lundi 28 novembre 2011

Présientielles : Kabila et son parcours

KINSHASA (Xinhua) - Joseph Kabila Kabange, qui va briguer une nouveau mandat présidentiel, est né le 4 juin 1971 à Hewa Bora dans la région du Fizi au Sud-Kivu, dans l'Est de la RDC.

Présientielles : Kabila et son parcours

Joseph Kabila

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Il a vécu dans le maquis avec son père, Laurent Désiré Kabila, originaire du Katanga, dans le Sud-Est de la RDC et sa mère, Sifa Mahanya, originaire de la province du Maniema, dans l'Est de la RDC. Il a vécu en exil en Tanzanie où il a étudié dans une école française de Dar es Salaam.

En 1996, il rejoint son père, lors de la première guerre du Congo et il est formé au métier des armes par le chef d'état-major de l'armée rwandaise, James Kabarebe. Il fut ensuite envoyé en Chine pour une formation militaire accélérée.

Puis en 2001, à la suite de l'assassinat de son père, il a été désigné par l'entourage de ce dernier pour tenir la présidence de la RDC.

Suite à un accord de paix, qui met fin à la deuxième guerre du Congo, un gouvernement de transition a été mis en place en 2003 et comporte trois "vice-présidents" dont deux chefs des deux principaux groupes rebelles. Il s'agit de Jean-Pierre Bemba, président du Mouvement de libération du Congo (MLC) et d'Azarias Ruberwa , président du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD).

Cette transition prévue pour une durée de 2 ans devait déboucher sur des élections avant la fin de l'année 2005. En fait, les retards dans l'exécution la repoussent jusqu'à fin 2006.

Depuis son arrivée au pouvoir, Joseph Kabila a du faire face à des guerres répétées dans l'Est du Congo où des forces rebelles internes ou appuyées par des gouvernements voisins (Ouganda, Rwanda), et motivés par l'appât du gain et le contrôle des mines d'or et de diamant.

En plus les anciens génocidaires hutus rwandais, basés en RDC depuis 1994, se réarment. Le Rwanda comme le Burundi qui souhaite entrer dans une période de calme dans la région des Grands Lacs, pourchassent les miliciens inter arme dans l'Est de la RDC de peur qu'ils puissent déstabiliser leurs régimes.

En 2006, Joseph Kabila se présente à la première élection présidentielle "libre" en RDC. Il l'a remportée grâce au soutien massif de la communauté internationale. La Cour Suprême de Justice, proclama le candidat Kabila vainqueur de l'élection présidentielle en novembre 2006. Et son rival Bemba se contenta de reconnaître sa défaite, en révélant qu'il fut "contraint d'accepter l'inacceptable".

Pendant son premier mandat, on peut retenir notamment le retour progressif de la sécurité, malgré quelques foyers de résistance entretenus par des forces négatives étrangères, l'effacement de la dette évaluée à 7, 3 milliards USD sur près de 13 milliards et la mise en oeuvre de son programme de cinq chantiers marqués surtout par les travaux de construction des infrastructures de base.

Joseph Kabila est le plus jeune président de la RDC depuis l’accession du pays à l'indépendance.

NDLR : Parfait exemple de propagande

lundi 21 novembre 2011

La population du Kivu est déçue par les promesses non-tenues par Joseph Kabila»

Interviews

17.11.11 Questions directes à Michel Moto

La population du Kivu est déçue par les promesses non-tenues par Joseph Kabila»


Michel Moto Muhima. Photo CIC

Agé de 34 ans, ancien représentant des Patriotes-résistants Maï-Maï (PRM) en Europe, Michel Moto Muhima évolue désormais dans le monde associatif. Il est le secrétaire général et porte-parole du Mouvement de solidarité pour la survie du Kivu (MSS-Kivu). Natif du Sud Kivu, «Michel» est issu de la tribu Lega. On ne peut mieux avoir comme observateur pour éclairer l’opinion sur la situation socio-politique dans le «Grand Kivu». Il a bien voulu répondre aux questions de Congo Indépendant sur «l’affaire Fabrice». Il s’agit de ce jeune chanteur du Nord Kivu qui a été enlevé vendredi 4 novembre par des «inconnus» avant d’être retrouvé quarante-huit heures après les yeux bandés, les pieds et les mains liés.


«La population du Kivu est déçue par les promesses non-tenues par Joseph Kabila»
Que savez-vous sur ce qui est arrivé le vendredi 4 novembre au chanteur Fabrice Mufiritsa Masumbuko?
Fabrice Mufiritsa est un jeune chanteur bien connu dans la province du Nord Kivu. Il appartient à la tribu Hunde. Il a disparu le vendredi 4 novembre. Avant sa disparition, il avait composé une chanson en l’honneur de l’ancien président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe qui est comme chacun le sait candidat à l’élection présidentielle. «Fabrice» a été par la suite approché par des membres du parti présidentiel. Ils lui avaient demandé de faire de même pour le «candidat n°3» au scrutin présidentiel, en l’occurrence Joseph Kabila.
Comment avez-vous appris l’existence de ce contact avec des «gens» du PPRD ?
En fait, Fabrice a été enlevé avec deux de ses amis qui n’ont pas encore été retrouvés. Leurs proches étaient au courant de la démarche du PPRD. Ils savaient également que le chanteur avait décliné cette offre. Il y a eu des tractations durant les jours qui ont précédé le rapt. Le vendredi 4 novembre, des militaires de la garde présidentielle l’ont enlevé en plein jour dans un quartier populaire. Des riverains ont vu le chanteur prendre place à bord d’une Jeep de la garde présidentielle. Après plusieurs d’attente, la famille s’est mise par la suite à sa recherche dans tous les lieux de détention de la ville. En vain. Le samedi 5 novembre, des rumeurs faisant état de l’assassinat de Fabrice ont commencé à courir. La tension est aussitôt montée d’un cran dans la ville de Goma. Le dimanche 6 novembre, la population est descendue dans la rue. Des stations d’essence et autres biens appartenant aux personnalités civiles et militaires ont été vandalisés. Scandant des chansons hostiles au chef de l’Etat, les protestataires ont détruit des symboles du pouvoir dont des affiches électorales du président-candidat Joseph Kabila. Des éléments de la police et de l’armée sont par la suite intervenus pour disperser la manifestation.
Y a-t-il eu des victimes?
Jusqu’ici, on a pu dénombrer plusieurs blessés.
Et après ?
Après la tombée de la nuit ce dimanche, les gens sont rentrés chez eux. Ce n’est que lundi 7 novembre vers 3 heures du matin qu’une nouvelle s’est répandue à travers la ville selon laquelle Fabrice a été retrouvé dans les faubourgs de Goma plus précisément à Kibumba, un champ de bananeraie situé à quelques encablures de l’aéroport. Il a été immédiatement admis à l’hôpital «Heal Africa». Ce centre hospitalier est spécialisé pour soigner des personnes ayant subi des mauvais traitements.
Vous confirmez donc que le chanteur Fabrice a été torturé ?
Effectivement. Le fait m’a été certifié par une source médicale. Le chanteur avait les yeux bandés, les mains et les pieds ligotés. Selon les informations en ma possession, il se porte beaucoup mieux. Le moins que l’on puisse dire est qu’il a échappé. Et que n’eut été l’indignation exprimée bruyamment par les Gomatraciens, il aurait «disparu» à l’instar d’Armand Tungulu Mudiandambu.
Qui, selon vous, a pu commanditer cette "opération" ?
Les «représentants de Kabila» sur place sont décidés à faire miroiter à Joseph Kabila que les provinces du Kivu lui sont toujours «acquises». Et que rien n’a changé depuis l’élection présidentielle de 2006. Et pourtant, la vérité est tout autre : depuis trois ou quatre ans, Kabila n’est plus le bienvenu au Kivu.
J’imagine que vous parlez de la province du Nord Kivu…
Je parle non-seulement du Nord mais aussi du Sud Kivu. Vous vous souviendrez, il y a quelques années, que le cortège présidentiel a été caillassé lors des passages de Kabila dans les deux Régions...
Il se raconte pourtant que «Joseph Kabila» a reçu un «accueil chaleureux» mercredi 9 novembre à Uvira…
Qu’il s’agisse de la province du Maniema ou du Sud Kivu, il est aisé d’organiser ce genre d’"accueil chaleureux". Il est de notoriété publique que les personnes mobilisées le long des routes empruntées par le cortège présidentiel sont généralement «réquisitionnées» dans des camps des déplacés. Il s’agit de ces Congolais qui vivent comme «réfugiés» dans leur propre pays. En cas de refus, les récalcitrants sont chassés des campements. En réalité, les visites de Kabila ne suscitent plus de liesse populaire. Aujourd’hui, la population du Kivu est consciente de l’échec du mandat présidentiel qui s’achève. Cette population est déçue. Elle est totalement déçue suite aux promesses non-tenues. D’aucuns parlent simplement de mensonges d’Etat. La population a attendu en vain l’instauration de l’Etat de droit, de la justice et de la paix. Sans omettre, la lutte contre l’impunité. Ce sont là les promesses faites en 2006. A Goma, on voit parader un homme tel que Bosco Ntaganda. Celui-ci est non seulement libre de ses mouvements mais surtout assume des fonctions de commandement. L’homme toise les gens lorsqu’il circule avec un convoi impressionnant. Il y a d’autre part, Laurent Nkunda qui vit un exil doré au Rwanda. Il y a tant d’autres criminels moins connus qui se baladent dans les deux provinces du Kivu. Voilà pourquoi, la population a dit : Non. Elle a compris qu’elle ne pouvait plus rien espérer de Joseph Kabila.
Le gouverneur de la province du Nord Kivu a contesté la mise en cause des éléments de la garde présidentielle dans l’enlèvement de Mufiritsa. Qu’en dites-vous ?
Je persiste et signe que ce sont des membres de la garde présidentielle qui ont exécuté ce rapt. Des riverains les ont vus. Tout s’est passé en plein jour. Depuis plusieurs années, les éléments de la garde présidentielle sème la terreur à Goma.
Que pensez-vous de la visite que le ministre de l’Intérieur Adolphe Lumanu a rendu, mardi 8 novembre, au chanteur Fabrice à l’hôpital?
Cette visite pour le moins insolite me fait dire que «la citadelle est tombée». La citadelle est tombée et il y a des répercussions au niveau du premier cercle du pouvoir à Kinshasa. Le pouvoir s’attendait certainement à un échec électoral dans le Kivu. Il n’imaginait cependant pas de faire face à une telle fronde. La population est descendue dans la rue pour défier la police et l’armée en exigeant à cor et à cri la libération d’un citoyen. Elle a finalement obtenu cette libération après avoir malmené tout ce qui symbolisait le pouvoir en place. Certains manifestants criaient des propos hostiles demandant à Kabila de s’en aller. Le pouvoir est sous le choc.
"Joseph Kabila" poursuit sa campagne électorale à l’Est comme si de rien n’était...
Je peux vous dire que la tournée que Kabila vient d’effectuer à l’Est n’entre nullement dans le cadre de la campagne électorale. A preuve, il n’a dit pas un seul mot sur son bilan encore moins sur son programme pour les cinq années à venir. En réalité, l’homme a mené une discrète "opération de marketing" destinée à redorer son image pour la "consommation extérieure". L’objectif est de démontrer à la communauté internationale en général et au monde occidental en particulier que la partie orientale du Congo reste son «fief». En fait, Kabila n’a plus de projet à proposer aux Congolais. Partout où il est passé, il n’a fait ressasser les promesses annoncées en 2006. Aujourd’hui, l’Est de la RD Congo est passé dans le camp de l’opposition.
Une opposition qui affiche une désunion cordiale…
C’est une situation qui préoccupe la population congolaise à l’Est. Il est plus que temps que le personnel politique prenne conscience qu’aucune personnalité - brillante soit-elle -, aucun parti politique, ne pourrait gagner, tout seul, les consultations politiques majeures du 28 novembre face à Kabila. Un Kabila qui n’est pas seul. Derrière lui se cache un réseau maffieux au niveau tant national, régional qu’international. Je lance un appel à nos leaders politiques afin qu’ils se ressaisissent. Il est temps que les prétendants à la magistrature suprême - se réclamant de l’opposition - relancent, sans délai, le dialogue pour trouver un compromis, au nom de l’intérêt national.
N’est-il pas trop tard ?
Il reste encore deux semaines pour la campagne électorale. Malgré le peu de jours qui reste avant le vote, une union de dernière minute est encore possible pour permettre au candidat de l’opposition de battre le président sortant.
Que pensez-vous de "l’instrumentalisation" par le parti présidentiel des fameux «Pomba» pour intimider les partisans des autres partis politiques ?
Nous avons vu ce genre de phénomène lors des manifestations à la Place Tahrir au Caire. Des maifestations ayant précédé la chute du président Hosni Moubarak. Le président égyptien d’alors avait déployé des villageois juchés sur des chameaux pour affronter les manifestants. Le pouvoir congolais tente sans doute de reproduire ce qui s’est passé en Egypte. On connaît le résultat…
A Kinshasa, les «Pomba» se déplacent en moto…
Certains ont reçu des motos. D’autres ont des armes blanches. Ils ont manifestement reçu pour mission de terroriser la population. Il faut espérer que les instances judiciaires internationales suivent cette dérive aux conséquences incalculables. Au Katanga, il y a eu mort d’hommes. Les initiateurs de l’épuration ethnique de 1992 sont revenus aux affaires. A la lumière de ce qui s’est passé à Kinshasa, à Mbuji-Mayi, à Lubumbashi et à Goma, il me semble que la peur a changé de camp. Le pouvoir a peur. C’est ainsi qu’il recourt à la terreur pour s’imposer et conserver le pouvoir par la force. Mon souhait le plus cher est que l’élection présidentielle du 28 novembre tienne lieu de «référendum populaire» contre Joseph Kabila. En attendant, j’invite notre peuple à arrêter de stigmatiser la population de l’Est par rapport au scrutin présidentiel de 2006. Nous sommes engagés daans un même combat...

Propos recueillis par Baudouin Amba Wetshi

RDC: L’Est de la RDC serait en paix

4 novembre, au Grand Hôtel de Kinshasa. Le Premier ministre de la République démocratique du Congo Adophe Muzito s’apprête à dresser le bilan politique, économique, financier, monétaire et social du chef de l’Etat Joseph Kabila, élu en 2006 et candidat à la présidentielle prévue le 28 novembre. Mais auparavant, il indique que le pouvoir a «hérité» en 2007 d’une «situation difficile», notamment sur le plan sécuritaire.

«Début 2007, le Congo était encore en proie à des rébellions et à une insécurité généralisée qui rendait difficile, voire impossible, le contrôle par le gouvernement de la république de l’ensemble des provinces telles que le Nord et le Sud Kivu (est), la province Orientale (nord-est), le Maniema (centre) et une partie importante du Nord-Katanga (sud-est)», a déclaré le chef du gouvernement, membre du Parti lumumbiste unifié (Palu).

«Les morts, les viols et les blessés se comptaient chaque jour par milliers causant la désolation dans de nombreux foyers et communautés. Cette situation explosive menaçait dangereusement l’ensemble des institutions issues des élections de 2006», a-t-il ajouté devant des diplomates, des chefs traditionnels, des ministres et des membres de la Majorité présidentielle – la plateforme soutenant Joseph Kabila, au pouvoir depuis l’assassinat de son père Laurent-Désiré en 2001.

«Plus d’incendie à l’est, sinon quelques brasiers»

Lors de sa campagne électorale, le président-sortant, 40 ans, avait promis la reconstruction de la RDC, ex-colonie belge ruinée par les guerres de 1996-1997 et 1998-2003, et de rétablir la paix, surtout dans l’est. Bilan sécuritaire après cinq ans de magistrature suprême? Il n’y a «plus d’incendie à l’est, sinon quelques brasiers», avait-il fièrement souligné le 14 septembre, lors d’un discours-bilan dans sa ferme à Kingakati, en périphérie de Kinshasa.

«Le gouvernement de la Majorité a réussi à mettre fin à la guerre, à l’invasion des troupes armées étrangères sur le territoire national. Conciliant l’approche diplomatique, la négociation politique et la force, le gouvernement a réussi à ramener la paix», a pour sa part résumé Adolphe Muzito, signalant des «résultats palpables» entre autres en Ituri (province Orientale), à Masisi (Nord-Kivu) et dans les territoires de Chabunda et Mwenga (Sud-Kivu).

«De même l’autorité de l’Etat a été rétablie dans plusieurs contrées abandonnées par certains groupes armés, des éléments de la police y ont été déployés et plusieurs services essentiels y ont été réinstallés», a-t-il renchérit. Il a cependant lui aussi reconnu des «poches de résistance», avant de rassurer que les Forces armées de la RDC (FARDC) et la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo (Monusco) tentaient de «les nettoyer».

Cinq humanitaires assassinés

A l’approche de la présidentielle et des législatives prévues le 28 novembre à un seul tour, 41 organisations congolaises et internationales se sont inquiétées fin octobre dans un communiqué de la «dégradation de la situation sécuritaire» et ont demandé tant au niveau national qu’international des «mesures urgentes pour prévenir la violence électorale» – en priorité à Kinshasa, où des marches de l’opposition pour la «transparence» des élections ont été violemment réprimées, et à l’est, «où la population avait majoritairement voté pour le président Kabila» en 2006.

Le collectif, qui inclut la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme et l’International Crisis Group, déplore une «augmentation récente du nombre d’attaques contre les travailleurs humanitaires», rappelant qu’au début du mois dernier le pays a connu l’incident «le plus mortel (…) dans toute son histoire» avec le meurtre au Sud-Kivu de cinq humanitaires congolais travaillant pour l’ONG Eben Ezer, spécialisée dans l’éducation. Deux civils ont également été tués.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) en RDC estime que depuis le début de 2011, près de 140 incidents – allant «du braquage pour extorsion de biens, à la prise d’otage, en passant par le détournement des véhicules humanitaires pour le transport d’effets militaires» – ont ciblé des humanitaires dans les provinces du Nord et Sud Kivu.

Le dilemme de la LRA

Les auteurs présumés de l’attaque contre Eben Ezer appartiendraient aux Maï Maï Yakutumba, une milice d’auto-défense locale alliée à des rebelles burundais du Front national de libération (FNL). En septembre, ces Maï Maï avaient détourné et pillé deux bateaux sur le lac Tanganyika et, rapportait en octobre la Monusco, ont imposé à chaque navire 500 dollars de taxe de «contribution aux efforts de guerre de Yakutumba».

Yakutumba est l’un des nombreux groupes Maï Maï actifs dans l’est, et qui opèrent seuls ou avec des groupes armés étrangers – quand ils ne les combattent pas notamment pour le contrôle de sites miniers. Ils n’hésitent pas à cibler la Monusco ou les FARDC et commettent des exactions dans les villages, provoquant des déplacements de populations. D’autant que les Maï Maï Kapopo ou Kiricho s’illustrent dans le recrutement forcé de civils, d’après la Mission onusienne.

Mi-octobre, le président américain Barack Obama a annoncé le déploiement d’une centaine de soldats en Afrique centrale. Objectif: traquer et neutraliser Joseph Kony, leader de l’Armée de résistance du seigneur (LRA), considérée comme l’une des rébellions les plus sanglantes au monde. Selon Kinshasa, ce déploiement s’adresse surtout la «Centrafrique» – où se cacherait le chef, qui a quitté l’est congolais il y a quelques mois – et ne «concerne pas» la RDC.

Elle en veut pour preuve qu’en province Orientale, suite aux efforts conjoints des FARDC, de soldats américains, de la Monusco (renseignement, formation, logistique…) et de l’armée ougandaise, aucune attaque de la LRA n’a officiellement été répertoriée depuis plus d’un semestre en RDC. Pourtant, la Mission de l’ONU et plusieurs associations de la société civile ont recensé quelques attaques, malgré une accalmie.

Echec des négociations avec les FDLR

«La LRA a une réputation de sorte que des petits malins, pour tétaniser leur victimes, se font passer pour LRA et, à ce moment-là, les gens font tomber leurs défenses, paniquent, s’enfuient et se font piller», commente Lambert Mende, porte-parole du gouvernement. Une version qui ne convainc pas certains militants des droits de l’homme.

Autre rébellion étrangère retord: les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), œuvrant aux Nord et Sud Kivu et elles aussi accusées de violations des droits humains. Kinshasa a essayé de négocier «le désarmement» et «ils devaient se regrouper, on devait les identifier, ils avaient le choix soit de rentrer chez eux au Rwanda, soit d’être délocalisés», a révélé Joseph Kabila le 18 octobre, lors d’une conférence de presse.

«Malheureusement, ces négociations ou ces discussions, ces contacts ont complètement échoué, et nous pensons qu’on va continuer avec les opérations militaires» contre les FLDR, avait ajouté le président-candidat, avant de conclure: «Néanmoins, la porte est toujours ouverte pour ceux des FDLR qui pensent qu’il est temps de rentrer chez eux. (…) Les contacts sont toujours maintenus pour qu’on arrive à cet objectif».

La Monusco signale régulièrement des redditions de combattants – et parfois de leurs femmes et leurs enfants – se réclamant de la LRA ou des FDLR. Mais la RDC doit épurer ses propres rangs. Le pouvoir a «hérité sur le plan sécuritaire d’une armée, d’une police et de services de sécurité composés d’éléments disparates issus de plusieurs groupes armés – ces éléments obéissaient à plusieurs chaînes de commandement» et étaient souvent accusés d’exactions, a déclaré le 4 novembre Adophe Muzito. Aujourd’hui, des civils imputent encore des violations des droits humains à des soldats des FARDC, mais Kinshasa affirme que la réforme de l’armée avance.

lundi 14 novembre 2011

RDC : les groupes armés un obstacle à la tenue des élections

Parmi les grands défis à rélever pour la bonne tenue des élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo (RDC) figure la question de la sécurité dans l'est du pays, a reconnu dimanche à Kinshasa M. Come Loma Djesa de l'Institut congolais d'étude stratégique et environnementale.
Selon lui, la situation sécuritaire dans l'est de la RDC reste encore moins reluisante et toujours aussi instable, avec notamment la présence nombreux groupes armés tels que les rebelles du Front démocrattqie de Libération du Rwanda (FDLR) les différents groupes Maï Maï (Sheka,Yakutumba Gédeo, Hume...) et les rebelles ADF de Nalu dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud Kivu, du Maniema et au Nord Katanga notamment dans le mont Mitumba.
"Ces groupes armés se livrent à l'exploitation des minerais et autre richesses que regorgent l'Est du Congo. Dans certains villages localités congolaises. Les groupes armés notamment, les FDLR et les Maï Maï percoivent des taxes et contrôlent des comptoirs d'or, de coltan et d'autres minerais", a indiqué Mbusa Pengela de la société civile du Sud Kivu.
Il a poursuivi en disant que pour la société civile du Nord Kivu et du Sud Kivu, la présence des groupes rebelles et armés dans l'est du pays constitue un obstacle à la tenue des élections libres, démocratiques et transparentes et apaisées.
"Ces groupes armés sont capables de détruire des matériels électoraux pour empêher que les élections se tiennent dans les zones et localités qu'ils contrôlent. Ils feront tout pour ne pas perdre leur privilèges c'est-à-dire l'exploitation illégale et le pillage des richesses de l'Est pays", a-t-il fait savoir.
L'Institut congolais d'études stratégiques souligne également la recrudescence du trafic d'armes et de munitions dans cette partie de la RDC, "une situation qui risque aussi de pertuber le bonne tenue des élections du 28 novembre procahain", selon Pengela.
Depuis 2009, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont lancé l'opération "Amani Léo" (en swahili "La paix maintenant") qui visait à neutraliser toutes les forces négatives qui sèment la terreur et l'insécurité dans l'Est du Congo.
Quoique qu'efficace, cette opération militaire soutenue par la Mission des Nations Unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco) n'a pas réussi à restaurer la paix, surtout à neutraliser tous les groupes rebelles qui, au fil des années, ont réussi à mieux s'infltrer dans les localités et villages où ils font la loi.
"Les rebelles de FDLR et les Maï Maï ne sont pas prêts à voir des élections organisées dans les zones où ils font la loi", a soutenu un député provincial de la province du Sud-Kivu.
LA MENACE DE LA LRA
Dans la Province Orientale, l 'insécurité est créée par les rebelles ougandais de la l'Armée de la Résistance du Seigneur (LRA) qui continuent de commetre des crimes grâves à l'encontre des populations civiles notamment les localités du Haut Uele.
Selon la société civile de la Province Orientale, les rebelles de la LRA continuent encore de commettre des crimes contre l'humanité, avec l'enlèvement des enfants, le viols et tuéries dans les villages de la partie Nord-Est de la République démocratique du Congo, en Ouganda et en RDC.
Leur chef Joseph Kony, recherché par la Cour Pénale Internationale (CPI), reste à ce jour introuvable. Selon des sources des FARDC, Joseph Kony serait caché dans les zones situées entre la RD Congo, l'Ouganda et le Soudan du Sud.
Au mois d'octobre dernier, le Département d'Etat américain a annoncé l'envoi de plus de 100 militaires américains en Afrique Centrale avec comme mission d'aider les armées de la RRC, de l'Ouganda, de la République centrafricaine et du Soudan du Sud à lutter contre la LRA dans leurs frontlères communes.
"Le gouvrevement de Barack Obama a décidé de faire de la lutte contre la LRA son cheval de bataille en synergie avec les armées de pays concernés par les activités de ce mouvement rebelle." a déclaré un haut responsable des FARDC.
Des l'avis de plusieurs observateurs, la présence des rebelles de la LRA dans le Nord-Est de la RDC est également un obstacle à la bonne organisation des élections.
Ils soutiennent que seule une force conjointe et permanente entre les FARDC et la Monusco pourrait garantir la sécurité des élections dans cette partie de la RDC. A la lumière de ces faits, force est de constater que la question sécuritaire reste un véitable "challenge" pour la tenue des éléctions en RDC.
"La réussite de ces élections et la neutralisation des groupes rebelles va certainement être une étape siginificatif dans le processus de pacification de la République démocratique du Congo", a conclu M. Come Loma de l'Institut congolais d'études stratégiques et environnementales.

Source: xinhua

dimanche 13 novembre 2011

Accord RDC/Afrique du Sud pour relancer un méga-projet hydroélectrique

La République démocratique du Congo (RDC) et l'Afrique du Sud ont signé samedi à Lubumbashi (sud-est de la RDC), un accord pour relancer le projet du méga-complexe hydroélectrique d'Inga, sur le fleuve Congo, dans l'ouest de l'ex-Zaïre.

Le protocole d'accord prévoit la mise en valeur du projet hydroélectrique du site de grand Inga (province du Bas-Congo) afin de contribuer à la solution du problème de déficit en énergie électrique auquel leurs pays sont confrontés ainsi que les autres pays de la région, indique un communiqué conjoint des deux pays publié à Lubumbashi, le chef-lieu de la province du Katanga. Cet accord, paraphé par les ministres sud-africain et congolais de l'Energie, Dipuo Peters et Gilbert Tshongo, ouvre la voie à des pourparlers devant déboucher sur la signature d'un traité entre les deux pays dans les six mois. Grand Inga, s'il est achevé, doit avoir une capacité de quelque 40.000 mégawatts et viendra renforcer les deux centrales hydro-électriques existantes d'Inga I et d'Inga II, qui ne fonctionnent qu'à capacité réduite, faute d'entretien des turbines.

mercredi 9 novembre 2011

Le Conseil de sécurité inquiet des violences en RDC avant les élections

Le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé mardi sa "profonde inquiétude" à propos des violences en République démocratique du Congo (RDC) à l'approche des élections présidentielle et législatives du 28 novembre.

Dans une déclaration lue à l'issue d'une réunion des quinze pays du Conseil de sécurité sur la RDC, ces derniers "en appellent à des élections crédibles et pacifiques". Onze candidats, dont le chef de l'Etat sortant Joseph Kabila, se présentent à la présidentielle le 28 novembre, et 18.855 candidats vont se disputer 500 sièges de députés. Les membres du Conseil de sécurité "ont réitéré leur profonde inquiétude provoquée par les informations faisant état de violences liées aux élections" et "exhortent toutes les parties à faire campagne de façon pacifique". Samedi et lundi à Lubumbashi (sud-est de la RDC), plusieurs personnes ont été blessées dans des affrontements entre militants de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, opposition) d'un côté et du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, au pouvoir) et de l'Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec) de l'autre. Dimanche, l'opposant Etienne Tshisekedi, candidat à la présidentielle, avait appelé ses partisans à "casser les portes des prisons" si le gouvernement ne libérait pas dans les "48 heures" des militants arrêtés au cours de manifestations. S'exprimant devant le Conseil de sécurité, Roger Meece, représentant pour la RDC du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, a expliqué que la mission de l'ONU en RDC (Monusco) était "fermement déterminée" à "contribuer à des élections pacifiques, libres et démocratiques". "Je pense que les forces armées de la RDC et la Monusco ont perdu leur dynamique dans le traitement des groupes armés dans l'est de la RDC, en particulier dans les provinces du nord et du sud-Kivu", a-t-il ajouté.

lundi 7 novembre 2011

Présidentielle 2011 : le Kivu ne peut que donner raison à Kabila !

Parmi les onze candidats à la présidentielle de 28 novembre 2011, deux, à savoir Etienne Tshisekedi et Léon Kengo, ont contribué au regard des fonctions qu’ils ont assumées pendant le régime Mobutu à l’éclosion du climat de l’insécurité au Kivu. Voici Comment.

Le Nord et le Sud-Kivu forment le Kivu frontalier. Sa colonne va de l’Ouganda à la Tanzanie en passant par le Rwanda et le Burundi. C’est, depuis les années 1960, la partie la plus sensible du pays en ce qu’il a vu passer deux formes de guerre : la rébellion et l’agression. En près de 50 ans, il est demeuré une zone instable. C’est seulement sous Joseph Kabila, depuis 2001, qu’il y a eu le plus d’initiatives pour la paix en sa faveur qu’au cours des 40 premières années d’Indépendance.
Au moment où s’amorce le deuxième cycle électoral, plusieurs candidats concurrents promettent la paix en remettant systématiquement en cause l’engagement du chef de l’Etat à cet effet. Certains vont certainement se livrer à la diversion. La réalité, dure, est pourtant là : la paix au Kivu a eu pour première source et cause d’instabilité Kinshasa, à l’époque Léopoldville ! Du moins après l’Indépendance… Voici comment !

Tout part du référendum constitutionnel de 1967. Mobutu est aux affaires depuis le 24 avril 1965. Le Mpr est mis sur pied. L’homme a cependant besoin de consolider le fondement juridique de son pouvoir. D’où le référendum devant doter le Congo d’une nouvelle Constitution, celle-ci de la Conférence de Luluabourg (Kananga) ayant été abrogée.
Parmi les premiers et principaux collaborateurs de Mobutu figure, en pole position, Dr Etienne Tshisekedi. Il est ministre de l’Intérieur. Il est même plus puissant, laisse-t-on entendre, que le Premier ministre Léonard Mulamba. Un militaire de la vieille garde. Dont le mandat sera d’ailleurs d’une petite année : novembre 1965-octobre 1966.
A l’époque, le ministère de l’Intérieur est l’organisateur des élections. Ce n’est pas comme aujourd’hui avec la Céni du pasteur Daniel Ngoyi Mulunda ou hier la Cei de l’abbé Apollinaire Malu-Malu.
La grande décision que prend le ministre de l’Intérieur, assurément sur instruction du futur maréchal, est l’enrôlement d’office des ressortissants rwandais séjournant dans le Kivu. Personne n’a jamais dit en contrepartie de quoi. Tout ce que l’on sait, c’est qu’en 1972, soit cinq ans après, la haute direction du Mpr prendra une autre grande décision : l’octroi d’office de la nationalité congolaise au Rwandais, quand bien même elle se dédira en 1981 !
Dans sa propre note biographique rédigée le 7 décembre 1999, Etienne Tshisekedi, candidat à la présidentielle 2011, signale que de 1971 à 1974, il est député national, élu de la circonscription de Kabinda, puis 2ème et 1er vice-président du Conseil législatif (équivalent du Parlement). Pareille décision doit avoir requis son avis.
Quant à Léon Kengo, candidat également à la présidentielle 2011, il est dans le sillage de Mobutu depuis 1968. S’il est vrai qu’au moment du référendum constitutionnel en 1967 il n’est pas au pays (puisqu’il est en train de terminer ses études en Belgique), il est tout aussi vrai qu’en 1972, lorsque la haute hiérarchie octroie la nationalité congolaise aux ressortissants rwandais, il est déjà actif dans l’appareil judiciaire en assumant les fonctions de Procureur général de la République.
A deux, les juristes Tshisekedi et Kengo auront donc lié leurs noms au drame kivutien.
2ème République ou instrument de déstabilisation du pays
Coupé quasiment du reste du pays puisque rendu inaccessible par voies terrestres (routes et chemins de fer), le Kivu – comme plus tard la Province Orientale et le Katanga – sera livré pieds et poings liés aux pays voisins de l’Est, entendez le Soudan, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie et la Zambie.
Pour commercer (lisez vivre), la Province Orientale, le Nord Kivu, le Sud Kivu, le Maniema et le Katanga dépendent, sous la 2ème République, plus de ces pays-là que des provinces du Kasaï Oriental, du Kasaï Occidental, de l’Equateur, du Bandundu, de Kinshasa et du Bas-Congo.
Au travers de cette reconfiguration politico-sociologique, le Kivu s’installe pour longtemps dans le cycle d’insécurité. Aux autochtones qui revendiquent leurs droits – et qui lancent pour ce faire les mouvements Ngilima et Maï-Maï - le régime Mobutu répond par des expéditions militaires brutales. Le summum sera atteint avec l’opération Mbata, en 1996.
Dans une déclaration datée du 16 mars 1999, les ressortissants de Beni-Lubero décrivent cette opération en ces termes : « Les envahisseurs et leurs suppôts locaux doivent se rappeler que les populations des territoires de Béni et de Lubero, sous l'appellation de Ngilima May May autrement dit autodéfense populaire, avaient compris et pris les armes, bien avant les autres, contre la dictature de Mobutu en libérant pendant 3 mois (mars, avril, mai 1996) le grand axe routier Vitshumbi, Rwindi, Kanyabayonga, Kayna, Lubero. D'où l'opération "Mbata" initiée par le gouvernement Kengo avec le concours spécial de certains de ses ministres originaires de ces territoires. Cette expédition militaire menée par la Dsp et le Sarm de Mobutu a eu comme conséquences graves : la destruction massive et les pillages systématiques des cités de Kanyabayonga (26.000 habitants), Kayna (30.000 habitants), Kirumba (24.000 habitants), Kaseghe (5.000 habitants), Vitshumbi (15.000 habitants), Kibirizi (5.000 habitants), plus les massacres des populations estimées à 300 personnes et 4.500 maisons incendiées ».
En un mot, le régime Mpr mis en place en 1967, et dont la puissance sera accrue par les caciques du régime entre 1970 et 1990 avant de piquer du nez entre 1990 et 1997, se sera révélé un véritable instrument de déstabilisation du pays.
Des initiatives Kabila pour la paix
Comme relevé dans une chronique, la chance des Congolais par rapport au processus électoral actuel est de mettre face au peuple des acteurs politiques qui doivent répondre de leur gestion passée et présente pour mériter de l’avenir.
Au Kivu, où ils vont devoir passer tous dans le cadre de la campagne électorale, ils seront obligés de dire aux compatriotes du Nord et du Sud quelle est leur part de responsabilité dans la situation sécuritaire locale, mais surtout quelle est leur part de contribution à l’avènement de la paix !
Joseph Kabila peut brandir la sienne : outre le Dialogue intercongolais dont il va faciliter la tenue des assises et l’application des résolutions prises, il y a le processus de Nairobi impliquant les voisins de la sous-région et la conférence de Goma. Quand il a fallu recourir à la force, il l’a fait, mais non sans continuer de privilégier la solution négociée. A son actif, il y a aussi des initiatives discrètes, notamment avec les groupes armés internes. Certains ont renoncé aux armes ; d’autres font une résistance dictée plutôt par l’affairisme.
L’une de ces initiatives est l’exhortation faite en 2010, à l'hôtel Ihushi de Goma, aux Kivutiens de s’impliquer, les premiers, dans les actions de pacification. D’autant plus que la reconstruction nationale, au travers des « 5 Chantiers », a pour préalable normal la restauration d’une paix réelle. Il est, du reste, de notoriété publique que les investisseurs n’aiment pas les bruits des bottes.
Certes, les adversaires ne se gêneraient pas de brandir, eux, les rapports des ONG de défense des droits de l’homme, concernant entre autres les violences faites à la femme.
C’est ici l’occasion de s’arrêter pour réfléchir calmement. En majorité, les militaires Fardc déployés au Kivu sont originaires du Kivu. Les Maï-Maï, eux, sont des Kivutiens purs sang.
De quelle logique procèdent-elles alors, ces violences faites sur des Kivutiennes par des éléments Fardc et des éléments Maï-Maï eux-mêmes du Kivu ? Ou de quelle logique procède-t-elle, cette « tolérance » de la part des éléments Fardc et Maï-Maï ressortissants du Kivu si ces violences sont le fait des militaires originaires d’autres provinces !
Gestion rationnelle d’une situation héritée
C’est parce qu’il est conscient de ces évidences que Joseph Kabila se refuse d’être un commandant suprême va-t-en-guerre. Une attitude payante quand on sait qu’aujourd’hui, il y a de moins en moins d’affrontements armés au Kivu ; ceux qui s’y signalent relèvent de plus en plus du banditisme, à voir le nombre de prises d’otages libérés sur rançons…
Les Kivutiens réalisent que sous Kabila, le processus de paix se consolide en même temps que s’enclenche le processus de reconstruction au travers des « 5 Chantiers ». Ils admettent que sans le cycle récurrent de guerres, le Kivu serait à l’image de son relief et de son climat lui faisant ressembler à la Suisse.
Ce que l’on va finalement devoir retenir, c’est qu’aucun chef militaire responsable ne peut envoyer une armée rétablir par la force une situation trouble où s’entremêlent des intérêts pareils.
Seul de tous les 11 candidats à avoir fait l’armée, Joseph Kabila calcule tout ; il pèse tout. Avant de décider de quoi que ce soit, en conséquence.
Aussi, à voir comment il fait face à ce dossier, on peut l’affirmer : le Kivu ne cessera jamais de lui donner raison puisqu’il gère de façon rationnelle une situation qu’il a héritée des acteurs politiques des années ’60 et ’70 !
Ceux avec qui il a rendez-vous le 28 novembre 2011.

L’unité du Congo, enjeu de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011

lundi 7 novembre 2011 Alain Bischoff*

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Joseph Kabila et son épouse Marie Olive Lembe Kabila en campagne à Bukavu, le 5 novembre 2011

Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) vient de rendre public, le 2 novembre à Copenhague, son « Rapport annuel sur le développement humain »(1). Selon ce rapport, l’indice de développement humain (IDH) fondé sur l’espérance de vie, le niveau d’éducation et le niveau de vie des pays étudiés classe la RDC au dernier rang de ceux-ci, le 187ème. C’est dire l’énormité de la tâche qui attend le futur président de la République démocratique du Congo.

Après la modification constitutionnelle de janvier 2011 permettant l’élection du président à la majorité simple à l’issue d’un seul tour de scrutin, il y a tout lieu de penser que Joseph Kabila, bénéficiant des relais de l’administration et de l’appui des onze gouverneurs de provinces, tous du PPRD, ainsi que du soutien, discret, de la « communauté internationale » se succédera à lui-même, face à une opposition émiettée regroupant dix candidats, sans toutefois avoir la certitude que les provinces qui avaient assuré son élection en 2006 (Katanga, Maniema, les deux Kivu) lui reconduisent une fois encore leur soutien.

En effet, le bilan du président sortant n’est pas bon. La réalisation des cinq chantiers majeurs (infrastructures, emploi, accès à l’eau potable et à l’électricité, éducation, santé) dont il avait fait son programme lors de l’élection de 2006 est loin d’être achevée. La démocratie congolaise en est toujours à balbutier et, pendant le quinquennat - pour se limiter à cet aspect de la vie publique - a connu de multiples et graves entorses commises à l’encontre du respect des libertés publiques, les meurtres de journalistes et de représentants d’ONG ont été nombreux – l’assassinat de Floribert Chebaya reste impuni.

L’exploitation des richesses naturelles du Congo continue, comme par le passé, à être soit confiée (bradée) à des multinationales, soit réservée par copinage à un petit cercle de profiteurs, et ne contribue que très imparfaitement à l’amélioration des finances publiques. Une véritable agriculture vivrière nationale est inexistante, la protection de la forêt du bassin du Congo n’est pas prise au sérieux, et la paix au Kivu est loin d’être revenue à cause de la faiblesse insigne de l’État congolais. Bref, on a bien du mal à répondre à la question de savoir en quoi, depuis 2006, la vie quotidienne des Congolais, se serait améliorée ?

La situation au Kivu ne laisse pas d’inquiéter : aux problèmes récurrents (surpopulation, litiges fonciers, absence d’affirmation de l’État) s’ajoutent ceux provoqués par Kagamé qui vient d’annoncer son refus de reconnaître comme nationaux les Rwandais non retournés au Rwanda avant la fin de l’année 2011, ceux qui résultent de la présence de bandes armées, d’ ex-FDLR, d’ ex-CNDP de Nkunda - que l’armée congolaise, peu fiable, ne parvient pas à éradiquer - auxquels viendraient s’ajouter maintenant, si l’on en croit la presse de Kinshasa, des groupes islamistes Al-Chabab chassés de Somalie par l’offensive de l’armée kenyane. La terreur et la désolation continuent à être le lot quotidien des populations des provinces de l’Est.

Il est évident que de la résolution des problèmes du Kivu dépend le maintien de l’unité de la RDC. Mais, paradoxalement, l’enlisement de la situation dans l’est du pays, que l’on peut considérer comme un échec supplémentaire du président Kabila pourrait au contraire contribuer à son succès lors de la future présidentielle. Évidemment, l’essentiel reste à faire au Kivu, mais des avancées sont tout de même à porter au crédit du président sortant : n’a-t-il pas en effet réussi à rétablir le dialogue entre le Rwanda et le Congo ? Un dialogue indispensable car sans le Rwanda, pas de paix au Kivu, sans le Rwanda, pas d’élimination de Nkunda et du CNDP ; et quand bien même la coopération entre les deux pays traduirait, selon les adversaires de Kabila, une mainmise du Rwanda sur le Kivu, elle a permis de faire en sorte que Kagamé ne soit plus regardé par la « communauté internationale » comme le seul interlocuteur de la sous-région des Grands Lacs. Par son action conciliatrice, Kabila est parvenu à faire comprendre au monde entier que la RDC existait, que le Kivu ne pouvait être considéré comme un Lebensraum du Rwanda dont la responsabilité dans l’instabilité de la région et le pillage des ressources naturelles de la province a été reconnue avec force par l’ONU.

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Étienne Tshisekedi, lors d’un meeting au Stade des Martyrs à Kinshasa

Kabila a ainsi acquis une stature et une reconnaissance internationales auxquelles aucun de ses opposants à la présidentielle ne peut prétendre. Comment imaginer en effet que Tshisekedi, vieux cheval de retour, de près de 80 ans d’âge, qui n’a rien compris au processus démocratique initié en 2005 par Joseph Kabila, bien mouillé par le mobutisme, (même s’il en a été par intermittence un opposant) – complaisant avec l’ « empereur » du Kasaï, le séparatiste Kalonji, au point de s’abaisser à traiter Patrice Lumumba de « crapaud » en 1961 - puisse être un recours et porteur de solutions pour l’avenir de la RDC ?

Quant à Vital Kamerhe, bien qu’honnête et compétent, et à Kongo wa Dondo, président respecté du Sénat, aucun d’eux n’a d’assise partisane suffisante pour changer la donne de l’élection présidentielle.

Le danger pour le président élu en 2011, et pour le Congo, est ailleurs. S’il est réélu, Kabila le sera – comme chacun de ses concurrents le serait - avec moins de 50% des suffrages. Se posera alors la question de sa légitimité, qu’il devra chercher dans une majorité parlementaire qui sera difficile à trouver. Le pire serait que l’on voie alors l’opposition tout entière coalisée contre lui (une stratégie d’union entre ses divers concurrents a déjà été mise en place), confortée encore par le mode de scrutin proportionnel retenu pour les élections législatives, source potentielle de conflit permanent entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Comment, dans ces conditions, mener une politique susceptible de résoudre, enfin, les problèmes de la RDC et surtout d’éviter son atomisation ? Si l’on considère que seule l’affirmation d’un État congolais fort, qui passe par l’avènement d’un exécutif incontestable, est la condition du retour à la stabilité du Kivu, et par là, de la sauvegarde de l’unité du pays, on ne peut que déplorer, par avance, les difficultés que menace de faire naître une coalition hétéroclite uniquement cimentée par le rejet de Kabila.

À cette paralysie à craindre d’un fonctionnement normal des institutions, s’ajoute, en effet, le risque de voir l’opposition refuser le verdict des urnes. Un proche de Tshisekedi, rencontré en octobre à Paris, m’a fait part de sa certitude qu’il y aurait très probablement une vague de contestation dès le lendemain de l’élection dont la régularité est d’ores et déjà contestée.

Il est vrai que les difficultés logistiques du scrutin (enregistrement de 32 millions d’électeurs, transport du matériel dans 62.000 bureaux de vote, distribution des bulletins de vote rendue difficile par la présence de plus de 18.000 candidats aux législatives et 11 à la présidentielle…) ont été plus ou moins résolues, avec l’aide de la MONUSCO, sans pour autant que cessent les critiques furieuses contre la commission électorale (CENI), notamment quant à l’établissement des fichiers électoraux.

Quoi qu’il en soit, les doutes de l’opposition, déjà formulés, à propos de la régularité des opérations électorales (les mêmes doutes avaient déjà été émis en 2006 alors même que cette élection, très réussie, restera comme un exemple d’expression démocratique), ainsi qu’’un sentiment de frustration résultant naturellement de la défaite, peuvent être un détonateur. Le risque est grand de voir s’enflammer, après l’élection, non plus seulement Kinshasa – comme cela avait été le cas en mars 2007 lorsque la milice privée de Bemba se heurta à la GSSP du président élu, causant la mort de plus de 200 personnes dans le quartier de La Gombe – mais aussi un certain nombre de provinces, notamment le Kasaï, fief de l’UDPS, peut-être aussi le Kivu, tellement déchiré, voire le Katanga, toujours irrédentiste malgré l’estimé et efficace gouverneur de la province, Moïse Katumbi Chapwe. Ce serait une grande irresponsabilité de l’opposition que d’attiser la haine avec comme seul but de discréditer Joseph Kabila aux yeux de la population et de l’étranger. À ce jeu-là, c’est le Congo qui serait perdant, en proie à l’émeute, avec un président mis dans l’incapacité de constituer un gouvernement avant longtemps et dans l’impossibilité de poursuivre la reconstruction du pays, déjà bien lente, et d’assurer la préservation de son unité, faute, qui plus est, de pouvoir compter, sur des forces de sécurité sûres parce que composées, notamment au Kivu, par d’ex-rebelles du CNDP mal intégrés. On ne peut croire qu’un tel scénario catastrophe puisse être en train de s’écrire et se concrétise après une élection, qui, aussi imparfaite qu’elle pourrait être dans son déroulement et son esprit, sera malgré tout l’expression démocratique d’une majorité des Congolais.|Alain Bischoff.

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(1) Lire ici >>>>>Le rapport annuel 2011 du PNUD sur le développement humain