direction du RCD. Le RCD s’en est détourné dès qu’il est arrivé au pouvoir. Nous, nous continuons encore à nous battre pour en obtenir la matérialisation. Il n’y a pas de collaboration entre le CNDP et le RCD. Nous sommes autonomes. Il faut rappeler que nous avons connu des contradictions presqu’irréductibles avec les membres de la direction du RCD, même avec Ruberwa (...). On s’est battu en 1998 contre les anti-valeurs. Ces anti-valeurs ont continué avec la transition. On s’est battu pour que les réfugiés reviennent au pays, pour qu’il y ait réconciliation. En la matière, le RCD n’a rien fait avancer».
Êtes-vous Nkunda ou Nkundabatware?
Mon nom est Laurent Nkunda Mihigo. Le patronyme Nkundabatware existe dans le langage kinyarwanda mais je ne le porte pas. Ceux qui me le collent veulent me caricaturer.
À Kigali, la Capitale rwandaise, qu’avez-vous négocié avec Kinshasa?
Nous avons remis un cahier de charges aux autorités. Ce cahier est très simple. Nous négocions la paix et non pas les postes comme cela s’est passé à Sun City. Nous avions entamé les discussions avec l’objectif d’arriver à un protocole exécutoire pour toutes les parties.
Qui était votre interlocuteur côté Kinshasa dans ces négociations?
Le général John Numbi.
Un accord a-t-il été signé à cette occasion?
Il n’y a pas eu d’accord écrit mais ce que nous appelons un «gentleman agreement» qui a permis la mise en route du mixage. Entre hommes d’honneur, un engagement verbal pris devant témoins vaut autant qu’une signature. Nous croyons que ceux qui dirigent ont un sens élevé de l’honneur pour rester liés à la parole donnée. Le général Numbi s’est engagé et a promis que le volet politique allait être discuté plus tard avec ceux qui ont en la compétence.
Qui a sollicité la médiation de Kigali?
C’est Kinshasa.
N’aviez-vous pas été consulté par Kinshasa?
Après l’accord entre Kinshasa et Kigali, les deux parties ont demandé au général James Kaberebe de me contacter. Ce dernier m’a appelé et m’a proposé de me rendre à Kigali pour rencontrer le général John Numbi. Il m’a été dit que Kinshasa veut parler avec moi pour mettre fin à la guerre. J’ai accepté de faire le déplacement. Le CNDP se bat pour une solution à un problème spécifique. Le Rwanda m’a envoyé un hélicoptère et je suis parti à Kigali.
Peut-on savoir plus sur le plan de paix du CNDP?
Nous avons un plan de paix pour la RDC. Nous pensons qu’on ne peut pas résoudre les problèmes du Congo sans penser à la paix. Il s’agit plus d’une vision globale sur la paix que nous présentons à la suite d’une analyse des problèmes à la base de différentes guerres que nous avons connues.
Ce plan porte-il sur l’Est ou s’intéresse-t-il sur tout le pays?
Nous parlons de la République démocratique du Congo dans son ensemble. Pour qu’il y ait la paix, nous pensons que les problèmes doivent être résolus de manière globale. C’est dans cette optique que nous voulons négocier. Donc, nous devons considérer le problème sécuritaire comme un problème global. Bien sûr, les entités peuvent avoir des problèmes particuliers. Cependant, les problèmes ne doivent pas être résolus individuellement.
Hormis l’Est, quelles autres parties du pays sont concernées par votre plan?
Nous avons épinglé le conflit du Bas-Congo né de la répression d’une manifestation de Bundu dia Kongo avec mort d’hommes. Il est fait état de la situation sécuritaire de l’Ituri. Tout comme du conflit séculier Kasaï-Katanga, Baluba-Balubakat… Tous ces conflits montrent qu’il y a véritablement un problème de réconciliation nationale.
Vous parlez d’un problème fondamental, l’intégration sociale. Pensez-vous que le 1+4 n’a pas réussi à créer une cohésion nationale, à réconcilier les Congolais?
S’il y avait réconciliation, on ne serait pas là où nous sommes aujourd’hui. Il y a des déchirures partout, même pour des petits incidents.
Croyez-vous que la question Tutsie n’a pas trouvé de réponse? Des représentants Tutsis s’étant retrouvés au sommet de l’État, n’est-ce pas une réponse au problème d’intégration sociale?
Qui sont ces représentants des Tutsis?
Vous n’ignorez pas l’ancien vice-président de la République Azarias Ruberwa…
Ruberwa a été là au nom du RCD et non des Tutsis. Aussi longtemps que les Tutsis sont dans les camps des réfugiés en Ouganda, en Tanzanie et au Burundi, il ne faudra pas dire qu’ils ont des représentants à Kinshasa. Tout ce qu’on pouvait faire pour eux, c’est de les ramener au pays.
Faites-vous du retour des réf ugiés Tutsis au pays une condition à la réconciliation nationale?
Tout à fait. Comment voulez-vous parler de réconciliation quand certains compatriotes sont contraints de vivre en dehors du pays et dans des conditions infrahumaines? Réconciliation signifie cohabitation pacifique. Elle ne peut se réaliser en l’absence d’une ou des autres composantes de la communauté. Les Tutsis ne peuvent pas être au Congo aussi longtemps que les FDLR Interahmwe trouvent des alliés sur place. Il faut que le Gouvernement congolais cesse de collaborer avec les Interahamwe et qu’il les mettent hors d’état de nuire. Alors, les Tutsis vont trouver un terrain et se réconcilier avec eux-mêmes et avec leurs frères congolais.
Selon vos chiffres, combien de réfugiés Tutsis vivent aujourd’hui à l’étranger?
Il y a ceux qui sont dans des camps de réfugiés et d’autres qui vivent en dehors des camps. Il y a également ceux qui se sont naturalisés parce qu’ils ne veulent plus revenir au pays. Au Rwanda, Burundi et en Ouganda, on dénombre à peu près 80.000 réfugiés tutsis.
Ces chiffres ne seraient-ils pas gonflés?
Pour quel intérêt le ferions-nous? Qui peut accepter d’aller vivre dans un camp de réfugiés au moment où il a un pays? Nous considérons que tous ceux qui ont accepté de faire 10 ans dans un camp des réfugiés sont vraiment des Congolais parce qu’ils ne sentent pas chez eux.
Vous proposez un plan de paix au moment où le mixage a échoué...
Le mixage n’a pas encore échoué. Nous avons fait un premier bilan de cinq mois. Il est négatif, certes. Mais cela ne veut pas dire échec. L’échec signifie qu’il n’y a pas de recours. Je dis que le bilan est vraiment négatif parce que le comportement que certains ont affiché n’a pas permis de réaliser tout ce qui était prévu.
Comportement affiché par vous et le Gouvernement...
Je parle de nous parce que nous sommes les partenaires du Gouvernement. J’assume même si mon interface n’a pas eu un comportement responsable. Nous sommes deux parties engagées dans la réalisation du projet et nous pouvons qu’être comptables devant l’histoire les uns les autres.
Donc, le mixage est au point mort aujourd’hui...
Je dirai oui parce que le processus a été interrompu. La mise en place de la VIème brigade mixée n’a pas été réalisée. Ce qui fait que les combattants localisés dans le Sud-Kivu et le Grand Nord, à Beni et Butembo, restent encore en marge de l’intégration de l’armée nationale.
Plus rien n’avance depuis que mon interlocuteur, le général John Numbi, est reparti à Kinshasa. Je n’ai aucune suite depuis et je ne sais pas ce qu’il planifie. Je n’ai plus de contact avec lui depuis plus de deux semaines. Il faut se flatter de la bravoure des brigades mixées. Elles ont réalisé beaucoup d’exploits sur le terrain.
Que vous a dit le général Numbi la dernière fois que vous vous êtes rencontrés?
Il m’a fait comprendre que le Gouvernement fait face à beaucoup d’urgences à Kinshasa. Il avait évoqué les préparatifs de la commémoration de la date du 17 mai dont il avait la charge. Par la suite, il a avancé d’autres urgences à résoudre au niveau de l’état-major général de l’armée. Je reste optimiste. Si le Gouvernement a débloqué des fonds supplémentaires pour la ration des unités mixées, c’est signe qu’il ne s’est pas détourné complètement de ses engagements. Il y a donc lieu de nuancer le terme échec. Cela me laisse à penser que Kinshasa prend peut-être le temps d’évaluer avant de continuer.
La reprise de la guerre n’est-elle pas proche après les déclarations du ministre de la Défense Tchikez de se transformer en «ministre de la guerre», menace proférée à l’endroit d’un de vos commandants, celui de la brigade mixée de Rutshuru, Sulutani Makenga?
J’ai réagi vigoureusement à cette menace par une correspondance que j’ai adressée au Chef de l’État. Quand un ministre fait une telle déclaration, cela veut dire qu’il ne mesure pas la grandeur de sa mission. Peut-être qu’il était hors de lui au moment où il a fait cette déclaration!
Avez-vous depuis reçu la réponse du Chef de l’État?
Je n’ai encore rien reçu. La lettre a été expédiée, il y a à peine une semaine.
Avec l’image des unités mixées à Goma, pensez-vous que Kinshasa pourrait se montrer réceptive à votre égard?
L’image dont vous parlez est falsifiée de manière délibérée par ceux qui sont opposés au mixage. Partout où elles sont déployées, les unités mixées ont plutôt une très bonne presse. Il n’y a qu’à voir leurs réalisations sur le terrain. À Kinshasa, des stéréotypes du même genre circulent sur les unités mixées. Les gens n’ont pas l’information, la vraie.
Quels exploits à mettre au compte des unités mixées?
Il faut considérer que l’Ituri était inaccessible. C’était un bastion des FDLR/Interahamwe. Tout comme une grande partie de Masisi. Il était impossible de faire le trafic entre Goma et Butembo. Les convois étaient attaqués régulièrement par les coupeurs de routes. Chaque jour, c’étaient des tueries, des pillages. Le parc de Virunga était en voie de disparition à la suite d’une terrible aggravation du braconnage avec la présence des FDLR alliés aux Maï Maï.
Le déploiement des unités mixées a nettoyé Rutshuru des foyers des FDLR. Le trafic a été rétabli entre Goma-Beni-Butembo. Le parc de Virunga se remet petit à petit. Les animaux, notamment les gorilles reviennent. Les hippopotames sont à nouveau visibles au lac à Vitshumbi. Selon nos statistiques, beaucoup d’animaux sont partis en Ouganda. Sur la route de Busendu, les pillages ont cessé depuis deux mois. Il y a bien de choses qu’on peut dire et qui sont vérifiables.
Mais il y a la pêche illégale à Vitshumbi en dépit de la présence des unités mixées…
Si cette pêche illicite se poursuit, c’est parce que la coordination entre les différents services installés sur place n’est pas encore effective. La complexité de la question tient au fait que des autorités locales sont elles-mêmes impliquées dans cette pêche illégale. C’est au Gouvernement d’établir une collaboration entre les unités mixées et les gardes du parc. Les unités marines doivent être aussi mises au pas. Ce sont elles qui favorisent la pêche illicite. La responsabilité incombe donc au Gouvernement.
Puisque vous parlez du Gouvernement, quels sont vos rapports avec lui? Qui a donné l’ordre de traquer les Interahamwe aux unités mixées. Le gouvernement ou vous-même?
Au lancement des premières brigades mixées, le général John Numbi a affirmé clairement que ces brigades avaient, entre autres missions, de traquer les Interahamwe. Il avait parlé au nom du Président de la République, selon ses propres termes.
Qu’il eut été là comme plénipotentiaire du chef de l’État suffit déjà à certifier que la mission de neutraliser les FDLR est venue de l’autorité compétente en la matière. Cette mission tire son fondement de l’accord conclu à Kigali. Il a été entendu que les unités seront chargées de la sécurisation de l’Est en mettant hors d’état de nuire tous les groupes armés qui y sèment le désordre et l’instabilité, principalement les FDLR.
Dans cette traque des FDLR, qu’avez-vous déjà réalisé et qu’est-ce qui reste à faire?
Nous avons démantelé beaucoup de positions des FDLR. Dans le Rutshuru, il y avait des positions qu’ils avaient baptisés des toponymes du Rwanda. Par exemple, non loin de Katshuguru, il y avait une position dénommée Kigali. Il y avait aussi une position appelée Kabuga. Aujourd’hui, Kanyabayonga et Rutshuru sont sécurisés. Nous avons démantelé toutes les positions FDLR à Kahubiro, près de Kibirizi, à Kirama, près de Bambo. Ce sont des positions qui dataient de 2000. Nous avons aussi mené des opérations à Irula, Kalembe, Bibwe, Katoyi dans le Masisi ainsi qu’à Kiugi et Remeka connus comme bastions des FDLR.
Ce qui reste à faire maintenant, c’est de penser à Walikale, précisément à Kibwa où les FDLR ont placé leur état-major général. Nous sommes déterminés à les poursuivre jusque-là. Mais pour y aller, il faut de la logistique. Il faut augmenter les effectifs des unités mixées et renforcer leurs capacités opérationnelles. Ce que nous, nous avons réalisé, la MONUC y a failli depuis des années sous prétexte que l’usage de la force ne réglerait rien. Avec un peu de moyens, nous pouvons faire encore plus.
Quand pensez-vous lancer l’attaque contre le QG des FDLR?
Cela dépendra des moyens que le Gouvernement mettra à notre disposition. Nous attendons… Si la logistique suit, il suffira d’une semaine pour ne plus entendre parler de l’état-major des FDLR à Walikale.
Le Gouvernement n’a-t-il pas déjà donné des moyens? Comment se déroulent alors les opérations entreprises contre les FDLR?
Les moyens ne sont pas suffisants. C’est même insuffisant. Seulement, on essaie de faire avec. Nous avons appris à travailler avec les moyens de bord. Nous n’avons pas de choix d’autant que la cause nous concerne nous-mêmes. Il y va de notre avenir. Il faut qu’on le fasse.
N’est-ce pas à la demande du Rwanda que vous menez les attaques contre les Interahamwe?
Je ne sais pas pourquoi certains affirment cela. Si les FDLR restent un problème pour le Rwanda, ils les sont davantage pour le Congo. Qui sont ces femmes et ces filles qui sont violées chaque jour? Et les ressources qui sont pillées chaque jour? Qui en paient le tribut? Ce sont les Congolais. Les FDLR n’occupent aucune portion du territoire rwandais. Ils sont chez nous, au Congo.
Faut-il une injonction du Rwanda pour que des Congolais prennent conscience du danger et s’engagent à l’éloigner du territoire national? Dire que c’est le Rwanda le commanditaire, c’est fuir ses responsabilités. Pire, c’est même un déni de la souveraineté du pays et de son existence même. Faut-il être nécessairement Rwandais pour comprendre que les Interahamwe ont fait du mal au Rwanda? Le génocide n’est-il pas un crime imprescriptible dans le monde?
Si les moyens sont disponibles, combien de temps faudra-t-il pour liquider complètement le phénomène FDLR sur le territoire congolais?
Ce n’est pas facile de dire qu’on va liquider le phénomène FDLR. Ce sont des militaires. Ce qu’il faut au départ, c’est une volonté politique et une approche claire et bien définie. Quelle est l’approche que nous avons de la présence des FDLR au Congo?
Si tous les Congolais comprennent que la présence des FDLR est une menace à la sécurité nationale et que tout le monde s’y engage, nous allons les placer, dans un bref délai, dans les camps de réfugiés comme Rwandais et envisager leur retour au Rwanda. Ne parlons pas de liquider, mais plutôt de finir avec le phénomène. On peut en finir militairement ou politiquement avec l’implication de la communauté internationale qui nous a emmené les FDLR.
Certains de vos services parlent de complicité entre certaines autorités de Kinshasa et les FDLR. Le confirmez-vous?
Je le confirme. Je détiens des preuves à ce sujet. Lors de la bataille de Sake, nous avons fait prisonniers des éléments FDLR qui combattaient aux côtés des troupes gouvernementales. Certains sont encore ici.
Ils ont collaboré. Si le commandant de la IXème brigade, le colonel Mayanga a été rappelé à Kinshasa, c’est à cause de sa collaboration notoire avec les FDLR. Les FDLR ont été les alliés de Kinshasa dans la guerre contre le RCD. Ce lien demeure. Dernièrement, les FDLR ont tiré sur le Rwanda à partir d’une position de la IXème Brigade des FARDC.
Avez-vous fait part au général Numbi de vos allégations sur la collaboration entre FARDC et FDLR?
Tout à fait. Je l’ai fait.
Qu’a-t-il répondu?
Il m’a promis que tout cela allait finir. Il m’a avoué qu’il y avait des gens à Kinshasa qui entretiennent les FDLR. Je l’ai cru. En tout cas, mises à part les unités mixées, toutes les autres unités des FARDC ne font pas la guerre aux FDLR. Voilà pourquoi au Sud-Kivu, ils sont maîtres à Walungu, Lubirizi, Uvira, Sange… Personne ne les touche. Au contraire, ils collaborent. Ils sont ensemble…
Reste à savoir si le gouvernement est informé…
De ce qui se passe? Toutes les autorités qui empruntent cette route les voient. Ils ont placé des barrières partout. Ils font payer des taxes… mais personne ne le dit ou ne le dénonce. Si on me demande d’aller à Walungu pour en finir avec les FDLR, je le ferai volontairement, je le ferai avec tout le courage. Walungu c’est chez moi. Ce qui se passe là-bas est inacceptable.
Vous êtes le gendarme anti-FDLR? Leur terminatore?
Je suis contre toute personne qui menace la paix de ce pays et de ses populations. La même affection pour l’Ituri et Beni-Butembo. Le thème de paix est présent partout en R-dC. À part dans les milieux qui ne parlent pas. C’est nous qui avons mis fin au conflit interethnique en Ituri. C’est nous qui avons réconcilié les Lendus et les Hemas.
Et, militairement, nous avons collaboré avec le MRC et le FNI. C’est à notre initiative que Peter Karim est descendu à Fataki et nous lui avons demandé d’arrêter et d’attendre le mixage. C’est nous qui avons fait cette paix. À Beni, nous sommes avec le général Kakolele Bwambale qui était le chef des opérations à Lubero. Nous avons demandé aux jeunes Maï Maï qui dérangent partout d’attendre que nous venions les sortir de la brousse.
Est-ce à dire que le processus de mixage s’étendra dans toute ces parties?
Nous avons proposé un concept qu’on appelle mixage et nous l’avons défendu techniquement. C’est question de voir ce que cela va apporter comme résultat. Si on évalue l’action du brassage et du mixage, je crois qu’on peut choisir clairement le mixage.
Donc le général Laurent Nkunda propose d’étendre le mixage en Ituri, à Beni-Butembo, à Walungu et dans le reste du Sud-Kivu?
Le brassage a tenu compte du terrain. Mais, nous, nous avons proposé le mixage qui est vraiment technique et bien étudié. C’est un système qui répond aux besoins des Congolais et aux réalités du terrain. Le mixage nous a donné les premières unités capables de déloger les FDLR.
Dans le Rutshuru, les unités brassées ont plus cohabité avec les FDLR faute de capacité opérationnelle. Nous disons que si ce processus de mixage a réussi en quelques mois seulement et qu’il a démontré son efficacité sur le terrain, il faut continuer. C’est à peu près ce qui entrain de se faire en Côte d’Ivoire.
Certains trouvent que le mixage bloque le processus d’intégration du fait que les troupes mixées restent dans leurs fiefs en gardant leurs anciennes allégeances au détriment de l’armée nationale…
Il faut faire la différence entre l’intégration et le mélange. Mélanger ne signifie pas intégrer. L’intégration est un phénomène psycho-social. C’est très important de le souligner et c’est différent de mélanger les gens.
Comment arriver à l’intégration?
Si vous voulez que les militaires qui se battent soient ensemble, il faut qu’ils se fassent confiance. S’il n’y a pas confiance, les unités peuvent rester ensemble sans être capables d’opérer ensemble. C’est un problème d’idéologie. S’il n’y a pas d’idéologie, il n’y a pas d’armée. Le processus de mixage amène les militaires à vivre ensemble, à former un ensemble. On les y amène avec un dur travail qui pousse à unir les forces et à cristalliser ainsi la complémentarité, donc la cohésion dans le groupe.
La confiance règne-t-elle dans l’armée congolaise?
Elle n’existe pas puisqu’on s’est contenté de mélanger les gens. L’intégration de l’armée doit être le produit de l’intégration sociale. S’il n’y a pas intégration dans la société, il n’y aura point d’intégration dans l’armée. Un exemple: les unités du MLC, du RCD et de l’ex-Gouvernement ont été mises ensemble.
Aujourd’hui, leur intégration n’a pas résolu les problèmes de fond pour lesquels ces armées se battaient. Ces hommes se maintiennent toujours dans la guerre même si les uns et les autres sont ensemble avec leurs anciens ennemis. Voilà le problème! Pour intégrer l’armée, il faut aussi intégrer les problèmes. Est-ce qu’on a fait la rébellion pour le plaisir de le faire seulement? Est-ce que le MLC existe pour exister seulement? Est-ce que le CNDP existe pour exister seulement? Non. C’est dire qu’il y a un problème. Si on n’intègre pas ces problèmes, on n’arrivera pas à intégrer l’armée.
Un étudiant a été assassiné sur la route qui traverse le parc. Ses camarades rapportent qu’il a été tué par vos hommes qui lui reprochaient sa collaboration avec les Hutus des FDLR. Que répondez-vous à ces accusations?
Il s’est agi d’une embuscade où deux éléments d’une brigade mixée ont aussi trouvé la mort. Ils escortaient les commerçants en provenance de Butembo pour Goma. Quelques jours après, nous avons encore perdu six militaires dans les mêmes conditions.
Combien de militaires avez-vous perdu depuis le début des opérations?
Nous avons perdu une douzaine de militaires.
Et les pertes du côté de l’ennemi…
Quand nous délogeons trois brigades ennemies, c’est de lourdes pertes dans les rangs des FDLR. Ils ont perdu beaucoup d’hommes, surtout des officiers supérieurs. Nous avons aussi fait beaucoup de prisonniers de guerre.
Combien de prisonniers avez-vous à ce jour fait?
À Rutshuru, la brigade Bravo a remis une dizaine de prisonniers à la MONUC. Une autre dizaine est en instance d’être livrée à la MONUC.
On a dit beaucoup sur Bukavu. Combien d’hommes ont participé à l’assaut contre le général loyaliste Mbudza Mabe?
Je suis descendu à Bukavu avec 2.000 hommes.
N’auriez-vous pas quitté Bukavu sous la pression de Kigali?
Voilà encore un mensonge. Je suis allé à Bukavu avec une mission. Ce n’était pas pour prêter main forte au colonel Jules Mutebutsi, mais pour sauver les Banyamulenge qu’on tuait sous prétexte qu’ils étaient frères à Mutebutsi. Il y a eu un conflit entre le commandant région et son adjoint. Celui-ci a été généralisé au niveau de toute la communauté Banyamulenge. J’ai sécurisé la ville pendant deux jours, le temps d’évacuer tous les Banyamulenge vers le Rwanda. J’ai considéré à partir de ce moment-là que ma mission était terminée. J’ai regagné Goma et le lendemain Mbudza Mabé a repris la ville. Je n’ai pas subi des pressions.
J’ai juste eu un contact téléphonique avec le patron de la MONUC, l’ambassadeur Swing.
Etes-vous conscient que l’épisode de Bukavu a terni votre image ailleurs comme à Kinshasa?
Je ne pense que mon image soit ternie. Pour les 1.500 personnes que nous avons sauvées à Bukavu, mon image reste celui d’un sauveur.
Et, si aujourd’hui, d’autres Banyamulenge étaient attaqués…
Je reste disposé à aider et à sauver les victimes de l’intolérance. Je me suis battu au Rwanda en 1994 contre le régime de Juvénal Habyarimana. Je me bats au Congo pour la même cause. Si on m’envoie ailleurs pour une cause semblable, je suis prêt à le faire. Aujourd’hui, je me bats dans le Rutshuru, à Masisi et à Walikalé. Il n’y a pas des Banyamulenge là-bas. Nous nous battons pour que ce peuple respire et soit protégé.
Etes-vous prêt à vous soumettre vous-même au mixage?
Je suis disposé. Je n’attends qu’arrive mon tour. Encore faut-il savoir avec quel grade! Je porte les galons de général de brigade depuis 2003. Le Gouvernement a confirmé mon grade avant qu’une réunion du Conseil des ministres décide ma déchéance de l’armée. Mais je n’ai jamais été notifié sur cette déchéance. Donc, je détiens encore mon grade. Sauf si on me gratifie d’une autre promotion…
Et pour vos officiers supérieurs?
Le grade est un droit en fonction des prestations. On ne peut pas donner des grades à des personnes qui n’ont pas de niveau. Ils ont mérité ces grades. Je ne pense pas qu’il soit question de les dégrader. Nous attendions d’en discuter dans le cadre des négociations inaugurées à Kigali…
Combien d’hommes comptait le CNDP avant le mixage?
On avait principalement dans ce qu’on appelle le Petit Nord à peu près 8.000 hommes. Il y en a d’autres au Grand Nord et au Sud-Kivu.
Combien dans le Grand Nord et dans le Sud-Kivu?
Je ne peux pas avancer des chiffres exacts. Au Sud-Kivu, si l’on prend les troupes de Raia Motumboki à Shabunda et l’ex-Mudundu 40, cela fait un total de plus de 3.000 hommes qui sont encore là.
Et dans le Grand Nord?
Dans le Grand Nord, il y a 1.500 hommes de troupe.
Existe-t-il des alliances formelles entre le CNDP et les différents groupes armés auxquels vous faites allusion?
Les chefs militaires de ces groupes sont ici. Le général Kakolele Bwambale est ici. Le général Konga Kanape Lambert est également ici. C’est lui qui représente Shabunda, Mwenga avec Rayiya Mutomboki. Le colonel Odilon, le chef militaire du Mudundu 40, est ici. Nous sommes engagés dans la même lutte.
Votre cahier des charges prend-il en compte les revendications de tous ces groupes au nom du CNDP?
Nous nous présentons déjà comme une organisation avec une seule voix depuis longtemps. Il y a même une délégation qui s’est rendue dans le Sud-Kivu. Cela a provoqué beaucoup de remous et nous avons dû rappeler la délégation. Le colonel Eric Rihombere est allé à Minembwe pour inspecter les troupes de Bisogo. Ces troupes ont été sensibilisées à accepter le mixage. Elles sont même venues jusqu’à Ruberizi. C’est le gouvernement qui a arrêté le processus.
Combien d’hommes du CNDP ne sont pas encore passés au mixage?
A peu près 2.000 hommes qui n’ont pas été mixés. Ils devaient intégrer la future 6ème brigade. Celle-ci devait comprendre deux bataillons des hommes du CNDP. Dans ces 2.000 hommes, nous disposons d’un bataillon d’état-major qui assure ma garde rapprochée.
Si un jour vous vous impliquez dans les institutions, que deviendrait votre garde rapprochée?
Nous ne voyons aucun inconvénient. Dans ce cas de figure, qu’il nous soit commis une garde républicaine. Ca sera une garde mixée. Pas une garde personnelle, mais de fonction.
D’où le CNDP tire-t-il le financement pour entretenir tous ses hommes de troupe?
Nous sommes bien implantés dans le Masisi et ce n’est pas un pays pauvre. Cette partie de la République regorge d’énormes richesses naturelles. Nous disposons de grandes fermes sur place. Je suis moi-même un grand propriétaire fermier. La population est avec nous. Elle nous assiste. Nous vivons aussi des cotisations de nos membres. S’il y a des difficultés pour payer la solde, nos militaires n’ont jamais manqué à manger.
Ce n’est pas avec l’assistance de la population et les cotisations que le CNDP a pu faire face à des dépenses qui se chiffrent en millions de dollars…
Nous sommes partis avec des armes et des munitions que nous avions avec le RCD à Bukavu. J’ai ramené cinq camions pleins d’armes et de munitions de Bukavu. Je les garde encore. Nous nous ravitaillons souvent sur le terrain. Les forces gouvernementales abandonnaient armes et munitions. Quand ces forces battent en retraite, elles ne peuvent tout transporter. C’est une technique de ravitaillement dans une guérilla.
Aucun soutien d’une puissance amie, le Rwanda?
Nous n’avons reçu aucun appui.
MICHEL MUKEBAY NKOSO.
Son cachier de charge en exclusivité
Textuel: «Le gouvernement doit prendre la mesure de la gravité de la menace qui pèse sur le pays, si la réconciliation nationale et interethnique n’est pas réalisée. Pour éviter l’irréparable, il faut maintenir, renforcer et redynamiser la «Commission, Vérité et Réconciliation» puisque sans elle, aucune action gouvernementale ne saurait aboutir, ni sur le plan de la paix, de la sécurité, de la stabilité, ni sur celui du développement et du bien-être, la Réconciliation Nationale et Interethnique doit constituer pour le gouvernement de la République la priorité des priorités. Pour commencer, il faut réaménager le budget de l’État de telle manière que l’essentiel des moyens financiers disponibles soit affecté au moins à hauteur de 25% à cette priorité sans laquelle aucune entreprise gouvernementale d’aucune sorte ne saurait réussir. Cette priorité s’étendra sur toute la durée de la mandature, soit cinq ans».
C’est le CNDP, mouvement politico-militaire du «Général de Brigade» Laurent Nkunda Mihigo qui l’écrit dans une brochure A4 parfaitement reliée, et plastifiée avec couverture cartonnée sur papier bois qui en dit long sur le sérieux de ces «propositions du Congrès National pour la Défense du Peuple en vue de la consolidation du processus de paix en RDC».
Le document est daté mars 2007, Bwiza et signé le 1er mars par Nkunda lui-même, Général de Brigade, au titre de «Chairman». Le général est à la tête de la Direction Politique du CNDP.
Le cachet du CNDP est inspiré des armoiries du mouvement que domine un aigle...
Dans ses «propositions» - un véritable cahier de charges -, le CNDP suggère - est-ce le mot qui convienne.? - «la création des pôles de rapprochement citoyen».
«Il y en aura autant qu’il y a des foyers de tensions interethniques ou politiques, mais la priorité sera accordée aux foyers de tension du Sud-Kivu, Nord-Kivu, de l’Ituri, de Kinshasa et du Bas-Congo», écrit le texte. Il faut aussi «élaborer un programme d’éducation civique, politique et historique qui sera dispensé à la jeunesse, aux cadres territoriaux, aux militaires, aux policiers, aux services spéciaux, aux magistrats, aux fonctionnaires etc, ainsi que le calendrier approprié. Les lieux d’éducation seront choisis selon les groupes cibles». Et penser àp la création des «Centres de convivialité pour les jeunes, et les Territoriaux». Le CNDP appelle à l’élaboration d’une «loi pour réprimer les attitudes, les propos, les comportements et les actes racistes, exclusivistes, ethnicistes, tribales et xénophobes».
Quant à l’armée, le CNDP appelle à la mise en place d’une réforme.
«Le volet purement militaire reviendra au Conseil Supérieur de la Défense en ce qui concerne le côté technique et opérationnel et au Parlement en ce qui concerne les textes légaux nécessaires».
«Le CNDP a des propositions concrètes dans ce domaine. Elles feront l’objet d’un texte séparé», écrit le texte. Signe que le mouvement se présente désormais fortement comme un interlocuteur légitime face au Gouvernement et au Parlement.
Si son cachier de charges est pris en compte, le CNDP, dans une déclaration signée le 30 décembre 2006 dans la même localité de Bwiza, se déclare, «en guise de bonne foi», «disposé à observer un cessez-le-feu permanent pour tester la bonne volonté du régime en place d’engager un processus démocratique véritable dans l’esprit et la lettre de ce qui vient d’être dit.
Ainsi, poursuit le texte, le CNDP «adhère sans réserve à la position de tous ceux qui, comme l’Afrique du Sud, la MONUC et des forces politiques et sociales congolaises, appellent à une solution politique négociée de la crise actuelle, car à l’évidence, la solution militaire a montré toutes ses limites».
Ci-après:
I. CONSTAT.
01. En dépit du fait que la Transition soit achevée et que le processus électoral y soit parvenu presque à son terme (il reste les élections urbaines, municipales et locales), de toute évidence, la paix demeure gravement troublée en RDC. Seuls les niveaux d’insécurité diffèrent d’un coin à l’autre du pays. C’est dire que processus électoral et processus démocratique ne coïncident pas toujours, même si, bien entendu, le premier est la condition «sine qua non» du second.
02. Le processus démocratique implique, en effet, l’instauration et la garantie par l’État impartial, mais aussi l’appropriation civique par les administrés des fondamentaux démocratiques qui se nomment: paix, sécurité, stabilité, promotion et respect des droits humains et des libertés publiques, égalité de tous devant la loi et égale protection de tous par la loi, primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers, développement et bien-être de la population etc.
03. Par conséquent, si l’esprit démocratique n’est pas au rendez-vous du processus électoral, il serait vain et illusoire de croire que la paix s’installera par le seul fait des élections. Pire, si celles-ci n’ont pas pour résultat d’installer et de faire progresser les fondamentaux de la démocratie, la remise en cause de la légitimité des institutions et de leurs animateurs issus des urnes est inévitable. Ainsi, en RDC, les élections présidentielles, législatives et provinciales ont eu lieu et ont permis l’installation de nouvelles institutions nationales et de leurs animateurs. Mais rien n’indique, jusqu’ici, que la démocratie en soit sortie gagnante autrement que sur le plan purement formel. Deux exemples parmi les plus frappants: le premier illustre la dérive centralisatrice - donc anticonstitutionnelle - du gouvernement qui s’obstine à refuser le partage -pourtant constitutionnel – des ressources financières entre l’État et les Provinces, avec pour effet de priver celles-ci des voies et moyens d’un développement plus assuré, parce que plus proche des citoyens.
04. Le second démontre la carence ou l’indifférence du gouvernement face à la nécessité de rapatrier les Congolais réfugiés dans des pays voisins depuis plus d’une décennie. Il suffirait, en effet, qu’il prenne l’initiative de la signature des Accords tripartites prévus en la matière pour que le HCR dispose d’instruments juridiques nécessaires en vue de procéder à ce rapatriement au moyen des fonds prélevés sur son budget propre. Il s’agit, par conséquent, de citoyens discriminés par un gouvernement qui a pour vocation et mission de les protéger. La raison d’être d’un tel gouvernement paraît, dès lors, de moins en moins probante et un tel comportement favorise naturellement l’émergence des frustrations, elles-mêmes génératrices des insécurités.
05. Dans certaines entités territoriales de la RDC - Province du Nord-Kivu, Province du Sud-Kivu, Province Orientale - l’insécurité est devenue quasi-structurelle, en ce sens qu’à force de durer et de faire de plus en plus mal, jour après jour, elle a fini par imprégner et asseoir au quotidien au sein des populations concernées les réflexes, les comportements, les relations sociales, les opérations économiques et commerciales, etc. Ces trois entités territoriales ont en commun d’être celles où, de façon permanente, l’intolérance, l’exclusion, les oppositions interethniques les plus exacerbées et le refus de cohabitation pacifique ont élu domicile. Mais aussi, elles sont celles où opèrent avec la plus grande violence et la plus insupportable barbarie des groupes armés étrangers en situation de rébellion à l’égard de leurs pays respectifs qui sont aussi parmi nos plus prochains voisins. Il s’agit de: FDLR/ex-FAR/lnterahamwe du Rwanda, ADF/NALU et LRA de l’Ouganda, FNL-Palipehutu du Burundi.
06. Dans d’autres parties du pays, l’insécurité revêt un caractère plutôt conjoncturel.
- Ainsi, depuis les pillages de 1991 et 1993 et le massacre des Chrétiens de 1992, en pleine Conférence Nationale Souveraine (CNS), la ville de Kinshasa, à la veille ou au lendemain de chaque échéance politique, tend à devenir le théâtre de violences de plus en plus meurtrières.
- La Province du Katanga, à la même époque de la CNS, a connu une épuration ethnique dirigée par Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, l’actuel président de l’Assemblée Provinciale contre les non-originaires, en particulier les Baluba ressortissants du Kasaï. Ces derniers avaient déjà connu les mêmes pogroms, à une échelle plus vaste, lors de la sécession katangaise, au lendemain de l’indépendance, le 30 juin 1960. Cette menace-là n’est pas définitivement écartée, mais encore la rivalité entre Balubakat et «Katangais utiles» ne met pas la Province à l’abri d’éventuelles secousses porteuses de drames humains. Sans parler des groupuscules armés de la mouvance Maï-Maï qui ont mis à sac, il y a peu, le nord de la province et des représailles FARDC qui se sont ensuivies (cfr les exactions contre les populations de Kilwa).
- Plus récemment, la Province du Bas-Congo a été confrontée à des violences meurtrières d’une ampleur qui lui était jusqu’alors inconnue. Elles sont dues à l’apparition d’un mouvement à caractère politico-religieux et à visées probablement autonomistes, à moins qu’elles ne soient irrédentistes. Le Bundu-dia-Kongo (BDK), puisqu’il s’agit de lui, a été, par deux fois, l’objet d’une répression sanglante de la police et de l’armée qui ont utilisé des moyens disproportionnés pour en venir à bout. Le BDK n’a probablement pas fini de faire parler de lui.
- Dans la province de Bandundu, les récentes revendications territoriales angolaises en territoire de Kahemba ne sont pas pour rassurer sa population ni les autres Congolais qui doivent s’inquiéter de l’avenir de la paix dans cette partie de la RDC.
- Quant à la province de l’Équateur, des signes avant-coureurs d’une instabilité chronique à venir ont déjà été observés à la suite des contestations électorales et des violences qui en ont résulté.
- Par conséquent, si les comptes sont bons, sur les 11 provinces (dont Kinshasa) qui forment la RDC, au moins huit connaissent une insécurité plus ou moins grande. C’est beaucoup, c’est trop, cela mérite que les pouvoirs publics y consacrent le maximum d’énergies, de talents et de ressources matérielles et financières disponibles. Faute qu’il en soit ainsi, notre pays serait condamné à l’impuissance et à la mort lente, mais sûre. Et cela, le CNDP se refuse à l’admettre.
07. Nous savons que chez certaines élites politiciennes passées maîtresses dans l’art de la manipulation de la base, mais aussi chez quelque organisation onusienne désireuse de faire diversion pour durer au Congo, la mode est aujourd’hui de diaboliser le CNDP par le biais de la condamnation du processus de mixage et de faire de celui-ci la cause de toutes les insécurités. Il y a quelques raisons à cela: les brigades mixées ont la particularité de comporter des bataillons au sein desquels des éléments appartenant à l’ethnie Tutsie sont plus visibles qu’ailleurs au sein des FARDC. C’est le cas de la Brigade Bravo déployée dans le Groupement Binza, en chefferie de Bwisha, Territoire de RUTSHURU où les FDLR se meuvent comme poissons dans l’eau. D’une part, parce que, pendant très longtemps, et l’ancien Commandant de la 9ème Brigade brassée leur avait reconnu droit de cité sur l’axe KIWANDJA- ISHASHA et en avait fait les alliés naturels de l’extrémisme anti-tutsi. D’autre part, des milices Maï-Maï incontrôlés s’allient aux FDLR pour piller les camions des commerçants sur l’axe KIWANDJA-KANYABAYONGA afin d’achalander leurs boutiques qui s’étirent de KIWANDJA à ISHASHA en passant par KISEGURO, KINYANDONYI, KISHARU, KATWIGURU, BURAMBA et NYAMILIMA. On comprend dès lors pourquoi quelques députés à l’Assemblée Nationale, partisans de ces deux mouvances hors-la-loi, se trouvent en alliance objective pour fustiger une Brigade Bravo mixée dont le seul tort est d’empêcher les FDLR de dormir tranquilles, de piller, de violer et de tuer.
08. Le CNDP est conscient que le processus de mixage est une étape vers la formation d’une véritable armée nationale et républicaine, garante de la souveraineté nationale, de l’intégrité du territoire et de l’exercice légitime de l’autorité de l’État sur l’ensemble du pays. Cette étape est nécessaire et incontournable pour, d’une part, ressouder entre elles des unités de l’armée qui se sont militairement affrontées au cours d’une guerre meurtrière qui aura duré plus de 40 jours et, d’autre part, pour permettre au Gouvernement d’élaborer des réponses adéquates aux revendications contenues dans le cahier des charges du CNDP.
Faire du mixage le bouc-émissaire de l’impuissance de l’État en matière d’insécurité et de l’Incapacité de la MONUC à trouver ses marques en RDC est une faute. Pendant trois ans, en effet, de 2003 à 2006, les bataillons ex-CNDP aujourd’hui mixés, ont toujours été exemplaires dans la sécurisation de la population en territoire de Masisi et dans la Chefferie de Bwito où ils étaient déployés. Prétendre que tout d’un coup leur déploiement dans le Bwisha a suffi pour faire d’eux des bandes de tueurs sans foi ni loi est une imposture.
09. En réalité, le processus de mixage est combattu parce que sa réussite renvoie ses détracteurs (nationaux et internationaux) à leurs propres échecs:
a. À ce jour, les Brigades mixées ont détruit la quasi-totalité des bases FDLR dans les Territoires de Masisi et de Rutshuru, à savoir: Nyamilima, Katwiguru,. Riva, Nyakakoma, Busendo, Kirama, Nyamitwitwi, Kahumiro et Kinyamwiga en Territoire de Rutshuru; Mahanga, Chugi, Remeka, Katoyi, Mitimingi, Nyabiondo, Kalembe, Kivuye, Bitwe, Luhinzi en Territoire de Masisi. Une action d’une telle ampleur n’avait jamais été réalisée dans le passé ni par les troupes brassées ni par la MONUC.
b. Les coupeurs de route ont été définitivement balayés sur l’axe Kanyabayonga - Rutshuru.
c. Les braconniers de toutes sortes ont été chassés du Parc National de Virunga où l’on peut voir à nouveau des lions et des hippopotames en sécurité.
d. Au sein des Brigades mixées, la cohabitation entre bataillons venus respectivement des FARDC et du CNDP est parfaite et cela rend les opérations militaires extrêmement aisées et coordonnées.
II. CAUSE DE L’INSECURITE.
01. Depuis près de 20 ans, la RDC est devenue le ventre mou du continent africain. Une fausse démocratisation, débutée le 24 avril 1990 et marquée par une interminable Transition de plus de 15 ans a entretenu dans le pays une lutte chaotique entre une irrépressible aspiration populaire à l’émergence démocratique et un fol instinct de survie autocratique dans le chef des régimes en place. Ce fut vrai du temps du Maréchal-Président Mobutu tout comme à l’époque de Mzee Laurent-Désiré Kabila. C’est encore vrai aujourd’hui où une question aussi mineure que celle relative à la garde rapprochée d’une personnalité politique en vient à transformer Kinshasa, la capitale, en un champ de bataille terriblement meurtrier, apportant du coup la preuve sanglante de l’adage ancestral selon lequel «deux têtes de taureau ne sauraient cuire dans la même marmite». C’est la négation même de l’esprit démocratique.
02. Une telle lutte à mort pour la conquête ou la conservation du pouvoir a débouché sur la déliquescence de l’autorité de l’État et sur l’affaiblissement du pays. Ayant perdu son autorité et, par voie de conséquence, son impartialité, l’État a cessé d’être le garant de l’ordre et de la sécurité des personnes et de leurs biens, laissant aux individus ou aux groupes d’individus le soin de régler les rapports sociaux par «le droit de la force» au lieu de le faire par «la force du droit». D’où l’intolérance, la discrimination, l’exclusion, la xénophobie, l’injustice, la corruption, la prédation des ressources nationales, la violation des droits humains et des libertés publiques, l’impunité qui sont la caractéristique de l’État congolais.D’où aussi la naissance des mouvements insurrectionnels armés qui prétendaient combler la vacance de l’État et susciter le rétablissement ou la refondation de celui-ci.
03. La carence prolongée de l’autorité de l’État a eu également pour conséquence de transformer le pays en base-arrière impuissante de toutes les rébellions armées des pays limitrophes (UNITA et FLEC de l’Angola, SPLA du Soudan, ADF/NALU et LRA de l’Ouganda, FDLR et ex-FAR/Interahamwe du Rwanda, CNDD-FDD et FNL-Palipehutu du Burundi, etc.).
Ces groupes armés étrangers ont fait ou continuent de faire la loi dans les zones où ils opèrent et les plus violents d’entre eux sèment la terreur, la désolation et la mort parmi les populations congolaises, souvent en connivence avec des hors-la-loi nationaux ou, plus grave, avec la complaisance de certaines unités de l’armée gouvernementale qui n’hésitent pas à fraterniser avec eux ou à les engager comme supplétifs.
III. L’ABSENCE DE L’ETAT-NATION.
01. La condition première pour mettre fin à cette situation, à tous égards dramatique, c’est le rétablissement de l’État impartial qui, de ce fait, réussira à imposer son autorité à tous, parce que son impartialité l’accréditera comme le garant irrécusable de la sécurité de tous. Mais pour que l’autorité de l’État impartial soit en mesure de se faire respecter, il se doit de procéder à la rénovation en profondeur des instruments de la puissance publique au premier rang desquels: les Forces Armées, la Police, les Services Spéciaux, la Magistrature et l’Administration. Cette rénovation consistera avant tout à inculquer à ces services l’esprit impartial, c’est à dire les fondamentaux démocratiques, pour qu’ils se mettent au diapason de l’État impartial qu’ils ont vocation et mission de servir.
02. Seulement, ces instruments. de la puissance publique congolaise, de l’État impartial congolais, sont recrutés au sein de la population congolaise.
Ils ne peuvent donc en être que le reflet. Par conséquent, si la population congolaise demeure divisée, intolérante, encline à l’exclusion, au refus de la cohabitation pacifique, au rejet de l’autre, non pour ce qu’il fait mais pour ce qu’il est, les hommes et les femmes qui en sortent pour se mettre au service de l’État ne seront naturellement pas préparés pour garantir à celui-ci son caractère impartial et donc l’exposeraient à voir son autorité d’abord s’effriter, puis contestée, ensuite combattue et finalement disparaître. C’est un processus inévitable.
03. L’État congolais, par le biais de son nouveau gouvernement formé à la suite des élections doit mettre un point d’honneur à entreprendre de forger une véritable Nation Congolaise, c’est-à-dire une communauté nationale consciente, convaincue et décidée à se donner une communauté de destin dans la diversité de ses composantes.
Aujourd’hui, nos élites politiques font semblant, dans leur discours démagogique de défendre l’unité du peuple congolais, de la nation congolaise. Mais ce discours, destiné à se donner bonne conscience à peu de frais, ressemble plus à un slogan qu’à une conviction. En réalité, la Nation congolaise n’existe pas encore, même si l’on peut espérer que le processus de sa formation soit en cours.
Il y a aujourd’hui une juxtaposition de 450 ethnies congolaises qui sont autant des nations et qui forment le peuple congolais, mais pas encore la nation congolaise. Observons au plus haut niveau de l’État: Tous les ministres, sans exception, qui fêtent leur entrée au gouvernement, le font uniquement en compagnie d’invités qui sont tous des ressortissants, non pas de leurs partis, non pas de leurs Provinces ni de leurs Districts ou Territoires, mais bel et bien de leurs ethnies respectives, c’est-à-dire des gens qui ont en commun la langue, la culture, l’histoire et le terroir. La solidarité est d’abord ethnique, elle est rarement nationale. Si bien que l’on peut affirmer, sans peur de se tromper, qu’il y a autant de nations qu’il y a d’ethnies. C’est cela la vérité telle qu’elle ressort de la pratique quotidienne en République Démocratique du Congo.
04. Quand la Nation existe, le signe le plus marquant, le plus visible et le plus fiable de cette existence, c’est le lien solidaire.
Lorsqu’une nation est agressée de l’extérieur et que tous ses enfants se rassemblent pour faire face, c’est bien que la solidarité joue en plein et que donc le caractère national de la cause est évidente. Quand, par ailleurs - c’est des exemples - les Baluba du Kasaï sont expulsés massivement du Katanga, que les Lendu massacrent les Hema en Ituri et vice-versa, que les Tutsis Banyamulenge sont massacrés à Gatumba, que les Tutsis du Nord-Kivu font l’objet d’une épuration systématique et sont massivement expulsés au Rwanda où, depuis plus de dix ans, ils ne sont l’objet d’aucune attention de leur Gouvernement, que les Nande, dans Beni ou Lubero, font tout ce qu’il faut pour rester entre eux, sans possibilité pour aucun non-Nande de s’y établir, de s’y mouvoir et d’y prospérer sans entraves, quand la vie à Bukavu est rythmée par le rapport des forces permanent entre les Bashi et les Barega et que la seule chose qui les unisse est leur refus commun du retour des Tutsis, que dans toutes les provinces de la République Démocratique du Congo l’entendement commun est que tous les services publics doivent être entre les mains des seuls originaires, que face à l’expansion de l’exclusion, la tendance de chaque communauté qui se sent menacée est de tenter de se doter d’une force armée capable de la défendre, tout cela montre bien que la Nation Congolaise est encore à reconstruire.
IV. PISTES DE SOLUTION.
A. Au plan de la sécurité à très court terme.
01. Régler militairement la question des FDLR: Le problème le plus immédiat à résoudre est celui des personnes déplacées. Leur nombre atteint des sommets insupportables et elles sont déplacées du fait des violences exercées sur elles par les groupes armés, les FDLR étant les plus nombreuses et les plus violentes au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Des opérations militaires doivent être entreprises et ne prendre fin que lorsque les forces négatives seront mises hors d’état de nuire et que les déplacés seront de retour dans leurs milieux habituels.
02. Procéder à la récupération des armes légères au sein de la population: Ceux qui détiennent illégalement les armes sont: les milliers de démobilisés qui ne les ont pas rendues, les nombreux déserteurs qui les ont emportées ainsi que des milices privées. Il faut identifier toutes ces personnes et entreprendre une forte action de sensibilisation et de mobilisation pour récupérer toutes ces armes.
03. Encadrer les démobilisés, les réinsérer véritablement et faire le suivi de cette réinsertion pour éviter leur recrutement par les groupes armés.
04. Entreprendre une politique intelligente d’intégration des groupes armés nationaux toujours actifs tels que:
a. Ceux qui se recrutent chez les Hema et les Lendu (le MRC de Ngundjolo et Mbuni, les FNI de Peter Karimu et le FRPI de Cobra Matata) dont seule une infime partie a été présentée pour l’intégration, la quasi-totalité étant restée en réserve.
b. Les groupes armés contrôlés par Dunia (Fizi), Mugabo (Masisi), Tasibanga (Walikale), Jackson, Lafontaine, Kakolele (Beni et Lubero), Bisogo (Minembwe), Mudundu40 (Walungu), Raia mutomboki (Mwenga et Shabunda).
5. Payer régulièrement et décemment la solde et la ration des militaires et s’assurer que ceux-ci sont réellement servis pour éviter qu’ils ne se servent sur la population qu’ils sont censés protéger.
B. Au plan de la Sécurité à moyen terme.
01. Entreprendre une mobilisation destinée à ressouder les communautés en créant des Centres d’Accueil viables pour les retournés. Si ces centres apparaissent comme attractifs par l’encadrement dont ils sont l’objet, les déplacés et les réfugiés se sentiront d’autant plu incités à rentrer massivement dans leurs milieux.
02. Pratiquer une véritable politique de l’habitat pour ces déplacés et ces réfugiés (habitations groupées), ensuite la généraliser, car il sera plus facile d’en faire des foyers de développement intégré dotés d’infrastructure de base comme eau potable, écoles, centres de santé, énergie etc.
03. Faciliter les échanges et les communications entre les différents centres par l’ouverture ou l’entretien des routes de desserte agricole. Le regroupement et les communications facilitent la sécurisation .
04. Instauration et généralisation de la contribution personnelle minimum (CPM) en lieu et place des taxes diverses (dans les marchés, sur l’élevage et les cultures) qui sont à la fois dérisoires et tracassières, alors qu’une CPM bien organisée et bien gérée peut être une ressource sûre pour le développement.
05. Encadrement de la chefferie coutumière à laquelle, grâce à la CPM, on peut assurer de la dignité et un revenu décent. Maintenir les Chefs coutumiers dans des fonctions honorifiques et en faire les garants de notre mémoire collective. Trouver un mécanisme adéquat pour trancher les conflits au sein du pouvoir coutumier, car en divisant la population, entre des prétendants, on en vient à susciter des conflits générateurs d’insécurité.
06. Encourager la création des coopératives intercommunautaires: ceux qui partagent les mêmes intérêts s’affrontent rarement et sont, au contraire, portés à s’épauler et à se solidariser pour le protéger.
07. Réformer la justice et son auxiliaire la police, promouvoir la justice participative à la base et la police de proximité, ce qui permet de régler les conflits dès leur apparition et avant leur extension.
08. Abolir les mutualités tribales par la loi, car elles conduisent les groupes tribaux à se replier sur eux-mêmes et à diaboliser les autres pour finalement s’affronter et créer l’insécurité (...).
Fait à Bwiza le 01 mars 2007.
Published on, 12 June 2007, by DBR News

Nkunda: ses plans en exclusivité pour «le Soft International»