lundi 17 novembre 2008

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Accusés de pillage à Kanyabayonga, vingt-huit Fardc traduits en justice devant la Cour militaire
Kinshasa, 15/11/2008 / Politique

Vingt-huit prévenus militaires ont été traduits en justice devant la Cour militaire dont huit ont comparu, le mercredi 12 novembre 2008 à Goma dans la province du Nord-Kivu. Vingt-huit militaires de l’Armée régulière accusés d’avoir pillé les biens et commis d’autres abus à Kanyabayonga sont interpellés par la Cour militaire de Goma.
Accusés de pillage, de viol et d’abandon de poste, ces soldats risquent d’écoper une peine allant de 5 ans de prison à la peine capitale. Il s’agit des soldats des FARDC, auteurs des actes de pillage perpétrés dans le secteur de Kanyabayonga, au Nord-Kivu dans la nuit du lundi 10 novembre à mardi 11 novembre 2008.
Tout avait commencé quand quelques militaires, en repli des zones des affrontements contre le CNDP dans la chefferie de Bwito, à Rutshuru, ont pillé tous les villages en lançant quelques tirs d’intimidation.
Dans la foulée, des accrochages ont opposé les militaires pilleurs et les Maï-Maï qui sont intervenus pour tenter d’arrêter cette « agression » contre les civils.
Confirmation des faits
Le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku, a confirmé les faits tout en condamnant ces actes. Il a, néanmoins, appelé la population au calme et à ne pas céder aux manipulations de certains groupes qui profitent du comportement des éléments indisciplinés pour commettre des actes de vandalisme, a-t-il déclaré.
« Au moins, au niveau du gouvernement, nous réprimons tous ceux que nous attrapons dans des actions comme celles-là », a poursuivi Julien Paluku, avant « d’inviter la population de sa province à ne pas céder aux manipulations de certains groupes qui profitent de ce climat pour chercher à couvrir les affres qu’ils commettent ça et là, notamment, les massacres, les tueries et les viols sur les populations civiles ».
En tout état de cause, le gouverneur du Nord-Kivu considère que le pillage de Kanyabayonga « ne sont pas le fait des FARDC en tant qu’armée », mais de quelques éléments isolés. Certains de ces éléments ont d’ailleurs été arrêtés, a-t-il fait savoir.
Le calme est revenu mardi après-midi dans les cités du Sud du territoire de Lubero, à plus de 150 km au Nord de Goma, après les scènes de pillage dans ce secteur. Certaines sources affirment qu’une grande partie de la population de Kanyabayonga, Bulotwa, Kayna, Kirumba et Bwatsinge est en fuite dans la brousse ainsi que tous les déplacés qu’ils hébergeaient.
Interrogé par la presse, le commandant des forces de la Monuc, Babacar Gaye, à son retour de Kanyabayonga, a déclaré que la tension était encore perceptible dans cette cité. Il a affirmé que les renforts de la Monuc sont acheminés depuis mardi dernier sur le terrain pour secourir et protéger les populations.
Reprise de Kiwanja, des Mai-Mai accusent
Depuis le pavé des députés à l’Assem­blée Nationale en rapport avec le détournement de la solde et de la ration des militaires engagés sur le front de l’Est, les langues se dé­lient de plus belle au sujet des cas de trahison in­ternes. Des responsables Mai-Mai qui ont joint notre rédaction évoquent, avec un pincement au cœur, le revers subi, sans combat, par leurs troupes face à celles de Laurent Nkunda dans la localité de Kiwanja. A en croire nos interlocuteurs, après les défaites planifiées des FARDC à Mushako, Rumangabo, Rutshuru, Kanyabayonga, Kibati… des patriotes Mai-Mai s’étaient résolus de lancer la contre-offensive à partir de Kiwanja. Animés d’une foi rare de vaincre ils avaient réussi à délo­ger les rebelles du CNDP et leurs alliés rwandais de cette localité.
Curieusement, au lendemain de cette victoire militaire saluée par les me­dias nationaux et interna­tionaux, des officiers de la 8ème Région Militaire venus inspecter le « front » leur avaient donné l’ordre de dé­crocher, au motif que, con­formément au Programme Amani, c’est la Monuc qui allait se charger d’y assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Hélas, quelques heures seulement après leur retrait, Kiwanja était investi par les soldats de Laurent Nkunda, qui se sont livrés au massacre de la population civile, en passant de porte en porte. Jusqu’à ce jour, les Mai-Mai se posent des questions au sujet de la configuration du commandement de la 8ème Région Militaire, largement dominée par des officiers d’origine rwandophone.
Selon nos sources, à la veille de l’arrivée de Laurent Nkunda et ses trou­pes aux portes de Goma, il y a plus de deux semaines, un scénario bizarre avait été vécu, celui de la fuite des soldats des FARDC, invités par la hiérarchie militaire à se replier vers Bukavu, alors que « l’ennemi » se trouvait encore à Rutshuru, à une soixantaine de kilomètres. En conséquence, nombre de combattants qui s’étaient sentis trahis avaient préféré piller avant de partir au loin sans avoir vu arriver l’armée rebelle.
Colonels Padiri, Smith et Rugai : un trio suspect
Dans les rangs des Mai-Mai et du contingent des FARDC basé au Nord-Kivu, on cherche à savoir pourquoi le trio composé des colonels Padiri, Smith et Rugai, tous des officiers issus de l’ex-Rassemble­ment Congolais pour la Dé­mocratie (RCD), n’a jamais quitté cette province depuis 2003, année de la mise en place des institutions de la Transition. Il ressort des informations en circulation dans cette partie de la République que ces officiers auraient des protecteurs à Kinshasa, qui les mettent hors d’atteinte de tout projet de mutation vers une Ré­gion Militaire autre que celle du Nord-Kivu.
En fouillant dans le passé, l’on constate que les incriminés étaient fort liés au général Nkunda et son alter ego, le colonel Jules Mute­busi, que l’on dit combattre dans les rangs du CNDP, après une longue éclipse au Rwanda causée par sa cui­sante défaite en juin 2004 à Bukavu, face aux hommes du général Mbuza Mabe. Hormis Smith, Padiri et Ru­gai, plusieurs autres officiers Tutsi répertoriés au sein du commandement de la 8ème Région Militaire n’inspire­raient nullement confiance aux Mai-Mai.
Option militaire dange­reuse avec des traîtres
Les responsables Mai-Mai qui se sont confiés au Phare estiment qu’il ne sert à rien de préconi­ser l’option militaire face au CNDP avec une armée na­tionale trahie de l’intérieur comme de l’extérieur. D’où, ils préconisent un nettoyage à sec de la chaîne de com­mandement militaire non seulement au Nord-Kivu, mais aussi au Sud-Kivu, en Province Orientale et au Maniema. Sans une thérapie de choc contre les « traîtres » qui infestent les FARDC et qui, en plus du détournement des fonds et des ravitaillements ali­mentaires, vendraient des plans de bataille à l’ennemi (cas de l’abandon d’armes, munitions et équipements militaires à Mushake et Ru­mangabo).
S’il y a une volonté réelle de mâter la rébellion de Nkunda, martèlent les Mai-Mai, elle devrait se tra­duire par la conduite des opérations militaires par des patriotes éprouvés, en amont (Kinshasa) comme en aval (Nord-Kivu). A dé­faut, les villes de Beni et Butembo, déjà dans la ligne de mire de Nkunda, échap­peraient au contrôle du gou­vernement légal dans les semaines à venir.
(SL/Yes)
Le Potentiel/Le Phare

Last edited: 15/11/2008 11:29:23

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