mardi 20 mai 2008

La Banque centrale du Congo inculpée - Lalibre.be




La Banque centrale du Congo inculpée


Roland Planchar


Mis en ligne le 20/05/2008


La Banque centrale congolaise est soupçonnée de blanchiment d'argent. Le dossier serait né en marge de l'affaire de la Belgolaise.


L'information circulait ce week-end dans un certain microcosme international et politique de Bruxelles, en y faisant beaucoup de bruit, à cause sans doute d'un contexte déjà difficile entre les deux Etats. La Banque centrale du Congo aurait été inculpée à Bruxelles en tant que personne morale dans un dossier financier.


Or cette information est exacte : lundi, nous en avons obtenu confirmation auprès du parquet de Bruxelles qui, dans un communiqué, précise que l'inculpation pour blanchiment d'argent, par le juge d'instruction Michel Claise, a eu lieu le 13 mai et qu'elle découle d'une demande "d'instruire en cause de cette institution" (la BCC) formulée par le parquet lui-même, en date du 14 mars dernier.


Les indices qui ont mené à cette situation "portent sur la participation de la banque à la disparition de fonds qui paraissent avoir été détournés au préjudice d'une société minière congolaise au départ de comptes ouverts dans une banque belge", nous dit encore le parquet.


Précision intéressante : cette dernière banque "a déjà fait l'objet d'une inculpation ainsi que des membres de son conseil d'administration". C'est ce qui, archives en mains ("La Libre" du 4/05/ 2004), permet de rattacher cette inculpation rarissime - les banques nationales ne sont pas souvent inculpées... - à l'affaire dite de "La Belgolaise", qu'on avait découverte au mois de juin 2004.


Le président de cette banque d'affaires, alors filiale de Fortis (ce qui n'est plus le cas), Marc-Yves Blanpain, quatre autres de ses membres et l'institution elle-même avaient été inculpés à la suite d'une dénonciation au parquet par la "Ctif", la Cellule de traitement des informations financières.


On parlait alors d'un probable et massif blanchiment d'argent : plusieurs millions de dollars, ou dizaine de millions, précédemment détournés au préjudice de la "Miba", via la Belgique.


La "Miba" ? C'est la Minière de Bakwanga, une importante société d'exploitation du diamant, au Congo, dont l'ancien président, Jean-Charles Okoto Lolakombe, était un homme fort influent (et secrétaire général du parti du président Kabila) avant d'être épinglé dans un rapport des Nations unies sur le pillage des matières premières. Retour à Bruxelles : le parquet précise que "la personne physique qui paraît avoir détourné ces fonds serait un ancien ministre de l'Etat congolais, devenu ensuite chef du parti du président Kabila et actuellement député, faisant actuellement l'objet d'un mandat d'arrêt international". Ce qui paraît correspondre à M. Okoto et démontrerait la filiation directe entre les deux dossiers. En effet, M. Okoto avait été placé sous un tel mandat d'arrêt en 2004, notamment après qu'un représentant de la Miba eut été l'objet d'un rapt en plein Bruxelles. Avec une séance de coups à la clef pendant quelques heures, pour donner des informations sur le contentieux Miba-Belgolaise...


Bref, on découvre que la filière utilisée pour blanchir les millions de dollars de la Miba aurait pu passer par la Banque centrale congolaise, et non par la seule Belgolaise. Mais on ignore à ce stade les détails de la chose, le parquet de Bruxelles se bornant à ce que déjà dit.


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